mardi 11 juin 2013

Bonnie "Prince" Billy 99



Grand Jeu Sans Frontières Des Blogueurs Mangeurs De Disques - Sixième Edition

Mercredi 12 juin :  «Black is beautiful »

Non, ce n'est pas le jeu de la pochette, on parle bien de l'artiste(s), de la musique, j'espère seulement que dans le contre pied, il n'y aura pas uniquement des admirateurs de Frank Black.

 
« Black is beautiful », j'avais l'embarras du choix, j'ai longuement hésité, plusieurs chroniques fleurissaient. La major Atlantic puise dans ses archives et ressort une flopée de rééditions soul/funk/jazz d'époque, des 70's. Au hasard « Let me in your life » d'Aretha 1974; « I had a love » de Ben E.King 1976; « Home style » de Brook Benton 1970 ou l'excellent « Headless heroes of the apocalypse » d'Eugene McDaniels 1971... difficile d'éliminer une de ces pépites de chocolat.

J'avais aussi Frank Black and the catholics, avec un album sublime qu'aurait pû sortir les Stones s'ils avaient été bons sur un album entier « Black letter days » 2002...THE DISC ROCK. Mais Sorg a prévenu pour Francis, et on va pas se fâcher avec ¼ de la planète. J'ai déjà reçu des menaces de rotule après Pets sounds, le disque le plus rigolo de l'histoire.

Bref, Black is beautiful, et je me pose inéluctablement sur Bonnie « Prince » Billy 1999, pour plusieurs raisons. « I see a darkness » est le disque qui me fit entrer dans le monde acoustique et lumineusement sombre de Will Oldham. Sa barbe n'avait pas encore couvert son collier, il sortait fraîchement de Palace Brother, Palace music, Palace song, Arise therefore etc... Un disque à foutre par terre, une marge qui happe comme un trou noir, de l'anti-folk, de l'antimatière qui concentre tout. Une pochette charbon, un désespoir sublime qui se dessine pour la musique.

Et puis une chanson sur laquelle on balance toute le venin de nos quotidiens, toute la hargne de vouloir gueuler quelque chose en sourdine. « Black »... « black is the colour ».
Le noir te rejette tout dans la gueule, le blanc te pompe et te suce la substance artistique. C'est l'inverse pour le spectateur. Le noir a toujours rejeté ma tourmente à la figure... depuis que je peins le blanc, tout part dedans, tout m'exorcise et m’apaise. Je vais finir par croire que le noir est mon ennemi.

Et pourtant Black is beautiful dans mon plafond, tout s'y assombrit, tout est désappointement et désillusion. La démission est un incendie qu'il faut sans cesse que j'arrose. On s'y fait, on vit avec et on oublie que c'est un état permanent. Alors je peins, j'écoute, je suis loin et regarde, je prends des disques par le plexus, le bulbe et la moelle. Mes esgourdes ne sont que les paraboles.

« I see a darkness » est arrivé alors que Bonnie « Prince » Billy naissait. Peut-être je n'aurai pas dû tomber sur un tel disque à cette époque là, cette année où des proches ont disparus (« Madeleine-mary..belle transition pour le thème précédent), là où l'histoire du « Royaume de Siam » s'écroule, et où je me retrouve tout seul devant mon chevalet. Et je me souviens d'un coup de fil, le dernier, pour me dire qu'il fallait que je continue, que je peigne, que ça devenait bon, mes ciels. Black is beautiful, jamais le noir n'a été aussi noir, et aussi beau toutes ces années à l'étaler. Maintenant je glisse doucement vers le blanc, j'ai appris à absorber l'obscurité.



Le reste de la carrière de Will Oldham pour moi est la continuité, du bonus. J'ai rarement été déçu par un de ses albums. Il surfe sur les critiques depuis quelques temps. J'ai rarement vu du noir aussi beau cette année là.



Bonnie « Prince » Billy 1999 « I see a darkness » label : palace records / domino







 

 


20 commentaires:

Sadaya a dit…

Ah j'en ai marre. Franchement. Tu pourrais pas écrire un texte bidon, juste une fois? Une connerie, une bafouille, juste pour qu'on se dise qu'il t'arrive aussi de cafouiller les mots?? ;)
Sonnent juste, très juste, encore une perle, merci Charlu.

Unknown a dit…

Un des rares que je n'ai pas...Chouette!

charlu a dit…

..je cafouille assez en comm :D

Il arrive le disque..in the box ce soir.

cabinoffear a dit…

Putain de disque noir! Jolie détournement de thème mon ami! Sublime!

Pascal GEORGES a dit…

brr, ton texte, super.
le choix aussi.
rien à ajouter, juste, pertinent, donne envie, etc...
sacrée présentation.

