Transition idéale dans l'harmonie
d'une musique langoureuse, rock cette fois-ci, le nouvel album
d'Elbow est une valeur sûre, puissant et au tempo moelleux.
Il y a des groupes que l'on aime
suivre, après une compilation de raretés qui aurait pu faire figure
d'épilogue, le groupe épique de Manchester arrive ces jours-ci avec
« The take off and landing of everything ».
Tout comme Spain, Elbow est apparu en
2001 avec le superbe « Asleep in the back ». 2001 fut une
année discographique extraordinaire.
Sa voix est imparable, avec un voile
Peter Gabriel, le son est transporté de résonance, lumineux, « My
sad captains » morriconien, des espaces proches de Damien
Jurado, les mélodies et les idées de production d'une rare finesse
avec de légères touches électro.
Elbow est un groupe doué, malin qui
avance indubitablement sur une indéfectible carrière. La puissance
des cinq membres fidèles s'évapore dans des espaces pop de chœurs
et d'échos. Piano et guitares élargissent les dimensions, « Fly
boy blue/lunette » est une envolée homérique à la limite du
progressif.
Je pense à Doves, au Beta Band.. à
Peter Gabriel (« Charges » sublime).
Une totale réussite. Un disque
pop-rock qui devrait compter cette année, même si Elbow ne fait pas
parti des groupes que l'on brandit.
Elbow 2014 « The take off and
landing of everything » label : fiction records
Cool pop sirupeuse, langoureuse,
mielleuse, juste histoire d'emballer la soirée, de décrasser les
gaines, ramoner les conduits encrassés par des jours de suie,
chasser quelques nuages, ou plutôt les figer, les contempler en leur
trouvant des formes coquettes, deux albums d'obédience alanguie se
succèdent dans les enceintes, Spain et Barzin.
Deux beaux albums plein d'écho,
d'indolence, une berceuse pour les fatigues gluantes, du son et des
voix à foutre les carburateurs en vrac.
Spain, après l'épique « I
believe » en 2001 avait quasiment disparu. Depuis 2010, le
quatuor de Los Angeles sort un album par an. Ce cru 2014 ne déroge
pas au style liquoreux et à leurs pochettes recyclant les stars de X à la retraite.
Même zenitude pour Barzin, les
canadiens d'Ontario. Une discographie parsemée, cinq ans d'absence,
et ce retour suave, avant, c'était plus post-rock, Barzin se la joue
Spain. Je me souviens de leur premier album sorti par Pop lane en
2003, un petit bijou rare qui annonçait la couleur.
Sensuelle cool pop je vous dis, des
trucs à se faire souffler dans le gicleur, ou de faire péter un
slow mouillé. En attendant, Spain et Barzin tanguent sous des
lumières tamisées.
Spain 2014 « Sargent place »
label : glitterhouse
Barzin 2014 « To live alone in
that long summer » label : mono-82VNL
David Tibet côtoie les accords jazz,
Current 93 part dans les cabarets fantomatiques. La folie est
toujours sur ses cordes, « I am of all the field that fell »
est une troublante traversée d'une âme torturée sur des accords
jazz psychédéliques.
Son monde se dessine sur un piano
livide, des percussions malades et des guitares oppressantes. Son ami
Antony est à nouveau ici et donne une lueur d'espoir.
Current 93 est de retour, David Tibet
chante toujours avec ses yeux habités.
Current 93 2014 « I am of all the
field that fell » label : the spheres
Pour reprendre le court des
« nouveautés », je suis tombé sur une petite merveille
minimale qui trinque avec mes rêveries lusitaniennes. Les émotions
prennent le dessus sur le son, sa voix filtrée, peu importe la
langue, il chante en brésilien, anglais et français. La pochette
est blanche, la pureté d'un travail et d'un matériel d'écriture
élargi par sa vie planétaire, la pureté acoustique intime d'un
artiste des fonds de rades enfumés, un songwriting des arrières
courts avec des racines brouillées.
« Son nom » me planque
d'émotions...
« Fall asleep » et son
piano qui se meurt...
« Irene » typiquement une
ballade en accord du Brésil, saudade...
