jeudi 30 juillet 2009

Beequeen



Il va falloir en découdre de ce disque.


Quand à quelques encablures d’ici flottent en format compressé les 18 minutes virtuelles de l’unique morceau « long stones circles » pour à peine 1 dollar de téléchargement, une mini pochette avec son matériel musical réapparaît dans les bacs, perdu entre les boîtiers plastiques, à la lettre B divers.
Comme pour mieux rendre précieux la composition, le disque miniature est soigneusement emprisonné dans un carton vert sombre, cousu intégralement et plaqué d’un Lys noir laqué. Le texte du morceau vient grillager cette fleur noire brillante.
Il va falloir découdre, découper, cisailler, ouvrir délicatement la pliure pour aller chercher le son engouffré. Il va falloir mériter l’écoute en redoublant d’ingéniosité afin de ne pas saccager l’enveloppe, pointant ainsi l’excitation et le fétichisme à son comble.
Il aura fallu trois ans pour enregistrer ce morceau (1992/95) sorti en 1997 et attendre 12 ans de plus pour le voir à nouveau proposé sous une pochette différente.
Edité chez Staalplaat, non loin des séries rares « mort aux vaches », cette pièce rééditée en 500 exemplaires est une perle rare de Beequeen, groupe néerlandais à la discographie complexe, éparpillée et introuvable.
Peut être un jour j’en découdrai avec ce disque et j’aurai le désire capitulé de laisser l’objet intact, l’audace d’ouvrir la peau, rouvrir la cicatrice pour écouter l’unique morceau « long stones ans circles ».




BEEQUEEN : "long stones circles" 1997 staaplaat (version originale) /Pochette cousue réédition :








mercredi 27 mai 2009

Dominique A


Mon ami nantais est-il supperstitieux ? Ses canaris préférés ont quand même retrouvé la ligue 2, 44 ans après leur première montée au top, à l'heure où sonnaient pour lui, ses 44 ans bien tapés. Rien qu'un symbole, une idée qui flotte et des coïncidences. A t-il eut peur de mourir à l'idée que les maillots jaune aient pu monter d'un cran à sa naissance et qu'il faille redescendre 44 ans après en Loire Atlantique ? Une histoire de 4, des idées qui passent, une espèce de religion liée au systématisme borné, à l'obsession du rituel, structurer la raison par des cycles.
Et si "la musique " venait conduire mes habitudes, du même effet que "Remué" dix ans auparavant. Un tic artistique ou une envie démissionnaire de se laisser aller à la même longueur d'onde diffusée par ce nouvel effort de Dominique A. Il est clair qu'à frissonner ainsi à chaque écoute des morceaux de l'album, (moi qui en général n'écoute un disque que 2 ou 3 fois de suite maximum), il doit bien avoir une explication à cette exacte assimilation de chaque note et chaque parole. Peut être est il possible de peindre de la même façon, lui qui cherche à confondre tous les arts dans une alchimie inspirée la plus complète. Trouver l'exacte concordance entre une couleur et un clocher; une note et un mot.
La superstition donc voudrait que je dérive et plonge aussi profondément qu'il y a dix ans, quand Remué avait fait de moi un recordman d'apnée sociale, un handicapé adulte, un pionner de mon cortex avec lequel j’ignorais beaucoup de sa texture. Remué est aussi sorti au printemps, l'aboutissement live en juin (une date de "la musique"est prévu pour le 10 de cette année), à l’époque déjà une décennie, la trentaine, venait de gifler mon insouciance....C'est la quarantaine cette fois-ci qui accompagne "la musique". Et puis ces petites coïncidences, l'année de naissance 1969, quelques addictions heurtant la raison, pour retrouver cette insouciance et l’inspiration puisque qu'il parait que tous les hommes sont hypocondriaques.
Et puis il faut bien avouer que, malgré les médias qui s'acharnent à le rapprocher de "la fossette", "La musique" rappelle à Remué de la façon la plus sincère et réaliste possible. Peu importe la façon, la forme, la boite à musique programmable, Dominique A est là et toute fringue d'une autre couleur que l'anthracite appuyé n'y changera rien... la peau est là, point de paysage, mais des hommes, des sentiments, des relations, de la vie, la vraie, du fort, pas du vide, de la violence froide et calme, de la sincérité meurtrie, du romantisme plaqué et subi, celui qu'on réclame parce que l'on souffre et qu'il n'est plus là à défaut de penser qu'il n'a jamais existé. Des hommes, des chimères, des déceptions, des blessures, acoustique ou organique, il est là....feinte à con, piège subtile.. il est là. Même si toutes les relations humaines sont vouées à l'échec, il est bon de rester avec eux, pour quelques moments de bien être, quelques secondes, pour ce bal relationnel infernal et lancinant.
A bah nan, j'suis con, pas possible de plonger dans la même dérive mélancolique, c'est un double album, Remué était simple. Aahhhh quel aubaine ce packaging élégant et généreux, un espoir pour rester la bouche hors de l'eau à happer l'air frais. D'autant plus que "la matière" est aussi relevé que "la musique", c’est bien un double album. Quelle belle idée de devenir prolixe, de bavarder ainsi la condition humaine des temps moderne.
La superstition tient à peu de chose. D'ailleurs mon amis n'est pas mort, Nantes est au plus mal, un sursis ?? nan, un fait récupéré qui fait vivre, comme les religions. D'ailleurs Dominique A est nantais lui aussi...... et si tout ça avait un lien....une connivence terrible qui fait de nous des êtres amoindris et abîmés d'angoisses ????
"La musique" est aux nues, Très très haut.... tiens, bizarre, les ondes espionnes de mon ordi affiche à l'introduction du disque le track listing de "la fossette'".....mouchard fossé, lien dévié, journaliste bougon, internet brouillon, je ne comprends rien à tout ça... Remué, La fossette, peu importe ..Dominique A est là, puissant, ferme, crânant, au dessus de tout, beau et implacable.


