On reproche souvent aux artistes de
ressasser, de toujours rester cloîtrer dans leur caisse, de les voir
là où on les attends. Et pourtant, il suffit qu'ils aillent voir
ailleurs pour qu'on leurs reproche l'inverse.
J'aime William Sheller et sa
discographie « habituelle », lorsqu'il tire la musique
vers le haut en incorporant du classique dans sa pop. Et j'ai été
fracassé par son opus 94 « Albion ».
Cette année là, je me suis rendu à
l'Olympia pour voir la performance de cet ovni psychédélique rock.
J'ai retrouvé sur scène une formation classique, sans les barges
d'Albion. Et même, seule « La navale » fut reprise. J'ai
alors déduit que cet album studio était un écart, une parenthèse,
une récréation. C'est un phénomène que j'aurais bien voulu vivre
en live, tellement le disque m'avait plongé dans des écoutes
compulsives.
« Albion », c'est un disque
rock anglais, enregistré en Angleterre, avec Steve Boltz à la
guitare entre autre, et la guitare ici est ravageuse, l'ensemble
acidulé et grunge. Des chef d'œuvre flottent comme ça, « On
vit tous la même histoire » (basse et solo guitare infernal),
« Les enfants sauvages », « Maintenant tout le
temps », « Comme on n'oublie pas »... et « La
navale ». C'est du Sheller dans l'écriture, comme dans un
vieux rock'n'roll, mais avec une autre palette, une batterie lourde,
du puissant et du brut, du saturé frôlant le hard, avec en bonus
des expérimentations proches des délires Beatles N°9 ou strawberry
les plus acides (« Ridefarm en Albion », ou « Relâche »).
Je voulais voir les enfants sauvages
sur scène, ce disque restera une expérience unique, je voulais voir
Sheller déranger, bousculer, j'ai vu un sublime concert à l'Olympia
et je me garde « Albion » comme un délire surréaliste
que j'ai vécu un jour comme ça, sur une autre planète, une boule
électron libre où les artistes auraient plein pouvoir.
Évidemment, cet album n'est pas dans
les nues des ventes, est-ce le prix de l'expérimentation, de la
prise de risque ? Et j'imagine les grimaces à l'écoute de cette
brûlure hexagonale sorti juste après le grand succès de Sheller e
solitaire.
« Albion » n'a jamais été
joué sur scène, et j'avais déjà imaginé quelques versions
albionesque de quelques standards de Sheller qui auraient pu se jouer
ce soir là, à l'Olympia en octobre 94.... « Excalibur »
sur scène, celle de l' « Ailleurs », ravagé par un
Sheller déchainé et gothique.
C'est un album vaincu, c'est un chef
d'œuvre unique dans une discographie d'un de nos plus grand génies
musicaux.
Brandir « Albion », c'est
hurler en sourdine, c'est serrer le poing en le gardant au fond de sa
poche. Il a 20 ans, et je l'écoute avec toujours la même
jouissance.
William Sheller 1994 « Albion »
label : philips
http://www.mytaratata.com/emission/taratata-n41/video/4026/william-sheller-les-enfants-sauvages-1994
17 commentaires:
Eh, c'est tout ou rien avec ce disque.. très fort en volume, d'ailleurs je me le mets toujours tout seul.
J'ai découvert Sheller avec l'album vinyl court Maman est folle.. "Mon dieu que j'l'aime", c'est une chanson que je cherchais partout. Puis est venu "Un autre monde" et mon préféré "Ailleurs".. rien à jeter tte façon.
Je suis pleine de préjugés, mais j'ai envie d'être moins con alors je vais accepter l'album dans la box et tenter l'écoute...
Préjugés sur Sheller ou Albion ? si c'est sur Sheller, c'est le moment de tout balayer avec Albion.
Fais péter à fond.. tu me diras la tète à T-man en bonus ;D
Tu vas probablement me faire remettre cet album à l'écoute, même si j'en ai du Sheller en retard. Comme pour Manset, j'ai décidé de prendre mon temps mais de finir par tout connaitre. Je pense qu'il fait parti de ce qu'aurait dû être la chanson Française et alors, comme l'Italie, nous aurions laissé une empreinte dans la musique à l'international. Ferré -> Polnareff -> Sheller -> Manset -> Murat, Daho, Bashung. Merde quoi, ce qu'on est beau dis donc
Sur Sheller!!! J'en garde une image négative, qui vient de je ne sais pas trop où...
