Robert Wyatt est un des rares artistes
à dessiner un monde colorié devant nos écoutes. La lumière
change, les contours s'adoucissent, son paysage à lui comme une
peinture nouvelle vient nous changer d'air.
J'écoute Robert Wyatt comme je déambule au beau milieu des toiles d'une galerie fantastique et naïve. Pas trop d'étiquette ou de paramètre, une vision, un peu de tout, du jazz d'un autre monde, de la liberté. C'est aqueux et solaire, vierge et crépusculaire.
J'écoute Robert Wyatt comme je déambule au beau milieu des toiles d'une galerie fantastique et naïve. Pas trop d'étiquette ou de paramètre, une vision, un peu de tout, du jazz d'un autre monde, de la liberté. C'est aqueux et solaire, vierge et crépusculaire.
Le temps glisse sur cet anglais à deux
vies, il est difficile de dater une œuvre, une chanson, on peut tout
écouter n'importe quand. Ce crooner est un monument et sa voix un
instrument de jazz de cuivre cassé.
J 'ai « Rock Bottom »
comme un tatouage, et « Sea song » qui m'épaissit la
lymphe. J'étais au lycée lorsque j'ai entendu cette chanson chez
mon disquaire, à Chartres, un chaleureux magasin de vinyles
d'occasion qui s'appelait Abbey Road. Pierrot derrière son comptoir
et sa platine m'a tout de suite lancé « C'est la plus belle
chanson que je connaisse ». Je suis entré dans ce monde là à
cette période là, et j'ai tout pris.
J'écoute rarement des compilations,
mais depuis quelques jours, je suis accaparé par la double synthèse
ciblée des travaux de Wyatt, d'un côté « Benign
dictatorships » avec les sublimes collaborations, de l'autre,
sa présence « Ex » au sein des groupes d'avant.
La cohérence et la beauté des
associations est telle qu'on a l'impression qu'il s'agit d'un nouvel
album. L'ex machiniste place d'emblée « Moon in june »,
l'épique jazz de bravoure période Soft Machine.. et j'entends aussi
bien le Floyd Barré que le Supertramp de la même année..69. La
prog dans son excellence, un jazz à l'électricité kaléidoscopique,
de virtuosité improvisée.
Les vocalises de la taupe à lunettes
sont sincères et uniques.
Quand passe « Free will and
testament », je danse un slow dans les bras de Madame Cuckoo,
la belle multicolore croquée à la sanguine qui répand son teint de
sienne sur mon cou de terre battue.
Je ne sais plus comment vous dire que
cette compilation est déjà indispensable, juste histoire de prendre
cet univers arborescent sous un autre jour. Des pages entières à
écrire.. ou juste une phrase : « Different every time :
Ex Machina ».
L'a pas une tète de père Noël ? faut en profiter.. deux doubles vinyles d'excellence.
Robert Wyatt 2014 « Different
every time » label : domino
4 commentaires:
Comme c'est bien évoqué.
je suis certains que pour beaucoup "Rock Bottom" est un jalon, un moment gravé dans la mémoire.
C'est juste un disque, tant qu'on a pas écouté les premières notes.
Ensuite... comme tu dis
Ah ouaih !! sérieux.. je savais pas, mais j'en profite un max.. son art est un thème, et j'ai du mal à trouver de quel album une chanson de cette compile ou autre provient.. C'est vraiment la première fois que je reste ainsi sur une compile.
Rock Bottom, c'est mon début.. mais j'ai écouté tellement de trucs immenses après.. par contre "Sea Song".. la...mais la..grave :D
Y'a une version de Married Monk que j'aime bien.
J'aime sa bouille.
Et puis, il y a la musique et il y a aussi le personnage. C'est certainement l'artiste le plus humain et humble qui soit. Je ne le connais pas personnellement, mais toute ça démarche, sa soif de collaboration, sa culture musicale, son engagement politique, tout ça en dit si long. Et j'oubliais aussi son humour... Et qu'il est aussi un excellent musicien...
Et je trouve qu'on réduit trop souvent son oeuvre à Rock Bottom. Ce n'est qu'un seul disque grandiose qu'il a écrit mais plein.
PS: faut que je prenne l'habitude de passer plus souvent. Ton blog est vraiment toujours très intéressant et pertinent.
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