« Hourglass » nous rappelle
qu'à une époque, il a formé Litlle Joy avec un Strokes.
Cet ancien Los Hermanos sort un album
discret, puissant dans ses émotions et sa diversité, un petit bijou
intime, folklorique et mélancolique.
Le jazz pour moi a longtemps été
étranger et mon imperméabilité a fondu au fil des découvertes.
Depuis, j'avance surement vers le sûr, le grandiose.
Des terres inconnues se sont ouvertes
et je m'immisce. On ne m'invite plus, j'y vais et je prends.
Chaque opus jazz est un voyage, un
périple empirique et je ne sais pas où je vais, je fouine, creuse,
sort la truffe de mes labyrinthes et même si la terre est ronde, je
marcherais sur les lopins des trio, des quartets, des combo, des
solo, jusqu'à ce je sois fondu aux paysages.
ECM est mon agence de voyage, le chemin
qui amène aux sources, un guide. Cette auberge sait incorporer ce
qu'il faut de liberté pour me susurrer l'itinéraire.
C'est une nouvelle pièce du catalogue
qui allonge mes pas, un quartet autour du pianiste norvégien Tord
Gustavsen. Un sax, une basse et une batterie. Un voyage dominical
quasiment religieux. Assez classique dans la forme, cet album est une
introspection intime et profonde dans l'épopée jazz ambiant..
écoutez « Inside », tout est là, enfoui, reflété,
blanc et brillant.
C'est dimanche, je suis seul, dehors
les grêlons nous chantent que tout revit, j'écoute un disque de
jazz, « The Well », un voyage immobile qui me mène là
où je crois savoir aller.
Tord Gustavsen quartet 2012 « The
Well » label : ECM
"I
want to drive you through the night, down the hills."
Vous
mettez cet album dans l'autoradio et vous conduisez toute la nuit.
Pour aller où? Là n'est pas la question...
Quand tout le monde s'est tu, s'éteint
et qu'il ne reste que moi à fixer le bout de la route myope que la
pénombre rapproche de mes essieux, je sors mes galettes, des
berceuses pour les autres, du carburant pour moi, la seule façon de
rester éveillé.
Je m'injecte du son qui électrise mes
émotions, m'apaise et laisse court à ma solitude qui défile.
Je sais où je vais, pourtant à chaque
fois, j'imagine un autre itinéraire, je m'extasie de chaque paysage
qui se déposent sur l'écran noir qui dégringole devant moi.
Même si c'est le même, la lumière
n'est jamais la même.
Des croissants de lune qui chutent, des
orages lointains, des lumières de ville qui se dessinent, des
montagnes qui se devinent.
Du monde dans la carlingue, je deviens
seul et m'invite sur des voyages à réécrire les panneaux de
signalisation. Le nom des villes ou des planètes.
Je fais le plein d'Eno sans plomb et
mon habitacle s'allège, je ne sais plus si je roule, vole, flotte ou
tourne en géostationnaire.
Au petit matin, mes yeux sont
rassasiés, ravagés par ce long voyage perdu, comment peuvent-ils
savoir par où nous sommes passés, imaginer ce que j'ai vu, même si
nous sommes arrivés à destination ?
Les affects sont différents, les yeux
pas aux mêmes endroits, fermés ou pas. Mon épopée d'un voyage
semi-immobile, a été pour les passagers, un rêve, la pénétration
du subconscient et peut être ont ils rêvés ma réalité.
Je roule souvent la nuit, avec Brian
Eno. Dès qu'il fait jour, je m'écroule et pars dans un autre monde,
leur réalité.
Brian Eno 2010 « Small craft on a
milk sea » label : warp
Allez, un petit dernier pour la route,
je ne peux pas résister à l'envie de parler de ma vision des
coïncidences de ces deux pochettes là.
Des gangs qui montent, l'explosion
d'icônes comme la vitrine fulgurante de deux immenses groupes. Du
narcissisme, Jim et Iggy, le cerveau, la queue, symboles, ces deux
entités là s'écrivent avec deux « o » et un « the »,
The Stooges et The Doors écris en jaune, avec quatre tronches, à peu près à la même période, et
gamin, lors de mes premières visites dans les bibliothèques, je
confondais les deux albums... à cause des pochettes
similaires...puis pas que.
