vendredi 29 novembre 2013

Charlotte Gainsbourg


 
JSF 7  samedi 30
30 - FASTER PUSSYCAT KILL KILL!
Des filles qui en ont...


Cette fille en a pour sûr, elle qui ne voulait pas chanter. Il aura fallu l'aura de son père pour qu'elle plonge et pour que, quelques décennies plus tard, elle y retourne sous les directives de Beck ou Air.

Elle en avait pour accepter un tel projet, pour braver la timidité effrontée, sa voix que papa adorait, pas si loin de sa mère ou d'Isabele (Adjani).

Cette fille, elle en a du Gainsbourg, du paternel plein le disk, du Gainsbarre aussi, et surtout beaucoup de cran. A reculons donc, elle s'est engouffrée dans ce projet que Serge voulait à tout prix. Cette idée, c'est aussi un film en parallèle, un tremplin pour sa carrière de comédienne... elle en a la gamine, c'est sûr.
La voix, on aime ou pas, la période « Love on the beat » de Serge aussi, c'est un grand disque rare, une osmose totale, un abandon artistique d'une extrême impudeur, même si quelque fois, au chant, elle lâche prise.. la prise elle, reste.. « Zéro pointé vers l'infini », elle en a pour accepter d'interpréter une telle amplitude. Elle accepte la difficulté, la rudesse de l'épreuve, les chansons sont graves, hautes, pas dégueuses. Elle accepte aussi le concept provoc, à travers lequel une marée d'auditeurs ou pas ont plongé ou pas.
« Don't forget to forget me », c'est absolument un sommet de chanson d'ici 80's, remake de « Souviens-toi de m'oublier »..avec Catherine Deneuvre en duo avec Gainsbarre.
Les riff guitares, la basse chaude et tortueuse, le sax torride..et les chœurs masculins de « Love on the beat ».


Des chansons importantes, d'autres plus légères, c'est un cadeau du père à sa fille..un grand album jamais réédité en numérique, sauf dans quelques compiles: « Les chanteuses de Gainsbourg ». Ouaih, là c'est pas une chanteuse comme Anna Karina, c'est sa fille à lui..celle que portait Birkin sur la pochette de « Melody Nelson ». Sur son torse nu, alors qu'elle est enceinte de 4 mois, elle serrait une poupée de singe qu'elle jettera sur la tombe de son amour absolu, Serge, un certain jour de mars....

Il fallait qu'elle en ait pour suivre cet amour filial et artistique, pour accepter les turbulences. Bon, il faut bien l'avouer, j'étais complètement amoureux de Charlotte Gainsbourg et ce disque à la pochette sublime, je l'ai aussi passé en boucle dans ma chambre, en espérant qu'elle vienne me voir, me chercher un jour.




PS, Remarque, NB..ou je sais pas quoi, mais vous gardez ça pour vous. Je vous passe les détails, mais un jour au mi-temps des 80's, ma mère a refusé la visite d'un ami de mon père, sous prétexte qu'ils venaient à la dernière minute, avec des invités surprises « pas dérangeants et très sympas ». Serge, et sa Catherine d'alors. La "légende" dit que sa fille d'avec Jane serait aussi venue. Le fumeur de gitanes, le buveur de jack a effrayé ma mère refermées comme une huitre. Personne n'est venue grailler ce soir là, et mon paternel motivé, a dû se descendre la caisse de bourbon comme une mélalcoolie sans nom.
Et moi ?? bah, je parle encore à ma mère, on en rigole encore, je suis toujours amoureux de Charlotte Gainsbourg, et j'ai appelé ma grande Charlotte, juste pour que ma mère que j'aime se souvienne... que j'aurai pu être Yvan Attal merde... :D

Charlotte Gainsbourg en a, pas du Pussycat, mais du charme, du talent, des bollocks depuis belle burette, de la tendresse.... piston, transmission, passation, génétique, ..un album un peu vert, moi je m'en fou, je suis sur les traces de Charlotte depuis mes … 1985.

Merci T, merci les potos.. comme d'hab j'ai pris du plaisir, je me suis « dévoilé » ( la preuve).. des chroniques qu'on ferait pas s'il n'y avait pas les thèmes ??? nan ??? J'ai quand même l'impression que je finis en beauté ?? J'avais en cachette "La louve" 73 de Barbara, la seule auteur-compositeur qui en a.. rock, chanson, classique.. ...
 
Je vous biz tous.. vous croyez que c'est mort avec Charlotte Gainsbourg ???

Charlotte Gainsbourg 1985 "Charlotte forever" label : philipps











mercredi 27 novembre 2013

The Strypes


 
JSF 7 Jeudi 28 novembre
28 - ENCORE UN PEU VERT!
Une première oeuvre pas tout à fait mure.


