dimanche 29 décembre 2024

Simon Joyner 2024

 


C'était déjà une riche année toute noyée de lymphe et de salive lacrymale, Mount Eerie, Nick Wheeldon.... ce Simon Joyner, c'est abuser.


Tout est gelé ce matin, le nacre appuyé du bleu pétrole me ravage. Ma plaine est un hématome. Sûrement je vais aller lui pommader la couenne quand j'en aurai fini avec mes œufs brouillés. Il faut aussi que je trouve mes grolles.

Je n'ai jamais vu autant de stries dans le ciel depuis qu'il est éclairé pas en-dessous, on pourrait flair des mots croisés dessus, va falloir ralentir sévère les enfants.. ouaih c'est vrai on s'en fout, c'est foutu, les carlingues sont déjà commandées.. crève.

Je suis chaussé, je vais aussi aller faire de la buée avec ma bouche en foulant ce limon violacé, puis j'irai me faufiler à travers le petits bois de bouleaux argentés.

Tout est devenu pastel en quelques minutes, rien n'a dégelé, les stries se sont aplanis comme des nuages d'altitude, c'est vachement bien foutu, on dirait un voile qui se gausse et toise ma brume des petits chemins qui a bouffé la vieille colline du village voisin. Ils sont beaux ces bouleaux pâles qui blanchissent les nuits étoilées, il ne manque plus que la neige pour les épouser. Ce petit givre fera l'affaire, il a talqué pour quelques instants ce fugace crépuscule qui chante le « Coyote Butterfly ». Quel nom d'album !!!

La terre brune commence à coller, il est tant de rentrer pour un café chaud. Simon Joyner de saison s'est fendu d'un opus de bois et d'écorces pour chanter les chatons qui se balancent à peine dans cet air vain sans vent, plombé par ecchymose d'un pâle mercure. Le soleil sent l'arnica, je fusionne avec cet artiste et ma bouilloire qui me siffle du bec.

Simon Joyner, après tous ces sanglots rageux de beauté ankylosée cette année ?? c'est abusé..ou pas.


Simon Joyner 2024 « Coyote Butterfly » sur BB*ISLAND

vendredi 27 décembre 2024

Vincent Liben 2015


 

Il chantait « Mademoiselle Liberté » avec Berry en 2011. J'avais ramené cet album sans rien connaître de Vincent Liben, pas même qu'il avait un groupe du nom de Mud Flow. En Belgique, il résonne quelques groupes comme ça qu'on a tendance à oublier un peu vite.. Venus, dEUS, Girls in Hawai, Sharko....

Pourquoi cet opus 2011 dans ma besace, juste parce que j'aime énormément ces albums francophones qui tranchent la vie avec la mélancolie dans le sillage, la promenade bucolique légèrement voûtée, heureux et abîmé. Et il m'avait transporté comme un Pierre Bondu, Julien Baer, Wladimir Anselme, un Frédéric Lo, voire même un Yves Simon.

C'est un coup direct dans l'affect, sans que je puisse décortiqué le processus, accords, timbre, ambiance.. c'est comme ça. Et si cet opus totalement disparu (même pas proposé par les plateformes de streaming), mes algorithmes m'ont chopé en pleine écoute, histoire de me dire.. «  eh pépère..le Vincent, il en a sorti un autre en 2015 ». Merci Algo.

« Animalé » me tombe dessus. Les mêmes références d'étiquettes énoncées plus haut, obligé j'y pense. Envergure, dimension, émotions décuplées, gros niveau au dessus. Le rasé blanc a laissé place au visage en collier buissonnier sous un vert tilleul, les yeux ouverts, mais toujours abaissés, à éviter comme par timidité et les chansons défilent et je tangue et danse sous un ciel plombé pluvieux de haute plaine comme les miennes en moins Cévennes. La géographie dans les chansons me mangent les amarres et le vent du Larsac chasse mes noirceurs. Pour voir la mer quand on est loin, faut prendre de la hauteur et l'âme sur les lichens danse avec l’accordéon.

« Animalé » est un refuge au bord d'une rivière, un huis clos sentimental dans les grandes plaines.


Vincent Liben 2015 « Animalé »

dimanche 22 décembre 2024

Jethro Tull 2003/2024

 


Quelques secondes de jour en plus, le sol tisse sa douce reprise nourricière et les premiers pollens s'envolent. Depuis le temps que les guirlandes clignotent, le dérèglement climatique est aussi dans les vitrines. Si ça continue ils fêteront Halloween le 15 août.

Mais voilà, nous y sommes, pour de vrai et le ciel d'hiver appellent aux tintements des cloches célestes, pas celles de Pâques..quoique.. mes celles des lutins en plein turbin.

Tull sur une compile voisine (merci Pax), un rappel, mes chouchous et une grosse réédition pour l'occasion. Merry Christmas à vous. 

 


Jethro Tull 2003 / 2024 « Christmas Album.. Fresh snow at Christmas »

samedi 21 décembre 2024

Soap & Skin 2024


 

Je ne suis pas toujours raccord avec mon lui intérieur. Aucune option dans la respiration et le geste, mon GPS musculaire est déficient toujours. Mon affect prends toutes les directions.

Il y a quelques jours je suis allé voir du côté de 1973 sous de belles pochettes bleutées, « Pin ups » ou «  Theses Foolish Things », je me suis baladé un peu partout juste avant de rencontrer « Torso ».

Je voyage dans le temps sous des cieux étoilés de quatre blondes cardinales avec au milieu Desireless en promenade principale. Je suis perdu, Bassey télescopée, Kloot en Cat Power, à moins que Waits en Velvet ne vienne m'attaquer avant de sombrer sous l'étoile définitive de Bowie.

Déjà Stina avec ses visions à elle avait perturbé, dorénavant avant la prochaine, il y aura Anja Franziska auprès de moi pour me perdre à cœur perdu.


Soap & Skin 2024 « Torso » 

 

mardi 17 décembre 2024

Miles Davis 1975



 

La fougère en fusion, j'ai dû respirer les sporanges de trop près, éruption des instruments et la raide terre a tremblé longtemps. Un accord, deux notes et tout fout le camp. « Prélude » ils appellent ça !! vais-je tenir jusqu'au crépuscule? Trompette Hendrix noyée de Wah-wah infernaux, basse-percus en braise et le vent moribond reste torride. La Miles comète électrique m'a rasée de près, tout a brûler avant de la voir s'éloigner pour un autre univers. « Agharta » le jour, « Pangaea » la nuit !! merde, il est à peine 10h du mat.. qu'on appelle d’ores et déjà un tractopelle pour que je revienne à la vie ordinaire demain matin.

