J'ai vu un cul dans le ciel. Dos
courbé, deux fesses dessinées, fascinant, des nuages façonnés.
Tout comme je peux être anéanti par le gris du jour, les ciels
d'averses me renversent comme un fou. Entre deux giboulées, un cul
juste au dessus se cambre, un peu plus haut que les peupliers qui se
balancent.
Le vent se lève sur « Agharta »,
il balaye et peigne le cul, l'arrondit. Prélude et Interlude dans un
élan stratosphérique. Pas le temps pour moi pour une quelconque
évaporation, me fondre vers ce cul qui s'éloigne. C'est improvisé,
fin d'après midi, ce soir c'est « Pangaea »
qui sculptera la voûte.
Les rafales m'ont grillées, elles sont
allées juste au dessus des peupliers enflammés caresser ce cul
rougi dilapidé.
Le ciel dessine tout à sa guise,
boomerangs, nounours, montagnes et omoplates, ce soir c'est un cul,
magnifique, galbé à souhait, ce bi-cumulus d'outre-coton, fier et
généreux, avec au fond le haut du crane cumulé qu'un souffle
virtuel a dressé juste derrière, au dessus des peupliers. Il
s'éloigne, se muscle, le soleil se couche, ciel de lave, le rose aux
joues je suis sur le cul, Miles Davis comme un certains 1er février
1975 à Osaka, électrise mon casque sous un ciel torride.
Miles Davis 1975 "Agharta" - "Pangaea"
label : columbia
Tiens, une tendre petite transition,
« Sous les Lilas » de Belin, sous lesquels j'y ai
vu un regard. Une vague idée vers cette « Chanson pour tes
yeux lilas » de Jonasz, j'y suis venu en fin de soirée,
juste après avoir éclusé à outrance le « Persona »,
ressassé comme l’obsession. Il est aussi question de « Nuit
bleue » dans cette chanson du bel album 75 de Mister
Jonasz.
Son premier album mythique était assez
décousu. Celui là, le suivant est comme un concept de belles
chansons toutes ravagées de tendresse et de sentiments délicats,
comme on va faire des ricochets, histoire de réveiller en douceur
l'huile de l'eau d'un lent ruisseau. Il y a du miel et des violettes,
c'est surtout les vacances au bord de la mer, une touchante scène
déposée sur une toile impressionniste.
Il y a des idées de prix Charles Cros,
récompenser les plus bels albums de par ici, des sommets comme
Bertrand Belin sous le lilas.. avec en dessous un regard à la
terrasse d'un café qui m'a embarqué vers une nouvelle nuit blanche
et bleue et quelques songes de printemps....
…...je voudrais une fête belle et
nacrée. Du vert tendre et des âmes ondulées, dériver tendrement
sous les coups lourds d'un mercure généreux. Des ombelles à fleurs
sous quelques cerisiers roses.
Je voudrais laisser au patère mon
parka, mes lourdes fripes trempées et ma fatigue du gel qui colle
aux grolles.
Je voudrais faire du zèle et susurrer
aux yeux lilas le blanc et le pourpre, et que la friche résiste au
froid en laissant le souci se passer du soleil.
Je suis jaloux des pays sur le même
globe que moi, sur lequel il fait beau., là où déjà le Syringa
tient la dragée haute au cobalt du ciel.
Le saphir comme une
seringue distille des parfums mauves.
J'avais pas vu que tu avais les yeux
couleurs de lilas, celui qui se balance au dessus de toi..
nan, je cherche pas à détourner....
mais oui je suis d'accord j'ai
merdé.... en fait, je ne m'attendais pas à.. c'est pas impossible
oui, mais là où j'étais j'ai pas géré, il faut dire que sous cet
angle j'avais la façade en pleine face et la rouille avait oublié
l'eau d’ici, ouais c'est sûrement l'inverse... ceci dit, l'autre
là elle n'avait pas à être là, juste dans l'axe de mon angle
perdu..
Tu me connais, c'est impossible de
résister, qui-que ce soit à mon cou touchant le zinc.... même avec
tout ce ramdam autour de nous je m'oublie souvent... et le zinc c'est
à cause de toi.
Nan, je n'ai rien allumé du tout,
c'est le brouillard qui prend la lumière des réverbères, et puis
ce lilas au dessus de toi dans tes yeux..