« Le bruit et la fureur »… ouaih, ok, mais ça dépend comment c’est fait.
Ces derniers temps, les vitrines se sont chargées des quatre frimousses dans le vent, des « mods » avec le style, qui se trimbalent avec une brouettes de références pour se donner du poids, entre autre Yardbirds, Oasis, Stones, Led Zep, The Animals, Beatles…. C’est bien vendu, la besace est ras la gueule. C’est pas mauvais mauvais, mais c’est un peu vert. Rien à voir avec la moyenne de 16 ans, l’insolence est autorisée à toute age.. n’est pas Jake Bugg qui veut.
Ce premier album est bon, c’est pas une révolution, juste une participation.
De là à en faire un tabac planétaire.

Il va falloir attendre d’autres bourgeons pour voir naître un fruit juteux, la poire est trop croquante, acide et sans sucre pour la croquer à plaine bouche. C’est comestible, mais on risque la courante. Je crois en fait, qu’ils sont trop exposés par le buzz médiatique, encore une fois, à peine sorti, les mêmes média qui à l'époque, n’ont pas vu venir plus que ça Jake Bugg de Nottingham.

 
Le racolage médiatique certes, mais pas que ça, y’a le nom en THE aussi, à la suite duquel, il suffit de mélanger les lettres et de trouver une accroche.. The White Stripes ou The Strokes.....The Shaker par exemple, ç'aurait été pas mal.

Ah oui, ils parlent aussi de Dr Feelggod.. ça sent l’arnaque, il aurait juste fallu qu’on les laisse faire de bouche à oreille pour y aller, qu'on nous monte pas la sauce pour pas grand chose…
Ah ouaih, y’a aussi du Paul Weller dedans, et du Miles Kane, Doherty, et l'imitation des tronches Ramones période "End of the century".. Il y a même Chris Thomas aux manettes, celui qui a bossé avec les Beatles et les Sex Pistols.
Ça sent la rhino à plein nez, et on a beau reprendre Bo Diddley, on arrive pas à la patine de Bob Seger qui lui aussi a commencé très jeune.
Vert, très vert ce disque, malgré quelques ep's.. ça va devenir bon un jour, à condition de changer de nom, d'enlever le « The », de fuir l'onanisme journaleux, de prendre les choses comme elles viennent.

Le pire, c’est que par moment, c’est presque bon, mais finalement, on est loin de Jake Bugg.



The Strypes 2013 « Snapshot » label : virgin





lundi 25 novembre 2013

Cerberus Shoal




JSF 7 26 novembre 2013
26 - SUGAR SUGAR
Une œuvre narcotique, le type de drogue n'a pas d'importance.



Le Cerbère , en mythologie, est un monstre à trois tètes avec une crinière de serpent en chevelure de méduse, et une queue de dragon. Il garde les portes de l'enfer que même les vivants essayent de franchir pour aller délivrer les morts.
Plusieurs héros réussirent à passer, Psyché qui endormit le cerbère avec un gâteau trempé dans du vin drogué.

Musicalement, c'est une lyre en arme qui endormit le Cerbère et laissa béante l'entrée des ténèbres. Orphée envoûteuse musicienne, Sibyles de Cumes en charmeuse opiacée, tout fut alors permis et la sortie de quatre albums fondamentaux bouscula nos platines d'une grande liberté pop : « Mr boy dog » 2002; « Bastion of itchy preeves » 2003; « Chaiming the knoblessone » 2004; " The land we all believe in" 2005 . A la suite de cela, les portes de l'enfer ont dû se refermer sur le Cerbère. Les tètes coupées, les cerveaux des trois tètes errent depuis dans la marge la plus totale.

Gâteau trempé dans un vin drogué ou musique... la musique n'est-elle pas une drogue ?

Les Cerberus Shoal aussi gardent les portes de l'enfer, c'est une musique droguée, la leur, qui permet d'entrouvrir la folie des flammes, l'infernal psychédélique. Chaque album des Cerberus est une plongée diabolique dans la folie narcotique, celle qui fait planer dans un tourbillon fauve de jazz dégingandé, déstructuré par un post rock et un progressif d'avant garde. La musique adoucit les mœurs, endort les Cerbères et ouvre sur l'enfer. On en revient, le gâteau était juste drogué, il est juste possible de devenir fou à haute dose.