C'est un prélude donc ? Osaka,-Part1 direct sans intro ni sommation, je me soumets sans distribution d'écran total, ni de lunette à éclipse. Mais comment tournait le globe en 1975 ? Des tons détonnent, la fièvre résonne, aucune pause ni ravitaillement, Osaka en épilepsie, Miles 75 c'est le bulbe branché sur le triphasé, l'opulence radioactive, gingembre dans la flûte et cordes raidement extraterrestres.

Quelle journée, avec ce gris récurent, qu'est ce qui m'a pris de mettre dans ma besace cette « Agharta » à l'ancienne, double boîtier laser d'époque en promo à 6 balles sans ventoline en sus... et avec la petite sœur « Pangaea ». Ce soir « Gondwana » va me bercer en espérant que ma rétine ne suive pas la comète Miles 1975.Elle est où ma fougère....


Miles Davis 1975/76 « Agharta » - « Pangaea » sur Columbia

dimanche 15 décembre 2024

Pumajaw 2008

 


On a strié toutes mes artères. Capillaire rayé et mon sang avance dans mes veines comme le lombric sous un déluge. Mes vieilles rigoles pouffent de rire et je contemple le poulpe manger la ville. Les étoiles s’éteignent une à une, c'était portant joli ces ventouses haveuses qui happent. J'ai vu trois étoiles depuis des semaines, je suis en extase.

Les cloches de Pinkie ont arpenté nos dents, des langues ont chevauché et « Spangler » m'a dévoré.

Le désert a brûlé, j'ai vu ma mère déguisée en druide manger les feuilles du tilleul qui toise le Betula. Alasdair Roberts et James Yorkston sont venus danser avec elle. Juste dans leur dos, le bouleau verruqueux a repris vie, Pâque aura son bitume et la salamandre sa grosse teube, en attendant la noisette postillonne.

Wills et Maclure en Pumajaw font des miracles.

2008, Domino, Drag City et Fire records, guitare loops et mandolin, concertina et teeth chattering pour danser sous l'extase boueux d'une pluie orangée et chasser les galimatias. 

 

Pumajaw 2008 « Curiosity box » sur Fire Records.

mercredi 11 décembre 2024

Wings 1979 ou Paul dans l'arène 2024

 

La bascule des saisons arrive comme on prépare la scène avant le show. Backstage, rig et plan de façade, amplis, des fils partout comme du mycelium, son et lumière, photosynthèse. Crépuscule aléatoire.

Le soleil va encore descendre d'une branche sur l'horizon, et pourtant depuis quelques jours le merle chante à 6h du mat et les noisetiers exhibent leur petites queues de chaton à deux griffes de lâcher leur poudre magique.

La balance, accorder, toutes ces pelotes câblées, le merle répète. La gorge parle, le chant s'élève, on envoie les fumigènes et le pollen attend le départ. Imminent. Dehors les fans commencent à élaborer une queue qui deviendra interminable. La Défense en attaque. Il n'y a aucune impatience, rien qui ne fane, juste une horloge qui tourne, des préparations, un rythme à assurer, l'arène se remplit.

Le mercure et la brume cendrée n’incitent qu'à la survie, et pourtant tout recommence. Le cycle est là, ça gronde, l'émotion et les glandes se réveillent, ça va juter, on va foutre, le merle le sait.Les oiseaux dans le frimât s'en foutent, ils savent eux quand nous nous imaginons loin le prochain printemps. Bientôt l'odeur de la noisette dans l'air abdiqué. L'hiver administratif attend le calendrier, mais mon paysage a déjà sonné la sève endormie et la feuille évanouie, l'hiver est lancé, le merle a repris son chant, Paul rempli l'arène.


Il y en a bien un qui balance un billet sur Costello, juste pour afficher l'impatience du prochain printemps. Y'a pas de raison, je dégaine Paulo, un bail que je ne me suis pas gratté d'une fidèle page, alors je pollinise moi aussi, sauf que là c'est Macca, même s'il a côtoyé un moment le Elvis en question sur « Dirty Flowers » .. etc etc..passons.


Le merle chante, au matin du lendemain de l'arène où Paul a communié comme il se doit. 82 pollinisations du Corylus dans les narines. Il a encore toutes ses noisettes bien accrochées le bougre. Cueilli une fois de plus, euphorique et effondré comme mes amours qui m'ont entouré et porté ce soir-là. Fourmilière, vibrations, et dehors le merle qui attend le silence pour une nouvelle gorge matinale. Tracklisting écrite, les prières sont toujours les mêmes. Y'a pas de cliché, y'a pas de suspicions ni de doute, tous les ans depuis la nuit des temps, l'oiseau noir chante aux jours les plus mourants de notre calendrier. Et Paul sur son socle mécanique s'élève.


Alors j'ai dû regarder dans mes pages, quel album de Macca non causé chez moi. Un de ceux dont j'attends impatiemment la réédition ? « London Town », « Press to Play », « Off the Ground » ??, ah « Back to the Egg ». Il fut aussi beaucoup question des Wings dans l'arène. Je prends cet opus à la pochette bizarre (San ku kaï) et je regarde mes notes dedans le livret « acheté vendredi 15 octobre 1993, lendemain du concert Paul McCartney à Bercy ». Si c'est pas un signe ça, en plus du merle qui chante très tôt le matin depuis des jours.. « Back to the egg » dans sa tète, au merle qui se moque de notre calendrier saisonnier, comme de mon premier concert avec Paul en 1993.


Je vous épargne l’historique de l'album, c'est partout sur la toile.. juste : 1979, dernier album des Wings avant la définitive carrière solo de Paul, une nouvelle décennie s'amorce........Je recommence, dernier album de Paul McCartney & Wings avant la disparition de John.... C'est surtout un fidèle Wings lancé dans la lave punk et disco d'alors (il a quand même participé avec « Goodnight tonight » gominé flamenco et coupe mulet). C'est un disque fondamentalement rock, avec en invités, Gilmour, Towmshend, Bonham, John Paul Jones.. ça sent la fête ultime pour la célébration de clôture préméditée, l'audace, un pavé rock dans la marre opposée, une autre décennie qui s'éteint. Il est là, tel merle mi-décembre.« Winter rose.. » mes enfants, et sur scène « Now and then » a fait pleurer à gros bouillon ma puce qui vient de passer ses 20 ans. Mon fils quant à lui a craqué sur « Here today », .. moi ???Paul, avec cette étiquette de baby face, c'est aussi « So glad to see you here », « Spin it on ».. « Helter Skelter ».. ah voilà, mon avant dernière chialade dans l'arène.« Baby's request » comme une lointaine onde pour sa nouvelle Valentine, des 10ene de printemps plus tard.

