Mon dernier coup de cœur pour la Touraine remonte à Cavil. Un sommet de mélancolie qui tanguait dans un engourdissement folk évoqué ici. Un voyage vertical happant vers les fonds taupes « Laughing in the morning » sanguin et abyssal.
Cette fois-ci, on sort la tète de l'eau et on passe au dessus du niveau zéro pour décoller vers la légèreté pop. Et le voyage horizontal sur des paliers Beatles, ou Beach Boys commence. Moonjellies sort son premier album à travers une architecture simple et efficace piquée de quelques cuivres « meeting place », ou de violons « you don't have to », « stars above you ». Un piano McCartney vient semer le trouble dans le trio guitare/basse/batterie. Mélodies ciselées à bouffer des kilomètres de bitume proche du « Let go » des Nada Surf, voire des élans pop de Wilco. Une légèreté Crowded House donne un peu plus de hauteur. Les deux premiers ep tiennent leur promesses, « Inner anger, feather » qui sort le 10 octobre prochain surfe au dessus du niveau de la mer.
J'use souvent de comparatifs pour définir un album. Je trouve l'idée assez ciblée de positionner le plus possible la place d'un disque pour faire envie, pour aiguiller malgré la limite du processus.
Ceci dit, j'écoute « I'am » le nouvel album d'Aube L, et je suis en terre inconnue, territoire aveugle, j'avance à tâtons. Absolument unique, vierge de toute analogie. Cet îlot inexplicable diffuse des paysages vierges, une personnalité puissante. On écoute pas Aube, on la regarde s'épanouir, on contemple son lyrisme caverneux coincé entre un romantisme sombre et une poésie gothique. On la regarde, elle, hypnotisé. Cette petite planète, ce petit monde exclusif, c'est l'irréel de ses falaises qui pointe l'œil vers un world éthéré, une new wave vaporeuse. Une force contenu sourde et vacille sous des abysses fleuris, intemporels, médiévaux et futuristes. « I'am » prend aux tripes. L'architecture du concept est bâtie avec une cohérence généreuse, un concept, écho et tendresse claquent sous l'amplitude d'un timbre sculpté dans la pierre. Une petite pointe d'électro vient chatouiller les chœurs à l'intonation de tète, des cascades de piano. Une nouvelle fois complètement auto produit, Aube L lance à qui veut bien le chiper son troisième magnifique disque. Assise sur une marche live, offerte aux passants, elle décolle pour aller sur sa boule herbeuse hallucinée. La mélancolie n'a jamais été aussi humide.
Et voilà la marque du temps qui sonne à la porte. Cette touffe de pépinière qui jaunit, la même, à la même époque, au même endroit, comme cette pincée de sel sur des tempes, l'ombre de sa planète, son îlot est une silhouette, on ne sait si c'est l'automne ou le printemps, AubeL couvre toutes les époques, les saisons, tous les sentiments. Le temps passe et un album tombe. Elle offre généreusement, revendique et tient fort et haut « I am » avec la même puissance qu'auparavant, « Souls to the wind »... étendue dans l'herbe folle sous un ciel turquoise. Thalia Zedek, Elizabeth Anka Vajagic (je me peux pas m'empêcher).... sous d'autres lumières.
Merde, la cartouche a repris du poil de la bête. Quel sale réveil dominical cette détonation champêtre, ce champ de guerre. Coup de départ pour le carotène qui prépare son invasion mortifère.
Et je pense à tous ces levrauts dans mes phares, tous ces lapins fuyant l'enfer aveuglant.
Quelle cambrure, quelle nargue ce grand lièvre qui pointe le bout de ses esgourdes aujourd'hui, juste là pour braver le chasseur d'hier. Le bang bang bredouille, trop beau et trop futé, personne n'aura sa peau à ce robuste lièvre des Monts D'or. Approchez braconniers médiatiques, venez voir le grand lièvre fou dresser sa fourrure, vous poser un lapin. Roi des champs et des collines, le grand lièvre garde toujours des paysages incrustés dans son visage, l'amour, la mort dans ses moustaches. Et des ménageries toujours, sa jonchée d'animaux... le chien, le pingouin... le taureau et la taupe. Regardez les danser en fables grivoises et légères, défiant et crâneux.
