Vais à nouveau passer pour un crétacé inférieur avec ma
pochette à skeuds numérisés. M’en fout, toute façon plus personne ne fait
attention à qui que ce soit, à part pour se gausser..
Qu’on se moque donc, je sors ma pochette à disques pour me
mater des oreilles un vieux Reid aérien. Terry parce qu’il est là et que je l’ai
préparé pour le cas où, et au beau milieu d’une canopée de e-truc branchés, j’exalte
mon ovni à galettes pour me mettre une dose de rock psychédéliquement poétique.
Pas le temps d’encoder, la pochette est avec dans mon sac, et ça compte pour se
permettre de chialer sur « July ».
L’automne est tiède et ça tombe bien, j’emmanche mon disque,
il fait moite aussi et je tombe à
nouveau. Et même je nargue dans le vide
ma quincaillerie de brocante devant l’e-réel et la petite merveille 60 ‘s hurle dans mon casque.. bordel, s’ils
entendaient ça.. surement ils se foutraient de ma trogne.
C’est du rock anglais..tu m’étonnes John… c’est une voix, et
la voie pour me faufiler ce soir sur les miennes, celles qui me ramènent quelque part. Quel disque, quelle pochette,
quelle année (biz Pap's) !!!
L’évènement est pourtant de taille, la parution d’un nouveau
Jeff Lynne. J’ai plutôt l’impression qu’ils l’ont joués rilax sur la promo,
promontoires etc. Il doit quand même se sentir un peu seul dans l’univers,
d’autant plus que c’est sous ELO que cet album traine dans nos bacs depuis
quelques semaines.
Macca, Harrisson, Orbison, Petty, des balades à tomber,
« Alone in the universe » est total, sublime du début à la fin. Jeff
Lynne est un génie de la mélodie et du son. Si l’album précédent était plus
intime et personnel, celui-là envoie valdinguer les frontières pop au-delà de
la stratosphère, comme Elo l’a si souvent fait.
Jeff Lynne s’est offert un nouveau petit voyage dans
l’univers, et nous, on prend un sacré coup de jeune,un disque frais malgré le rappel aux
souvenirs, des chansons à danser ou plutôt à tournoyer sous un ciel écarlate.
Histoire de fêter les jours qui rallongent, le passage dans la force clair du recul de l'obscur, un disque qui pulse... puis si ça s’trouve le père Noël vient de Birmingham .
Joyeux Noël à tous.
Jeff Lynne
2015 « Alone in the Universe » label : columbia
Depuis quelques albums, le trio australien se laisse étendre
sur un ou deux morceaux longs éclaboussés
de lumière.
Pas de dérogation pour ce énième voyage irradié autour du piano de
Chris Abrahams, un free jazz expérimental à la pointe du psychédélisme. L’improvisation de « Vertigo » étourdit,
engourdit, les yeux rivés sur un soleil d’argent.
Hexadic I ponçait la nuque, le II
engourdit le bulbe, une usure intrinsèque quand la cellule s'abîme.
C'est la version figer-picking du premier volume psychédélique,
comme sur ces premiers albums, « Dust and Chimes »..
« Compathia ».. quand les doigts engourdis font le boulot
tout seul.
Cette fois-ci la brûlure sourde, le
silence apaise les souffles, celui qui s'immisce entre les notes
déstructurées.
L'hypnotisme peut aussi bien venir du
feu que des brumes, du bleu que du blanc, « Hexadic II »
est un repos nébuleux de notes qui s'égrainent, d'une voix
familière qui se dilate posée là sur le hamac spirituel Six
Organs.
Six Organs of Admittance, c'est
toujours le même trouble, le même esprit. Sur la verticale à
nouveau, on s'envole ou s'enfonce, on se dirige vers une rose d'un
vent boréal bancal, une boussole folle.
