mercredi 9 janvier 2019

Penelope Trappes



Me recentrer, le gris donc. Je me suis laissé happer par le souvenir nacré d'un automne lumineux alors que les aulnes commencent à saupoudrer. On est peu de chose.
Là, il y a à peine une heure, une douce percée de soleil a branlé ma torpeur, le retour au pastel a effacer d'un vent léger tout ce gris depuis. C'est pourtant lui qui se pose sur ma soudaine lucidité. Je contemple ce morceau de bleu ciel lâché en pâture avec les ondes planantes de Penelope Trappes.

Je l'ai pris d'un seul coup, au casque, juste avant de voir son gris sur papier, ou plutôt son monde noir et blanc. Grisé je me suis laissé engourdir par ses plages argentées. Quel gris, le souffle caniculaire d'une dune ravagée par la lumière astrale, ou celui froid que je vis depuis des jours entiers au creux de mes plaines ? C'est peut être musicalement la même chose. 

Tout son art prend sens à travers ses images, celles qui se percutent aux nôtres, ses gris contagieux qui embellissent le son. Écouter et feuilleter, visionner. La vie d'encre, lavis à chiner des sons travaillés, flotter sur la grisaille. Je découvre Penelope Trappes.

Penelope Trappes 2018 "Penelope two" label : houndstooth



9 commentaires:

DevantF a dit…

Pas facile. Je n'aime pas spontanément et cela ne m'a pas laissé indifférent. La combinaison image et son/musique a juste amplifié ce besoin de cesser d'écouter. Un malaise? Non? je cherche mes mots. Comme une anti-sensualité à froid. Un corps et une musique nue qui nous défient de trouver du plaisir.
Je me souviens d'un vieux débat sur le forum des "papillons noirs" où un des membres constatait chez moi un éclectisme qui recherchait du plaisir et ou de la beauté, chaleur, humanité, tendresse etc... Il ajoutait que l'art n'est pas nécessairement tout ça.
L'air de rien il a mis le doigt sur un obstacle qui me concerne.

elnorton a dit…

Amusant, c'est la deuxième chronique que je lis aujourd'hui de ce groupe dont je n'avais jamais rien entendu auparavant.
Je crois qu'il faut laisser le temps pour apprécier. Ca pourrait vraiment me plaire... Mais j'ai trop de disques à écouter aujourd'hui pour réellement laisser sa chance à celui-ci. J'y reviendrai plus tard. Je suis sûr que ça vaut le coup d'attendre.

TonTonMusik a dit…

Je suis aussi un peu perdu avec l'ambiance de tout ça, je n'arrive pas à apprécier, ni même à détester. De plus ça me rappelle l'ambiance musicale qu'il y avait sur la pub pour Air France, il y a un an, il y a un siècle ... allez à la trappe !

charlu a dit…

Mais oui Tonton .. Chemical Brother en pub qui plane et transperce les nuages.. j'adore..merci du rappel.

charlu a dit…

Tonio, les forums sont capables de te dire que l'art n'est pas forcément qqchose.. ça fait flipper.
Ceci dit, ma 1ere impression ne fut que sonore, je vais laisser murir pour appréhender les prochaines écoutes.

DevantF a dit…

Non, pas "les forums" juste un contact avec qui j'avais de nombreux échanges, un autre fou de musique et +, d'autres centres d'intérêt musicaux et c'est à force d'échange et en toute amitié que nous avions convenu diverger sur les émotions recherchées. Il aimait entre autre pas mal les groupes de musiques "industrielles" (? si ça existe dans ces termes?) genre qui me rebutait et à force de discuter il en était venu à tenter de comprendre pourquoi cette divergence. Bon souvenir.
Autre exemple, l'ouverture de "Die Zoldaten" de Zimmerman, ou une partie du Free Jazz. Clairement pas de volonté d'harmonie. On pourrait longtemps échanger la dessus.

Mylène Gauthier a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Mylène Gauthier a dit…

Quelques choses de This Mortal Coil non? Comme je le disais dans mon commentaire supprimé, j'aime beaucoup. Merci.

charlu a dit…

Je comprends Tonio.. mais d'ailleurs anti-sensualité à froid c'est pas mal.. c'est peut être même le but. Etre nu devant un son ambiant froid et pas soul par exemple, c'est comme dire, je suis nu mais pas à poil. Et puis, après réflexion, j'ai réussi à partir aussi vers des paysages désertiques au vent déshumanisé et bouillant.. le truc qui fait que tu peux errer nu... enfin, elle a réussi à me turlupiner... ouaih nan, j'ai pas besoin de divan Devant :D :D

Pas faux Mylène, un truc comme, peut être du 4AD aussi..c'est pas du torride hyper bouillant, du gris du gris et encore du gris.. c'est la saison ;D

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...