Je suis à Clermont-Ferrand en formation, de nouveau... Jusqu'au 19 décembre! Alors j'ai beaaaaaaucoup de temps devant moi pour expérimenter, comme écouter un artiste que je n'aurais jamais écouté autrement...
Eh Tonio.. ton classement me boote à donf, c'est pas loin du mien. Je les ai tous assimilé goulument et même si j'en rajouterai quelques uns, ceux là sont la charpente.
Par contre.. l'Italie.. en dehors de Branduardi..ils ont laissé quoi ?? :o
Pour l'Italie, pense que "ma" liste a peu traversé leur frontière, et vice versa.
Je pensais à leur variété, que j'aime bien, car je sens le casting sur les voix bien chaudes rock (rauque)
Ennio et Nino pour le cinéma, quand même.
Paolo Conte s'est bien exporté.
Et un jour je te parlerai de Fabrizio Di Andre. l'anar qui a ramené du Brassens en Italie.
pense que jacques Brel n'est pas populaire en Italie, connu peut-être, mais pas universitaliennement connu
Eh eh.. t'es pas tombé dans le piège Tonio de ma vanne pourrave.... En fait pour revenir aux frontières culturelles, y'a pas mal de trucs qu'on zappe pour X raisons.. Je pourrais aussi m'étendre des heures sur e Portugal (surtout) et l'Espagne...des auteurs qui semblent rester locaux ou dans l'histoire. L'Italie, je suis un fan dingue de Branduardi..jusqu'au "Concerto" introuvable que je chéris et me passe en cachette.. et aussi Paolo Conte que tu fais bien de rappeler.
Eh Sad..mais c'est quand que tu retournes en Lorraine ??
Vas-y profite.. j'adore avoir du temps pour purger une pile de disques..
Je ne retourne en Lorraine qu'à Noël, c'est foutu pour moi on m'a collé à Lyon maintenant!
Tu verrais ici y a même pas de wifi, donc je me dépatouiller avec la 4G vacillante de mon smartphone et je sors les albums de la box sur le tél... Je vais donc découvrir tes disques en qualité qui-laisse-à-désirer-mais-j'ai-que-ça-alors-j'm'y-fais...
Ce Sheller est juste un pavé.
Je l'ai énormément écouté.
Pour ma part Sheller ça a aussi d'abord été Maman est folle et surtout les miroirs dans la boue...
Ce type est un de nos génies hexagonaux, voilà, c'est dit.
Bonne journée - ici la pluie s'est calmée, on évalue... les dégâts sur le dpt et c'est sur il va y en avoir.
à +, passage entre deux averses (car malgré tout ça menace encore).
Oui..les miroirs dans la boue..les cuirs de Russie... après je suis tombé sur Les tètes brulées..j'ai fondu.
Je pense que nous sommes tous d'accord sur les cerveaux musicaux d'ici.
Et dire que j'ai visité le Gars à sec cet été !! ;D
à très vite Pax.
Sad.. dingo ton truc.. ça te manque pas les quiches ?? ;D
Et dire que dans ma vallée on capte rien, mais moi je reste à 6 voire 7 jets :ooo
Grave Chris..y'a aussi le Risling, le Sylvaner, le Gewurtz... et le pinot noir :D
Enfin j'dis ça.. la chérie de mon fissot est de Metz..je sais même pas où c'est :D
Ah merde.. pas faux.. faut qu'j'arrête le Sylvaner.. ça tape.. bon y'a que d'la quiche en lorraine alors ?? :o
Eh..pour nous l'alsace et la Lorraine c'est kifkif :D
Yessss.. ma "bru" nous ramène des confitures..et pas que.
Bon, je lance des vannes et tu ripostes pas.. genre, la Beauce y'a quoi comme produits locaux ?? etc etc.. je prends les devants..y'a nib :D à moins que tu aimes la farine ou l'huile de colza ??
Un de mes albums préférés, un pont jeté entre la France et le Royaume-Uni.
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