Une certaine force dans la musique, du
gros son d'un côté, des mots forts de l'autre. Sur scène, c'est la
même violence. C'est le début de quelque chose, un monde en
éruption. C'est leur premier album avec deux grosses locomotives aux
micros, des chefs de meutes, des entités extrêmement sexuelles.
Défonce, acides, deux disques drogués à mort, une noirceur totale
sans aucune limite terrestre, du rock schizo. Les américains ont
leurs groupes (enfin ;D), ils rockent comme personne.. et sont très
bons musiciens. Ce n'est qu'un début, leurs albums suivant seront
encore meilleurs.
Deux opus éponymes..et puis tiens, une
autre coïncidence, la major : Elektra.
Des similitudes pareilles ajoutées à
mon désordre visuel, je voyais les mêmes pochettes...elles se
ressemblent non ?
Deux pochettes
d'albums qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Coïncidence?...
Pour ce thème, on pouvait aller chez
Franky et faire ses emplettes de pochettes à coïncidences. Des
années que je visionne ses billets, je suis un fétichiste de
disques, j'aime les vinyles et les pochettes et son blog. Il s'agit
là, de l'interpeler, si cela est possible :D
D'un côté, il y a Frank Zappa, avec
un Lp rare, une compilation italienne de 1997 chez Del-Fi, de
l'autre, Tim Rose est son vinyle authentique de 1970 sorti chez
capitol.
Et puis il y a Lou Reed qui a dit un
jour : « Andy a créé l'art multimédia à New York. Tout le
visage de la vile s'en trouva modifié. Après plus rien ne fut
pareil ».
Deux mondes différents, deux disques
très rares, une coïncidence historique vient percuter ces deux
albums, Andy Warhol.
« Que se produit-il lorsque le
pap du pop art entre dans la pop music ? : l'album le plus
underground ! C'était le nouveau trip d'Andy Warhol sur la scène
souterraine ».
Traitement de couleur, damier,
sérigraphies et portraits colorisés, une banane comme tremplin,
John Cale, les Stones et Joe Dalessandro... concepteur de pochettes.
« Attention, collectionner les
disques, ce n'est pas comme collectionner les timbres, les
sous-verres de bière ou les dès anciens. Il y a tout un monde la
dedans, plus doux, plus sale, plus violent, plus paisible, plus
coloré, plus sexy, plus cruel, plaus aimant que ce monde où je vis.
Il y a de l'histoire, de la géographie, de la poésie et mille
autres choses que j'aurais dû apprendre à l'école, même de la
musique ». (Nick Hornby).
Frank Zappa 1997 « How's your
bird » label : del-fi
Tim Rose 1970 « Love a kind of
hate story » label : capitol
Un petit bonus..c'est tellement joli.
Pas de coïncidence cette fois-ci, sauf l'année peut être, 1964.
Deux pochettes d'époque qui se ressemblent..dans les grandes lignes.
Yarbirds 1964 «Five live »
label : columbia
Animals 1964 « House of the
rising sun » label : MGM
Le disque qui vous donne envie de jouer des hanches... et pas pour danser...
S'immiscer dans la mélancolie, deviner la faille et s'engouffrer. Juste un voile de tristesse sur une barque mollement chaloupée, un terrain propice pour les vieux marins, les pirates, des pilleurs profiteurs de dérives. L'affaiblissement du socle comme un sable mouvant est une ouverture suffocante, à travers laquelle toute la tendresse s'y déverse.
Ce disque est le chef d'œuvre de la soul mélancolique, les larmes, ce sont avant tout des sécrétions, femme sous la fontaine, quand les écluses menacent et que l'on est à deux doigts de se noyer, la regarder se perdre comme on reste figé et foudroyé devant la « Dancing girl », sentir le feu monter aux tempes, la glande sudoripare faire son effet et avancer, bondir et jaillir, caracoler, danser et chevaucher..redonner aux larmes la raison d'un être assoiffé. Vampire de mélancolie.