Je chasse Ben Chasny depuis 2002 avec
« Darknoontide », il est devenu depuis un refuge récurent
à travers l'acoustique vaporeux de mes envies vrillées, l'extrême
champêtre déserteur dans sa phase fidèlement dilatée, et je
préfère le II au I, le blanc au bleu.
Six Organs of Admittance 2015 « Hexadic
II » ; « Hexadic I »
On passe en Écosse, et chez Denovali,
puis au beau milieu des brûlures sonores, douces ici, inquiétantes,
le silence se chante aussi en drone. C'est une douce menace, une
tension retenue, une grâce grise magnifiquement insufflée par un
cerveau habité, celui de Matthew Collings.
Il y a des cordes une fois de plus,
préparées, travaillées, la croûte et ses restes en surfusion qui
menacent, c'est sûr, nous sommes en dessous de l'horizon.
« Silence is a rythm too »
sont les épousailles des abysses avec ce que l'on veut, mais surtout
la passion des sons verticaux.
Il a collaboré avec Talvihorros, Dag
Rosenqvist avant de s'envoler seul...ce premier opus ambiant est un
chef d'œuvre.
Matthew Collings 2014 « Silence
is a rythm too » label : denovali
Dans le sillon des instruments qui
respirent et des matériaux qui chantent, Mains de Givre exalte le
« Chœur d'âmes en détresse ». Une canicule hivernale
excite la vermine, tout est tiède et moite, tout fond dans l'humus
cafardeux.
Si nos yeux s'oxydent, c'est que la
terre saigne. En attendant, la voûte dépose sur nos mottes les
cristaux d'un matin sans qu'il puisse en durcir la croûte. Des
mains à peine givrées rampent sur nos terres décongelées, de la
marmelade, de la brûlure des profondeurs.
Un duo, un violon, une guitare, du
néo-classique dark ambiant from Montreal.
Mains de Givre 2010 « Esther
Marie » label : textura
Un drone chamanique souffle des forces
de frottements. La rude caresse des matériaux chante un plaisir
étouffé de la corde grave comme une main comprimée sur une gorge.
L'instrument préparé en âme accordée
est une psychanalyse musicale, une complainte souterraine, un chant
outre-terre.
Le musicien étreint sa contrebasse qui
psalmodie une mélancolie tendue rampant sur nos matières. Yair
Elazar Glotman de formation classique est un paysagiste sonore
berlinois, sculpteur ou architecte musical.
Yair Elazar Glotman 2015
« études » label : subtext
Dans la continuité de mes phares
troublés quand la brume s'est levée et que la voute se dévoile, je
découvre la profondeur des bleus outre-ciels et la laiteuse présence
des nuages insomniaques qui glissent sur les fils, comme les notes
ouatées sur la portée d'un jazz libéré.
Il s'agit de mettre son cerveau à
épreuve et de trouver sur ce son l'image. Devant en poupe et ses
idées folles. Moi sur Food, je verrais bien de l'ocre en plus, la
touche chaude pour raviver ce qu'on pense de froid, sans qu'il le
soit. J'imagine la musique que l'on écoute à l'instant présent,
discrètement éclaboussée d'un soleil qui s'invite à travers une
fenêtre, comme un accident, ou un cadeau.
Il y a Christian Fennesz pour la
maitrise ambiante du duo Anglo-norvégien, et au rayon quincaillerie,
des artistes fabriquent des couleurs.
Le label c'est ECM, le groupe
Food, la toile que je vois par dessus cette évasion, comme une
nouvelle coïncidence rêvée est Mylénoise, et ça c'est pas un
miracle, enfin presque... douceur et puissance, la fragilité des
monts solaires. De la nourriture.
J'ai fait un rêve, je longeais une
départementale sans fin, un brouillard inattendu, quelques courbes
moelleuses, des mottes en siennes de relief sous mes phares troublés,
des touffes tendues vert-pissenlit comme des hérissons de
chlorophylle. Le pétrole de mes pneumatiques léchait celui de la
route oblique. Rien de visible à portée d'ampoule.