« ma terre est nostalgique le ciel est boueux »..et il me faut de l'huile... « jamais l'âme ne rejoint le sang »...et je dérive à mordre l'utopie.. « le muscle noyé dans ta blancheur »..ma spatule sur du lin..... « je voudrais me perdre de vue »... et garder juste des couleurs... « me décaler d'un demi ton » « Tout au mystère de l'excès, seul au fond de cet enclos, on pense ca y est on y est , puis tout se couvre de bourgeons, la tendresse de la nuit, ferait notre architecture, suis-je ce lieu solitaire »....? « Ténèbres bleues, chanteur soudain, au fleuve oubli, quel est l'écho ?.. a mon épaule tout cesse d'être ».
Retour aux sources, à la campagne, guitare basse Jimenez et percu Reynaud...dominer la douceur de vivre..énamouré, languissant, totalement libre le grand lièvre...toujours.
Jean-Louis Murat 2011 « Grand lièvre » label : universal
Il va être difficile d'aborder ce disque là, les mots risquent d'être fades. On pourrait attaquer le sujet simplement, et l'annoncer comme le fameux album que l'on prend pour un séjour forcé sur une île déserte. Mais je prends rarement le bateau.. encore moins l'avion.
« Born into trouble as the sparks fly upward » est une histoire d'amour pas seulement musicale. Il épouse à merveille les vagues à l'âme qui me submergent comme des marées. La bande son parfaite de mes dérives. Urbain, cosmique, terreux, océanique.. mais surtout mélancolique à souhait, et l'on se sent embarquer dans une danse molle infernale, le cou étranglé par des solitudes. Cette solitude foutre qui nous fout dehors, et l'on prend la neige oblique dans les yeux brûlés par le froid en camouflet ocre pâle. La mornifle ravageuse, on porte toute la misère du monde, toute la beauté aussi. On perd les building, on avance dans l'irréel et l'albedo de béton n'est plus qu'un bouquet d'humus sur laquelle la neige ne tient plus. Et pourtant les violons pleurent encore et percent les entrailles. Ils dansent avec ce piano lancinant qui réchauffe par ses mots, cette boucle vers laquelle on se dirige, valse lumière de phare, les flocons en trois temps qui ne sont qu'une nébulosité de pollen fécondant une autre toile blanche, une autre feuille blanche. Les notes de piano qu'on finit par ne plus vouloir entendre tellement la marée de cordes sanglotent. Je connais pas plus beau que « sisters! Brothers! Small boats of fire are falling from the sky ».
Le post rock symphonique transporte comme jamais...allège et afflige. Transforme cette déflagration sentimentale en tremplin revanchard..offre et insuffle l'inspiration en bouche à bouche.... la souffrance, cette mère de création.. ces flèches que l'on prend dans le dos, nous ouvre vers un renouveau.... « Born into trouble... » aide à la résilience. La colère aussi, celle que les voix crient, qu'Efrim hurle quand les violons viennent combattre les riffs fous des guitares « take these hands and throw them in the river ». C'est sur « could've moved mountains » que l'on chute à terre avant de repartir. La contrebasse sonne comme dans une cathédrale, la neige capitonne les carrefours.
Et l'on change de fatigue tous les matins....comme un triomphe.
J'ai passé des heures entières à visser chaque bruit, chaque note au cœur de mon affect. Indélébile épidermique, j'ai cet oiseau qui ne vole pas incrusté sur la peau comme un stigmate. Indéboulonnables émotions.
Efrim a créé The Silver Mt Zion après la disparition de son chien, et alors que son groupe guitare (Godspeed) commençait à se noyer. Ce collectif reste le groupe phare de Constellation. Ils sont presque tous là. Leur musique déchainent les éléments naturels, mais aussi tous les sentiments. La quintessence , le grandiose de ce coin du monde où l'espace doit à coup sûr insuffler l'hyperdimension des artistes. La résonance des cordes, les tripes de l'archet, la puissance des remouds, l'élégance des mouvements, les larmes de beauté, la gravité des humeurs et la colère vrombissant les angoisses, le doute comme trophée. Je suis souvent sur une île déserte, « Born into trouble... » comme seul compagnon.
The Silver Mont Zion Memorial Orchestra & tra la la band 2001 « Born into trouble as the sparks fly upward » label : constellation www.cstrecords.com www.tra-la-la-band.com échelle de richter : 9 support cd après 1000 écoutes.
Je ne suis pas aguerri des Pixies. J'y suis venu en travelling arrière via l'escapade binomiale de Frank Black / Black Francis.