« Mr boy dog » pour ne choisir que celui-là dans leur foutraque discographie, se déroule sur deux albums assez différents, le deuxième plus abordable, comme un retour progressif vers les vivants, à condition de passer calmement près de la queue de dragon endormi sans le réveiller.
Dans les grandes lignes tarabiscotées, il y a des allusions à Zappa, Beefheart, Ummagumma, Barrett, Why?, Thee silver mt zion, The Residents, Tom Waits,  des impros prog de cabaret en expérimentations cérébrales, bricolées, complexes et excitantes.
Cette musique foutraque de pop en vrac est un imaginaire narcotique, totalement injecté de substances. Il faut aller chercher l'adéquation, se caler au trip pour partir avec eux et franchir le seuil. Y'a pire, plus barge.. le narcotique peut aussi endormir et étourdir, juste pour entrapercevoir les sons sous des stroboscopes extraordinaires? A consommer sans modération ou pas.



Évidemment, il y a un bonus, le dernier album que je découvre grâce aux recherches pour cette chronique, grâce à Mr Dog Boys que j'écoute depuis 2002 chaque fois que je sens mes veines bouillir... Les Cerberus ne sont pas mort, les membres de Boston n'avaient rien sortis depuis 2005, c'est chose faite avec le dingo « An Ongoing Ding »... qui se souvient du groupe Oingo Boingo ?? Je découvre cet album assez tartiné post-chronique.. un bonus je vous dis :D.. dingo mais beau. Mes parents aurait lancé quand je vivais chez eux.. « mais c'est de la musique pour drogué ça !!! ».. ouaih...mais quelle drogue ?? à vous de trouver.
Cerberus Shoal, ou la musique freak-folk après une grosse part de gâteau trempée dans du vin drogué... J'adore ce groupe, et je ne prends rien, j'vous jure... tenez, écoutez plutôt...pis démerdez-vous pour les liens...*+/-+*++-+dslpoiçç_è-è'hk===s;snx/+,+,+,/++-+-+-+****************




Cerberus Shoal 2002 « Mr. Boy Dog » label : temporary residence










samedi 23 novembre 2013

Wings 75


 
 
JSF 7 / 24 novembre 2013
24 - LIFE ON MARS?
Une musique d'une autre planète ou presque.


« Band on the run » a propulsé le Paulo ailé vers les astres qu'il semblait côtoyer depuis quelques années lumières. Paul McCartney ne se repose jamais sur ses lauriers, il travaille sans cesse à la suite de chaque succès ou échecs.

Il aurait pu embrayer sur la facilité, être terrestre et s'allonger sur une frilosité rassurante, balancer le fade. Mais Paul est d'une autre planète, tout en gardant un réalisme terrestre qui nous arrive directement dans nos discothèques, mes étagères, mon sol. D'une autre planète ou presque.


Entre Mars et Venus, les Wings jouent au flipper d'une planète à l'autre. « Venus and Mars » est très abouti, une perfection qui surpasse « Band on the run ». Et pourtant, ce n'est pas systématiquement l'album que l'on met en avant. C'est un véritable set de groupe qui se dessine, avec des chansons très diverses et solides. Une intro, un thème « Venus and Mars », un rock torride « Rock show », une chanson parfaite « Love in song »..les hauteurs sont déjà à pleine puissance. Puis il y a le « Honey Pie » version Wings: « You gave me the answer »; le « Oh Darling! » d'alors « Call me back again »; du concept, du blues, du rock, de la pop, un groupe, une pèche d'enfer. « Leting go » est un gros blues habité, « Magneto and titanium man » un rock mid-tempo aux allures de ballades joviales.... un orchestre de cuivres, des parties de sax, un son chaud et des ondes ensoleillées, l'album est enregistré à la Nouvelle Orléans. Il est strictement musical, enlevé, éclectique, on sifflote et tape du pied, pas d'introspection cette fois-ci, pas de tourmente et de noirceur, du facile, du rutilant, du raffiné, un pro... c'est sur ce mec vient de la planète Mars.

Très vite les ventes de cette pièce centrale des Wings vont exploser, le tout embarqué par la locomotive tubesque « Listen what the man said », petit joyau de légèreté typiquement Macca, funky, disco, harmonieux, un nouveau remède à la morosité, juste avant le final d'un hymne à la mélodie comme il sait aussi le faire (« Hey Jude » ?), le dessert « Treat her gently-lonely old people ».

Le climat est sain, le groupe à son apogée, McCullogh offre même un morceau entier à lui, interprété par lui, « Medicine Jar », prémonitoire, puisqu'il va disparaitre d'overdose quelques années après avoir quitté le groupe. Paul McCartney a toujours été d'une autre planète, un résistant, c'est entre Venus et Mars ici qu'il réalise avec son groupe un des meilleurs albums des Wings, calme ou endiablé. Dave Masson, Allen Toussaint, Tom Scott sont de la partie.
Certes ce disque perd un peu de fraîcheur, mais s'enrichit d'une grosse production riche et méticuleuse, d'un perfectionnisme qui fait de cet album un calque de « Band on the run » un cran au dessus.

