vendredi 16 septembre 2022

Dominique A 2022

 

Mourir d'amour c 'est des conneries, ça ne veut plus rien dire, un truc naguère de poètes des temps reculés. Addiction, fixation, obnubilé en vain écroulé au pied de ce temple sans cesse farfouillé, le groin fixe à la recherche des fragrances, des poésies. Plus beaucoup de sentiments à la foi.

Et l’athée reste pétri d'émotion immergé dans cette nef, en pâmoison au creux de l’édifice religieux, le souffle court étourdi par les voûtes, abrité par les blocs, noyé par le volume silencieux. « Ce que nous disent les roches mon amour ». Et l’ardoise en flèche traverse le cobalt nuageux.

Le tourisme est un fléau, une nuisance biologique du troupeau affamé d’hôtels clinquants et de vols faciles, catalyseur de destruction lente, de bruyants épicentres nauséabonds, tous donnaient en haut en bas, et même sous la surface. Impossible de bouger son cul du canapé, de sortir de ses plaines courtes, l’horizon en fantasme, le sédentaire dévore sur son écran la moindre invitation au voyage. Tout voir, s’émouvoir sans se mouvoir.

« Le monde réel » commence comme un Mark Hollis, tout est suspendu au silence. Il flotte comme une mélopée jazz boréal, la belle chanson d’ici sur des ondes de Bed à la Burello. « Nous n’irons loin qu’avec les autres » boxe avec la misanthropie du voyageur immobile, la foi disparue du vieil agnostique. L’amour, c’est juste une question d’échelle, d’angle.

L'amour à en crever ne serait qu’un fantasme, un trompe l’œil.. je suis là à tes côtés, rassuré à l'idée de te longer au quotidien, pétrifié cent fois par tes gestes, comme on visite une église, comme on jouit d'un grand voyage lointain et immobile émerveillé par cette danse, allongé. Les semelles collées à la grasse terre brune, le cerveau a déjà quitté l’air respirable.

Vivre d’amour. Et les jours défilent. Tout respire nous.Regarde tout ce monde, vois, il n’y a personne. Septique des lettres majuscules, je bois à ton bénitier, je scrute tes landes, tes marées et toutes tes dunes. Isolons-nous du bruit mon âme, le tumulte est pour les farfouilleux, laborieux et peinge-culs, le bétail abasourdi. Mords ma peau, accroche-toi à l’écorce, ne nous délayons pas dans cet amas, je te tiens, tu me tiens pas nos belles fossettes.

Dominique A 2022 « Le Monde Réel » label : Cinq7

5 commentaires:

sorgual a dit…

Pas à écouter un jour de déprime sous la pluie, une sacrée atmosphère, peut être moins musical que d'habitude, le texte et la plainte très en avant. C'est beau mais sombre.
Atmosphère, atmosphère, est-qu'il a une gueule d'atmosphère ???

charlu a dit…

:o étonnant Chris.. ou alors c'est bon signe..une fois dedans tu vas rester collée à vie. Il est pas loin de détrôner mon sommet "Remué", voire "La fragilité". La première fois je me suis effondré, là au bout de la 20 ème écoute..ça va mieux ;D

charlu a dit…

Oh Sorg, du coup, il est arrivé avec le froid polaire, des canicules nous sommes passés au gel frôlé.. une jolie bande son donc. Quel symphonie pour la planète.. ce réalisme fait du bien ;D

Audrey a dit…

J'ai voulu acheter ce disque et en fait j'ai acheté un autre en pensant que c'était le dernier... C'est un disque que je sens que je vais follement aimé rien qu'en lisant les éréfrences...

charlu a dit…

Hi Audrey. Je m'en sors pas de cet album..il est totalement imprégné. Je suis raccord 100%. Y'a un terrain favorable avec cet artiste, ça m'a déjà fait ça avec "Remué".. je le veux "violemment", totalement, et j'y suis arrivé après une trentaine d'écoutes. Je peux le chanter dans ma tète intégralement et les textes me parlent beaucoup. C'est exactement comme cela que l'on doit s'exprimer sur ce sujet.. je trouve :D Je l'ai pas écouté depuis 3j, histoire de le garder leplus longtemps possible. Mais dis-moi.. tu as acheté lequel ??

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