J'arrive et
m'assois sur mon galopin XXL, j'ai le pas ankylosé, une envie de
brèves grasses de zinc crade, de mots qui dégoulinent. Le tabouret
migraineux me faisait de l'œil, somnambule à baver la pompe à
mousses. J'ai la cogite ourlée, la gorge qui descend des Monts d’Or.
La musique de fond n'est pas adéquat, allergisante, comme ma
respiration, cette ruelle de neige fondue. Le barman n'est pas un
mélomane des comptoirs, ni un fan de Tarantino, quel idiot de ne pas
trouver la bande-son de ses fûts. Enrhumé de la tourbe, ignare de
l'accordéon, peigne-cul de l'âme celte. Le son chaud des cuves de
cuivre en ébullition aurait dû injecter.
Je reste quand même et je me dis que
si j'avais un rade comme celui-là, j'y accrocherais mes toiles,
celles qui ne sont pas encore faites. Ce vieil homme fidèle près du
tiroir caisse prend une Carolus brune avant la pinte de Bittburger,
comme pour se rincer, se laver avant de rentrer, effacer la moindre
trace de plaisir. Nom d'un chien la pluie accélère les pas des
passants, et ces deux ados qui combinent le vide de leurs mots avec
le haut brouhaha qui bourdonne. J'aime plus que tout les averses, les
refuges, la pause. Même les fleurs se ferment sous la pluie.
« Combien de roses avortent avant d'avoir parfumé » ?
Merde, ils disent tous que c'est
bientôt la fin du bal, on n’est pas encore le 21. Et puis j'ai pas
fini mon bock, y’a pas la presse, y'a pas eu le temps que tu me
donnes des nouvelles de moi.
Le drone de bistrot capitonne et les
verres accrochés en haut du zinc me regardent avec leurs petits yeux
de chauve-souris. La lumière plonge, et le plongeur me scrute comme
si j'étais un chevalier moderne dégringolant de la Gaieté. Il voit
mes paupières orties, mes inondations de silice, la mansuétude de
mes mansardes crâniennes.
Ma tulipe Duvel garde la trace des
strates de mousse, comme les rondins de troncs, chaque année bue est
un cercle d'une gorgée affichée. Galbe de verre à la gorge
d'écume, la marée est basse et je suis assoiffé de peau, de
marécages, de cœur trempé et de toison pataquès.
Marcel Kanche, Philippe Léotard ou
Allain Leprest, random de ma pochette à CD, seul je me manque. Ces
mecs sont là pour me rappeler à moi. La solitude rend égoïste.
Juste en face, les chambres de l’hôtel
vacillent, des corps dansent au dessus d’un lavabo, il pleut et
c’est le commerce de l’eau. La vitre embuée et codée dévoile
la besogne putassassière, et l’anthracite toxique s’empare des
âmes. Des remugles de pissotières jaillissent des fournaises. Je
lape ma dernière lampée de levure houblonnée, j’ai un point
rouge sur le fond de l’œil, une lumière qui clignote, je suis sur
la réserve..il faut que je rentre.
11 commentaires:
Magnifique texte Charlu.
Poignant à souhait comme ceux de Leprest, Kanche ou Léotard.
Aprés ne reste que le grand silence du village enneigé.....et l'amitié par dessus tout.
Ech'
Bordel...
Zut, La Rouge a raison.
Le Spleen des romans de Simenon.
M'ont mis un sacré coup derrière la tète les gars d'en bas !! c'est pas la farandole, mais j'en avais besoin :D Comme un reset..et puis bim, je me sens bien dans mon horizon, comme un retour au pays, j'ai pris un pieds terribles...gonflé à bloc, spleeneux, neigeux... arrff je suis bien au pieds de moa tour... je vivais heureux..j'aurai jamais du.....
Merci et Bizzz
Charlu, t'es qu'un requin drôle...
La beauté t'habite comme le manteau neigeux de ta merveilleuse toile !
Tu prends à bras le corps ce paysage familier et, nous aussi, on en a envie.
Biz Charlu. C'est bon de te connaître ;)
merde, c'est bon de vous avoir.. je reviens à ma flèche et je vous vois débouler !!!
BIZZZ
Salut l'ami, bonne année et merci de tes cadeaux "Dropbox" !!
Suestion : Vas-tu faire la liste de tes albums 2012 préférés ??? Je l'attends avec impatience !!!
Bye
Oui, c'est en cours, ça devrait tomber ce week end.. tous mes voeux Franky ;D
Bordel...
pas mieux comme commentaire!
J'vous embrasse aussi les p'tits gars.. tous mes voeux.
Nan nan..pas d'cinoche,!! la zic, les mots et la peinture, on peut se cacher derrière :D ou alors refaire un "Buffet froid" des temps modernes.. voire "Les valseuses".
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