Tout coïncide, l'espace deviné,
l'infini imaginé, le brouillard chaleureux, les phares pour seuls
guides, comme un chasse-brume pour aller nulle part, juste là où
l'on a envie d'aller. J'ai dû longer cette vaste campagne invisible pendant
des heures entières, sur une vitesse engourdie pour m'être grisé
ainsi au son de « Lost Voices ».
Un jour j'irai là bas, comme dans mon
crane quand le Xylo et les cordes d'Esmerine frappent et dansent.. mon groupe fétiche des
québécois constellés. Plus post-rock, plus
Godspeed, toujours ambiant, néo-classique, la même beauté des
grands espaces d'hiver, en boucle sur ma route qui n'en finit plus de
s 'étendre.
Gris de piste étroite découpant les
mers de terre labourées.. je fuse à la vitesse d'un perdreaux perdu
survivant des cartouches, sur ce chemin sans fin qui n'en finit pas.
L'occasion pour moi, d'écouter le nouvel opus d'Esmerine, la bande
son fantastique d'un rêve aveugle qui me transporte, une vaste purée
de routes hypnotisantes, avancer doucement sans savoir où l'on va.
Esmerine 2015 « Lost Voices »
label : constellation
Au pied de la jambe du rainbow à
bouffer du cresson bleu, je dévore tout ce qui se boit et me
désaltère à la lumière qui me transperce, comme la jade en jatte à
effleurer le fond pour y trouver la fraîcheur noire, l'œil mordorée
des freux.
A fuir les affreux, estropié sous les
flammes de la basse voûte, je demande aux corbeaux une aile tendue,
celle d'un l'albatros cuivré d'une affaire infernale pour me tenir la jambe.
L'inespoir c'est pas l'inespéré..
c'est la lucidité, celle de nos défroques..."Horreur Harrar Arthur"
HUBERT FELIX THIEFAINE 1986 « Météo
für nada » label : sony
C'est pourtant son sixième album, je
découvre un compatriote d'Anna Ternheim, Daniel Norgren, avec cet
opus 2015, sa voix, ses mélodies et la pochette qui m'a, de prime
abord, dirigée vers lui.
C'est un paysage bucolique, folk et
romantique qui dessine devant nous, une chaleur acoustique du nord,
une émotion repliée avec une pointe d'orgue discret, « The
Green Stone » comme une belle virée à travers du lin laiteux,
un automne tiède, un coton crémeux. Absolument délicieux.
Daniel Nordgren 2015 " The Green Stone" label : superpuma
La hanche gominée, la gratte
lubrifiée, la Josephine chevauchée, les musicos habités, la rate
aux aguets...
Le rétroviseur est un sable mouvant,
un miroir sans fond, un truc qui n'en finit plus, bourbon,
court-bouillon, scotch, bière..what else.
On est avalé dans ce son paradisiaque
à peine nettoyé, juste histoire d'écouter défoncé par le
plaisir du jeu ces morceaux qui piquent, épiques qui collent aux
grammes du what else.
Histoire de ralentir la chute à
travers cette tendance à bouffer du roots d'alors, la grignote des
cellules revivifiables, des poussières qui fécondent.. et une
nouveauté de plus.. le George Thorogood arrache.... comme avant,
mais c'était où ?? 2015 ou 1977 ?? c'est kikife, c'est là pour
toujours, c'est juste une question de viscère, d'abat, de vice et
versa, de rabat-joie, de jouissance, de gratte folle, c'est là, puis
derrière, juste avant nous, puisque nous sommes légèrement en
retard sur notre descendance blues rock, et complètement en avance
sur nos tontons bikers.
Et bien bien puisque notre calendrier
musicale se déguise, je prends sans les dates, le dérèglement
climatique, ..solstice, équinoxe.. ?? pourvu que ça jute.. Je
crois bien que c'est 1977... ou alors 2015.
