« Fresh evidence » est ma
pièce fétiche de Rory Gallagher pour plusieurs de raisons. Mais
avant toute chose, il faut rectifier un détail, la pochette de la
réédition n'est pas celle d'origine, le vinyle montre un vrai
visage, à l'époque où il enregistre son dernier album studio. La
photo du cd réédité en 1998 est anachronique. En 1990, les abus
commence à se lire dans son regard, mais colle à merveille avec la
texture du disque et le contexte. « Fresh evidence »
arrive comme une urgence, une survie. Un silence discographique (un
seul album depuis 82) laisse Gallagher seul avec ses démons depuis
des années, l'alcool et les médocs. En 1990 la main tendue par son
frère Donald le propulsera à nouveau sur scène avec cet album
qu'il trainera jusqu'en 95.
Un immense cru 1990 de blues boisé,
cuivré, tourbé se dessine comme un aboutissement. Un cliché de
studio vieilli, une insolence guitaristique qui culmine sur « Middle
name » et « Heaven's gate ». Un accordéon et un
harmonica souffle un air chaleureux et pas moins de neuf musiciens
sont derrière Rory qui lui use de Dulcimer, Mandoline, de Sitar et
de ses riffs torrides habituels. Trempé, lourd et imbibé, rock
appuyé, blues infernal, j'écoute « The loop» et me dit qu'il
a une patate d'enfer pouvant sur un solo, rétrograder Stevie Ray
Vaughan... et je repense à la politesse d'Hendrix. Ça doit être
bon d'être le meilleur guitariste du monde .. C'est à Rory qu'il
aurait fallu demander ça.
Si son jeu de guitare nous dévore la
carotide, la basse de Gerry McAvoy nous bouffe le bide (écoutez la
démarrer sur « Middle name »). Rock jusqu'au bout,
l'album vient s'écraser sur le bouillant « Walkin' wounded »
et le mélancolique « Slumming angel ». Une canaille avec
des ailes d'ange.. dernière chanson discographique de Rory
Gallagher. Un adieu.
Je garde les deux inédits de la
version cd (extraodinaire « Bowed not broken »), mais
reviens sur la pochette du vinyle, indissociable des chansons de
« Fresh evidence ».
http://www.rorygallagher.com/
http://cradle-rock.blogspot.fr/ (blog de Gallagher pour les fans mélomanes d'ici)
7 commentaires:
Ok !! Box :D
Bon, je te crois, je me le commande en médiathèque, sans ta chronique j'aurai laissé cet album parmi les "moins bien" et comme je tenais à ne pas avoir tout de Rory, je pensais le laisser là où il veut. Mais voilà, tu viens avec ton talent de conviction!! Attention Achille!! ;-)
Bouge pas Dev..il tombe chez toi dans qq minutes :D
Hello, par hasard je tombe sur votre blog en surfant à propos de Gérard Manset, et je tombe sur un de vos articles consacré à Rory !!
Merci BCB, merci surtout pour la découverte de ton groupe, je viens de visiter, du blues rock 70's... tt ce que j'aime...merci.
vais essayer de trouver votre album.
C'est vrai qu'il m'avait fait peur sur la pochette, surtout sur la photo du verso d'ailleurs, moonface. Mais quel régal cet album. Le précédent, Defender, était également très bon. Un peu comme tous les autres en fait. Un sacré bonhomme. L'album Notes from San Francisco resté inédit jusqu'en 2011 est fantastique, Rory avec des cuivres !
Jimi Hendrix avait eu cette réponse à un journaliste qui lui demandait quel effet ça faisait d'être le meilleur guitariste du monde : "Demandez à Rory Gallagher". Classe.
Hugo Spanky
Yes Ranx, en vinyl c'est encore plus flippant. J'adore Defender aussi, mais je suis trop accroc à Frensh evidence, c'est particulier.. surement en plus le désespoir ou la rage de revenir...
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