A partir de cet opus, les Wings vont entamer une tournée mondiale titanesque qui débouchera sur « Wing over America », et un DVD qui est sorti cette année « Rock Show » reprenant le triple album en image. Depuis, la scène ne le quitta plus jamais.


Cette année là, au mi-temps des 70's, les Beatles ne sont plus depuis cinq ans, les individualités commencent à s'affirmer. Ringo sort un album totalement insipide « Blast from your past »; George s'éloigne de plus en plus du chef d'œuvre « All things must past » en sortant deux albums très moyens sous son label Dark horses; John s'essouffle après l'excellent « Walls and bridges » et sort une compilation « Shaved fish » et un album de cover « Rock'n'roll » sonnant ainsi un long break jusqu'à la fin de la décennie.
Paul, régulier, toujours sur un nuage d'écriture, tiens le cap, monte plus haut encore..pour plusieurs décennies à venir. Il est d'une autre planète :D


Wings 1975 « Venus and Mars » label : mpl
 

Elian

 
Bonus nordique

Crépitements, résonances; électro field recordings glacials, de l'ambiant des banquises, des grondements comme une onde qui vient rompre la croute de glace pourtant très épaisse, des ondes de lumières traversent les lueurs, du blanc à perte de vu, des frottements, du vent, des drones, c'est l'aventure sonore de Elian, comme une avancée d'aventurier vers les pôles. Si Type sait représenter ces choses là,  Home normal semble plus proche encore des sensations d'avancée à travers le blizzard, proche d'un cerveau en perdition qui souffre et perçoit des sons distordus, comme pour survivre. Flippant:

« Whispers, then silence. The happy cynism of a creative mind / sea-sick sailors / magnification and minimization / lesson in never again »

La liste des label abritant des musiques du genre serait trop longue à proposer, celui là, ce disque là, sa pochette et le son extrêmement troublant et engourdissant est riche de bande sonore quand on veut aller vers le grand nord.


Elian 2010 « Whispers, then silence » label : home normal

jeudi 21 novembre 2013

AR



 
JSF 7 vendredi 22 novembre
22 - MUSIC FROM THE NORTH COUNTRY
Un seul mot d'ordre: Nordique!

Quand l’air ambiant perd de son mercure, la réverbération remplace la dilatation, l’espace le confinement. La voute gelée absorbe les sons et les restitue en drone mélodieux dilué dans le silence.
L’espace infini et l’horizon nacré renvoient la résonance, l’écho démesuré.

Nos oreilles tempérées ont besoin d’extrêmes et le cerveau de voyages immobiles. Je me souviens d’une épopée arctique mis en son par Elegi, ou Simon Fisher ("the great white silence"), des excursions vers le pôle, l’élément naturel face au 37°C incubateur.

Le corps est figé, seul le cerveau bat. Des visions blanches et du field recording métallique.
Avancer vers le nord c’est contraindre le corps, mettre à épreuve sa force mentale en oubliant l’épiderme. Le son devient cérébral quand le sud prend le corps. Il suffit de se laisser envahir par l’étendue crémeuse et violacée, et laisser le ciel pastel nous griffer les poumons.
Un véritable glacis se déroule devant ce frimas crépusculaire, voix féminine féérique et lancinante, violon nébuleux, field recording fantomatiques. Des boucles comme un hiver interminable, une beauté à faire froid dans le dos.
« Wolf note » est une ode à la nature figée, à la neige empourprée, juste avant que tout s'éteigne , « Rest » est un long silence blanc nocturne et polaire, un drone sourd, une nuit avec de l'eau qui coule. « Return » dans une candeur blême nous ramène au jour verglacé, à la lumière blafarde, au levé d'un nouveau froid.
AR, c'est une collaboration entre Richard Skelton au violon et de sa compagne Autumn Richardson à la voix de sirène. « Wolf notes », est abrité très justement par les londonniens Type records, en 200 exemplaires. C'est un voyage rare vers le grand nord, sur des terres désertiques et celtiques, celles du nord-ouest de l'Angleterre, sur de longues nappes de violon répétitif et de voix féérique, une longue marche qui s'éteint vers le nord plus encore. Une grande solitude.
Une suite vient de paraître, « Succession », sur laquelle il reprennent là où « Wolf notes » s'était arrêtée, sur la dernière note mourante.
Il suffit de se plonger dans la pochette.





mardi 19 novembre 2013

Pink Floyd 70/71




JSF 7
mercredi 20 - TEEN TITAN
Un disque usé jusqu’à la corde étant ado!


