mercredi 24 août 2011

Jonathan Wilson



















Une note et deux accords, une sensation extraordinaire. Je suis stoppé net, arraché au trafic. Là, ici, je m’assois sur le rebords d’un square, happé. Immobile, le flot humain vous noie, le bataillon de solitudes grouille sur l’encre macadam. Comme un tombereau en panne, je reste ici à charrier des tonnes d’oppressions. Une épopée pop entame son opérette 70’s me plaquant là au milieu du brouhaha. Foule aphone, mise en musique vagale. Observer ce débit dingue dont je faisais parti il y a quelques secondes et se sentir en apesanteur, collé d’une légère dérive géostationnaire. Scruter cette blanche planète dentelée de bleu, la tète à l’envers.


Je me suis arrêté là, sur une pierre scellée et j’ai laissé défiler les 78 minutes de Jonathan Wilson. Le mellotron y est sûrement pour quelque chose. Quelle douce petite plage ambiante que cet instrument synthétique.
C’est progressif et étendu, des mêmes dimensions qu’un Flotation toy warning. C’est intime aussi, proche d’Elliott Smith ou Syd Matters. C’est doux et facile comme un Fleetwood Mac période Kirwan/Welch. C’est romantique comme un Patrick Watson, et c’est vaste comme un Bonnie « Prince » Billy, les mêmes couleurs de paysages…. les mêmes lueurs d’éther que Crosby Still & Nash.


Le son parfait, épouse les contours d’une époque en cire, des vinyles pressés au début des 70’s. Le timbre vocal rappelle tout cela aussi, et Baxter Dury en plus. Le folk est psychédélique et sa pop enchantée. 78 min et pas l’once d’un ennui, jamais. De longs morceaux, des étendues, et une basse chaloupée qui vient tanguer au beau milieu de ce voyage ("the way i feel"). Une pochette qui rappelle aussi le cœur de la musique progressive de la même époque. Et puis c’est Jagjaguwar, les voisins de palier de secretly canadian. On y est, dans le surdimensionné. Lui est de Caroline du sud et producteur de disques. L’album disponible depuis quelques jours, avant le grand rush des promontoires renouvelés. Inutile de trop les charger de nouveautés et de chercher en vain la faille, le disque de la rentrée. Il est déjà là.. le chef d’œuvre pop absolu.


Etre ici et complètement ailleurs, sur une pierre gorgée d’albedo, ou dans les frimas d’une dérive géostationnaire, en contemplation.
Jonathan Wislon 2011 « Gentle spirit » label : jagjawar
www.bellaunion.com/

www.songsofjonathanwilson.com

échelle de richter : 9
support cd
après 5 écoutes









Jonathan Wilson - Gentle Spirit by Bella Union

5 commentaires:

Libertygirl a dit…

Merci,pour ce texte d'une poésie enivrante.Tu nous fait bien partager tes émotions à l'écoute de ce disque.C'est comme un court-métrage que tu balances sur la toile.Je ferme les yeux et j'imagine...

Bye

charlu a dit…

Merci, merci,.. j'en ai eu un paquet d'émotions sur ce disque... bon, je suis pas resté collé 78min sur la pierre, mais pas loin, complètement sorti du traffic.. tjrs ces voyages immobiles au casque.

bizz

Markab a dit…

Encore une belle découverte faite chez toi, Charlu ! Je partage ton enthousiasme même si de mon côté, j'en suis juste à ma première écoute - que j'ai même interrompu pour enregistrer ce commentaire. Alez, hop, j'y retourne ! Juste avant, je voudrais te dire combien j'apprécie tes chroniques si bien référencées ainsi que les belles peintures que tu nous offre entre celles-ci.Pour tout ça, encore et encore merci.

Libertygirl a dit…

Tout à fait d'accord avec toi Markab...Je ne sais pas où Charlu va puiser toutes ses connaissances.On est tous ébahis de bonheur.Et alors,quand vas tu nous créer une toile,Charlu l'artiste?

Bye

charlu a dit…

Moi non plus j'en sais rien, ça vient comme ça en pulsion, une brèche, un truc qui s'ouvre et tout ce qui a dans le fond sort..il suffit d'ouvrir. Ceci dit, j'y vais à fond imaginer l'effet que ça peut produire, aussi, vos doux retours me touchent à un point, une récompense.. j'ai un coup d'mou niveau spatule..faut que je me remplisse à nouveau.. Wilson n'a pas décliqué..c'est juste un disque excellent à écouter sur le sofa sans cogiter... contrairement à Fluup par exemple Deaf center.

Markab, tes visites ici sont toujours chaleureuses.. je connais tes choix musicaux, ce genre de disque "vague à l'âme" collerait parfaitement à tes pages... qui nous manquent d'ailleurs .. pas trop envie ??? Ou alors tu as un autre blog ??

Merci en tout cas.

à bientot.... tiens j'en attaque une, on verra bien, je ne connais jamais le résultat, tjrs le chemin improvisé...

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...