Son cœur était triste, la soul mélancolique, à poil sur un vieux fauteuil usé, elle fumait mais ne pleurait pas, ses larmes ont coulé sur moi, j'ai fait naufrage en elle.
« What color is love », je suis reparti avec sa mélancolie.
Terry Callier 1972 « What color is love » label : cadet records
"There's
no future, no future, no future for you!"
Le disque
que vous écoutez quand tout semble sans issues, histoire de se
rouler dans le désespoir...
Ferré est un refuge, un recours ultime
quand rien n'y fait et que l'on traine sa tronche de clébard
jusqu'au prochain jour.
Plutôt que de hurler à la mort, je
ravale ma noirceur et je m'en vais communier avec lui, histoire de me
sentir moins seul, d'aller chercher le palier pour y flotter et
laisser le désespoir sourd se balader sur ses mots sa voix et sa
musique. T'es pas seul me dit-il, ça arrive, ça ira mieux..laisse
couler et vient avec moi, écoute ça.
Mettre un disque de Ferré plutôt que
de déteindre sur les autres. Quand chez moi un Ferré chante, c'est
le drapeau rouge qui est hissé, interdiction de venir se baigner
dans mon cerveau, laisser juste les regards me dire « tiens,
t'es pas au top ». De toute façon y'a rien à faire, attendre
que le vent faiblisse, que le ressac devienne huile.
Ferré a ses époques, il y a avant et
après 68, Madeleine, il y a Odeon, Barclay, puis les opéras, la fin
discographique philharmonique..
Moi, le cœur de Ferré, c'est ce faux
double album « Amour anarchie » que rien ne peut
ébranler. Le sommet, mes creux des vagues à l'âme.
Alors quand j'ai la gueule en biais, et
les idées en cul-de-sac, je mets un Ferré, souvent ces deux là, ça
me parle, et je me vautre dans mon jus. C'est un vieux compagnon de route, j'aime bien venir faire la gueule avec lui.
Pour le coup, un billet bonus se place
ici pour les deux premiers thèmes. Le grand retour de Mike Oldfield
arrive avec un gros gros son ampoulé ? trop ? Surement,
beaucoup vont le trouver gavé, grandiloquent, voire indigeste.
Pourtant ça fonctionne, la puissance du son embarque bien les
mélodies typiquement Oldfield. C’est un retour en chansons, il
réitère son « Earth moving » 1989 et rompt enfin avec
ses travaux Tubular qui peuvent lasser (un peu comme « The
Wall » de Waters). Pas de plage instrumentale, et il est fort à
parier qu’il va y avoir des tubes en puissance. « Sailing »
est une hyper ballade ultra légère à fredonner pour l’arrivée
du printemps, voire de l’été.
Mike Oldfield s’est trouvé une
nouvelle voix, celle de Luke Spiller, puissante, trop ? il aime
les grosses voix. Luke en fait beaucoup, une grande puissance pop qui
se marie bien avec le son costaud et maîtrisé.
Son dernier album « Music of the
sphere » date de 2008, petit retour de l’artiste, mais grand
retour des chansons.
Trop aussi dans la conception, le
disque sort directement en version Deluxe, 3CD, la version
instrumentale et un disque de démos. Ça fait trop ? sauf quand on
aime son travail et sa façon de construire des mélodies qui font
mouche. Des accords mineurs que j'adore, comme ceux de REM, avec le
même esprit celtique. J’adore son travail et cette apparition est
une belle surprise avec un son de grande envergure, easy, frais, et
beau.
Mike Oldfield est de retour, il va y
avoir des grincements de dents tellement c'est trop... bon, j’écoute
le disque en boucle, il est contagieux, un grand disque de chansons
du Tubular man.
Trop le retour :D
Mike Oldfield 2014 « Man on the
rocks » label : mercury
Un
disque beaucoup trop compliqué, indigeste, ampoulé; il y a un peu
trop de tout partout, mais... c'est pour cela que vous l'aimez...