Moi moqueur??? ..tu as beaucoup de
chance de m'avoir tu sais, parce que je suis fou de toi et rien que
pour ça... ne soupire pas, et arrête un peu, je suis pas un
branleur... mais...je vois tout, j'absorbe tout, je suis là, surtout
oublie mon cou nous allons nous mettre en retard sur tout, j'entends
tes gestes dans mon fort intérieur.... ??? mon
porc intérieur !!!?? tu exagères, oublie mon cou. Je
vois tes fuites et je fugue, je te jure je glisse et tu ne suis pas,
je ne suis plus.. déguerpir ??
la nuit est trop bleue pour ça.
Oui, je suis d'accord avec tout,
l'angle a fui lui aussi, j'ai confondu l'ordonnée avec
l'abysse...c'est à cause du lilas au dessus de toi, il a la couleur
de tes yeux... il n'est pas en fleur ?? tu es sur ??
Tu verras il restera des fossiles de
nous deux. Allez viens, je t'en supplie arrête tes coups de tète..
rentrons, on va écouter Bertrand Belin, il est sorti vendredi,
« Persona », c'est un petit bijou,
« Bronze » tu vas fondre.. viens, on l'écoutera sur notre lit mal gaulé... quoi ???
Matthieu Chédid aussi est sorti vendredi ?? ouaih et alors ??
ah ok... nan nan, tu as raison, le lilas mauve c'est bien plus tard,
genre ne te découvre pas et file, oublie mes jambes aussi.. à mon
cou.
Une première partie, tout a commencé .. Dominique A
période « Nanortalik », juste lui, Bertrand et Tatiana dans l'"Hypernuit". Une affligem sur les trottoirs du Casino juste après, lui parmi nous, hyper-accessible. Lui comme lui, c'est autant les livres que
les disques, la belle littérature dans les chansons, "Requin",
"Littoral", "Grands Carnivores" , un tourbillon de mots, de ceux combinés
même juste par deux, font des mondes dessinés dans la plus belle
des postures ordinaires. Quand il y a la musique en plus, on touche à
l'extase. Il faut compter sur ses doigts les artistes qu'on écoute
le livret à la main.
Je garde le filon des vieux groupes qui
perdurent. Rajouter une décennie pour eux, pour lui. « World's
Strongest Man » est un super disque. Super grâce à Gaz, bien
loin de son groupe.
Pour être franc, j'écoute cet album
depuis quelques jours parce que j'aime répéter la chose quand
plusieurs fois de suite avec un disque qui ne me quitte pas, je
colmate certains moments de transitions journalières qui nécessitent
du rebouchage avec de la musique pop rock. Et là, cette musique pour
la troisième fois consécutive rebouche, suffisamment pour que
j'aille explorer l'affaire, me plonger dans le CV du Gaz.
Sérieux, c'est lui ?? je
sais, souvent mon cerveau rame à canaliser et colmater, j'ai
pourtant une mémoire pour certaines choses, la musique par exemple,
mais là, au blind test je perds une blinde. Sérieux..Gaz c'est lui ???
Des wagons de retard, et je dis as ça
parce que je suis dans le train qui pinaille.
Sa liberté donc, un très bon disque
qui se laisse écouter, une amplitude vocale entre Courtney
Taylor-Taylor et Bono avec une virée Mercury Rev. Mais oui, on
tortille, mais c'est pop rock.
Bon, je reprends depuis le début :
Supergrass.. vous vous souvenez ??? le groupe pop rock à
succès.....Ouaih mais bon là c'est chaud, on me dit rien à moi. Je
retourne colmater pour une nouvelle petite transition.
Gaz Coombes 2018 « World's
Strongest Man » label : hot fruit recordings
Un autre groupe ancien que je traîne
depuis leur début. Pas de haut, ni de bas, la route, le cap. Comme
Great Lake Swimmers après quinze ans de création, le dernier album
de Deerhunter monte un cran plus haut, dépasse tous les autres. Quoi
de nouveau ? Les mélodies plus ciselées ? Cate Le Bon
entre autre aux manettes ? Une lumière neuve qui provient plus
de l’extérieur comme si le groupe avait soudainement foutu le nez
dehors, en plein jour, légèrement aveuglé par un soleil radieux
des quelques plaines plus vastes? Y'a même quelques moments où je
les reconnais à peine.
