mardi 22 novembre 2011

Keith Jarrett 75

Tim Hecker dans son brouillard ambiant à bruire son piano pour nos reflets spleen, Jerry Lee Lewis ou Bécaud en pyromane à piano, je cherche mon chemin à chronique et me pose au milieu des allures. Avant d'atteindre les hommes debouts réclamés corps et âmes … (faut bien que je me la pète un poil), je bivouaque sur une accélération pianistique qui a marqué mon apprentissage musicologique.


Là, les notes s'emballent, s'arrêtent, sont soumises au génie improvisé, soulignées aux sons gutturaux du despote à touches, comme des orgasmes infirmes. Un moment unique dans la colossale discographie de Keith Jarrett, et surtout dans ma timide introduction au monde du jazz: les 26 minutes de la première partie du Köln concert 1975.
Comme un hymne à l'envolée délicate, The Köln concert ruissèle en filets d'eau jusqu'aux cascades baroques dans une liberté mélodieuse unique. Rares sont ses morceaux que l'on peut fredonner. Celui là, il me semble le connaître par cœur, et je le répète intérieurement comme un rock progressif, un ragtime endiablé, un free jazz maîtrisé, comme le jeu de guitare de McLaughing.
Car Keith Jarrett joue du piano comme on joue de la guitare, étendu, rythmé, exigeant avec l'ambiance, dictateur avec le silence, complètement habité, autiste recroquevillé.
L'insomnie métamorphosée en fulgurance habitée, Keith Jarrett sans aucun calcul ni désire d'enregistrement a lâché cet instantané unique qu'un technicien local averti a emprisonné par professionnalisme.


Et je me souviens d'un ami lycéen me proposant ce disque, moi à des bornes du jazz, dubitatif mais curieux. C'était en 1988, ce disque ne m'a plus lâché.

Keith Jarrett 1975 « The Köln concert » label : ECM
www.keithjarrett.org
échelle de richter : 9
support : gravure
après 1000 écoutes.






7 commentaires:

Libertygirl a dit…

Belle hommage à Keith Jarret..artiste grandiose inspiré par le "Free Jazz"..
le son du piano jazzy ébranle l'atmosphère!!
Manque de parole,donc à quand une chronique sur Bécaud,pianiste également??? inspiration????

Bizzzz

Libertygirl a dit…

Oups!!!! Belle Hommage???? Aaaaah,c'est vrai" hommage" est masculin!!

Bel hommage!!!

charlu a dit…

Recoucou... j'ai mentionné free jazz par rapport à ses débuts dans les 60's dans le groupe de Charles Lloyd.. mais Keith a vite trouvé un ton et une couleur à lui. Ses disk. J'ai plus tendance à écouter ses solo plutot que ses trio..mais ça c'est moi. Ceci dit, ce moment "accidentel" de 75 et très au dessus .. un état de grace.
Ok..ça me fait Johnny Ray, Becaud et Lewis..j'ai du taff

bizzz

charlu a dit…

Eh eh..moi aussi je cogite à l'optic 2000 !!! C'est un lapsus.. vraiment..car on a tous qqchose en nous de Johnny...putain merde, ça y 'est j'ai les boules..merci Jimmy.

Libertygirl a dit…

Hello Jimmy/mangeurs de disques

Hé oui,mon peu de culture musicale me permet de dire que Keith Jarret avaient des influences empruntées à la musique folk et au free jazz...Merci à toi Charlu de prendre ma défense,mais....
Et encore merci à toi,Jimmy ,pour l'info sur Johnnie Ray et Bécaud...

Bisssss à vous 2

Pascal GEORGES a dit…

Cet album reste un évènement - une somme de et en même temps un point de départ vers... (je me comprends...).
Quand au free, keith jarrett l'a pratiqué et il n'en est pas forcément éloigné ou ne s'en est pas spécialement éloigné. Tout comme le gospel et le folk song, le free est une des parts de son langage.
on a trop tendance à limiter le free à une certaine image autour d'ornette (certes le créateur), en passant par Braxton, par exemple.
Free, c'est effectivement un terme usuel pour valider une forme apparue dans l'histoire du jazz. Mais Jarrett va au delà et, pour dépasser quelque chose il faut avant tout le maîtriser... Improvisation totale est désormais un concept fréquent. Avec une nouveauté qui s'y adjoint (de quelques années... malgré tout) et qui devient installée le sound painting.
Mais bon, malgré ces petites batailles d'esthètes cet album reste effectivement un incontournable de l'histoire du jazz et de la musique tout court. En un concert arriver à ébranler les esprits et faire comprendre que... c'est possible, c'est très fort.
Bon, Vivaldi, Mozart et surtout Liszt le faisaient aussi...
Mais c'est une autre ... histoire.
Et aucun enregistrement n'est là pour en témoigner, malheureusement.

charlu a dit…

merci beaucoup Pascal pour ces infos.. c'est toujours un grand plaisir de plonger dans ton puit de science musical.. un historique collossal.
Juste pour insister, ce Koln K, surtout lepremier morceau, est foudroyant, difficile à expliquer, sauf que c'est la seule impro de Jarrett que je siffle intégralement, une emprunte, un tatouage, une dance solenelle...
merci encore

Thomas Köner 1993

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