Le « Wings Greatest » est déjà sorti, prémonition, et avec le recul cet album 1979 est historiquement coincé dans l'étau. « Back to the egg », menu absolu, bien loin du Paul encas.

Dans les bonus de l'édition 93, il y'a «Wonderful Christmastime », un autre signe, en plus du merle qui chante depuis quelques jours avec les chatons de noisetiers qui gigotent alors que l'hiver administratif n'a pas encore commencé et que déjà tous les oiseaux sur le qui-vivent savent.

Énième coïncidence, j'ai regardé le doc « John Lennon, L'amour interdit ». Quel bonheur John et May.. avec dedans les retrouvailles d'avec Paul et un projet, juste avant le retour du cafard. Je me suis mis à rêver, comme quand j'étais gamin, d'acheter un Beatles qui sortait. Alors « Now and then » dans l'arène, j'ai pleuré aussi. Pas possible une telle chanson.. Définitivement.

Merde, finalement, je ne vous ai pas épargné.


J'entends le merle, j'étais dans l'arène, je me suis demandé quel album de Paul pas encore chroniqué à chroniquer ? Une évidence, ce retour de l’œuf et de l'oiseau noir à l’œil malicieux revenu depuis que l'été nous a lâchement abandonné. Il ne m'a pas fallu retourner mon étagère pour qu'il sorte de son nid. Le merle et l'arène. Le roi Blackbird.

Vous ai-je dis que dehors tôt le matin, cet oiseau avait repris son chant mélodique et cyclique. Il sait, comme le pollen.



Wings 1979 « Back to the Egg »



dimanche 8 décembre 2024

Teddy Swims - 2024


 

Puisque ce week-end je suis dans l'aveu, un autre m'est tombé sur la couenne. Il aura juste fallu que j'oublie ma clé USB pour ziquer la bagnole, et me brancher sur Radio Nova, comme il y a pas mal d'années.

L'effet d'une bombe, l’alcôve en vrac, ma caisse tellurique a décollé. J'ai plané, vibré, suffoqué et côtoyé les OVNI. Contact en sueur, j'ai perdu le contrôle sous la soul monstrueuse de Teddy Swims. Les indices fournis, j'ai cliqué, fouillé, visité le phénomène pour finalement me diriger vers le disquaire le plus proche. Oui, c'est un album à écouter sur des enceintes habilitées, avec les épaules, le crane et la musculature nécessaires à la déflagration. Cliché ? Je sais pas, il a fait mouche avec ses grosses lunettes opaques et son front tatoué, son coffre et la mélodies des choses.

Pas évident d'expliquer, faut écouter. Je le voyais comme un opus d'un tube un seul, « The doors », nenni, ça défile, c'est non stop, impossible de stopper le carnage, « Hammer to the heart ».. « Loose control ».. « Apple juice ».. « What more can I say ».. ma chaîne est dans un état, je croise les doigts pour les fusibles du tableau.


« Tiens, tu écoutes ça toi » ai-je entendu juste avant de mettre ma chemise trempée au sale.... « j'avoue »..j'ai répondu.


Teddy Swims 2024 « I've Tried Everything but Therapy » (part1.5)

David Gilmour 2024

 



Difficile de causer de la vieille baudruche et de ses restes. Comment être crédible, comment lancer la gaule, avec quel hameçon ? Ado en drapeau, sans pour autant le brandir plus que ça, le Floyd n'était même pas marqué au feutre noir sur mon sac US. Mais, il était ma charpente, de la faîtière aux gargouilles. Et ça dégoulinait dans la Vallée, au pied des moulins empourprés d'orange, du mur au cochon, de la vache à l'oreille, tantôt Roger, tantôt David, je prenais position, je lançais des parpaings sans connaître le contexte.. on fait souvent ça dans le feu du sang, ils le font tous dans les urnes.

Très Syd comme on a pu être Peter chez les Fleetwood, j'ai avancé en gardant l'idée, tout en tournant des pages, j'ai toujours gardé une affection cellulaire au monstre. Certes les goodies, le revival, l’indécrottable des promontoires et des vitrines comme pour les Beatles, j'ai enjambé et gardé tout malgré tout.

Roger m'a laissé las avec sa Moon acoustique inutile, juste pour raviver la hache. Son acharnement du mur et on oublie que David se balade quand même sur ses opus, de la SNCF à la barque intersidérale qui flotte sur les nuages (beaucoup plus ponctuels eux).


« Piper's call » et son final solo, y'a tout dedans. Il est facile, inspiré, sa fille ajoute comme un beau morceau de Steven Wilson, quant à « Dark and Velvet Nights » ça sent le laps de temps intemporel momentané, « Scattered » sa gravité planante d'une cloche divisée... le Gilmour défile.


Alors voilà, tout ça pour vous dire, qu'évidemment Gilmour est mon tonton sympathique qu'on invite quoiqu'il arrive, mais aussi que « Luck and Strange » est un sacré bon disque des Pink Floyd... hein ?? mais nan j'ai rien dis.

C'est du David, du très bon, les Gilmourophobe s’abstenir, les Watersophille aussi, les fans du Floyd ?? c'est gratos, ça se prend tranquille, ça fait un bien fout, le reste on s'en branle. Et puis pour les détracteurs, vous allez me kiffer, je n'aime que moyennement la pochette.


David Gilmour 2024 « Luck and Strange »

samedi 7 décembre 2024

Zaho de Sagazan 2024

 


C'est un aveu. J'ai mis du temps. Je me méfie des ondes médiatiques.

J'ai craqué en me disant quand même à force de lui trouver du talent partout où elle passe qu'il va bien falloir écouter cet album. Les « Victoires », c'est peut être ça ma frilosité. Pourtant quel titre « La Symphonie des éclairs », une pochette qui ressemble à Air.

Son esprit sur les plateaux, avec son regard par dessus.

Sa voix extraordinairement à elle qu'elle fait danser, placée juste soufflée, murmurée avec un joli coffre plein d'amour à peine voilé.

J'ai écouté l'album son premier voyage (le dernier augmenté), et je suis resté sans voix, comme un appel à ne pas bouger, subjugué.