Bon, un peu paumé dans les couloirs du
temps, voici le début d'une grosse carrière à venir, une vingtaine
d'albums à suivre, George Thorogood et ses Destroyers.
George Thorogood & the destroyers
1977/2015
« George Thorogood & the
Delaware Destroyers » label : rounder
L' effet « ..merals » m'a
propulsé direct vers ce blanc bec soul rock de l'Alabama comme pil
poil dans les règles de l'art retro du genre.
Cette fois-ci la pochette est raccord
et les cuivres pas moins voluptueux.
Ça merdeuse impec, la hanche huilée,
le poil gominé, les musicos costarisés..la musique, une fois de
plus intemporalisée.
Il faut des enceintes bien roulées et
des envies de mieux avant, même si c'est pas dégueux, là tout de
suite, ce que j'entends. Rythm'n'blues d'Athens, des allures de
Nashville, sa nouvelle demeure, une nouveauté rock, d'ici ailleurs, mais quand ?
Posé sur le trait du fond, flambent
quelques lueurs chaudes pour quelques secondes encore. Y'a du charbon sous
l'horizon, un foyer céleste qui ravive toute chose. Et pourtant, le
cormoran sur du gris avance et glisse, Ephemerals est un tableau
pour l'œil trompé.
Une erreur de classement ? une boulette
de promontoire ? J'ai tout de suite pensé devant la pochette, à un
album ambiant, drone, néoclassique, room40, Touch ou 12K... et puis
voilà la soul blues qui jaillit et tâche, de la roublarde, plombée,
avec des cuivres à plein poumon, du big band qui godille comme un
requin dans les eaux froides.
Rares sont les albums du genre avec une
telle pochette, c'est pourtant sous cette envolée de Goémons
cendrés que pulse cette soul torride et grave..
Ephemerals, de la
soul made in London.
Ephemerals 2015 « Chasin ghost »
label : jalapeno records
Autant les garçons peuvent oppresser
par leur conjugaison habitée, autant les filles rassurent par leur
lumière et la palette de couleur autour de cette liberté
improvisée.
Magda Mayas, pianiste berlinoise, a
dessiné avec la saxophoniste parisienne Christine Abdelnour, un
paysage acoustique fantastique que le silence embellit sans limite.
C'est un label néerlandais fantastique qui héberge la vision
abstraite jazz des deux filles, Unsounds. Comme une
myriade de piafs qui s'esclaffent, oiseaux en tout genre, le son
apporte une palette badine du travail improvisé.
Charlemagne Palestine est un vieux
gribou expérimental renommé qui utilise son piano pour faire
vaciller les notes dilatées qui illuminent son cerveau, ou
l'engluent selon. Il a rencontré Rhys Chatham dont je ne connaissais
que le gothique « Bern project », il est New-Yorkais et
surtout avant-gardiste trompettiste, et aussi guitariste.
L'improbable « Youuu + Mee + Weeee » sort chez les
bruxellois Sub Rosa, une autre auberge fantastique.
Et voilà, deux combinaisons
expérimentales piano/cuivre totalement libres. Deux labels
fondamentaux à travers ces évasions bariolées. Des artistes
connus, d'autres moins, deux rencontres, deux duo calés sur le même
principe. Faut être disponible physiquement pour adsorber cette
architecture évadée. Les garçons proposent un triple album (42, 60
et 53 minutes ..) qu'il faut pouvoir placer dans son quotidien, un
remède par exemple pour une nuit blanche .. les filles sur deux
morceaux et 35 minutes en tout, offrent la liberté de revenir sur ce
chant d'oiseaux surréaliste, cette évasion sonore pas moins
habitée, mais terriblement accaparante.
J'entends une myriades de choses..
des brides « Ummagumma », la version studio.