Je crois que ça va faire un peu dinosaure, ne descendre qu'à la cave pour prendre son pieds. Ado, j'avais la faim au ventre, je voulais tous les disques et j'avais pas une tune. Nous n'avions pas non plus la toile inépuisable, opulente, facile et gloutonne. Je me souviens même avoir participé à un jeu minitel pour recevoir en cadeau l'intégral box vert foncé des Simon & Garfunkel.. je dis ça, je suis pas vieux, c'était en 1989.
Mais c'est pas d'un Paulo dont je vais vous parler (je parle de Simon, calmez-vous).. mais d'un double des Floyd qui a ravagé mes heures de révisions collégiennes, les mêmes heures à regarder l'horizon des champs avec en fond le clocher de Fontenay-sur-Eure.. tiens.. déjà un clocher et du son !!!

Le vinyle tournait et tournait, sans cesse, comme un cycle d'univers, un système rotatif avec un astre chaud au milieu, une aiguille sur les anneaux de Saturne.
Ces vinyles sont devenus des galettes de sarrasin, de la dentelle pétrole, un voile noir pour veuve.

Le saphir a labouré la cire noire et ma matière grise. Ça paraît con comme ça, on en parle, mais moins que le mur ou le prisme.. dans ma tète verte tilleul devenue vert bouteille, tout s'est englouti. Je ne sais même plus quand ?? bibliothèque, pote, achat...ouaih, achat je pense, au Rallye de la banlieue de Chartres.. 35 francs, 6 euros donc... avec en plus la pochette double qui ouvre l'oreille inondée.





Je parle de double album, car il est pour moi impossible de dissocier ces deux disques là. J'étais ici, au sommet de ce que représentait l'art musical. La pâmoison, le total, l'absolu.. d'ailleurs T, je te remercie sincèrement de me donner la force de faire un billet sur ces deux monuments. Sans toi, je ne me serais jamais réfugier derrière un thème pour aller vers l'oreille et la vache.



70/71, coincé entre deux BO, « More » et « Obscured by clouds ».. et coincé entre deux époques, Barrett et « Dark side »... c'est surement l'endroit idéal pour sucer la sève du Floyd sans préjugé, sans aller se réfugier dans la folie de Waters ou celle de Barrett.





« Abbey road » avait lancé l'idée.. une face chanson, l'autre prog/concept comme une révolution. Les faces épopées m'ont emmenées très loin, et même maintenant, je continue à planer dessus. Puis les chansons de l'autre face tellement évidentes, juste histoire de revenir dans le monde réel...un peu.
« Atom Heart Mother », et « Meddle » étaient mon ressac ado , mon sac à dos, la raison de vivre de mon grundig à saphir, l'air qui s'échappait de mes fenêtres ouvertes en permanence, ado, j'étais pas frileux.

Waters et Gilmour, on s'en fout, tout le monde les a embarqués vers The Wall et Dark side...
Là, c'est autre chose.
Tout me va, tout m'aillait.. les pochettes, le son, et une certaine idée de la musique, du voyage musical.
The Wall, Whish you et Dark side ont été réédité avec des brouettes de bonus en sus, j'ai pris, et j'aime..mais c'est deux là, reste sans ajout, sans fioriture aucune, nus, comme une pureté intouchable.

Puis y'a cette alignée de portraits que j'ai longtemps regardés pour essayer de comprendre le processus, la création, cet instant d'entre deux.. comme le Fleetwood de 70 à 74, ou Supertramp de 74 à 77... le Floyd 70/71 est une chose extraordinaire qui a plongé mon adolescence dans l'épicentre, le point G de mon affect musical.... ado.

La basse et les corbeaux d' « Echoes »... c'est la bande son exacte du paysage qui se déroulait devant moi, quand j'avais 15 ans dans la chambre du haut donnant sur les champs de Beauce. Puis des fois, c'était « If » en boucle.

Pink Floyd sur ces deux opus ci, atteint l'apogée de leur excursion prog entamée sur un morceau live « The man & the journey » joué dès 1969 ( et officialisé pendant le festival prog Bath), une suite basée sur d'anciens morceaux et créée de toute pièce sur scène, un extraordinaire éventail de textures sonores. Même Kubrick voulait utiliser des pièces de « Atom » pour « Orange mécanique ».

Il est aussi à noter, que sur « Echoes », le groupe inclut des parties chantées, absentes sur « Atom Heart mother » (qui devait au départ s’appeler « Amazing pudding »). Les concerts sans orchestre deviennent plus abordables, mais c'est aussi une marque de renoncement à la poésie progressive, et une lente prise de pouvoir de Waters alors que Gilmour travaille auprès de Syd Barrett pour ses albums solistes.

Après ces deux albums là, il y aura au sein du groupe plus de structure et de formalisation. L'aboutissement de cette phase extraordinaire sera gravé dans les arènes de Pompéi.

Après, c'est une autre histoire.



Bon, vous l'avez compris, ces deux albums là qui ne font qu'un, ont tourné et tourné, sur la platine, jusqu'à la corde. Dans mon walkman, j'ai déjeuné avec Alan maintes fois, et je continue à cuire des œufs au plat avec lui.