Peut être c'est moi du coup, un moment
précis où tout passe et s'ouvre, réceptif au changement léger,
disponible enfin pour apprécier ce groupe pleinement, réveillé par
une belle pochette..
A quelques arpents des mélodies d'une
belle idée qui me laissait moyennement heureux, je suis embarqué
dans ces nouveaux éléments et savoure enfin le travail du collectif
de Bradford Cox.
La discographie de Deerhunter commence
à être conséquente, parcourant les styles, je reste bloqué sur
cette fraîche et belle nouveauté 2019.
C'est beau, moins sombre et pourtant,
rien n'a encore totalement disparu.
Plusieurs jours déjà que les
noisetiers ont commencé à ventiler la poussière de chaton. Le gris froid
brouille les pistes, pourtant les jours rallongent et les corylus
chantent à nouveau.
Quelle autre chanson que « The
talking wind » pour fêter ces jours nouveaux, ce timide
souffle pollinique d'une bouche qui s'enflamme …
Quand l'hiver commence, tout redémarre
en sourdine, mine de rien l'air se charge d'un parfum frais, Great
Lake Swimmers sur cette douce lueur propose son plus bel album,
quinze ans après leur pastorale apparition.
Des cuivres déjà sur "I Talk to the wind", il y a 50 ans. "The talking wind" un printemps en hiver.
Great Lake Swimmers 2018 « The
Waves, the Wake » label : nettwerk
C'est exactement celui-là, sans trop
savoir dans quoi je m'engageais à l'époque, c'est ce disque là à
la pochette noire et blanche avec pour réchauffer l'ambiance du
bronze qui brille (rien à voir avec Summerville) qui m'a
définitivement embarqué vers les californiens d'Idaho.
C'est pour l'avoir aperçu dans les
pages de Magic juste après avoir parlé de Micah P Hinson, qu'il
m'ait venu l'idée de parler de « Hearts of Palm », cette
petite pépite oubliée qui célébra à son age l'entrée dans le
nouveau millénaire. « Happy time » et à l'époque, je
pensais à notre Idaho à nous , Perio et son sublime « Medium
Crash » sur lithium.. j'entendais aussi des sons Lo-Fi slow
core tel Logh, Chokebore, 90 Man Days, et surtout Sparklehorse. On
vaporise des humeurs graves sur des amplis sans fioriture, du
lancinant qui tape aux persiennes, avec dehors la mollesse d'un
paysage nocturne et tropical.
Je crois bien avoir sombré sur « For
granted », paysage plus ambiant et distordu de Jeff Martin sur
« Levitate », album suivant. Ses envolées planantes
doucement électriques sont magnifiques, tout autant que ses balades
piano « On the shore ».
Puis il y a eu le relais Talitres et le
plus expérimental « The Lone Gunman », et puis je
retrouve ce Ep oublié « The Forbidden Ep – Alas :
special edition »97/2008 aux époques Caroline Records .... Je
suis dans tous les états, les dates, aussi Idaho est reconnaissable
d'entre tous, ceci, celui-là , « Hearts of Palm » est
sûrement l'épicentre.
Mon vieux disque est là, le boîtier
fendu sur des buildings à palmiers, une carte en fond de Los Angeles
City avec posé dessus un disque au onze morceaux incontournables
signés Martin/Seta, ou Jeff Martin seulement. Il est des indices de
rangements chez moi, Sparklehorses avec Idaho, Granddady et les
autres, ceux cités chez le Micah d'hier. Un sacré petit paquet de
groupes incontournables. Dans tous les états, from USA.
Talitres donc, a ressuscité ... un beau vinyle ... sans bonus... "Hearts of Palm" le pur.
Dans la lignée du sillon époumoné
des écritures à l'arrache, posées sur des lassitudes en
pâture aux souffrances et à la pénibilité des âmes, jetées aux
crevards, soiffards et crèves la dalle, Micah P.Hinson grouille
depuis quelques années au creux des épicentres .. Molina, Jurado,
Callahan, Hawley, Crawley....
C'est une grande pièce que cette
sublime noirceur.