Dominique A : "la musique"-"la matière" 2009 label : cinq7


mardi 17 mars 2009

Antony & the Johnsons


Tel le merle enfin décidé à s’égosiller, j’ai attendu mon quota de lumière quotidien pour écouter Antony. Les journaux annoncent le redoux, un mieux éphémère, qu’il va falloir quand même patienter, manger la graine avant le fruit. Impatient et assoiffé de lumière, résilié à céder aux ondes, jetant l’éponge sur le ring discographique, abdiquant, las du climat et des ambiances, je me suis enfin décidé à mettre religieusement Antony sur la platine. Et Antony patient de ma décision lâche le gosier.
Pris en tenaille entre ce cloaque médiatique dont je me méfie toujours, et l’envie d’entendre Antony, je suis allé vers Antony. J’aime plus que tout les cœurs humides et les brumes légères. Si quelqu’un ici bas veut bien croire au paradis terrestre, je me plie. Toutes les glandes lacrymales commencent par la peau. Un ruisseau et quelques arbres peuvent suffire à l’extase. Rares sont les discours courageux qui revendiquent le paradis à nos pieds. Antony le dit et le chante. Alors que ses mots et ses notes quittent le dictionnaire corallien endormi dans l’homme qui cherche ailleurs les ficelles du confort, leurs brouillons s’épanouissent.
N’empêche la chair de poule est ici, dans nos boîtes crâniennes et le lyrisme d’Antony diffuse des armées de secondes paradisiaques et évidentes.
Pour avoir cueilli la fleur de peau sur les contrées de David Tibet ; côtoyé les surfaces « tubesques » et éclairées de Hercules and the Love Affair sans rien perdre de son éclat, pour être né du label visionnaire Secretly Canadian en 1998 ; et pour finalement dire sa fibre ramassée sans aucune transgression, Antony enfin écouté vient à point essuyer amoureusement le chant des oiseaux que l’horloge biologique de mars affiche depuis la nuit des temps.
Chassez les préjuger, remplissez vos huttes et caresser vos hamacs, laissez la rigueur sur le cintre, acceptez l’invitation quitte à bouffer de l’écorce et tout remettre en question. Limogez la méfiance balayez le scepticisme, écoutons Antony.
ANTONY & THE JOHNSONS ; the crying light 2008
label : secretly canadian
http://www.secretlycanadian.com/

De ces chants printaniers qui mettent en musique un tourbillon culturel, je me trouve violemment coincé entre Bashung en partance et Dominique A annoncé. Ce tiraillement me plaque la gueule dans une abstinence musicale recueillie. Les écorchés sont là comme un étau, et ça serre, un coup de crossroad à méditer, un recul agnostique, un écart sacerdotal.
J'attends "La musique" qui pourra peut être me faire oublier "L'imprudence".
« j’ai dû révé trop fort » que nous étions « immortels ».