Mayas & Abdelnour 2012 « Myriad »
label : unsounds
Charlemagne Palestine & Rhys
Chatham 2014 « Youuu + Mee + Weeee » label : Sub Rosa
Il fallait s'y attendre, avec ce gris
cinglant qui nous bruine la déprime, cette pluine glacée
oppressante, des envies de blé ont traqué ma platine. Du chaud et
du sec, des envies d'emprises voluptueuses qui cognent et
moissonnent.
Du froid qui pique, pas si torride que
ça, mais giflant quand même, juste comme il faut, comme l'as
bravant le brelan, je me suis retrouvé ce midi avec deux albums dans
ma besace, sage et cobalt, colt et sable...
De l'ocre pâle et du ciel épais comme
j'aime, langoureux et libidineux. Les deux.
Je dois vraiment avoir une sale trogne
pour inconsciemment me retrouver avec l'or fade et le ciel
éclaboussant de cobalt, ces piques opposés qui montrent la même
couleur de pochette.
Un contre trois, c'est pas gagné. En
lâche je ne m'avance pas, j'écoute les deux avec le même plaisir
celui de trouver du sable chaud, et un ciel appétissant.
Un grand besoin d'écouter des chansons
familières, un truc qui sonne bien dans le cerveau comme une
fidélité caressante, ce soir j'écoute au coin du feu, le nouvel
album d'Anna Ternheim.
Pour rappel, Anna est mon amoureuse pop
à moi, chacune de ses réalisations me chantent dans le sens du
poil.
Au levé la moue, l'humeur chafouine le
soir, le ciel gris trop près du front, une contrariété, et hop, un
Ternheim. Une des premières chroniques de ce blog en 2007, c'était
elle. Je parlais à l'époque de sa façon d'écrire des balades made
in USA comme Minor Majority.. Anna Ternheim est suédoise. Une
tendresse mélodieuse semble la distinguer des autres.
Sur son sixième album, les mélodies
et le chant sont toujours aussi imparables, des accords que j'adore
entendre, un magnétisme magnifique. Une fois de plus je suis sous le
charme.
C'est un disque classique dans le
genre, balade folk bucolique, fidèle, des chansons de trois minutes
qui pommadent les nions, ma galette d'arnica à moi.
Anna Ternheim 2015 « For the
young » label : universal
Je me languissais de ces gouttes de
piano bruinant sur une étendue d'huile. Une mer de silence semée
de notes.
Sylvain Chauveau laisse onduler ses
doigts légers, comme sur « Un autre décembre »..ou sur
des plumes du livre nocturne..... J'aime son piano préparé, son
paysage décharné, ses ambiances néo-classiques.
« How to live in small
places »... et j'ai l'impression que toutes les musiques que
j'écoute depuis ces derniers jours sont d'actualité. Et pourtant,
ces quatre pièces ambiantes délassent et dilatent, une notice pour
se recroqueviller.
Sylvain Chauveau 2015 « How to
live in small places » label : brocoli
L'aurait p't'ète pas fallu que je
tombe sur ce disque là, pas ici, ni maintenant. Ou peut être est-ce
l'aubaine d'une douloureuse coïncidence, d'un terreau favorable ?
J'ai tellement pris du Kanche dans mes
veines, que rien ne m'étonne ici dans son épaisseur. Peut-être
est-ce la transfusion qu'il me faut ?
Je laisse diffuser, on verra bien la
gueule de la convalescence, ou de la connivence.
« Des caisses de doutes
Des containers de questions
Des boites vides de réponses
….
L'horizon dans les poches
….
Avant que l'épaisseur ne nous
vide »
L'épaisseur du vide.
Marcel Kanche 2015 « L'épaisseur
du vide » label : pbox music / caramba
On reste sur les terres d'Auvergne avec
ce premier album provenant lui aussi du Kütü folk.
