mercredi 11 décembre 2024

Wings 1979 ou Paul dans l'arène 2024

 

La bascule des saisons arrive comme on prépare la scène avant le show. Backstage, rig et plan de façade, amplis, des fils partout comme du mycelium, son et lumière, photosynthèse. Crépuscule aléatoire.

Le soleil va encore descendre d'une branche sur l'horizon, et pourtant depuis quelques jours le merle chante à 6h du mat et les noisetiers exhibent leur petites queues de chaton à deux griffes de lâcher leur poudre magique.

La balance, accorder, toutes ces pelotes câblées, le merle répète. La gorge parle, le chant s'élève, on envoie les fumigènes et le pollen attend le départ. Imminent. Dehors les fans commencent à élaborer une queue qui deviendra interminable. La Défense en attaque. Il n'y a aucune impatience, rien qui ne fane, juste une horloge qui tourne, des préparations, un rythme à assurer, l'arène se remplit.

Le mercure et la brume cendrée n’incitent qu'à la survie, et pourtant tout recommence. Le cycle est là, ça gronde, l'émotion et les glandes se réveillent, ça va juter, on va foutre, le merle le sait.Les oiseaux dans le frimât s'en foutent, ils savent eux quand nous nous imaginons loin le prochain printemps. Bientôt l'odeur de la noisette dans l'air abdiqué. L'hiver administratif attend le calendrier, mais mon paysage a déjà sonné la sève endormie et la feuille évanouie, l'hiver est lancé, le merle a repris son chant, Paul rempli l'arène.


Il y en a bien un qui balance un billet sur Costello, juste pour afficher l'impatience du prochain printemps. Y'a pas de raison, je dégaine Paulo, un bail que je ne me suis pas gratté d'une fidèle page, alors je pollinise moi aussi, sauf que là c'est Macca, même s'il a côtoyé un moment le Elvis en question sur « Dirty Flowers » .. etc etc..passons.


Le merle chante, au matin du lendemain de l'arène où Paul a communié comme il se doit. 82 pollinisations du Corylus dans les narines. Il a encore toutes ses noisettes bien accrochées le bougre. Cueilli une fois de plus, euphorique et effondré comme mes amours qui m'ont entouré et porté ce soir-là. Fourmilière, vibrations, et dehors le merle qui attend le silence pour une nouvelle gorge matinale. Tracklisting écrite, les prières sont toujours les mêmes. Y'a pas de cliché, y'a pas de suspicions ni de doute, tous les ans depuis la nuit des temps, l'oiseau noir chante aux jours les plus mourants de notre calendrier. Et Paul sur son socle mécanique s'élève.


Alors j'ai dû regarder dans mes pages, quel album de Macca non causé chez moi. Un de ceux dont j'attends impatiemment la réédition ? « London Town », « Press to Play », « Off the Ground » ??, ah « Back to the Egg ». Il fut aussi beaucoup question des Wings dans l'arène. Je prends cet opus à la pochette bizarre (San ku kaï) et je regarde mes notes dedans le livret « acheté vendredi 15 octobre 1993, lendemain du concert Paul McCartney à Bercy ». Si c'est pas un signe ça, en plus du merle qui chante très tôt le matin depuis des jours.. « Back to the egg » dans sa tète, au merle qui se moque de notre calendrier saisonnier, comme de mon premier concert avec Paul en 1993.


Je vous épargne l’historique de l'album, c'est partout sur la toile.. juste : 1979, dernier album des Wings avant la définitive carrière solo de Paul, une nouvelle décennie s'amorce........Je recommence, dernier album de Paul McCartney & Wings avant la disparition de John.... C'est surtout un fidèle Wings lancé dans la lave punk et disco d'alors (il a quand même participé avec « Goodnight tonight » gominé flamenco et coupe mulet). C'est un disque fondamentalement rock, avec en invités, Gilmour, Towmshend, Bonham, John Paul Jones.. ça sent la fête ultime pour la célébration de clôture préméditée, l'audace, un pavé rock dans la marre opposée, une autre décennie qui s'éteint. Il est là, tel merle mi-décembre.« Winter rose.. » mes enfants, et sur scène « Now and then » a fait pleurer à gros bouillon ma puce qui vient de passer ses 20 ans. Mon fils quant à lui a craqué sur « Here today », .. moi ???Paul, avec cette étiquette de baby face, c'est aussi « So glad to see you here », « Spin it on ».. « Helter Skelter ».. ah voilà, mon avant dernière chialade dans l'arène.« Baby's request » comme une lointaine onde pour sa nouvelle Valentine, des 10ene de printemps plus tard.

Le « Wings Greatest » est déjà sorti, prémonition, et avec le recul cet album 1979 est historiquement coincé dans l'étau. « Back to the egg », menu absolu, bien loin du Paul encas.

Dans les bonus de l'édition 93, il y'a «Wonderful Christmastime », un autre signe, en plus du merle qui chante depuis quelques jours avec les chatons de noisetiers qui gigotent alors que l'hiver administratif n'a pas encore commencé et que déjà tous les oiseaux sur le qui-vivent savent.

Énième coïncidence, j'ai regardé le doc « John Lennon, L'amour interdit ». Quel bonheur John et May.. avec dedans les retrouvailles d'avec Paul et un projet, juste avant le retour du cafard. Je me suis mis à rêver, comme quand j'étais gamin, d'acheter un Beatles qui sortait. Alors « Now and then » dans l'arène, j'ai pleuré aussi. Pas possible une telle chanson.. Définitivement.

Merde, finalement, je ne vous ai pas épargné.


J'entends le merle, j'étais dans l'arène, je me suis demandé quel album de Paul pas encore chroniqué à chroniquer ? Une évidence, ce retour de l’œuf et de l'oiseau noir à l’œil malicieux revenu depuis que l'été nous a lâchement abandonné. Il ne m'a pas fallu retourner mon étagère pour qu'il sorte de son nid. Le merle et l'arène. Le roi Blackbird.

Vous ai-je dis que dehors tôt le matin, cet oiseau avait repris son chant mélodique et cyclique. Il sait, comme le pollen.



Wings 1979 « Back to the Egg »



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