Pink Floyd 70/71 « Atom Heart Mother » / « Meddle »

label : harvest





Daho 2013


Pour se remettre de toutes les horreurs qu’on se gaufre depuis hier, à rebrousse poil, une pochette sublime pour un contenu qui ne l’est pas moins, le tout nouveau Daho. Du grand grand Daho.


Des chansons imparables, du groove, un orchestre, tempo rajeunis, pop-soul, une fraîcheur étonnante, fidèle à lui-même, entouré d’une pléthore d’invités, Etienne Daho signe un opus époustouflant de haute qualité, un album pour le corps… et quelle pochette.

Etienne Daho 2013 « Les chansons de l’innocence retrouvée » label : polydor

http://dahofficial.com/wordpress/








dimanche 17 novembre 2013

Creedence Clearwater Revival 70



 JSF 7 : lundi 18 novembre :
THE WEAR DON'T MAKE THE MONK!
Pochette hideuse mais disque génial.
 
L'embarras du choix pour cette entrée fulgurante dans la septième compagnie.

Y'avait bien le groupe post Jetrho Tull, Blodwyn Pig qui proposait des couvertures immondes fauve de cochon à lunette; les débuts de Smog.. lui n'a jamais été bon pour ça, pour preuve le greffier surexposé sur fond d'orage pas beau (« Knock Knock »); les pochettes du Pere Ubu; Faris Nourallah et ses dessins naïfs; le tout nouveau Islands... absolument ignoble a tel point qu'il en devient inécoutable; le premier album de Nick Cave, sublime, mais avec un cadre vert énorme; les pochettes d'Aphex Twin déguisé en fillette; Roger Waters et son autostoppeuse; Genesis 83 (« Mama »); et même le « Magical mystery tour »....
Bien sûr, je vous parle là des disques qui sont bons.


L'écart se creuse sur un opus important, à la pochette « n'importe quoi ».. hideuse et ridicule.

Un superbe album, terriblement historique et placé dans les devants des disques qui ont marqués l'histoire, le Creedence Clearwater Revival. 1970 « Cosmo's factory ».

Le Creedence, c'est 7 albums en 5 ans, 5 multi-platinés en 2 ans, un single toutes les 12 semaines, 3 albums en 69....

Avant, John Fogerty montait groupe sur groupe, une énergie folle, des riff rockab que son frère Tom récupère et renvoie. C'est une grève radiophonique qui permet au groupe de jouer « Susie Q » pour les grévistes, un buzz, et Creedence démarre comme une furie avec du Bayou brûlant dans les amplis. Fogerty, c'est l'urgence, c'est le 45T plutôt que le 33T, c'est le grondement, le feu, la montée fulgurante, et déjà en 70, après deux ans de marathon, « Cosmo's Factory » brûle tout sur son passage. Leur plus grand succès Lp.
Creedence 70, le bayou crade et blanc, mais avec Bo Diddley, Marvin Gaye et Little Richards dans les veines, des relectures terreuses. Loin des lévitations cosmiques des groupes d'époque, eux s'enlisent dans la tourbe et la terre grasse de blues bucheron.
En ouverture, « Ramble Tamble ».. 7 min de chaleur torride, l'impression qu'ils sont enragés. Une rage politique, une lave qui se répand sur la planète, ça tonne, c'est bon et juste, ça roule et ronronne, avec en plus l'idée de pouvoir danser dessus, tourner et gueuler à s'en foutre la tronche contre un lampadaire. Les vibrations sont lourdes, les coups de boules à porter d'arcades,
Sans déconner, elle est pas meilleurs la grappe de pinard comme ça (« I heard it through the grapevine»), avec ce gumbo la main au paquet, du gratte poil dans le calbute, de la lave dans les artères.... le space rock motown aurait pu naître de cette reprise.
Creedence, monte tellement haut, qu'ils vont chuter lourdement après « Mardi gras », deux ans plus tard.. s'écraser la gueule pour ne voir le jour qu'en 1985.. Fogerty ne s'en relèvera jamais.. le Wilson des terres grasses.

 
 
Sommet historique, disque sublime et bouillant, une brulure blues toxique en intraveineuse..ouaih mais voilà... le disque est enveloppé d'une pochette foirée. A peine croyable. Je suis un fétichiste du disque, une vilaine manie qui me fait renifler le livret, scruter la pochette, lire les crédits, je ne conçois la musique qu'en support Lp, avec tout ce qui va avec. Spectateur, auditeur, fan, amateur, passionné, dévoreur..de disques et avec en sus, le fait de ne pas concevoir la vie sans musique.