Sa carrière solo inégale éponge des tonnes de critiques passionnées ou acharnées. Prolixe en sortie de disques, je n'ai pas assez de recul approfondi pour porter un jugement de synthèse. Il n'empêche, je prends son cru 2002 avec un énorme plaisir intact depuis.
« Black letter days » est un gros disque de blues bourré de pépites, quasi live, mélodieux, pop rock avec une touche de cradoc grungy («l'énorme »1826 »)..qui vient dégueulasser juste ce qu'il faut pour que l'on oublie pas ses racines. Ça roule au dieselv (« end of miles »), ça sent bon la rage Neil Young (« black letter days »), le rocking chair JJ Cale (« how you went so far »), le songwriting Joseph Arthur (« the farewell bend »), le délire Lennon (« true blue »)....
Plus j'écoute cet indispensable, plus je me dis qu'il aurait pu être un disque des Stones s'ils avaient été ….meilleurs (« cold heart of stone » ou « sounthbound bevy »).
Frank Black and the Catholics 2002 « Black letter days » label : cooking vinyl www.cookingvinyl.com
Vous vous souvenez du zingue qui traverse mollement un gros nuage blanc dans une pub? Le morceau en question, c'est « asleep from day » de Chemical Brother, cette superbe construction bucolique et vaporeuse. C'est avec la même sensation ouatée que débute la nouvelle trouvaille de Bella Union. Lanterns on the lake pourrait s'apparenter plus généralement au monde éthérée de L'altra. Un autre duo fille/garçon avec une pop d'altitude, proche des cumulus, stickers chou-fleurs sur plafond cobalt intense.
Ceci dit, « Gracious tide, take me home » est un album neutre, sage et policé. Idéal pour revenir en douceur d'un voyage musical extrême en négatif. Bella Union ces derniers temps fait dans le crémeux et l'évanescent, arrangements amples et petits effets électro légers.
Lanterns of the lake 2011 « Gracious tide, take me home » label : bella union www.lanternsofthelake.com www.bellaunion.com échelle de richter : 5,9 support cd après 2 écoutes
Quand on aime : l'altra; the walkabouts, ai phoenix...
Voyage sonore dantesque hébergé chez les barrés Soleil Moon music. The Cutmen nous amène au cœur des machines d'une manufacture musicale qui gronde. Industriel, ce brûlot expérimental puise ses architectures chez Einsturzende Neubauten avec une pointe de folie Volcano the Bear. Des fracas robotiques, de vérins en surchauffe, plus rien n'arrète les machines. Collossale, flippant, puissant. The cutmen, c'est Z 'ev et l'on comprend mieux le vacarme. C'est aussi M, Stephen Flinn et Giles Leaman.
….. " a single 1 hour and 16 minutes long improvised piece ranging from free-form / non-music to harsh noise and drone, presented in it's original raw form, with no cdiis made to the waves of electronics, voice and saxophone wich were used to blindly craft an entity that existed in gradual flux, consisting of small scattered electroacoustic elements folding over on themselves until succumbling to a wa.I ofscathing yet harmoniuos sound, volatile ambiance spouting off jagged sharpnel....... "
Pas mieux que cette explication fournie avec le cd pour parler de ce disque ovni, absolument dépaysant, autre voyage coloré à l'envers.
Autre boite cartonnée kraft chez le label Ronda (Melmac, LuckyR, Sun Plexus..)
Post rock industriel, drone cataclysmique, le nouveau Melmac est foudroyant, flippant, à la limite du terrifiant. Musique assez indéfinissable en fait, le retour de Melmac se fait aussi au cœur des machines...des machines qui ont pris le pouvoir, des engins fous poussés par un grand vent intersidéral radioactif … et « le désert avance ». Plus aucun espoir, fracas post apocalyptique, histoire d'irradier le cerveau et d'aller puisé les couleurs en négatif.
A second language est un label précieux qui renferme une douzaine d'albums aux sublimes emballages. Klima l'année dernière, cachait dans son dépliant, un petit thaumatrope.
« Songbox » de Pete Ashor est proposé dans un boitier cartonné kraft. A chaque chanson de l'album, une carte postale de différents dessinateurs ou photographes, porte les paroles. Enfin, la version limitée à 300 exemplaires ajoute un cd bonus sur lequel des artistes viennent réinterpréter les chansons à leur sauce. (Piano magic; The raincoats, Pete Greenwood...).