Les paroles époustouflantes, le rythme, le tempo, la cadence, les claviers.. du début à la fin. Ça déborde d'amour, y'a même que ça sur les quatre points cardinaux, elle rêve et on est emporté. Elle avec les autres, le cerveau et le corps d'une intelligence moderne tellement rare.

Les oiseaux au dessus des nuages, et tout le reste aussi. Toutes ses respirations....un gros coup de cœur.


Ma spirale Zaho a débuté, j'ai mis du temps, c'est bien ainsi, au bout de la queue de la comète qui fuse. Je tente des trucs tout le temps, j'écoute tout le plus possible, le goût des autres et je me suis arrêté net sur Zaho. Souvent quelquefois, je me passe son album tellement beau, accaparé.


Zaho de Sagazan « La Symphonie des éclairs (dernier voyage) »


lundi 2 décembre 2024

Nick Wheeldon 2024

 


Un peu mal à la gueule ce matin, le ciel écossais a encore le goût de la tourbe, je l'ai pris en plein poire au réveil, c'est la tempête ou c'est mes yeux ? Je ne sortirai pas aujourd'hui, j'ai pas mes palmes, à coup sûr du lèche vitre aspergée, de mon canapé. Je jette l'éponge imbibée par ce ciel irlandais qui a plu du malt toute la nuit, je ne trouve plus ma télécommande, « Make Art » de Nick Wheeldon va passer en boucle, il ne lâche rien, moi non plus. C'est mon gros poto aujourd'hui, il couine comme jamais, Daniel Johnston n'est pas loin. Quel album une fois de plus. Il devient récurent, mon rencard annuel.

Allez, dans quelques semaines les jours vont rallonger, en attendant on continue de s'enfoncer, à boire la voûte galloise. Un crachin british plein les dents, je ne souris pas pourtant. Et dire que dehors à quelques encablures de mon chambranle, tout clignote et scintille. J'écouterai Sinatra Christmas dans trois semaines..pas avant.. et encore.

Tiens, j'irais bien me barrer dans les îles, au chaud.


https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2023/01/nick-wheeldon-2022.html

https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2024/02/nick-wheeldon-2024.html



Nick Wheeldon 2024 «  Make Art »


vendredi 29 novembre 2024

MOIN 2024

 


J'ai raclé le fond de mon stream. Comme tous les matin au sortir du train, un golf de propositions s'ouvre à moi, il faut que je me mette un truc à écouter. Ankylosé par la torpeur du wagon juste après une nuit agitée, j'ai un laps de temps pour fouiller.

Montparnasse , 7h10 passé.


Reprendre ses esprits, juste avant de s'incorporer avec le son juste. L'agitation du quai sous les ruines du ciel pour goûter la bruine tombe, et si c'était l'inverse. L’entrepôt de mes idées encore vivantes me guide, indice, son, rictus sur un visage, texture de la salive et mon corps dans ces fringues. Quais donc, rivages abscons, escalators de fourmilière, envie retorse, je n'ai pas du tout la même vitesse que les autres.

Il faut dire que je pars bien avant l'heure, je n'aime pas la presse. Quitte à détruire une nuit de sommeil, mieux vaut lui offrir un doux décollage. Peu importe les anicroches, de toute façon il y en aura.

Alors écouter quoi ? Quel pas pour désynchroniser tout en longeant, quel débit pour m'emmener là où je vais bien souvent avec cette humeur qui fusille ma météo.

Trouver la bande pour alunir.


J'ai renâclé, les dépouilles alentours ont les mêmes visages que d'habitude. Hier il était question d'espace susurré par la pleine lune, j'avais posé mon premier pas sur un astre mort en ébullition avec « Final rescue attempt », je sortais du wagon comme on descend à la Cave. Question d'humeur. Avant hier, je luttais contre un arbre mou en avalanche fantôme de Rodoplphe, « Encore et Encore ».


Il va falloir trouver du bouillon ce matin, un truc sec, mathématique, froid avec une petit violence pour passer sur l'autre berge, souterrain cette fois-ci, ligne de métro dans la torpeur avant de resurgir et respirer à peine. S'immerger, pénétrer, sombrer un peu plus tous les matins. Allumer le néon et sourire.

Je connaissais Raime, j'ai adoré 90 Day Men dans le genre, et plus encore l'album unique de Fourth Quartet rare et précieux.

Ce matin, c'est MOIN, du RAIME avec guest. Je suis arrivé à destination. Quel pied avec exactitude, quel ajustement.

Demain ?


MOIN 2024 « You Never End » sur AD93

lundi 25 novembre 2024

Michael Kiwanuka 2024


 

Tout s'est accéléré, à vue d’œil la neige a été kidnappée. Il a fallu tenter « Small changes » pour voir les glissades se figer…flocon mirage, blanc éphémère.

À peine le temps de sortir la luge du garage que déjà son bois mangeait la purée. Michael Kiwanuka est venu d'une note ramasser toute la poudre croustillante.

Même les lueurs ont changé, le gris voûté s'est empourpré et un bout de bleu de la partie est venu chanter en chœur.

Tous ces petits changements éphémères font d'un dérèglement majeur une molle idée zoomée de surprises sautillantes, le quotidien n'est plus écrit.

Le Toine avait prévenu, les douanes se sont détendues, la Marinière caniculaire, Michael nous flanque aux nues.

Son quatrième album est une pépite.


Michael Kiwanuka 2024 « Small Changes » sur Polydor.

vendredi 22 novembre 2024

Thomas Köner 1993

 



La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde.

Notre limon cryogénique sous la bêtise des trottinant fond comme neige au soleil, la permanence n’est plus, l'éternel a des doutes. Il va falloir penser autrement, aimer le mou sous la semelle, comme sur mes plaines avec cette terre amoureuse qui s’accroche vainement. Meuble gras toussotant que nous sommes, revoir la boussole.

Chaque lame épaisse de glace qui craque est un tissu d’âme qu’on déchire, le bloc de gré qui s’affaisse geint et les racines dansent. La maison Pise a une autre gueule, tout croule, tout tangue sur la boule bleue pâte à modeler. La gorge d’outre-tombe râle en lave baryton. Ça gronde sous nos pieds, le ventre mou qui gazouille et croasse, des sons drones sourdent comme des respirations, des cotes craquent, la plèvre demande la parole.

Il y a une vie là-dessous, un moteur libéré, un souffle localisé qui se focalise sur le rythme dilaté.Thomas Köner a organisé la fuite sonore du pergélisol, c’était en 1993, époque où la croûte gelée tenait encore sa permanence.


