Pénétrons plus profondément dans
l’enclave des nuits longues et gelées, vers cette famille de
paysagistes du nord. Valgeir Sigurdsson peint avec la même palette
que Corley, un violon en plus. Une symphonie givrée grésille aux
mêmes heures de la journée. Accoudé au pupitre de la banquise,
paralysé par le mouvement mou des glaçons qui prennent le large, on
reste engourdi devant ce post-classique noisy islandais, avec des
poussées biologiques aux allures de post-rock, comme si de grands
pans de glace se décrochaient de la calotte.
C’est un endroit du monde où l’on
aime contempler, pas un mot, une parole, juste des ondes et des notes
acoustiques qui nous rattachent au monde. Le dessin des collines
blanches est nettement tracé par les ombres cobalts, l’horizon est
une fracture, un trait qui divise. Tout s’étend sur des parallèles
glissants vers un point de fuite abstrait.
A des années lumière de Vespertine ou
Mùm, Feist ou encore plus près de nous Camille à travers lesquels
il a posé son idéal sonore, Valgeir Sigurdsson nous aveugle du
blanc écarlate réfléchi, et va farfouiller dans la profondeur de
nos esprits. Il soumet alors à notre nudité cérébrale cinglée
par le mercure en naufrage.
Tellement d’épopées musicale nous
transportent dans de multiples voyages immobiles, comme la glace sur
l’océan. Je découvre Valgeir Sigurdsson et le range avec les
autres dessinateurs polaires.