vendredi 6 mars 2009

Mothlite


Quelques endormissements de fortune dessinent des postures inconfortables aux grimaces souvent incommodes voire effrayantes. Et la paupière reste légèrement ouverte, assez pour que l’on puisse voir se balancer un va-et-vient lent et inquiétant, le trait de l’iris dévoilé. L’œil refuse l’obscurité et suit le croissant entrouvert comme un balancier épieur pour que le cerveau vivace reste connecté. Lorsque la paupière se ferme entièrement, c’est la bosse de l’iris sur la surface de ce rideau protecteur que l’on devine en suivant ses mouvements aveugles. La pupille dilatée cherche alors dans l’inconscient songeur la lumière disparue et le souvenir de quelques images subliminales; les couleurs; les luminosités alors triées, filtrées et métamorphosées par un subconscient halluciné. L’écoute de « the flax of reverie » de MOTHLITE devant une telle collection de R.E.M et au moment même où l’état comateux d’un éveil fatigué réclame l’abandon, épouse à merveille cette transition de la réalité au rêve. Une nouvelle situation où tout fusionne, le son, l'image, la pochette, un autre paysage musical.
Le rock progressif est une musique obsolète, fichée ringarde, il cherche pourtant la lumière pour des paysages plein de rêves en mosaïques, des mondes nouveaux sans cesse changeant et rebondissant. Tant de groupes on bâti leur vision chaotique avec ce mode d’expression, à commencer par le mythique Genesis des débuts, puis Pink Floyd en demi teinte, Porcupine Tree... Extrêmement réceptives pour le corps, les images sonores en puzzle véhiculent au cerveau le paradoxe le plus profond du sommeil, alternant plages planantes et ricochets chaotiques jusqu’au choc du galet plat sur la réalité.
Un psychédélisme terre à terre, une transe ponctuelle injectée de soubresauts avant l’accalmie ambiante d’un violon ou d’un synthé.
Il est fort à parier que ce disque atypique restera cloué aux oubliettes, n’empêche, il est une des raisons essentielle pour laquelle il est encore bon d’écouter ce genre de musique empirique et constructive. Elle prend ici toute ses couleurs les plus contrastées et son ampleur justifiée.
Le piano est bavard et la voix exubérante comme chez 90 day men (qui oeuvre sous la même toiture); la pop est chaotique et le rock arty comme savait le faire This Heat, les ambiances inquiétantes et le jazz musclé. On peut sentir un léger agacement lors d’une première écoute éveillée. Il est donc de ces disques qui se prennent dans certaines conditions. C’est dans l’endormissement que celui-ci se savoure, dans un degré autre que la réalité peut proposer.
« nevergoodwood » peut même aller jusqu’à réver d’"atom and plum" de Bed marié à du King Crimson des 70’s, puis les montagnes de Rothko surgissent toujours aussi aérées dans « cauldron ». C’est enfin avec « hypnogogue » que viennent s’entrechoquer le génie des 90 day men et les chœurs fous d’animal collective. On comprend mal alors que l’unanimité des médias s’esbroufe le bulbe sur ce dernier groupe qu’on aimerait bien voir grandir un jour, alors que dans l’ombre, la même folie artistique libre de tout format et toute calibration (il faut quand avouer qu’Animal collective sort les mêmes disques depuis quelques années) vient offrir un intense moment de plaisir musical libre. Le rock progressif de Mothlite passe quelquefois par des plages sombres et orageuses, mystérieuses et cauchemardesques, comme un œil révulsé qui roule derrière une mince couche de peau, un instinct de survie dans le repos, un coma habité, la transition juste du monde réel et du rêve.

MOTHLITE « the flax of reverie » 2008 label : southern
http://www.mothlite.com/
http://www.southern.com/

quand on aime : 90 day men; this heat, pink floyd
merci à Claude pour ses lectures fidèles et ses encouragements