Thomas Köner 1993/ 2010 « Permafrost » sur Type records

mardi 19 novembre 2024

Joe McPhee - Nation Time 1970

 


Au détour d'un pavé sur des albums par forcément dans les plus répandus des piliers de l'histoire, je chope un article sur « Nation Time » de Joe McPhee. Aux heures profondes où je fripouille au sein de IARR et McCraven, le free jazz continue à me travailler le bulbe. Et je m'enlise.

Le bouquin, c'est « Musiques, Traverses & Horizons en 400 disques » de Philippe Robert (sur Le mot et le reste), des albums étouffés par d'autres, et qui méritent tout autant et même plus très souvent. Un peu comme « L'Anti-discothèque » de Christophe Conte.

Et tout l'univers de Joe s'ouvre à moi. John Coltrane, Ornette Coleman.. du free et plus encore. Pauline Oliveros, de l'expérimental, et je rejoins le fantastique bouquin de David TOPP mangé goulûment il y a quelques semaines.

« Nation Time » est son entrée très politique en discographie, 1970 sur CjRecords (1971 pour discogs). La transe, le gingembre dans le cortex, c'est un brûlot classique complètement dévergondé.

Coincé entre IARR et Coltrane ou Davis, je découvre au fil d'une belle lecture affamée un album « culte » à la pochette sublime, avec des morceaux qui collent à « la révolte de la communauté afro-américaine » d'alors. Le trompettiste saxophoniste fou en quête d'unité de peuple fait rugir son instrument.


Joe MCPHEE 1970 « Nation Time » sur CjRecord production

samedi 16 novembre 2024

Dick Annegarn 2005


 

J’ai mis à belle veste orange pour sortir grimper sur le chemin qui surplombe le village. C’est pas trop pour qu’on me distingue ou qu’on ne me cartouche pas, nan, c’est juste que je l’aime bien cette vieille pelure roussie quand l’automne traîne l’été sous ses godasses. La gadoue porte encore en elle les averses estivales, le soleil cucul éponge, la citrouille est cuite, la gueule grande ouverte tuée par les guirlandes et les boules de Noël. Un jour on va la tartiner de frangipane. Pourquoi vouloir toujours accélérer, s’engouffrer dans le tunnel toujours plus vite.

Potiron poltron, châtaigne en cendre, cèdres délavés, Potron Minet, l’eau est là, partout, à poil les branches, plus aucune gêne et le foutre en flotte les chatons s’agitent. Aurons-nous de la neige cette année ? je vais laisser mes géraniums dehors, à force.

« Le ciel plonge depuis des semaines…. » le vivant pionce, les arbres ne sont plus qu’arborescence. On va savater mou et laisser traîner le pas, le blues des ploucs que la glaise braise. Le rouge aux joues pour mettre à jour l’humeur du matin je reviens du coteau tout crotté l’air heureux et harassé. J’ai quelques bûches aux creux des bras la braise glaise attend mon foyer, mes croquenots terreux ont des cailloux collés avec des feuilles et des asticots. Ma belle veste orange rebelle fume, c’est le mois sans tabac. Mon plan de cuisine cucurbite assez la cardamone et les topinambours m’attendent, tout est nuit, la hache courbaturée sur la chèvre est cuite, les trois petits cochons sont toujours dans le bois. Dick n'à de garde que de faire vibrer la poésie.


Dick Annegarn 2005 « Plouc » sur tôt ou tard

mardi 12 novembre 2024

Raoul Vignal 2024


 

Quand l'outremer du bleu vient dévorer son cobalt il est fort à parier que la houle va manger nos plaines. Limon ensablé et Raoul salé se pare des habits du Calexico mais pas que.

Depuis quelques années le chêne argenté de cet artiste à la Lee moustache m'intrigue. Son marbre à eu raison de moi. Comment peut-on longer de tels artistes de par chez nous sans les embarquer pour arpenter les espaces ? « Miracle argenté » je disais en 2017.. que dire aujourd'hui, « Shadow Bands » est une belle lumière automnale, je le passe en boucle depuis des jours et lui valse dans la glaise. Tous les ciels fatigués ont défilé sans bouger, clay en main, les cieux engorgés se sont tenus à carreaux pour quelques accords d’artefacts désossés.

Depuis hier, la pluie a mangé le brouillard, l'horizon est revenu, « Brimstone Skies » est juste à quelques jets de mon talus, le vaste avec lui, une trouée dans le bleu intense ensablé. Le haut des bâtiments s'est dévoilé enfin et les clochers bandent à nouveau. Le marchand de sable a déposé une belle couche de poussière ocre sur la lune à l’hallali Hazlewood endormie.

Et si pour une fois la lumière venait d'en bas. Colline éblouissante par en dessous, le sablier décolle et la dune abat-jour rayonne. Le fibre molle des grains de sable qui s'entreposent laisse jaillir l'éveil capillaire des insomniaques. Raoul Vignal fait des miracles.


Raoul Vignal 2024 « Shadow Bands » sur Talitres

samedi 9 novembre 2024

Kronos Quartet 2024


 

Avant-hier, sur le seuil du big-bang, la densité de l'univers naissant était telle qu'un son mélodieux circulait. Cette musique a catalysé la genèse, la berceuse. J'aime l'idée que nous sommes là grâce à elle. L'onde fertile, ma croyance. La musique sauverait l'homme donc... sans déconner.

Apparemment il ne l'écoute pas assez. Plutôt que de l'entendre ramoner, ramenons toutes nos émotions sur la note et l'harmonie. Captons. Table rase avec cette portée d'oiseaux qui chantent, ces notes sinusoïdales sur les branches parallèles qu'un vent hydrogène fait tanguer.

Loin des mitrailles sulfatés, la portée sur le vitrail de l'histoire mets en champs la création, le chant de bataille et chaque pensée à condition qu'elle soit à disposition pour laisser la peau frissonner sur un accord.

Il suffit de lever les yeux pour voir le ciel beau, puis le regarder avant de le contempler. Sucé et adsorbé près du Sun Ra. C'est ici, là que le nuage commence à fredonner et les feuilles chanter. Une fois au sol, elles deviennent douces percussions de verre sous nos pas syncopés, semées sur un sol de ciel absorbé qui a gardé le silence de son chant reculé, juste au dessus de nos tètes retournées.