Alexandre et son orchestre c'est un
peu la version chanson des Delano Orchestra. Un album magnifique de
belle écriture, un folk vaporeux avec cordes et cuivre.
La voix d'Alexandre semble perçu à
travers les eaux, à la manière d'Amor Belhom duo.
Le Delano Orchestra fait parler de lui
depuis quelques temps, après Jean-Louis, Alexandre en escapade, avec
« Eau » un album de pop aérienne, moderne et acoustique.
Alexandre Delano 2015 « Eau »
label : vicious circle
Puisque nous sommes à écouter les
talents de par ici, je viens juste, après l'envergure des
Chatterton, de tomber sur l'intimité d'un clermontois.
Pain-Noir est une belle poésie, des
mots, de délicates chansons à séduire n'importe quelle
bougonnerie. Il est fort à parier qu'il ne verra miette de son pain
blanc qui devrait cuir de nos horizons graminées. Les artistes à la
géométrie hexagonale semblent être condamnés à rester une espèce
endémique. La perméabilité n'a de tolérance que pour des
M.Farmer, C.Aznavour... eh bien pour la peine, je me le garde pour
moi, comme si j'étais le seul à l'écouter, gardons donc
précieusement cette belle couleur délicate, cet instant rare.
Cet album est une proximité folle,
chaque chanson est illustrée à l'intérieur par une photo ancienne
en noir et blanc, comme un témoignage personnel, la tendresse d'un
pétrin talqué, le croquant d'un pavé de froment, celui qui pousse
de l'autre côté de ce petit jardin tendre et privé. C'est un air
de petit village reculé beau à s'y accrocher définitivement, ce
bourg attachant que tout le monde déserte. C'est la bande son d'une
vie qui va lentement qui se déguste.
Je foule des arpents de limon évidés
et shoote dans les silex des lopins qui me narguent et me disent
qu'on ne vivra pas vieux, même si nos corps sont amoureux. Le seul
moment heureux, c'est cet instant là.
Pain-Noir, c'est François-Régis
Croisier, il vient de St Augustine et du label formidable Kütü
folk. Le groupe n'est plus, lui a tout écrit, tout composé et
presque tout joué sur cet album confidentiel. J'ai beaucoup aimé
leur deux albums, je suis complètement sous le charme de celui là..
« PAIN-NOIR ».
L'escampette plein les naseaux, la vue
poudrée par des esprits, par l'idée de vouloir ne plus rien faire
un jour et se laisser prendre naturellement par la liberté qui fut.
A l'écoute de Feu! Chatterton, je me
replonge une fois de plus dans l'esprit Saravah et les électrons
culturels de cette fabuleuse vague de liberté. Il faut vous dire dès
maintenant, qu'à la vue dithyrambique des annonces des mois avant la
sortie de cet album, je m'attendais à une daube genre La Femme ou
Aline.. il aura fallu une fois de plus que je me bouscule pour passer
outre la presse qui nous emmerde.
Feu! Chatterton, c'est une façon
d'interprétation comme jadis, un véritable univers fulgurant comme
on l'a déjà fait, comme on pourra encore le faire. Ces cinq là
le font, et je suis trop accroc à la chanson d'alors
pour rater cet opus là. Christophe, Léveillée, Tue-Loup, Barbara
(tanguer le navire), Vassiliu, Thiéfaine, Nougaro (droite gauche..),
Beart, Dyonisos, Ferré, Tachan, Noir Désir, Dominique A (Porte Z),
Higelin, Tanger.. un véritable univers dans lequel j'entends tout
ça, une teinte sépia moderne, je suis abasourdi. J'aime énormément.
Un studio en Suède avec du vieux
matériel de collection, un son d'époque, d'aujourd'hui, des
seventies.. c'est solennelle, fou, désuet, ultra moderne, poétique,
d'actualité, une qualité surréaliste, un geste rock'n'roll, une
cohérence absolue malgré quelques morceaux existant déjà sur le
Ep précédent (tout comme Benjamin Clémentine)....
