dimanche 20 janvier 2013

David Fenech


 
Le parcours de David Fenech est labyrinthique, comme sa discographie et sa musique, d'étroits couloirs sinueux, glauques et primaires. Tantôt tribal, tantôt joyeusement délirant, « Grand huit » se joue de nos formats classiques. David Fenech est chroniqueur musical, possède son label , Demosaurus, et travail à l'Ircam, ce qui explique l'approfondissement sonore expérimental de son jazz rock improvisé. Sa musique est robotique, il est aussi électronicien.
On démarre sur « Petit huit » qui ressemble à un doux délire funky de Kim, l'autre français libre.
« Confieso que he vivido », comme un miaulement humain, est une recherche sonore au beau milieu de paroles capturées à la façon de Dominique Petitgand.
« Mister master » est une élucubration de tuberculeux, les expectorations sont aussi grasses qu'Alvarius B, façon cabaret Tom Waits.
La folie touche à son comble lors du « lacher de luciole »...une douce injection qui commence à faire son effet, un manège perdu et interminablement toqué.
David est cinglé, autant que le Père Ubu, la preuve, « Boeuf bourguiba / opera en toc » embraye avec un blues ubuesque. « Jaune d'oeuf » émeut dans sa joie ronchonneuse même si la camisole xylophone nous couvre les paupières.
« Le petit soleil » a la même voix qu'Ignatus ou Flop.. encore d'autres fous joyeux de par ici, sur une musique qui sonne comme « La fosette ».
« Grand huit » nous ramène à la vie debout, avec ce formidable déhanchement funk torride.
« Solaris » dramatique et « Heeels » irréversible, c'est un bidouilleur habité. « Coralingo »... « Love that feel », ce mec est aussi dingue que Daniel Johnston, ou Danny Cohen, sa vision sonore déglinguée.

Expérimentations, esprit punk, liberté foutraque sombre, David Fenech est un casseur de portées, un brouilleur de format, il neige des flocons fluorescents sur cette pochette surprise qui est le fruit de cette arbre fushia devant lequel je me prends à revenir très souvent, pour contempler la folie d'un asile d'artistes libres. D'ailleurs il a collaboré avec Ghedalia Tazartès qu'il héberge sur son label, mais aussi Rhys Chatman, Sébastien Roux, Pascal Comelade, Gong, Jad Fair, le trompettiste Jac Berrocal, Klimperei le groupe bricolo des révolus nantais Collectif-effervescence.
Tout ceci explique cela, sa liberté, ses ouvertures a bâtir un album cubiste et fauve avec une touche de naïf cauchemardesque.
« Grand huit » est un disque large, sans barrière aucune. Une pilule acidulée qui plonge dans le coma ultra décalé, un trip coloré.


http://davidfenech.fr/wp/

4 commentaires:

Carl a dit…

Ok, je vais aller voir ça... ne serait-ce que pour la superbe pochette...

charlu a dit…

Tu vas voir, un truc de ouff, barge et foutraque, avec du très bon matos derrière.. la grosse chatte sur lapochette existe..elle miaule dans le disk..

Carl a dit…

Pas trouvé cet album sur itunes, mais écouté plusieurs extraits de "Polochon Battle"... Wow, surprenant... et les titres... "Jogging républicain", "Mange du caca", "Cheveux dangereux"... Un doux dingue, apparemment...

charlu a dit…

Il est pas encore sorti..si tu le veux, tu me mail sur charluzinc :D

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...