La doublette épique « Tugs of
war » et « Pipe of peace » a placé Paulo sur un
nouveau sommet de carrière. Puis trois ans sans album (outre la
parenthèse « Give my regards to Broadstreet »), c'est
pas courant chez lui, l'absence sur scène non plus, cinq sans
publique, et ce retour catastrophique cette année là, au Live AID.
Nous sommes en 1985 et Paul McCartney
sort un album, le plus indigeste pour les médias, les fans et les
ventes..pourtant.....
Beaucoup trop de choses vont faire de
cet opus un objet que tout le monde va très vite oublier.
Trop d'effets, Paul se veut moderne et
s'attèle à user des technologies sonores d'alors. Toutes les
nouveautés de programmations y passent, les ordi, et il prend les
80's en pleine tète. Le son n'est pas le sien, Paul a le désir de
renouvellement, trop. Sur « Press to play », il travaille
pour la première fois avec Eric Stewart (Ten CC) vite remplacé par
Hugh Padgham aux manettes. Il y a un batteur ultra moderne aussi Jerry Marotta.
Sur « Talk more talk », sublime chanson expérimentale,
il réunit même Phil Collins et Peter Townshend.. Il y a presque
trop de monde dans le crédit.
L'album est trop high-tech, beaucoup
trop compliqué pour la planète qui glisse sur le vinyl à la
pochette trop décalée. Trop vieillotte, sépia, fleur-bleue quand
on connait le contenu. Paul en fait beaucoup et ne décollera pas de
la 21 ème place des charts, échec cuisant.
« Pretty little head » est
une chanson single méconnaissable, vouant à l'échec tout non
initié s'adonnant à un blind test. Trop expérimentale, trop 80's,
les américains n'en voudront pas, ils sortiront à la place
« Stranglehod », premier morceau de l'album.
Alors, pour redresser la barre et
corriger, il sort en fin d'année un ultime espoir, « Only love
remains », morceau typiquement Macca. Tony Visconti arrange les
cordes, c'est un pur bijou, mais il est bien trop tard.
Trop de choses pour le pire, et pour
mon meilleur. Même si je pense que ce n'est pas l'album à proposer
pour faire découvrir Paul McCartney, (peut -on encore le faire
découvrir ?), « Press to play » est un grand disque
mésestimé, bourré d'idées, intelligent, extrêmement créatif. Le
matériel d'écriture est là, et malgré l'époque et l'opulence des
programmations, je trouve qu'il se dépatouille assez bien de la
technologie, de sa faim et de sa curiosité.
Aucune de ses chansons ne sera reprises
sur scène (sauf "Only love remains" lors d'un festival), Paul est fâché. Et il faudra même attendre 1989 pour
voire naître le sublime « Flowers in the dirt »..le
retour auprès d'Elvis Costello.
Écoutez la perfection sonore et le
chant de Paul sur « Angry ».
J'aime particulièrement ce disque un
peu too much partout, une maladresse ? Surement pas, faut pas oublier
que nous sommes au beau milieu des 80's, et que tout sombre, Paul
ultra-moderne, boudé, s'en tire très bien.
Je vous assure qu'il m'en coûte de
vous avouer cela, mais en bonus de cette première journée, je vous
propose le « retour » pour le pire. J'ai vécu il y a
quelques semaines, la réapparition de Barclay James Harvest version
John Lees.
J'ai aussi appris que le batteur Mel
Pritchard était mort en 2004 d'une crise cardiaque et Wolly
Wolstenshome, le fameux clavier du groupe s'était suicidé en 2010,
c'est la fête. Pour moi, le dernier album en date, c'est « Rivers
of dreams » en 97, et encore. Après, c'est la tangente, la
séparation, John Lees's BJH, ou Les Holroyd's BJH.. avec les logo
qui vont avec.
2013, c'est John Lees qui prend le
crachoir, « North » que j'ai failli mettre pour le thème
de T « disque du nord » au dernier jeu..mais j'ai pas pu,
trop mauvais. En sus du disque studio, un live bonus tout aussi
affligeant, ils n'y sont plus, poussifs et grabataires. Et je vous
jure qu'il faut m'en mettre dans les rotules pour dire du mal de BJH.
Même les photos du livret sont effrayantes.
