Une
ouverture comme une bande-son infernale bourrée de rencontres, celle
de ma nuit-concept rebondissante, une super grande production de gros
casting pour mes oreilles excitées, orchestre, ensemble, Fred Pallem
est là, une soirée à rallonge proposée par Pascal, une véritable
collection de partage musical.
Et déjà Piers Facini vient me prendre
à la gorge, de bon matin. « Sharpening bone » idéal
pour arpenter les rues trafiquées de Paname qui garde encore sa
fierté lumineuse, juste coincé entre ma nuit et le boulot. Ma nuit,
je ne vais pas en parler, juste essayer de restituer la bande son des
tronches de titane, le boulot non plus, des bronches de méthane
subliminales à toussoter pour un rien.
Je suis un adepte de la pause, celle-ci
est d'une puissance sans barrière, celle qui m'a empêchée
d'écouter du jazz pendant des décennies. Basse, solo, vocal,
clavier, blues de jazz trempé et je grille ma clope plus tôt que
prévu. Il faut dire que le quartier est plus beau ce matin,
l’itinéraire est quasiment tracé, le trajet sans question, sinon
j'aurais pris la ruelle à gauche, puis la voie sans issue, ou le
parc un quartier plus loin. Ne pas douter, juste les oreilles et le
trajets qui s'embellit.
Les chansons défilent et le café
crème du matin prend des allures d'extrême douceur, moi qui n'aime
que le robuste amer, mais va quand même falloir passer la vitesse
supérieure, poussé par les klaxons cuivrés de l'orchestre, je me
pousse pour aller ouste et filer à mes trousses. C'est un brûlot,
une pincée de gingembre dans cette tasse de pétrole crémeux.
Je suis un convalescent de jazz, un
récidiviste en latence. Mon cerveau a été brûlé très jeune par
cette musique paternelle, tout comme le classique maternel.. depuis
je lutte sur cette fuite, à accrocher les wagons, ces océans et ces
pays de retard.....
…. et je passe direct au fin fond
d'une nuit bronze d'onomatopées scintillantes et clinquantes (André
Minvielle). La journée passe très vite, je ne me souviens plus des
heures coulées, juste l'emprunte du blues matinal qui s'est
étendu...et déjà le jour se lève sous les trompettes à la Baker,
juste avant de balancer au flan de ma fatigue le piano et la gorge de
Kanche.
Ce disque est
fou, à quel soir du matin je suis ?
Combien de fois Marcel Kanche m'a
pénétré ? Je ne pensais pas le rencontrer ici, à cette heure,
dans cette ruelle, même si mon naufrage aurait pu me souffler
quelques indices. C'est une heure où l'on cherche l'ombre des âmes
et où l'on croise le retour des troupes d'un cirque cabaret country
avec dans la bande Sanseverino, celui que l'on a vu quelques heures
plus tôt survoler les « zob..jets ». Pas prêt de
bailler aux corneilles.
Je me souviens avoir rencontré
Tarantino dans le « compartiment tueur » du métro qui
m'a mené jusqu'ici, vers cette nuit qui n'en finit pas d'être
insomniaque, en pleine journée multicolore. Sébastien Tellier et
Matthieu Chédid étaient bien déglingués aussi, sont un peu
cinglés les mecs, ça grouille, et tangue sévère sur ce melting
pot culturel, dans sa plus belle cohérence.
Heureusement Julien Loureau est venu me
présenter une amie artiste à lui, une femme superbe, anachronique
scintillante sous ses sapes bleues outremer seventies, elle me
susurrait « Grover corner » dans le cou, style Burgalat,
et j'avalais ma salive comme on regarde un « Picasso
blue »..Mais, alors qu'Alice Lewis chantait sur scène, j'ai
perdu de vue la fille bleuté, comme le reste de ma nuit. OSS 117 a
du venir me la chiper...je vois pas autre explication.
Je suis rentré anéanti, vidé, et
j'ai remis au casque ce blues cuivré incandescent « Shapering bone »
qui m'a suivi toute la sainte journée, et jusqu'au soir suivant du
matin d'avant. Cette chanson, c'est mon lien, mon point d'attache, la
boucle est bouclée, et j'ai repris un robusta serré sous cette
lumière du soir, ou du matin, je sais plus..j'en sais rien. Je me
rappelle d'un bruit qui résonne, et du timbre de Kanche sous la
trompette, comme un écho, une incitation, une incubation.
Ah si, j'ai aussi croisé Pascal qui
m'a présenté Fred Pallem qui a fait de ma nuit a été une
véritable comédie musicale euphorique.
D'ailleurs Pax m'a raconté une tonne
de truc sur ce compositeur, arrangeur, chef d'orchestre de big
band... c'est ici, c'est une chronique simultanée.
Fred Pallem & le sacre du tympan
2008 « La grande ouverture »
label : atmosphériques
8 commentaires:
PILE A L'HEURE !
Magnifique ta chronique en mode court métrage ciné.
Tout y est, un magnifique parcours, beau partage.
Bon apéro, je reviens plus tard.
BRAVOS !...
On s'est bine éclatés... :)
bien éclatés...
déjà le talisker...
Talisker 11h pile.. Johnnie Walker pour moi, (y'a quand même un petit goût de tourbe au fond).
Complètement éclatés comme tu dis.. je n'aurai surement pas vécu une telle nuit sans t'avoir rencontré et suivi :D
Echiré était avec nous cette nuit là.. il nous guette, là, juste derrière sa haute et humble discrétion. Tchin à toi aussi Pap's.
Allez, tchin.
Oui il était là, c'est sur...
Après un gros week end de musique, en parler aussi ça fait vraiment ... du bien.
à de plus obligatoire.
Ta chronique en quotidien est vraiment un synopsis complémentaire de l'album.
extra.
Bonne idée cette chronique à 2 mains. bravo à tous les deux. Pas mal du tout ce disque... Quel plaisir de retrouver Minvielle... et les autres...
Superbe promenade, tellement convaincante que je ne sais plus si c'est la chronique d'un disque ou le compte rendu bien vivant d'une promenade urbaine ... Je vais dès que j'en aurai le temps lire la suite chez Pascal
Belle promenade urbaine, j'ai ressenti cet album comme cela, impossible de voir autrement cet éclat sonore..;ce sacre nocturne.
Je crois que mes billets sont souvent des compte rendu.. je savais que Pascal allait décrypter avec la même puissance et la même cohérence que cette grande ouiverture.
C'est un réel bonheur de se laisser guidre vers un ailleurs, ponstuel qui peut s'étendre sur la durée. Je n'aurais surement pas écouté cet album aussi profondément comme il faudrait faire pour tous les albums qui nous parlent. L'idée est lancée..à refaire.
Merci Pax ;D
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