La menace de l'horizon est un roulement de tambour, les rives ordinaires frissonnent à peine, les mots sont emprisonnés, peu importe la musique est toujours là, muette, mais sûr d'elle, de nous avoir rendu possible la vie avant-hier. Le silence dans un liquide amniotique avec ce brouhaha lointain ouvre les yeux et la respiration fait valser nos cellules. Les tablatures surgissent comme un sens exact, un acte naturel inépuisable. Lourd de vitalité, accoucher la programmation du plasma.


En bas de chez moi le ruisseau chante, plus loin un moteur toussaille, le portail municipal en fer graillonne avec la bourrasque, le Kronos Quartet va lancer son opéra rock, un houppier oscille et grince tout en haut avec son voisin, un moteur de clim d'usine ronfle au loin à peine perceptible, trois petits oiseaux et le vent dans leurs gorges s'emballe, les instruments sont là. C'est la fête.


Kronos Quartet 2024

« Outer spaceways incorporated Kronos Quartet & friends meet Sun Ra »

mardi 5 novembre 2024

Brigitte Fontaine 2024

 


Issue éclaboussante et lampe frontale pour avancer, les étoiles sont tissées. Je suis passé par Sainte-Eulalie-d'Olt pour gindre mon chant monotone. La vallée du Lot, les enfants et les marmottes, des crues sans nom et des chairs à vifs. La cantilène des marmots et ses niveaux mélancoliques soulignés au marqueur indélébile, errer le long du fleuve de Saint-Geniez et imaginer l'eau bien au dessus de la tète qui défile, comme la marée."Mourir comme un chien crevé dans le fleuve.."


La planète est une femme fontaine, une simple bricole pour elle, un jaillissement doux, une goutte sur la joue, une vallée inondée et tellement de larmes de fond, des peines à remplir en bennes à jouir. Albouefera.

Brigitte est là, sous de grandes lumières enluminanasées, tellement bien sapée avec eux, et si tous nous nous embrassions à la gloire de cette grande dame noyée de poésie ?

Pauvres errants, crevards miteux, chiens galeux et autres peigne-cul reculottés, cette égalité sur les starting-block, des faux départs tout le temps, la toile est tissée, qui à l'arrivée ? L'eau monte, le ciel nous scrute et les gris en n'ont rien à foutre. Sur ce fleuve gonflé, le cobalt n’arrive plus à se poser, et l'ocre des coteaux avale tout même les lingots d'or. Les parapluies inutiles s'envolent, les Mary Poppins sont restées dans l'eau. Si seulement certaines avaient pu s'envoler comme cette conne.

Une corde pincée hurle à la mort, un tronc miaule et toutes les branches chialent à mourir, les feuilles flottent déjà sur le salé. La roche sur la fougère ne pipe mot, lessivée elle câline la mousse sous les aisselles. Et tout s'entasse sous les ponts.

L'erre est au pébroc, le bipède botté se dépatouille avec la glaise et l'endotoxine prend son bain. La planète chiale, allons créer des richesses. L’œil du journaleux est Trumpé, pas de bol pour les trempés, et "la mer qui aide les collines couvertes d'oliviers" recueille.

Brigitte, la nique à tous les voisins de promontoire, on en a Cure des Aubert affligeant Indochinés et autres vulgarités. La Fontaine vient poser son rose zob à tire la Rigole. Je l'aime aussi ce "Divin Blasphème". Embrassons-nous.


Brigitte Fontaine 2024 « Pick up »


samedi 2 novembre 2024

Andrew Bird & Madison Cunningham -


 

Le Rouge-gorge s'est posé sur la branche comme on tape sur le diapason. La délicatesse tintant comme du cristal dans le gris, le rameau vibre encore et l'onde résonne.

Un peu pétrifié à l'écoute de cet opus, avant de réaliser et m'extraire de ma torpeur. Les versions dépouillées ont laissé planer le doute avant que j'aille directement me poser sur « Crystal ».

Ils m'ont cueilli, sans aucune somation. Cet hommage est tombé du ciel sans que je puisse imaginer la moindre reprise de quiconque de cet opus que je chéris depuis que les Fleetwood ont mis le grappin sur ma discographie.

Buckingham / Nicks 1974, Cunningham / Bird 2024 et le ciel aplanit tous les reliefs. Les oiseaux font des réserves, aucun relief ne résiste au ciel qui nous tombe sur la tète. Il y a bien le vert tendre à mes pieds et ce cramoisie à portée de bras, mais mes yeux sont embués, et mes lunettes ruissellent à pleurer de joie à l'écoute de ce duo.

La voix d'Andrew calmement aux côtés de Lindsey, l'esprit Stevie que Madison happe. Et « Crystal » qui s'installe.

Andrew Bird m'a mis le grappin dessus avec son « Weather systems» au début du siècle. Je suis resté fidèle. Et voici qu'il me perturbe avec Madison Cunningham plongeant à travers ce chef d’œuvre de la branche USA venue se greffer aux British Fleetwood, au beau milieu des 70's. 

 

Madisson Cunningham / Andrew Bird 2024

mardi 29 octobre 2024

The Hard Quartet - 2024

 


Un paquet d'étiquettes viennent s’engouffrer dans ce quartet irrésistible. Le truc qu'on aurait pu dire qu'il s'agissait d'un nouveau groupe de petits branleurs en herbe à la sauce revival comme il y en a à la pelle. Le délire a pour noms Malkmus, Sweeny, White (en Jim) et Kelly, s'il vous plaît. Du coup, on déchire les étiquettes de cette vieille fringue chopée en circuit court, et on se mange ce brûlot pop à la casquette rock bien trempé et vice versa.

Vieux branleurs donc et un batifolage total, une grosse addiction guette quand on chérit tout ce beau monde qui gravite et s'entrechoque autour des quatre vieux garçons dans l'avant. Toujours aussi frais .. si si, ou alors c'est moi, nous, eux, ne pas vieillir. Mûrir ouaih tant qu'on nous emmerde pas avec le « O » du même mot, « Kill by death ».

C'est une belle petite saloperie qui tombe du ciel, un truc parfait pour se foutre de presque tout, d'aller pointer, de la raideur de ses lombaires, du gris du ciel qui s'installe pourvu qu'on n'ait plus la flotte, des magasins qui dégueulassent les citrouilles de boules et de guirlandes à sapin, des actualités et de mon transat que je n'ai toujours pas rangé couvert de mousses et de moisissures.

Les étiquettes arrachées jonchent mon lopins de boue, elles gigotent au milieux des feuilles mortes à l'appel. Non je suis pas vieux, The Hard Quartet aurait pu être des gamins à rétroviseur en manque de super son de tout temps, genre les troublants The Lemon Twigs pour ne citer qu'eux.