Ce live bonus enregistré à Buxton
Opera House est le coup fatal, même si « Ursula », un
vieux vieux titre, est présent dès l'entrée, y'en a un qui chante,
je sais pas qui c'est, mais c'est comme Mark Hart qui remplace Roger
Hodgson. Puis y'a pas d'orchestre pour une salle d'opéra, juste un
synthé qui ne respire plus...tout pourri. Les standards sont massacrés.
Bref, le Barclay James Harvest est de
retour et tout se déroule sous les meilleurs hospices.
J'aime le BJH, aussi, pour redresser la
barre et pour parer aux vannes qui vont fuser, je vous propose THE
live 74, juste pour vous faire une idée de ce qu'était le groupe à
l'époque, la substance. Le live 74, je viens de le trouver d'occas,
comme pour me dire d'oublier « North ». C'est la chose à
écouter pour se faire une idée.. celui-là et le « Live
tapes » 77.
Barclay James Harvest 2013 « North »
label : esoteric
Le
disque du retour, pour le meilleur ou pour le pire, à vous de choisir...
Pour annoncer le « retour »
de Beck et Notwist, je parlais du relatif délai de parution des
nouveaux albums des artistes d'aujourd'hui. Un retour ? En sachant
que la fréquence des sorties s'est élargie, 5, 6 ou 10 ans ? Bill Fay ? Ed Askew ?...
David Bowie en 2013 est réellement
revenu, après un break de 10 ans dû à des problèmes de santé.
Bowie pour le meilleur ou pour le pire ?.. rien de tout ça, un
retour c'est tout. Un bon disque quoiqu'on en dise.
Gil Scott-Heron, c'est une décennie,
70/80.. (même si « Winter in america summer in europe »
est venu rompre le silence en 2004), « I'm new here » est
LE retour en puissance qui a ébranlé la planète. A tel point que
ce disque rejoint le mythe de sa production 70's, et s'immisce au
beau milieu de ces meilleurs albums. « I'm new here » est
une torpille, un vrai retour pour le meilleur, juste pour témoigner du
pire de sa vie. L'ultime point final avec Jamie XX n'y changera
rien.. « I'm new here » (j'insiste) 2010 est un véritable retour.
Chamboulé, je devais le retrouver
synthétisé sur la boite , la compile 2012 « The revolution
begins »... tout s'amoncèle, tout s'entasse, et je reviens
sans cesse sur cet objet 2010, le retour colossal et puissant de Gil
Scott-Heron dans les bacs.
J'écoute tellement Bowie au quotidien,
que son retour semble « normal », camouflé. Je n'ai
jamais osé parler de « The next day », c'est pourtant le
come-back sans ébranler, neutre, réglo.
Gil Scott-Heron 2010 est surement la
grande renaissance improbable, inattendue, violente, la vraie
substance.
Depuis j'écoute en boucle le coffret
"Flying Dutchman masters" cette boite 2012 qui me transperce les flans,
ses albums 70's parsemés dans mon ordi et ce retour
2010, comme on observe une éclipse chaque nouvelle décennie.
« Me and the devil »....et
je regarde en boucle « Au bout du conte », j'entends cet
air, ce retour ultime est devenu la dernière pièce d'un édifice
que nous regardons depuis avec une révolution de larmes et
d'incertitudes.
Gil Scott Heron 2010 « I'm new
here » label : XL recordings
Complètement éclipsé par les
apparitions premières des Cash et des Sex Pistols, cet opus 77 de
Ian Dury n'est pas l'étendard générationnel que l'on brandit
immédiatement. Estampillé British, un vrai, un dur, il a quand même
35 ans quand sort ce petit bijou, et la différence avec ses
compatriotes punk, est que « New boots and panties !! »
est aussi teinté de jazz, soul, funk, blues, rockabilly même si
l'album monte en puissance destroy. Dury est de Londres, plus
précisément de l'est, la classe ouvrière, et la tendance argotique
Cockney se sent à travers le disque qui ne faibli jamais, et qui
annonce même la New Wave à venir.
