mardi 17 décembre 2013

Matt Elliott 2012



La bouche saturée de houblon, la gorge écumant comme un littoral de grande houle, chaque album de Matt Elliott est une véritable plongée dans une cuve cuivrée qui fermente. La mélancolie de cet ancien Third Eyes Fondation n’en finit plus de se noyer, de charrier le jus de la terre. La « mélalcoolie ».
L’eau des racines, le grain, le soleil torché et la levure pour le cerveau, cette drogue douce noie les cellules dans son liquide amniotique. La lymphe de mon chardon Gordon me brûle les lèvres, la ruby écossaise dégouline sur la pochette de « The broken man » et dans ma tuyauterie. Les écluses lâchent et le dernier opus de Matt Elliott est une prière narcotique qui embarque lentement, surement, comme des fûts de cervoise en intraveineuse.
 
Ses disques sont improbables, jusqu’au dernier souffle de la toxine amère. Piano lacrymal, violon coupe gorge, guitare fière et douloureuses, slave ou hispano. Hispano comme dans le final de « Oh ! Well » des Fleetwood. L’effet est imparable, l'enlisement profond. C’est pas de l’ectasy, du crack ou un speed, c’est de la mélasse, divinement belle. Des sables mouvants happent vers des océans de bières. Si quelques uns vont s’endormir à l’écoute de cette BO mortifère, d’autres vont y plonger comme pour une incantation dorée non filtrée, triplement fermentée.
L’alcôve de Matt Elliott est profonde et charrie des tonnes de blessures. Elle draine toutes les inondations du monde. Son terreau imbibé fait jaillir des fantômes phréatiques que la brettanomyces a délavées.
« Dusted flies » emmène jusqu’au plus profond de « Famous blue raincoat »  de Cohen.
 
La gordon a pris des goût d'asphalte, le dureté du bitume, le chardon goudronné par la Finest Chrome 10,5%vol, Gordon ténébreuse XXXtra strong. Les creux abyssaux ont projeté l'homme écrasé sur la route près du littoral. Le tissu écossais bleu et vert s'est noirci, comme une menace. Le ciel s'est assombri.
 
Dramatique, beau, soporifique et alcoolique. L'océan lèche des terres imbibées.


Méfiez-vous de « Broken man », il est extrêmement contagieux.



Matt Elliott 2012 « Broken man » label : icidailleurs





5 commentaires:

charlu a dit…

Tu as raison.. il faut brandir nos labels.. y'en a plein qui souffrent (Arbouse, HERZFEL..), d'autres disparus (Collectif-errervescence de Nantes).
Ici d'ailleurs tiens bien la barre.. que du bon dans cette auberge.
Pas encore écouté son nouvel album à Matt Elliott.

La Rouge a dit…

Le temps me manque mais l'extrait que tu as mis est magnifique. Merci.

Damien a dit…

Merci, merci Charlu pour toutes ces découvertes au long de cette année! C'est incroyable on écoute souvent les mêmes choses en même temps...
J'attends de voir ton Top10 de l'année.
Cordiales salutations de Suisse
Damien

charlu a dit…

Mets au chaud Red.. no problemo pour le temps.. mais normalement t'as le disque en entier :D

Bienvenu Damien.. je suis heureux de ton passage et de ta coïncidence musicale... eh eh..je prépare un top..mais genre top 50.. :D même plus.. Bien à toi.

La Rouge a dit…

Oui il est tout là. Je recommence la peinture demain, donc, je devrais rattraper les manquements d'écoute. Beau texte comme toujours.

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