Super groupe qu'ils disent.

Très très bon album en boucle infernale.

Mûrir oui, mais sans le « o ». 

 


The Hard Quartet 2024 « The Hard Quartet » .. disque de l'année.

dimanche 27 octobre 2024

Jethro Tull - 1988

 


La brume mange la moitié du paysage, à cette hauteur de château d'eau on ne voit pas à 100m. Il faut redescendre à hauteur d'arbuste pour voir s'allonger devant soi les parterres de cyclamens. Le brouillard va si bien à la chlorophylle qui se barre, la pluie dégueulasse est d'une lâcheté. Brouillard, brume et bruine, un vrai petit temps à explorer la discothèque.

Et ça tombe bien, je viens de recevoir un coffret 5 vinyles, un truc que j'ai mis plus de 20 ans à me rappeler que je n'avais jamais pu mettre la main dessus. À l'époque, souvent des champs de batailles pour aller pécher des sorties, des sous à trouver pour de beaux objets rétrospectifs. Aujourd'hui, s'ajoute au streaming, les sites d'échanges où l'on peut quasiment se démerder entre nous. Vinted des fringues ?? pas que. Qui m'a conseillé ce site pour compulser les vieux disques ? Pour quelques kopecks je clique des coups secs jubilant, secoué de petits soubresauts compulsifs et vieux toc d'acheteur d'opus que je croyais disparu.

En 1988 je n'avais pas encore découvert Jethro Tull. Lorsque je mis la pogne dessus, les « 25th anniversary 1968 - 1993 » sortaient dans une boite à cigares. Obligé, je lorgnais sur la grosse compilation sortie 5 ans auparavant. Je venais de jeter au feu mes sapes de bidasses avec dans le fond des poches la volonté d'y jeter du morlingue dès que possible. Tant d'années après, Vinted depuis quelques semaines seulement pour moi et l'idée utopique d'y trouver « 20 years of Jethro Tull ». Loin des cotes, la foire à tout, on veut se débarrasser. Une aubaine. Venez à moi la décote, une demi-molle rien qu'avec la rétine. 

En ce week-end maussade du ciel, je m'enferme avec mon adolescence pour causer un peu avec mon impatience d'alors, ma frustration de jadis, ma faim de naguère. La folle flûte en transe pour me souffler qu'il est mieux appréciable aujourd'hui. D'ailleurs les 2 derniers opus CD sont là aussi avec toute la discographie, mais il est question de 20 ans aujourd'hui, de ma puérilité guillerette très mature (du coup) à tenir dans les mains un objet que je n'avais même jamais vu en rayon, promontoire ou moult brocantes maintes fois visitées. Mais je cause, j'ai encore 3 galettes à écouter avant de ressortir la boite à cigares pleine de CD.


Compact Disk pour les 25 ans, la version vinyle pour les 20 donc, et ces inédits, surtout celui-là, le « Part of the machine » très construit, à la limite du heavy celtique et du prog médiéval.. bah l'étiquette du Tull en fait. Et du coup, j'en découvre d'autres à jamais n'avoir osé le peer to peeré, « Coronah » par exemple. Un truc d'ancien, les Anderson's guy ne soulèvent plus beaucoup d’intérêt depuis pas mal de temps. Balec, je ne lâcherai rien, je jubile sur une patte.


Tiens, il fait nuit plus tôt aujourd'hui, le ciel retombe de plus belle, une purée sans nom. Les salauds, ils ne m'auront pas, la buée sur les vitres, à moins qu'il ne s'agisse du brouillard, de la bruine ou de la brume, je patauge dans mon Tull comme on danse sur les pointes ou fabrique sa moustiquaire.





Jethro Tull 1988 « 20 Years of Jethro Tull » sur Chrysalis

jeudi 24 octobre 2024

Neil Young 2024

 


Les canards ont envahi les champs. Les maïs ont les pieds dans l'eau. Anatidés tout étonnés de zigzaguer entre ces graminées.

La terre est endolorie, comme une noyée qu'on a sauvée, étendue sur la berge, le teint blême, les cheveux plaqués, toutes les fringues lessivées. L'ultime averse de pluie a fait déborder l'évasé.

Mon paysage est un rescapé, l'automne est tiède et tout embué. On respire mieux en haut du coteau, on voit les canards qui flottent sur ces nouveaux lacs. Les champs s'étendent et brillent de ces milles morceaux de verre cassé éparpillés qui reflètent. Le limon soiffard cuve comme il peut. Va falloir sevrer tous ces angles et soigner les lopins avant la prochaine douche.


À quelques traits de ciel d'ici, un autre déluge fait frémir la surface de l'eau. Quelle frustration pour une goutte de pluie de tomber dans la mer. Quel gâchis, à quoi bon. Un coup rien, la corde raide dégringole dans l'immense flotte qui ondule, découragée, disparaître et attendre à nouveau un autre tour pour remonter là-haut, un autre plongeon pour un bourgeon, poussé par le vent. Se faire déguster par une cellule, pousser la floraison, se faire butiner, s'envoler puis planer pour remonter sur un courant d'haleine chaude.

Hier, j'ai acheté une nouveauté, « Fuckin'up » de Neil Young.

mardi 22 octobre 2024

Dominique A - 2024


 

Sacralisé, sacré Graal. Une telle évidence.. « Au revoir mon amour » sonnait déjà comme cette chose haute en émotion. La mémoire est intacte, avec en plus une couche par dessus, l'envergure, le platine, la grande maturité déracinée pas piquée des pâquerettes.

Le noir bleu intense est resté accroché au monde réel. Un rayon sur le crane, entre de beaux bouleaux verruqueux, la chemise s'est nappée d'un beau vert-olive, et la lumière tape. Une nouvelle. Le tout en haut, tout condensé en cinématographique, pas le droit à l'erreur, l'envergure, l'acoustique, l'émotion. Tellement évident.


Dominique dans les grandes plaines, au pupitre, intime et symphonique, sur les ondes, le grandiose, chevauchons l’histoire. Indélébile comme l'encre. Se permettre, s'oxygéner, rétroviser comme sur un écran géant à voir défiler. En cascade depuis des mois, Memento, Rezvani, Gabriel Auguste, H-Burns, Hugues Pluviose...partout, constant.


Consécration, je suis totalement remué d'émoi. Ébranlé. Les beaux reflets du monde réel, on grimpe un peu plus dans le flagrant. L'éclatante ballade de Domnique A.