La musique quant à elle, est une merveilleuse collection de chansons pop au charme imparable. Chaque morceau très british est un raffinement. Flute, clarinette, banjo, kazoo, harp.. viennent rajouter au délice. Et si je parle de Klima un peu plus haut, c'est qu'Angèle pose sa voix dans cette boite à trésors. La classe du son est en parti maîtrisée par le duo David Sheppard/Keiron Pheilan qui avaient sortis en 2002 un des plus grands disques instrumentaux ambiants, « O, little stars». Le tout engage dans le sens du poil, un certains romantisme anglais piqué de mélancolie pop. On y croise les mondes de Luke Haines, John Cunningham, Lloyd Cole avec une touche Herman Dune et de Lou Reed.
Heureuse surprise que cet objet, ce disque d'un artiste anglais rare. Ses deux premiers albums solo datent de 90 et 91.
Une âme figée par l'absence, des corps dans la glace, une expédition sonore en drone polaire, Elegi il y a quelques jours, Simon Fisher Turner vient en relais à Varde imposer le silence pour retracer à son tour la tragique aventure du capitaine Scott en Antartique.
Des étendues blanches, de l'or blanc en falaises séminales, un tracé, une inspiration crayeuse, mon village silencieusement gelé. Quelque part sur la planète, le blanc est signe de terreur.
Ces frimas lancinants et dilués lèchent en blizzard létal les quelques hommes qui s'aventurent. Des notes de piano ensevelies résonnent en givre calfeutré, comme chez Portrait of David. Les drones sont des spectres sonores continus délicieusement incorporés aux field recordings de l'expert Chris Watson invité ici. Des bouts de bandes de l'époque finement incrustées dans le paysage, comme des fantômes. Banjo, soprano, refuge brun, quarts rouillés accrochés burinés de café, ultime étape avant que la banquise engloutisse. Le son est sourd, comme brouillé par le froid ankylosé, la neige capitonnée, blanc cathodiques. Et puis les drones en vagues successives sur ce paysage vierge, matière sonore du vent, aquilon de gypse, tornade de marbre, légères brises de quartz...la bande son idéale, avec « Varde » d'Elegi, superbement emballée dans du calque blanc, comme un brouillard à la banquise sur la photo à l'intérieur.
M.Sweet revient très discrètement avec un album tout en nuance, enregistré seul chez lui. « bought myself a cat o'nine » entame les hostilités et on se dit qu'on va retrouver le minimalisme engourdissant et acoustique qui donne les couleurs de Boduf songs. Mais, dès « decapitation blues », l'électronique programmé apparaît laissant place à un final hard. Le fantôme d'Arab Strap vient hanter « absolutly null and utterly void ». La voix s'envole sur « i have decided to pass through matter » piquée une nouvelle fois par des effets électroniques barrés flirtant ainsi avec les ambiances de Sufjan Stevens. « we get on slowly » aux lourds rythmiques qui roulent des mécaniques propulse cette fois-ci vers les nappes troubles de Death inVegas au finish gothique. Enfin, « i am going away and i am never coming back » s'enfonce lentement vers The New Year, ce rock neurasthénique des frères Kadane.
Même si l'émotion épidermique des premiers albums n'est plus de mise, Boduf Songs, durcit, accélère, torture, muscle et branche les instruments pour un disque complexe, passionnant et toujours aussi sombre.
Elegi 2009 « Varde » label : miasmah Drone, bruits ambiants, des violons trainent leurs cordes au milieu de paysages blancs affublés d'un blizzard polaire. Une scie chante le froid qui mord, une contrebasse incarne l'oppression d'une solitude résignée. Le piano aussi est glacial, dramatique. Exploration musicale vers le grand nord.
Ryan Teague 2006 « Coins & crosses » label : type Néo-classique expérimental proche d'Arvo Part. Romantique, aérien, les plages violons embarquent très haut.
Ryan Teague pour la hauteur, Elegi pour la distance. Les deux disques que j'écoute le plus près du chevalet. Deux couleurs de pochette réunies chez Carl pour une inspiration d'huile.
Un anniversaire dans quelques heures... une bande son un peu spéciale, « le grand incendie »... mais surtout, « des armes ». Léo Ferré interprété par Noir Désir. Incommensurable. Le tube cathodique abasourdi en diabolique coïncidence. Et le vent à tout emporté, juste après. Le groupe et la poussière.
« des armes »... texte immense, interprétation époustouflante, jamais chantée par l'auteur, inédit récupéré pour « Des visages et des figures », sorti le 11 septembre 2001.
