Il faut l’avoir connue, entraperçue à la lumière du soleil pour se permettre d’aller s’asseoir près d’elle, sur le petit banc en pierres à l’ombre du grand marronnier. Rompre sa solitude n’est pas chose facile, juste s’asseoir et se délecter du spectre de son regard triste. Lisa Germano s’effiloche, elle trouve le monde bien moche. Des remugles d’enfance, le composte cérébral est gorgé de petites notes de piano fantomatiques parasitées par les ondes de téléphone portables. L’air est lourd, presqu’orageux, elle garde pourtant sa capuche cerclée de fourrure, dissimulant un visage blême et attristé.
Lisa Germano nous attire toujours plus en profondeur, l’aesculus saupoudre les pensées de son jardin d’hiver où elle cultive sa pépinière flamboyante, son atelier où elle peint, son petit bureau en bois blanc écaillé sur lequel est posé son automatique. Ses petites symphonies de poche sont comme sa poupée au visage de porcelaine. Hyper fragilité, ultra intimité. Les minutes s’égrainent, l’odeur des graviers réconforte et soigne cette méchante gueule de bois.
John Mellemcamp group, Capitol, 4AD, un album avec Howe Gelb (le sublime OP8) .. un séjour chez Michael Gira (Young god records)…. Badman recordings.. la peau de chagrin d’une visibilité discographique, la profondeur des choses en échange, un joli troc. Les chansons ici sont des rêveries acidulée de canfre à la cannelle.
Cet exil ombragé est une invitation troublante, une douce impression d’être le seul à entendre ces murmures, à condition de venir s’asseoir sur le petit banc en pierres recouvert de mousse.
Lisa Germano 2013 « No elephants » label : badman
http://www.lisagermano.com/
http://badmanrecordingco.com/catalog/index.php?main_page=index&cPath=4_42
3 commentaires:
Merci pour ce magnifique texte, encore une fois.
c'est le disk qui est magnifique :D
Idem La Rouge : trés beau texte, invitation à la découverte de cet album.
Et comme le cadeau vient de tomber dans la Box je vais ce ce pas aller m'asseoir près d'elle.
Enregistrer un commentaire