Quelques semaines avant ce 33T, Dury
sort son 45 T catalyseur « Sex and drugs and rock'n'roll »,
immédiatement interdit sur la BBC. Sommet de carrière pour ce pur
anglais aux Doc Martens. Et puis, y'a surtout cette sensation d'une
particularité, d'écouter un disque à part, un son extra (on est
pas encore dans les 80's), qui en fait un objet récurent, celui
d'une époque naissante que j'écoute le plus.
Incontournable.
Pour l'anecdote, sur la pochette, le
bambin à côté de lui, c'est son fils Baxter.
Ian Dury 1977 « New boots and
panties !! » label : stiff
Transition idéale, juste après
l'Otto, un néo-classique un peu plus expérimental, celui d'Hauschka
et sa nouvelle vision cinématographique musicale. C'est un travail
pointilleux, précis, sa vision d'une longue avancée à travers une
cité abandonnée, c'est moderne, comme un ballet syncopé d'une
introspection dans les ruines urbaines. C'est progressif, la BO d'une
épopée entre des murs délabrés, il embarque, à vous de choisir
votre ville dévastée. Les gravas n'ont jamais été aussi beaux.
Il sort bientôt, il sera le prochain
rangé, après l'Otto.
A refaire les choses, je rangerais mes
disques par ordre d'apparition dans ma vie, juste histoire d'observer
les vagues et de jouir du chemin. Là, je pourrais y accoler mes
sentiments, mes nostalgies, mes étapes et découvrir le fil de ma
lente construction.. des vagues.
A l'inverse, je m'échine à classer,
regrouper par label, géographie, artistes et je passe des nuits
blanches à retracer, refaire le trajet des émotions et des
tendances.
Phases, constances, sinusoïdales, la
ola des étagères ou la régularité d'un style viscéral,
résurrections.. Peut être aurait-il fallu que je les amasse
ainsi...puis surtout y voir mes rencontres, les influences
indéniables, les histoires secrètes, ma vie à moi.
Je brouille les pistes, je deviens le
mythomane de mes connections, je brasse ma chronologie. Je voudrais
gérer et finalement je ne tourne pas rond. J'organise.
Je vais sûrement placer cet album tout
près de Nils Frahm, erased tapes donc, ou réserver un endroit
« sonic pieces » qui commence à grossir, le rapprocher
du néoclassique des pianistes habités par la lumière blanche.
L'émotion est telle à l'écoute de cette moitié de Deaf Center que
je voudrais le mettre là devant vous, pour dire que le dernier
disque acheter est celui-ci, qu'il passe depuis des jours, ce piano
noyé de silence, ces souffles de cordes tapées, ce blanc susurrant
la note, ce classique, néo classique, ce ciel, cette biologie
musicale, la mer.
« Pinô » est un point
unique sur un moment à moi, c'est un album tellement important que
je me perds à vouloir le ranger. Par ordre d'apparition, il serait
là, devant vous, juste ici, à suffoquer devant cet art d'intimité
hyper dimensionnée.
Rhoo, les bourgeons explosent les
branches, ça sent la terre qui reprend ses droits, le terreau exalte
et j'y plonge mes doigts comme on malaxe un corps meurtri par
l'hiver. Le mois de Mars est ici, tout va avec, c'est le cerveau qui
jute la sève, il fallait un album pour fêter cela.
Je l'ai trouvé, je le connais, il
s'est développé, étoffé, sa country s'est badinée de blues, de
pop même. J'écoute le nouvel et troisième album de Doug Paisley,
le canadien. Toujours chez No-Quarter records, il offre la lumière,
une douce chaleur de printemps, un disque qui fait renaitre la terre
et le chant des oiseaux. Il y a un orgue, des ondes désuettes, une
batterie sèche 70's, beaucoup de guitares.. un chant à la Dylan,
Cash, Hellberg, Christofersen..que du folk.
Même s'il y a quelques poussées rock,
« Where the light takes you » s'achève comme « Let
it grow » de Clapton, l'esprit rocking-chair de « Strong
feelings » est une bouffée d'oxygène, d'air tiède chargé de
parfum, des senteurs de dehors, je remets mes croquenots crotteux et
j'y retourne, avec les airs de Doug Paisley dans le pif.