Les rebelles rempilent. Depuis un moment déjà. 95 environ. Toujours aussi affligeant depuis. J'ai eu l'occasion d 'écouter le dernier Red Hot, ou plutot d'entendre, et comble de l'aseptie, John Frusciante n'est plus de la partie.
Je me souviens de la période « fusion » où l'on rangeait Red hot à l'époque, mais aussi Rage against the machine. La fusion a disparu logiquement et l'âme du groupe aussi. A l'époque, chaque album des Red Hot apparaissaient avec plusieurs semaines de retard. Les contrats ont pris le dessus depuis qu'ils rempilent. J'ai écouté le nouvel album des Red Hot, juste un billet d'humeur, j'aime trop les albums de Frusciante, je déteste mettre de l'eau dans mon vin. Je retourne en 91 pour écraser ce que je viens d'entendre.
Daniel Burton aime les longs morceaux au jam gras et au riff lourd. « milking the moon » vient alourdir au beau milieu de « Night People », du même plomb que « land of pale saints » qui introduisait sur neuf minutes « Offshore », l'album 2006 des Early Day Miners. De ce nom de groupe, il ne reste que EDM et la formule est aussi allégée côté âme slow-core post-rock. Hébergé sur Talitres et secretly canadian, c'est le label du premier album Western vinyl qui accueille cette fois-ci l'excellent disque pop rock d'EDM. Beaucoup plus sexy, à l'image de la pochette, la couleur néanmoins, flirte toujours avec le rock des Black Mountain et la trempe de Black Heart Procession. Les guitares sont bonnes, la rythmique appuyée, l'esprit glamour. « how to fall » semble tirer sa torpeur de chez Windsor for the Derby. « bright angels » puise chez smog, et enfin, peut être mon morceau rock 2011, « terrestrial rooms » claque dur comme Black Heart Procession. Je suis friand de cette lourdeur de tempo qui pulse loin et ronge méchant. Il est question dans les chansons d'étudier les caractères, de la folie à l'isolation en passant par l'aliénation, l'ectasy et les trauma.
Burton, surement fatigué de l'injuste invisibilité de son groupe Early Day Miners, a pris de la hauteur sans se renier, en allégeant son escapade à initiales. Un bail que j'avais pas écouté un album rock aussi bon.
Je dépose sur la platine et laisse filer les pistes, les lâche en pâture aux oreilles de ma mi-liberty pour voir si. Si elle aime, elle qui prends au passage ce qui colle bien à son âme. Et si ça passe, elle le passe en boucle, se le rabâche, avec insistance, acharnement, si ça passe. Cueillette hypothétique, souvent je rate, j'observe et je range sans savoir pourquoi ça passe pas. Une autre fois, c'est dans le mille, je fais mouche. Elle attend après moi pour la nourriture, que des gens d'ici, que des chansons en français, sont influence à elle. Alors elle s'accapare, me chipe et le disque m'échappe. Wladimir Anselme, Fabien Martin, Vincent Baguian ne sont plus à moi.
Vincent Liben flotte encore dans le doute du déclic. En attendant il passe sur la platine et j'attends que ça morde, ou que ça glisse sur l'indifférence. Et moi j'aime bien Vincent Liben, superbe disque d'ici et je lis Yves Simon de la « Rumeurs » à travers ces chansons poétiques et fragiles. Et du Julien Baer aussi pour sa couleur pop 70's. Superbe première envolée solo pour cet échappé du groupe pop rock Mud Flow, étonnante reconversion.
Et puis il y a ce duo/tube qui passe sur les ondes en compagnie de Berry, un autre disque à elle.
Vincent Liben 2011 « Vincent Liben » label : play on / pias
www.myspace.com/libenmusic échelle de richter : 6,8 support cd après 2 écoutes quand on aime : yves simon, julien baer, alain souchon,
Un grand souffle d'éternelle jeunesse ébouriffe Stephen Malkmus depuis toujours, particularité qui fait aussi des ravages chez Sonic Youth. Des mines d'ado collent aux leaders. Stephen Malkmus, leader de Pavement, reformé l'année dernière, arbore avec ses Jicks un rock dégingandé, brinquebalant, écorché, bancal et policé de pop. Des airs de Blur, de Wilco, et même de Lou Reed trainent sur ce Lo-Fi rocailleux au chant claudicant.
Il y a de tout dans ce disque et on se balade à travers les divagations totalement libres pop rock de Malkmus bourré de défauts attachant.