Micah P.Hinson and The Musicians of The
Apocalypse 2018
« When I Shoot at you with
arrows, I will Shoot to destroy you » label : full time
hobby.
Me recentrer, le gris donc. Je me
suis laissé happer par le souvenir nacré d'un automne lumineux
alors que les aulnes commencent à saupoudrer. On est peu de chose.
Là, il y a à peine une heure, une
douce percée de soleil a branlé ma torpeur, le retour au pastel a
effacer d'un vent léger tout ce gris depuis. C'est pourtant lui qui
se pose sur ma soudaine lucidité. Je contemple ce morceau de bleu
ciel lâché en pâture avec les ondes planantes de
Penelope Trappes.
Je l'ai pris d'un seul coup, au casque,
juste avant de voir son gris sur papier, ou plutôt son monde noir et
blanc. Grisé je me suis laissé engourdir par ses plages argentées.
Quel gris, le souffle caniculaire d'une dune ravagée par la lumière astrale,
ou celui froid que je vis depuis des jours entiers au creux de mes
plaines ? C'est peut être musicalement la même chose.
Tout son art prend sens à travers ses
images, celles qui se percutent aux nôtres, ses gris contagieux qui
embellissent le son. Écouter et feuilleter, visionner. La vie
d'encre, lavis à chiner des sons travaillés, flotter sur la
grisaille. Je découvre Penelope Trappes.
Tiens, en passant, puisqu'on y est, une
petite transition du thème à pochette, de celles qui se ressemblent
et qui appellent à plein d'autres choses que la musique contenue
dedans.
J’adore les trilogies, il n'y en aura
que deux cette fois-ci, via Canterbury, via Virgin, via ciel et
terre.
Tellement d'âmes habitent nos
horizons, en haut ou en bas, ou nulle part. Le ciel est noir de
monde, la terre regorge de nos carcasses, Oldfield, Hatfield, pas mal
non ??
Transitions... le rosé tend vers le
beige, Canterbury est encore ici, Oldfield lui-même a traîné ses
cordes pas loin de cette école là. Lui a beaucoup changé et a fait
chanter, c'est pas pour autant que j'ai délaissé. Je me souviens
juste qu'à l'époque ce disque est passé pas mal de fois. Toujours
ce long morceau en face A, Hegerland remplace Reilly, mais pas que,
Bonnie Tyler vient tenter le coup. C'est à écouter ou non,
curiosité ou pas.
Quant à Hatfield de la belle école,
c'est du pur jus du genre, le terreau, on s'enfonce un peu plus dans
le prog foutrement délicat, y'a du beau monde et j'espère que la
guest vocal de Robert sur une chanson ne vous aura pas échappée.
Hatfield and the North 1973 « Hatfield
and the North » label : virgin
En panne sèche de trucs à écouter,
sûrement le gris qui tape, le clair plomb du ciel qui mine, je matte la
brillance des troncs et je pense aux jours précédents quand le
nacre nous arrosait encore la tronche. Un dimanche d'octobre il aura
fallu que la lumière de dehors viennent me tirer de mon silence
dominical pour que j'aille choisir ces trois albums là. Ils n'ont
jamais été rangés, ils faisaient coïncider les couleurs, je les
cherche aujourd'hui ces couleurs, j'y repense et j'écoute à nouveau
ces trois albums pas rangés.
La fin d'après midi calme avait éteint
les arbres, tout était devenu pastel, rose, doux, une tendresse qui
pourtant me susurrait la fin du silence, ces airs 70's pop rock
doucement psychédélique qui allait traîner ma soirée au fil du
rose qui se pâlissait.. j'ai glissé doucement sur l'incontournable
à la pochette nacrée, je glisse encore et les remets en espérant
une trouée, qu'un rayon pâle passe à travers. Il n'y a plus que le
brun marcescent, quelques gousses cramoisies.. messe incantation je
passe du vieux en pensant au passé.
Canterbury dans ses œuvres, Love 69,
doux psychédélisme from Frisco..... la nuit tombe, pas l'ombre
d'une rose lueur...
Jefferson Airplane 1967 « Surealistic
Pillow » label : RCA
Caravan 1971 « In the Land of
Gipsy and Pink » label : deram