Assis au fond près du radiateur, je
bois les paroles enflammées du professeur Pax. Je prends des notes,
même si je n'ai pas l'air d'un disciple sérieux à rêver de
quelques textures sonores qu'il aime aussi d'ailleurs. Je bois les
mots, assimile les infos, mine de rien. Puis une fois recroquevillé
dans mes murs pavillonnaires, avec un casque comme toiture, je
restitue à sa juste valeur et prends ce qui me parle. Je bois des
oreilles tout ce que les mots m'ont insufflés de l'autre côté,
cible les tuyaux.
Moi, une fois isolé, arraché du
tumulte, je prends cette grande liberté musicale et je savoure.
Claviers en gouttes d'eau nébulisées
sous des canicules, saxes contemplatifs et libre, guitares Santana,
un goémon qui plane, des couleurs psychédéliques zen, deux disques
en transitions, deux pochettes, un même monde.
Candide jazz, je parasite les infos
pour me frayer un chemin via quelques opus qui me transpercent le
plexus. Du fauve fushia orangé et un quatuor de visages, fusion,
chaleur, Wah-wah funky, j'entends une grande liberté. Jazz
électrique, chaud bouillant, les mecs c'est pas des manchots. Une
grande liberté au service d'une haute technicité et d'une
intelligence visionnaire.
Et voici l'arborescence qui se dessine,
le ricochet sur les pages de Pax et je chipe au passage un opus de
chez ECM 1972. Chick Corea, en guest sur l'album précédent des
Return to forever, a sorti sous le même nom, une petite merveille de
jazz nébuleux, planant et troublant, électrique aussi, plus soft,
pas moins chaloupé et complètement envoutant. Frais, enlevé,
océanique et poétique avec aussi un voile Santana, ici, ou une
touche brésilienne là... toujours le clavier diabolique s'enflamme
sous les doigts de Corea.
Il fait bon aller lire les abondances
musicales de Pascal, comme on s'en va passer une heure chez son
disquaire, et de fil en aiguille, en suivant les conseils du fada au
guichet qui est aussi un ami, prendre quelques opus fous qui
gravitent autour d'un noyau jazz. Je ne pouvais pas être déçu du
cru 72 de Chick Corea.
Return to forever & Chick Corea
1975 « No mystery » label : polydor
http://return2forever.com/
Chick Corea 1972 « Return to
forever » label : ECM
http://www.chickcorea.com/
4 commentaires:
Hello Charlu,
Que te dire, si ce n'est que ton article m'a touché, bien sur.
Une récompense à cette passion que je me suis mis en plaisir de transmettre depuis plus d'un an maintenant et ce par la voix de net, en plus de mes cours.
Ce premier Return to forever a été un merveilleux point de départ - Coréa est ensuite resté chez E.C.M avec un paquet d'albums dont ceux avec G Burton, mais aussi ses Children's Songs (chroniqués dans le blog) et le trio avec Roy Haynes et M Vitous, une merveilleuse explosion de jazz 'moderniste".
Chez E.C.M le duo avec Kujala, le merveilleux Septet... de quoi faire.
J'ai pas mal parlé de C.Coréa ces derniers temps et il vient de me rattraper car je vais le jouer ce 25 Mai en concert au Carré Gaumont Sainte Maxime pour un "traditionnel" concert de profs.
Prof...
Un statut qu'il faut assumer au quotidien en n’oubliant jamais que même sil'on est musicien l'on en demeure pas moins, pour ma part, prof...
Un statut qu'il faut aussi revendiquer car les vocations s'étiolent, la passion s'envole...
Mais ceux qui s'y engagent le sont d'autant plus, ce qui est réconfortant.
Pour en revenir à Corea, oui, j'adore l'artiste, le compositeur, l'homme, le pianiste et c'est vrai que son influence reste grande.
Une telle pluralité et une telle ouverture en tous styles, capable du free le plus direct, du jazz le plus rock électrique, de l'écriture pour musique de chambre, de l'impro solo la plus épatante et de l'elektric band le plus révolutionnairement eighties qui soit...
Et puis une sphère, une influence tellement immense...
Clarke, White, Di Meola, Gadd, Gomez, Brecker, Burton, Mariental, Weckl, Patitucci, S Henderson, son association avec le concertiste F Gulda et j'en passe...
Encore une fois merci pour cet article autour de ce jazz partagé et de nos valeurs communes.
bien à toi et à très bientôt.
Merci pour ces bons souvenirs que je n'avais pas écoutés depuis longtemps faute de platine/vinyles.
Et pendant que je me laissais embarquer par la musique, je suis allée découvrir ton blog photo : double bonne idée !
A bientôt, charlu
DamNed
C'est moi qui te remercie Pax.. quand je jette un oeil sur la discographie de Corea, j'ai le vertige. Tes aiguillages sont indispensables en plus des anecdotes .. périple ou épopées musicales.
De rien Damned..merci pour cette douce visite.
.. et merci Pax..je voit la box qui pleut.
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