On m’avait prévenu, avec un nom pareil, la P’tite Annick, tu fonces vers le naufrage. Autant, j’ai toujours eu une attirance pour la petite agitation, l’ondulation facile, la tendre houle et les embruns sur les yeux, autant je fuis la tempête. La bave aux lèvres et la mousse fouettée sur les rochers c’est pas pour moi.
La P’tite Annick en laissait de l’écume sur la chaloupe. Ça éclaboussait par gros coefficient, lunatique, lunaire, c’était ma petite fontaine d’ici, ma sirène punk aux gros postillons, sauf que voilà, ça finissait toujours par cabaner, des tasses à prendre, et moi comme Jack dans l’eau gelée je m’accrochais au bat-flanc qui flotte.
Dès le début les gars m’avaient prévenu, « laisse ficher le camp cette jolie carlingue, tu vas finir au fond. Cette agace-pissette c’est pas pour toi ». Sauf que les p’tits gars, ils ne savaient pas que ma P’tite Annick il fallait lui mettre du son, des belles chansons d’un peu partout. Sa spécialité, les reprises, ça la calmait direct. Ça tanguait encore dur sur sa frimousse, mais je mettais calmement des chansons dans la tempête, un peu comme Roger Bricoux qui s’acharne à jouer avec son trio sur l’épave en devenir, et hop, elle se laissait happer. Le vent cessait, les moutons des vagues du grand large se barraient, l’huile sur la mer au fil des chansons. « Tiens, je suis sûr que tu l’as pas celle-là.. hein.. vas-y..c’est quoi ?? … ‘ouahh t’es trop forte ». Le ciel s’éclaircissait.
Ce soir-là, un gros vent entamait l’océan, un truc trainait comme un solstice divers en plein été, des creux mes aïeux comme dans un parc d’attraction, moi qui déteste les grands 8, sauf quand il s’agit d’écouter un disque Prog. Nous voilà bringuebalés comme de vieux pécheurs burinés, je vieillissais à vue d’œil, j’étais le vieil homme et sa mémère. In petto, j’ai sorti cet album tout neuf avec dedans mes chouchous de bien longtemps déjà, Françoiz Breut et Don Nino (Nicolas Laureau qui aimait l’idée de Domino pour son alias). Je n’avais qu’une idée en tête depuis mon retour ce tantôt, écouter « Cover Songs in Inferno ». L’aubaine.
C’est quand même vachement bien foutu la musique, elle a adouci les heurts en quelques minutes. Annick prise au piège dans sa phase descendante, moi confiant avec le livret dans les mains .. « Oh la vache celle-là, je l’adore. Jefferson Airplane… tu te souviens, ce sublime lapin blanc, folk celtique habité, et Grace Slick foutre Dieu, et Françoiz…. si nous partions sur la côte, je prends tous les Jefferson et quelques Breut.. nous dormirons dans la bagnole ».
Nous avons fini la nuit blottis partagés entre le calme retrouvé et l’excitation du blind test retournant des cartons de disques à la recherche de l’original. Le naufrage n’est pas pour aujourd’hui. Nous irons chez le disquaire demain, nous partirons nous deux, à la recherche des originaux.
Don & Françoiz 2023 « Cover songs in inferno » sur Prohibited Records
7 commentaires:
A un moment j'ai cru que c'était deux rescapés des Menestrels... vraiment une autre époque, mais non se sont des petits nouveaux (pour moi) avec pas mal de talent, merci pour cette nouvelle découverte.
Nada Tont' .. des petits jeunes, merci doivent avoir le même age que moi ;D Françoiz ne m'a jamais lâchée, quand à Don Nino, il a sorti de superbes albums une fois encore, et aussi pour lui dans l'indifférence quasi générale. En tout cas rarement entendu un album de reprises aussi bon.
Je ne crois pas que tu connaisses ma nouvelle adresse de dropbox, retraite oblige, car cet album je ne le trouve pas et ces deux là m'ont toujours accompagné
Si besoin : didier-laugros@wanadoo.fr
Hello Charlu,
Beau billet que tu nous offres ; gràce à toi je dois avoir tous les albums de Françoiz Breut ( connais moins Don NinO ).
Mais ( comme Sorgal ) je n'arrive pas à trouver cet album par chez moi!!!
Au fait? ai partagé quelques albums avec toi sur Dropbox mais ne sais plus via laquelle de tes adresses mail tu les reçois ??
Sûr qu'il va faire un flop cet album, j'ai eu un coup de chance de tomber dessus. Par contre, depuis plusieurs mois, (ça doit même faire un an), mon adresse hotmail est cramée et mon compte drop aussi. En plus des chroniques qui s'espacent dramatiquement, mon lien de communication m'a lâché. J'ai fonctionné 1 ou 2 fois en we transfer avec Pap's Echiré. Il faut que j'aille récupérer les adresses mail sur hotmail.. je vais tenter un truc pour ce duo.
Sinon, c'est un album covers splendide.. et c'est rare en général.
La biz les aminches
Trouvé sur SOULSEK, on trouve tout mais chuuut semble avoir été oublié. Avant de reconnaitre des titres, ce qui est sympa c'est le décor musical. Peu de couleurs mais toutes reconnaissables, un peu comme se promener en forêt sombre où le marron l'emporte sur le vert. Ensuite quand un titre est reconnu quel plaisir d'écoute renforcé sur SHANGRI LA par exemple. Ça c'est de la reprise. Au point d'en faire un album "nouveau", même pas envie de chercher les originaux inconnus par moué. Gracias
Ah ah oui, l'atmosphère, la palette installée, ce talent de Nicolas confirmé par Françoiz.. ce disque est bon comme si les originaux n'avaient jamais existé.. ouaih ok, suis un peu comme toi.. en connaissait pas des masses ;D
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