Sb a dit…

Très beau texte pour un très bon disque que je ne connaissais pas... double merci.

charlu a dit…

Eh merci les p'tits gars.. vous avez écoutez "Black" ??!! m'en remets pas moi :D

Everett W. Gilles a dit…

Hello.
Hé ben on arrive à se croiser de temps en temps...
J'avais posté ce disque pour le thème Beauté du Diable d'un jeu précédent et j'en suis toujours fan.
C'est vraiment celui que j'écoute le plus du bonhomme, il s'éparpille beaucoup et j'ai du mal à le suivre partout.
Thanx.
EWG

charlu a dit…

Oui il s'éparpille un peu, difficile à suivre même.. qq opus poignant, mais celui là reste collé à la platine depuis une douzaine d'années. Mais je pense qu'il a chopé une certaine liberté , un peu comme Neil Young.. au dessus de toute critique depuis.

Till a dit…

Charlu, je croyais que c'était toi qui l'avait posté sur un jeu précédent, mais Everett vient de me rafraichir la mémoire.

Oui il est très beau ce disque et noir colle bien à sa peau blanche. Et le Prince doit être bien contagieux parce qu'il a participé à un très beau disque de Scout Niblett, sombre et fragile.

Je ne connais pas bien toute la carrière de Will Oldham mais ce serait quand même plus simple s'il ne changeait pas de nom sans arrêt. Tu peux lui faire passer le message de ma part.

Anonyme a dit…

Comme Sadaya, en fait non, mon reproche diffère un peu, ton talent pour nous effrayer? La pochette, le disque ne suffisaient pas?? Hein? Hein?

La Rouge a dit…

Non mais tu veux nous tuer? Je vais poster ce soir. Pas le temps pour le moment. A+

Echiré79 a dit…

Ola Charlu, tu nous as écrit un bien beau billet au niveau de cet album génial qui fait partie de mes "disques de chevet"
Noir, poignant, désespéré et pourtant lumineux.

Sadaya a dit…

T'as raison, j'attend la fête de fin de jeu pour qu'il lance enfin des cotillons et des confettis...

charlu a dit…

mais arrêtez un peu !!! on a chacun une patine :D

Sad tu vas t'détendre sinon c'est la fessée :o..des confettis !!! :D

Oui je me souvenais qu'il était tombé..mais quand qui où ??

mercii

Sadaya a dit…

Eh oh chui détendue moi! Rouspéteur!

sorgual a dit…

Un disque de chevet ou un disque au chevet de suivant l'humeur, c'est un disque que je manipule avec parcimonie, il me demande l'effort immediat de l'écoute, il est lourd, il previent par sa pochette du contenu ... il est noir, très noir, si noir qu'il en devient utile, IL (majuscules car il devient une présence) est sur la palette comme si il t'appelait à n'utiliser que cette couleur. Un disque manipulateur qui me possède. Il est à la hauteur sensible de ton texte. On a tous cette curieuse attirance pour le noir de la lumière !

charlu a dit…

Oui Sorg.. très juste analyse... chacun son domaine, moi comme tant d'autre, ce sont des albums, de la musique. On s'en approprie qquns, ils tombent comme ça et son souvent très liés à une situation, une humeur, le contexte d'alors. Tu as raison "IL", et on se forge tous une religion quelle qu'il soit, un Wilson à qui l'on dit tout, on prend les disque et lorsque ce sont eux qui nous prennent, on ils deviennent indéboulonnables, un chevet, un totem.. un tatouage cérébral.
Je peins avec la musique..et de plus en plus, le son qui diffuse est blanc, complètement noyé de silence, minimal.. j'ai besoin de trouver la contraste exact, l'ambiance. Peu importe après ce qu'il sort du dessin. Des musique opaque allaient chercher au fond, la pulpe, pour en sortir des choses tourmentées . Je ne le savais pas au début, on ma l'a dit 1000 fois... Et depuis que j'ai trouvé mon endroit, mon but.. je ne me concentre que sur la palette et les sons. Une fois conscient du noir que j'ai purgé des années.. les instruments se diluent, s'espace et la résonnance apparait..le tube de blanc devient un support, même si la mélancolie est tjrs derrière.
Merci Sorg pour ces thèmes sentimentaux :D

Unknown a dit…

"Black is black, I want my baby back"! Beau détournement!

Francky 01 a dit…

Ah sacré Will Oldham, l'homme qui a redéfini et dépoussiéré les musiques trad' américaines dans les années 90's.
Tout d'abord la country avec son first LP (au titre à rallonge) sous le nom de Palace Brothers. Ensuite le folk avec ses autres "franchises" Palace...jusqu'à son changement de nom en 1999, Bonnie "Prince" Billy, où il injecte une bonne dose de noirceur quasi gothique à son folk en mode Indie.
"I See a Darkness" est un véritable chef d'œuvre et un de mes disques Folk-rock préférés, voir un des mes best LP des 90’s. Will Oldham, digne et (seul) fils spirituel de Neil Young ??? Vaste débat !!!
Merci pour ce post et ce rappel à ce disque essentiel.
A +

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