Dominique A 2024 « Quelques Lueurs » sur Cinq7

jeudi 17 octobre 2024

King Crimson 1971

 



Tous les bovins de la prairie se sont abrités sous le grand saule. Le Salix est seul à régner au beau milieu du carré vert. Ses longues branches larmoyantes semblent caresser l'échine blanc poilu des taures immobiles. Elles sont soyeuses d'ici et la lumière les encercle.

On entend le vent qui s'engouffre dans le houppier qu'octobre a cuivré. Un son mélancolique de sax ondule jusqu'aux orées.

On dirait une île que berce le son d'une basse flûte volage ou d'un hautbois endormi. Une trompette solennelle les fige, avachi sur ma barrière je les observe sans être pour autant écorniflé par l'idée du Cow-boy. Lassé sans lasso je laisse les bêtes accrochées à leur île, je rebrousse chemin, l'air des Crimson dans la tète, un nuage de voix lactée dans le sifflet.


King Crimson 1971 « Islands » sur Island records

 

mardi 15 octobre 2024

Max Richter - 2024

 


La baume n’a pas suffi la pluie est venue jusqu'à moi. Gouttant et ruisselant dans ce mince abri j’ai vu la plaine se mettre à l’envers. Du cobalt dans la chaume, l’abscisse désordonné et le gris argenté qui fait trembler les peupliers. J’ai laissé passer la nuée longue d’une demie révolution. Le vernier a perdu son roulement, je n’ai plus l’échelle du temps, tout s’est enraillé et ma cachette s’est immergée.

Le débit des eaux a pris mes jambes à son coup, de la crème dans les flaques, un généreux café au lait coule dans le lit, tout est clapotis, gorgé et saturé. Mes pensées boueuses se diluent, la moindre envie est endormie.

À mes côtés, la Picride fausse-épervière me murmure de douces mélodies jaunes, tout est doux et tiède, j'attends la dernière goutte pour sortir, sûrement au petit matin.


Max Richter 2024 « In a Landscape » sur DECCA

mardi 8 octobre 2024

David Toop - 2006 - "Ocean of Sound" 1995

 


« L'ambiant est la musique sans rythme, allant de Terry Riley aux interludes des disques de hip-hop ; une musique tribale où les tambours lointains se superposent aux bruits de la forêt, au sonore ambiant, où les cris d'animaux distordus se mélangent au grincement des insectes nocturnes ; c'est une trame qui s'inscrit, comme les chansons des tribus aborigènes, dans le paysage, avec la nature. Un circuit tracé comme un cri, qui se répète en boucle de sampler, déformée et granuleuse..... L'ambiant comme fourre-tout de la musique intelligente, provocante. Une musique anti-club à jouer dans les clubs, comme transition, comme épice, comme acte de résistance et de subversion, un défi. »


Une fois n'est pas coutume, je propose ici les mots de Raphaël VALENSI, un bout de sa préface pour « Ocean of Sound » de David TOOP. Ce recueil sur la musique ambiante est une fantastique épopée, une immersion totale dans le genre, un témoignage sur ce son qui a ondulé depuis plusieurs décennies, avec des creux, des hauts, des retours en force dans les années 2010 avec des couleurs et des lumières différentes. J'ai eu ma grosse période ambiante dans les années 2000, je flottait en haut de cette vague, TRAXX ou TSUGI sous le bras. Je louais tout, achetais les opus conseillés et je me laissé happer par tous ces field recordings, ces tableaux sonores allant de l'insecte à l'orage, les nappes sous les drones, les crépitements sur les claviers, ces tranches de vie dans les micros, les oiseaux dans la neige de Watson, le bruit moléculaire d'un matériau...

J'ai une caisse de galettes avec tout un univers chantant sans mélodie, je sors des trésors de rêves de tout horizon, le « Texture in glass tubes and reed organ » de Minoru Sato ; le « Seven year silence » de Ronnie Sundin ; le témoignage sonore de l'exploration polaire de Simon Turner Fischer « The great white silence »; l'intrusion forestière d'Aaron Martin « Worried about the fire », l'abrasif Thomas Köner sur Type « Nunatak – Teimo - Permafrost » ; Eno dans son aéroport ; « Musique pour statues-menhirs » chez les anciens Arbouse recordings ; les ouvres d'Eleh ; Fabio Orsi et tous ces confrères italiens ; ou encore le « travail sur la visualisation du son et l'oscillation des ondes sonores en relation avec les forces de la nature... le son et l'imagerie des phénomènes naturels tels que les mouvementz du soleil, des nuages, de lamer et du vent » de Ducan Nilsson-Pinhas et Per Svensson (sur Galerie Jeune Creation Edition en 40 exemplaires). A nouveau d'autres mots inscrits au dos de ce dernier opus :

« Le son d'une mer en furie couvre la totalité du spectre sonore : c'est le bruit blanc, addition de toutes fréquences. Cependant ce spectre semble changer constamment ; parfois les vibrations profondes dominent, puis ce sont les sifflements aigus. Lorsque la mer se fait inoffensive, le rythme remplace le chaos. Elle expire enfin à l'horizon dans un murmure, se mêlant au plus douces musiques ».

C'est un monde fantastique qui s'ouvre sur des mots, un mouvement inépuisable qui prend ses racines chez Debussy, infini. Allia édition aussi sait en témoigner : « L'art du bruit » de Luigi Russolo ; « Modulations, une histoire de la musique électronique » de Peter Shapiro ou encore « La révolution digitale dans la musique, une philosophie de lamusique » d'Harry Lehman. Des océan de mots sur des ondulations. De quoi s'armer pour passer l'hiver.


Il est question d'un livre à la base. « Ocean of sound », puis d'un monde discographique qui dégringole, étourdissant. De mes écoutes je me concentre sur Toop du coup et j'aurais pu vous parler de l'abyssal « The shell that speaks the sea », ou du musical « Apparition paintings », du parlé « Field recording and fox spirits », mais je suis resté ankylosé par le chamanique et planétaire « Sound body » enregistré en 2006 lors de son passage chez David Sylvian et Samadhisound. Instruments, voix et machines. Expérimentations, collages, flûtes et oscillations, textures et délicatesse. Hypnotique, contemplatif les yeux fermés, un voyage surdimensionné. 

 

David Toop 2006 « Soud Body » sur Samadhisound

The Groundhogs - 1970

  J'ai dû encore me fracasser le crane sur un un vieux silex, à chaque rechute ça me fait ça, je butte et bug sur un brûlot blues briti...