 
La pochette ici, ne m'aurait pas dérangée plus que ça, s'il y avait eu dedans, une grosse musique de daube incohérente et inhérente. La seule pochette maussade de leur discographie, collée sur leur plus grand succès. Pas un disque à punaiser sur le mur de sa chambre ou sur le mur historique des grands disques. Les mecs ont une pause de complaisance terrifiante, constipés les blues man, la moquette moumoutte rouge sent la vieille chaussette, ou le vestiaire de cycliste. Tiens, en parlant de vélo, y'a Francis Cabrel shooté qui pédale dans la s'moule et fait du sur-place avec un bidon blanc muni d'embout qu'on se demande bien ce qu'il y a dedans et où il va se le mettre. Rideau noir, poutre blanche merdeuse, tableau de composition maussade, je veux bien l'urgence, mais y'a des limites.
Ce recto ci n'est pas à l'image du son dedans, du volcan qui gronde... juste à la vue d'une telle pochette, j'ai envie d'écouter un best of des Charlots. J'adore les Charlots, mais c'est pas le son des Creedence, c'est pas la même histoire.
Un disque énorme, une pochette pourrave. J'ose à peine imaginer combien il existe de disque bien affligeants, avec en bonus, une pochette qui ne change rien à la médiocrité du contenu.

Creedence Clearwater Revival 1970 "Cosmo's factory" label : fantasy records





 
bonus en rafale
La pire pochette au monde, une nouveauté, Islands..pas pû écouter.









Barbara 67



La rose de Noël, belle dans son écrin blanc vient faire la nique aux roses et rouges qui ne peuvent survivre aux frimas. Discrète sous les feuilles bouteilles, son cœur à elle est tilleul, et viennent lécher la lèvre du pétale, juste histoire de dire que cette rose là est plus proche de l'herbe que ses sœurs reines ou princesses du ciel.
Le rose meure en vielle peau de cigale que les vanneaux chassent par leur pointillisme nuageux au dessus des champs retournés, des vagues faces au froid.
La blanche discrètement jaillie, avec sa tige pleine de taches de rousseur.
J'ai un figuier qui pousse plus que je ne l'espérais contre ma façade blanche, un parterre de roses de Noêl s'y abrite. Tous les deux resplendissent... du blanc.
La rose blanche sort des feuilles vert bouteilles, discrètement de la terre détrempée, celle qui s'endort après les vendanges. La lumière est courte, le soleil en peau de chagrin démissionne. La blanche nous éclaire de son tendre abat-jour de peau laiteuse.
 
Je ne sais pas pourquoi, dés que j'écoute Barbara, je pense à une rose blanche. La belle d'automne, celle que l'on cueille en hiver. La rose de Noël.



Barbara 1967 « Barbara »

samedi 16 novembre 2013

Alexis HK



« Le dernier présent » est pourtant sorti l'an passé, Alexis tourne et tournoie encore sur la platine, comme un album d'ici inéluctable et incontournable. Des mélodies entêtantes qui tanguent et dansent, tantôt électrique, tantôt acoustique, banjo, contrebasse, basse ou gratte.
Puis Alexis, c'est un langage, un flot, une idée de la droite qui l'agace, les rapaces de ce monde aussi.
 
Je me souviens de « Antihéros notoire » en 96, de la visibilité 2002 avec « Belle ville »..puis du reste..puis de cette soirée à l'Usine à Chapeau, où tout proche de lui, les mélancolies aux allures de crooner nous on embarquées dans son manège étourdissant à pleurer. Des âmes, des gens tourbillonnent autour d'anecdotes, de passé, comme des contes. D'ignobles nobles, des princesses de papier, des poètes, des empires, beaucoup de vie, de sentiments.
Les musiciens qui l'entourent sont si attachants, tellement bons, pantalon, veste, beaucoup de talent. Une classe. Une certaine époque nous envahi, une idée d'avant, une écriture très attachante, de la chaleur, on est bien au pieds d'Alexis et de son groupe. Mathieu Ballet, banane grisonante, autoharp, accordéon, clavier, costard à carreaux noir et blanc, lunette sombre et grosse bagouze.. il a produit cet album, ainsi que le précédent « Les affranchis », personnage charismatique et fantastique autour d'Alexi.

 
La dernière fois que je me suis trouvé devant une scène, c'était pour boire du cerveau les dernières chansons de Bertrand Belin. Ils sont bien les p'tits gars de chez nous, avec leur identité culturelle, leurs choses à raconter, les sentiments et les humeurs sur de belles mélodies.
Qu'il est bon de brancher son cerveau et son affect pour le poète, le chansonnier, le chanteur/auteur/compositeur, un art populaire qui plonge du côté mélancolique, politique, dans une belle marge où nous sommes de plus en plus à nous réunir en cachette... « on apprend pas à un porc de cesser de se gaver .. comme un porc»...des « petits coqs », minuscules, Nick, toute sorte de pourrissement lent où viennent picorer des « poules surfriquées »... des « Affranchis », des « Ronchonchons »...

