jeudi 16 janvier 2014

Set Fire to Flames




Pénétrer la ville, s’immiscer aux travers des architectures pour bouffer du gris anthracite et entendre la complexité des âmes en cage. Attiré par le bruit ambiant on se dirige doucement vers la complainte mélodieuse de ceux qui se battent dans le visqueux silence du quotidien.
Collé à la tristesse urbaine, on se faufile dans les méandres underground comme des fantômes, dans de longues avenues interminables, avant de tomber sur un carrefour croisant d’autres artères infinies.
 
 
C’est le journal intime d’une banlieue, les aveux d'un quartier artistique, de la dentelle urbaine et la noirceur d’une nuit à errer. J’écoute cette bande-son à chaque fois que l’envie de me diluer me prend à la gorge. Il y a un risque, celui de se perdre dans le labyrinthe, le blues cambouis d’asphalte mordorée qui chante. Au loin on aperçoit le fleuve orange, coiffé d’ usines désaffectées, et de longues façades débouchant sur des hangars, des silos. Les no man’s land sont percés de réverbères timides et enfumés. Le monde parallèle n’est pas loin, juste à portée d’humeur.
 
 
 
Nous sommes des martyrs modernes à vouloir survivre dans l’agglomérat, le son d’un carnaval funèbre fredonne nos états d’âme et on avance, nous pénétrons dans ce nouveau monde de trépassés aux cervelles parpaings. C’est une belle virée à des heures très tardives, une longue marche avec des flashs, des images accélérées, des bruits ambiants, une épopée urbaine monstrueusement belle à travers des immenses façades à fenêtres, éclairées ou pas.

 
 
 Cet opus 2003 est une pièce importante dans le collectif, 13 musiciens "en ayant peu ou pas dormi, avec des niveaux variables d'intoxication, et dans un confinement physique"

Set Fire to Flames 2003 « Telegraphs in negative / mouths trapped in static »
label : alien8recordings

5 commentaires:

Sadaya a dit…

Hâte d'écouter ça. Hop chargé dans la box, je reviens pour un premier bilan sans appel, tremble pauvre mortel.

Carl a dit…

On dirait que tu comprends Montréal Charlu...

charlu a dit…

même pas peur Sad.

ça fait un bout de temps que je vous observe, écoute et entends. Pis c'est facile, j'ai tes photos dans la tète, et celles de Red :D

Francky 01 a dit…

Merci pour cet album car, grand amateur de Post Rock (canadien), je n'avais aucun LP de ce groupe !!
Très expérimental, hypnotique et surpuissant....proche de GYBE et Silver Mt Zion, le lyrisme symphonique en moins. La photo de la pochette colle bien à l'univers du disque, obscur et dune beauté ténébreuse.

10 000 merci pour cette somptueuse découverte, ami Charlu, toi le passeur - partageur de coup de coeur !!
A +

DevantF a dit…

Il y a des disques comme ça qui font un peu peur... Facile à reconnaître, dans ces cas là tes chroniques s'évadent.

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...