Il n'y a pas que la jouvence des portraits et le son de la guitare, un autre point commun avec Thurston Moore: comme «Demolition thoughts» , « Mirror trafic » est géré par Beck.
Pavement, 89/99, et les Jicks accompagnent Malkmus depuis 2003 sur quatre albums, et ce n'est pas un hasard non plus s'il bosse au sein de Silver Jews.
Disque cool déglingué, super attractif, pour un dimanche en live, un jour qui flotte, lente remontée en surface le cortex flanqué de courbatures.
Il se passe quelque chose de bizarre en cette fatigue estivale, les chefs d'œuvre sourdent d 'une période latente où normalement rien ne perce pour cause d'exil annuel. Les nouveautés grondent et s'annoncent.. mais en attendant, il y a Other Lives.
Other Lives, autre épopée musicale qui va compter cette année. Pop sombre surdimensionnée, un western dramatique, romantique aussi, une bande son d'un cinéma baroque grandiose qui danse autour des sentiments et des sens.
Les idées d'orchestration sont à l'image du génie des mélodies. « as i lay my head down » et cette petite danse médiévale folle et orgueilleuse. Et à nouveau Flotation Toy Warning ou Mercury Rev en souvenir. Quelques larmes de Sébastien Schuller aussi (« for 12 » un sommet). Pour la forme, on est du côté de Fleet Foxes et Sigur Ros... mariage atypique superbement enlevé du solennel de David Eugene Edwards (« tamer animals »), et gravé du gris de Promise and the monster.
Un autre rêve étourdissant et spacieux. Deuxième album, confirmation luxuriante. Il faut croire que tout se joue maintenant pour les beaux paysages, à l'ombre média eux aussi en pause.
L'épique est de mise, l'envergure se déchaine, les mêmes que sur « Gentle spirit».
L'americana s'est rependu sur la planète comme un nuage country folk apportant la même lumière ensablée d'acoustique des grands espaces.
Nantes ne déroge pas à la pandémie. Le terreux rural des cinq cow-boy sonne ici avec un grand souffle de légèreté.
Rarement sombre, anachronique (ou plutôt intemporel), ce road country galope dans le bien être, les accords gambadent à travers les vallées claires, entre des collines celtiques.
Guitare/basse/batterie impeccablement dosées s'allient parfaitement au timbre vocal. La pedal steel, le violon et l'harmonica soulignent définitivement cette tendance d'americana ancestral, Lee Hazlewood, Neil Young, Jayhawks.. avec un entrain pop The Byrds.
Vent planétaire, comme vers la Scandinavie. Lee Hazlewood avait annoncé la couleur, « cowboy in sweden ». Véritable gémellité, ce deuxième album de Leo Seeger est aussi bon qu'un disque de Minor Majority déjà bien installé dans le circuit.
Balades en tiag avec Sammy Decoster, petits rodéos dans la grange de La maison tellier, Leo Seeger chante en anglais, comme les Frensh cowboy, des voisins de paliers. Les voisins de palier, comme My name is nobody , autres cow boy nantais flirtant sur les terres de Bonnie « Prince » Billy, dans l'écurie Collectif-effervescence.
Nantes, nouveau fief de l'americana, posé là, juste en face de l'Atlantique.
Leo Seeger 2011 « Words » label : autoproduit
www.leoseeger.com échelle de richter : 8
support : cd (merci à Danny le bassiste)
après 4 écoutes
quand on aime : minor majority, frensh cowboy; sammy decoster; la maison tellier, byrds, csn...
Deux sublimes chansons pour deux entités pop incontournables. Deux souvenirs adolescents.
D’un côté une pièce buzz des 70’s, avec le succès d’« Hotel california » des Eagles, de l’autre un groupe mythique australien qui arrive en fin de piste disco pour retrouver des compositions pop lâchées depuis « Main course »1975, qui annonçait l’ère disco et leur nouvelle orientation (« night in broadway », « jive talking », « wind of change »). Après l’immense succès de « Spirit having flow », un retour au calme propose un album de très haute qualité, pas racoleur, une pose pop juste avant la reprise des sons modernes dans les 80/90’s. La dernière piste de « Linving eyes » c’est « be who you are ». Comme « wasted taste » des Eagles, une longue intro philharmonique embarque, avant une superbe envolée pop à suivre.
« Spirit having flow » 1979, 30 millions de disques vendus, « Living eyes »1981, 750 000.. un break, un disque libre complètement Bee Gees, un des meilleurs à mes yeux (avec Odessa 69).