La foule alliée se fout des fous à
lier, j'y pense, j'avale, cet album m'obsède comme on tombe amoureux
d'une coloquinte en collocation. Chamboulé, étourdi, sur le cul je
suis. « Côte Concorde ».. comment c'est possible une
telle beauté!!! je danse et tourne à pleurer.
Faut qu'ils arrêtent les média de
causer de belles choses comme celle là, on va finir par les louper
avec leurs conneries récurrentes.
Je vais me siffler un côte d'azur, un
vieux vin nouveau à 14,5%, un cru tout frais avec tout dedans, la
terre éventrée, l'eau par les pieds, le soleil par cordes, un
véritable jus fécond qui fait du bien tout au fond. Rap en post
rock, chansons sublimes, le temps se dilate. Quel plaisir, quelle
rassurante excitation ce Feu! Chatterton.
Feu! Chatterton 2015 « Ici le
jour (a tout enseveli) » label : barclay
Tiens, un petit coup de cœur !! quoi
de plus que les autres bons disques qui fréquentent moins la platine
??
Un son, un tempo, une voix, une pop qui
roule sa bosse tranquille et racole facile, des bribes de blues, des
allures paumées qui assurent, une évidence qui erre sur les
terrains vagues, un feeling.
« If I should go before you »
renvoie à pas mal de références, plein d'autres musiques avec une
belle façon à lui de faire rouler l'affaire, à faire bouffer du
bitume.
« Killing time » un sommet,
« Nothern
blues » a bourlinguer sans fin sur des routes sans courbes,
« Woman » comme un post rock de 10 min qui entame
bizarrement l'album,
"Blood " une pause contemplative avec
l'horizon océanique pas loin....
Ah oui, City and Colour, c'est Dallas Green, une ville, une couleur, un artiste américain, jadis c'est dans un groupe de hardcore qu'il chantait. Depuis 2005, 7 albums sous le nom de City And Colour.
Une allure magnifique entoure chaque
pièce et laisse danser mollement vers cette démarche musicale pop
percutée d'une addiction, et un coup de cœur, c'est surement un
opus qui passe et pousse en boucle sans trop cerné ce que ce disque
là, a de plus que les autres.
City and Colour 2015 « If I
Should Go Before You » label : dine alone
Tout comme Mark Lanegarn est venu
embrumer la pureté d'Isobel Campbell, Anton Newcombe a pris Tess
Parks sous son ailes comme pour encrasser des effluves d'une Hope
Sandoval sous ectasy.
Comme Belle and Sebastian sous la
chaleur de Washington d'un Queen of Stone Ages, Tess Parks est venue
se brûler aux radiations psychédéliques de Brian Jonestown
Massacre.
C'est à Berlin que la canadienne et
l'américain se sont retrouvés pour un album irradié, obsédant et
ensoleillé par un astre titane.
« I declare nothing »,
comme Adama Green & Binki Shapiro, Alison Mosshart & Jamie
Hince entre autre, est un couple qui envoie, un séduisant mélange,
une collaboration qui assure, un album blanc habité.
Tess Parks & Anton Newcombe 2015
« I Declare Nothing » label : Cargo records
C'est un dimanche humecté, plaqué par
un soleil baratineur, comme un jaune cadmium flambant bravant la
brume, des feuilles carotènes éclaboussant l'automne.
La chaleur est indécente, ma campagne
prend des allures tropicales et la vitre embuée laisse entrevoir le
gris qui s'impatiente, quelques silhouettes se dessinent, des
haleines d'âmes s'y installent, un autre monde.
C'est un matin éblouissant, un après
midi torride d'un novembre trompe l'œil, j'écoute le nouveau
Sheller et son quatuor. « Stylus » pour dessiner sur nos
carreaux embués la chaleur de nos tantôts que la fraîcheur des nuits
délave.