 
Salle comble pour Alexis HK d'une petite ville de province, chaud bouillant, suffoquant de chaleur humaine. « Le dernier présent », le cinquième album d'Alexi HK qui compte parmi les grands disques et les grands artistes d'ici. Le ménestrel travaille libre et indépendant, créé au beau milieu des vignes nantaises.



Alexis HK 2012 « Le dernier présent » label : la familia




mercredi 13 novembre 2013

Jethro Tull 70




Mon job est basé sur le revivifiable, je n'avance qu'avec des cellules qui repartent sur l'agar nourricière. A peine posées dessus, elles refleurissent, rebourgeonnent et sporulent de plus belle. Une lampée d'eau, du malt, des sucres et le cycle redémarre, rajeunissant le matériel génétique.
C'est un peu le même processus qui crèche dans mon cerveau quand je mets un vieux disque sur la platine. Le rétro est revivifiable. « Benefit », dès la première note, déclenche, des sons, des souvenirs, une époque en remugles... des retours comme un cycle. L'effet est immédiat, une vieille cellule pleine de vie se pose sur la gélose de mon affect bulbeux, une note et tout se remet en route illico.
Je vous dis ça, car depuis quelques jours, le Jethro Tull 70 est en réedition Deluxe, hyper bien gonflé et revitaminé. 1970, troisième album, le blues pur s'éloigne, l'identité créatrice s'affirme, rock psyché, blues médiévale progressif. Les barbus sont en partance pour un « Aqualung » à venir, une autre carrière. En attendant, « Benefit » est un album secondaire de leur discographie, que j'aime tout particulièrement, un quatuor en évolution permanente. Des mélodies sont à se tordre : « To cry you a song », « A time for everything? », un ensemble assez sombre, une période intense avec des tronches déglinguées, et une grosse production de 45T qui offrent des bonus indispensables (« Sweet dream », « The witch's promise », « Teacher »..).
Le retro fait rage depuis quelques années, je n'échappe pas à quelques retours de vinyls ou K7 revivifiables... « Benefit » sur la platine est mon esprit refleurit de mille notes de flûte.


Jethro Tull 1970/2013 « Benefit » label : chrysalis

 
 


JSF 7


Jsf is back..le temps presse, les piles de disques s’entassent.. compte à rebours.. rendez-vous lundi prochain :D




http://le-club-des-mangeurs-de-disques.blogspot.fr/2013/10/grand-jeu-sans-frontieres-des-blogueurs.html



lundi 11 novembre 2013

Spencer Dickinson



J'ai surement négligé cet album à une époque, un moment où je croyais en voyant la pochette, qu'il s'agissait d'une bande son de western...ou de quelqu'un d'autre.
Il y a pourtant peu de chose à louper dans la discographie de Jon Spencer. Il se trouve ici, qu'il est associé aux deux frères Dicksinson, Luther et Cody, deux autres hors la loi au poils rugueux.

« (Chug chug) it's not ok » me tue.

« The man who lives for love » est un disque à placer dans les hauteurs des super bons disques de rock de tous les temps... aussi bon, même meilleur qu'un Stones, aussi jouissif qu'un Frank Black and the Catholics, des allures Iggy Pop, Hendrix.... du rock'n'roll lâché dans le garage, du rockabilly et du Boogie, du Blues abrasif, quelques ballades, du bon rock. Une tuerie même.
 

J'ai ignoré ce disque, je ne l'ai même pas reconnu dans les enceintes de mon disquaire qui le diffusait à fond, je connais pourtant ce son Jon Spencer blues explosion et de l'ACME.. rien, juste scotché sur place à ruminer.. « mais c'est quoi ça bordel ».
Ah ouaih, ok, tout me revient,.... autant pour moi, je suis out au blind test, je déconne à plein tube. Et pourtant c'est tellement évident.
 

Out, pas pour longtemps, comme punition à la lacune à remplir les latrines de mon inconséquence, je rentre avec ce disque et le passe en boucle avec le volume sonore nécessaire. Et je me flagelle des arrangements géniaux, des idées sonores live excitantes, du plaisir brut qui se dégage de ce set 19 tracks extraordinaire. Je me suis enduit du crade goudronneux et couvert des plumes de mon traversin pour ne plus dormir, traverser les ruelles de ma rue, devant les badauds baveux en bagnaude, et me suis vautrer dans un champs pour agoniser et pigner sur le blues 10min du final « I'm so alone ».

ps : il n'existe que deux albums sous ce nom associé. Des indispensables.


Spencer Dickinson 2006 « The man who lives for love » label : yep roc

 
 

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...