Gamin, j'étais subjugué par
l'astronomie et le cerveau accaparé par l'infiniment grand. Je
passais alors des heures la nuit à scruter la voute. De fil en
aiguille, le cartésien m'a lâché et la physique fait défaut. Mon
métier aujourd'hui, c'est l'infiniment petit, un signe moi qui ai le
vertige. Pourtant la hauteur existe toujours quand je suis collé à
l'objectif pour observer les canopées aspergillaires.
Quelle chevelure rasta-brune cet
aspergillus niger qui jaillit de l'agar-agar caramel. Une purée de
malt non fermenté fait bander et tanguer ses arbres virulents de
troncs fragiles et fins, et si les alvéoles pulmonaires se rebiffent
à leur contact, les yeux eux s'émerveillent comme s'ils étaient
collés au hublot d'un satellite géostationnaire, à regarder la
forêt amazonienne.
Touffe brune, mousse noire sur fond
crémeux de miel, une simple ecchymose d'orange fait naître un monde
végétal organisé sous la voute concave d'une lentille
microscopique.
Tout est rond, boucle, ellipse, rien ne
déroge aux cycles, à la biologie dictatoriale, le matériel
génétique s'envole dans le ciel et se noie dans le cytoplasme,
cellules ou grains de pollen. Nous tournons en rond et revenons sans
cesse au même endroit, quelque soit la fréquence. Les convections,
les saisons, les menstruations, la desquamation, la méiose,
circonvolution, quartier de lune, spermatogenèse.... et même si
nous fuyons le temps qui passe, l'horloge biologique est le seul chef
d'orchestre.
J'ai dans mes oreilles la bande son
d'un monde micrométrique, le film sonore des cycles biologiques à
balayage électronique, un monument bruitiste intracellulaire
immobile. Les cellules communiquent entre elles et s'il existait un
micro microscopique pour capter les textures, on entendrait ceci. Si
l'on sait écouter les étoiles, Eleh et son épopée sonore nous
plongent dans la communication trépidante des cellules
aspergillaires brunes. Nos oreilles transmettent à notre cerveau
l'insignifiance de nos yeux, l'aveugle réalité des mondes
parallèles. Boucles biologiques, pulsations, modulations, battement,
fréquences, membranes, périodes, drones et grouillements.. le son
du cosmos cytoplasmique.
Gamin j'avais la tète au dessus des
nuages, l'infini noir me happait. En grandissant, j'ai fait un voyage
immobile inversé, vers l'infini blanc du monde moléculaire, cet
autre univers galactique. Et s'il y avait une autre vie quelque part,
sur un astre atomique, sur un neutron astéroïde. Gamin … je n'ai
jamais eu les pieds sur terre, et j'ai surement dû me croiser quand
je suis allé des années lumières aux nanomètres. Je ne sais pas
quand. Eleh où s'éloigner de soi, collapsus immobile. La boite
crânienne est une capsule prête pour le décollage. La réalité
des choses n'est pas un mystère, le zéro de l'échelle est un point
de départ, nous sommes tous à la croisée de l'abysse et de
l'ordonnée, je me laisse décanter vers l'infiiment petit.
Eleh vient de regrouper dans un triple
album deluxe édité en 1000 exemplaires, un assemblage sonore, une
expansion de tonalités, une profonde synthèse, un travail
d'introspection sonore à la profondeur rarement atteinte. Un voyage
dans un monde parallèle que l'on définira selon son imagination.
Cette heure et demi peut rendre fou si l'on prend le temps de se
laisser pénétrer par u autre monde.
Eleh se ballade depuis 1998 de Touch à
Important, ses deux agences de voyages surréalistes.
Eleh 2013 « Retreat, return &
Repose » label : important.
http://importantrecords.com/imprec/imprec369
10 commentaires:
Je suis heureuse que tu partages cela, ça doit l'être, de cette façon, à ta façon. Magnifique Charlu.
T'es cooli :D.. attends d'écouter cette trilogie.. ça va p'ète pas l'faire ?? tu me diras.. ça charge.
MERCCII
Ben moi déjà si ça le fait avec les mots... ben... j'en demande pas plus. Je suis certaine que la musique va être ce que tu as décris. Merci Charlu. Joyeuses Pâques avec tes proches. xx
merci à toi pour le déclic niger :D
Vive les cloches (je dis ça pour moi ;DD)
Pas tout à fait hors sujet... Juste savoir si tu parles bien de ce truc là : http://marianoradio.bandcamp.com/album/eleh-retreat-return-repose-mix
J'en suis au 5 premières minutes le temps de te lire... et oui ça m'a l'air excellent merci
Oui, c'est exactement ça.. mais tu prends plus la box ??
Je pense que l'ajustement de cette bande son avec une image ou un scenario est une affaire très personnelle..et j'aimerais bien savoir ce que vous voyaez vous dans cette épopée sonore.. comme un jeu en fait. J'ai demandé aux miens ce qu'ils ressentaient. Ils sont plus infiniment petit que grand.
Mais je suis sur que ça va te plaire EsB :D
Tout d'abord Charlu, magnifique texte rempli de belles expressions. En écriture, j'aime bien le "style", les bons mots...Et je m'y retrouve un peu.
Tu y dis que ton "..métier aujourd'hui, c'est l'infiniment petit..." et "..Gamin j'avais la tète au dessus des nuages..".
Moi, mon métier c'est l'infiniment humain (je suis animateur socioculturel auprès de personnes âgées notamment démentes) et je dis souvent,lorsque j’interviens pour des formations, que l'animateur doit avoir les pieds sur terre (réalité) mais la tête dans les nuages (imagination) !!!
Enfin, je découvre réellement la musique de Eleh. Son travail sur la matière sonore, les textures, les durées, les ambiances et atmosphères est assez hallucinant. Merci encore du partage de cette triple réédition.
A + amigos !!!
Eh oui Franky, je connais ton job depuis qq années, je suis tjrs subjugué par l'empleur de tes propos et de tes billets.
J'imagine la réalité de tes obligations et le suréalisme de tes passions..des choses qui vont bien ensemble, des paramètres indispensables.
Aussi tu es dans mes tablettes depuis le début.. je te garde et tu viens avec nous pour le prochain grand jeu des blogueurs. On a besoin de toi .. tru as vu Toorsh avec ses pochette de poissons ?? j'ai pensé à toi.
A++ Franky...
Euh non j'prends plus la box... Je la réactiverais peut-être si je participe au prochain grand jeu (faudra pas le dire à ma femme c'est tout)
Une découverte, encore un truc qui t'envoi valdinguer pour un trip rude dans l'intérieur et les étoiles... Magnifique, dommage que l'objet soit si cher, triste réalité...
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