mardi 10 février 2009

Boduf Songs







Un mur de gros flocons neigeux dresse un rempart contre le vent glacial. Le premier rideau gris blanchâtre fige le paysage et sonne l’immobilité totale contre laquelle d’énormes boules de coton gorgée d’eau chutent lourdement et silencieusement sur des terres ouatées.
Une paralysie presque totale injecte un folk toxique hanté par de petits songes aliénés et féériques.
L’isolation est à peine rompue par un très léger bruit ambiant de pluie neigeuse mêlée sur les vitres, un véhicule lointain est la seule bouée sans laquelle ce petit voyage se verrait privé de retour . Un Lo-Fi neigeux et une voix poudreuse est le paysage que propose Matt Sweet (Boduf Songs) sur son troisième album le plus assoupi, dans un calme absolu, muni d’une guitare acoustique, d’un microphone et d’une voix monocorde et engourdie, sa chambre etses bruits de fond en guise de studio.
On reprend ses esprits quand sur « quiet when group », une basse et une batterie moelleuse viennent revigorer ce troublant death methal acoutic que « how shadows chase the balance » distille au ralenti.
La pochette persiste et livre un implacable livret noir avec toutes les informations coincées en haut à gauche. Quatre brins d’herbe grise se balancent sobrement en bas et lippent l’encre noire, comme notre cerveau anéanti par cette transe mortifère à la licence neigeuse.

BODUF SONG : « how shadows chase the balance » 2008

label : kranky
http://www.kranky.net/
http://bodufsongs.com/

Un extraordinaire ep est sorti sur le label southern records/latitudes, habitué à distribuer ses disques en 1000 exemplaires, dans des pochettes de carton recyclé au découpage malin. Les gravures en papier peint sont blanches et satinées et vont assouvir le fétichisme le plus torride des collectionneurs d’objets rares. Une pause pour Matt Sweet qui tente en compagnie de C.Henry et M.Goatley une expérimentation sonore et acoustique. Un petit tableau de 13 minutes, tout aussi mystérieux et sombres, juste avant de travailler de la même façon aventurière, un de ses anciens morceaux figurant sur « lion devours the sun » (kranky 2006). Ainsi « that angel was pretty lame » devient « that angel was fucking piss », dans une légère défiguration étendue vers l’ambiance. Un pur régal devenu maintenant introuvable.
www.southern.net/latitudes à visiter de toute urgence. A titre indicatif, la version numérotée 668 n’est pas colorisée.


quand on aime : smog; bonnie prince billy; Micah P Hinson

Andrew Bird (suite)




D’une confiance sans faille "Noble Beast" a livré toutes ses promesses dès la première écoute. La patience assouvie, la punition levée, le désir d’écouter devenu le plaisir des oreilles s’est libéré sans retenue aucune, le fétichisme toujours en embuscade, tendre et fidèle.
« Masterswarm » a offert comme promis toute la mélancolie et la légèreté de l’arbre encre de Chine, les nappes d’oiseaux sont portées par les bourrasques crépusculaires du violon électrique, comme aux heures les plus pop de Didier Locwood.
Quant à « Effigy », le romantique suggéré par le dessin expressionniste avoue toute sa force en musique et la voix de Kelly Hogan propose un duo magnifique sur un océan de chaume. Deux arts entrecroisés une fois encore afin d’assouvir quelques inspirations et tous les sens .
Andrew Bird : "noble beast/useless creatures" 2009
"noble beast" (cd simple) disponible chez bella union

samedi 7 février 2009

Aan meets Eyes Like Saucers


Un harmonium au pays d’«A saucerful of secret », la rencontre de l’Amérique d’EYES LIKE SAUCERS et la Finlande de AAN et l’acidité est poussée à son niveau le plus beau, nous sommes dans ce lieu de rencontre culturel, Last visible dog, où viennent s’entrechoquer des ambiances expérimentales, des drones hystériques et des psychédélismes nomades.
Il y a un paysage de montagnes, du soleil en surexposition, des percussions chamaniques, des nappes torrides au souffle étourdissant, de l’eau qui coule, des transes lentes et lancinantes, des effets électroniques, des cordes en oscillation et un emblème fantomatique sortant des brumes, mais aussi un 4 pistes privé pour l’emprunte avec 3 musiciens pris sur l’instant dans un appartement suédois.
Dans le livret une phrase : « the comparable gives way to the incomparable » (Henri Michaux), malgré les références que peuvent inviter cette musique, ce paysage musicale weird folk est unique, il est le résultat d’une improvisation enregistrée le 29 janvier 2008 à Helsinki. On en revient shooté et fraichement bousculé.

AAN meets EYES LIKE SAUCERS 2008 "kristallivirta"

label : last visible dog


James Yorkston and Friends 2025

  L'ombre pyramidale s'allonge sur les asters. L'aulne au dessus de ma tète a déjà montré ses chatons avant de pioncer pour quel...