mercredi 2 février 2011

Destroyer


Si les Destroyer précédents s'écoutaient à certains moments de la journée ou à certaines humeurs, « Kaputt », le nouveau disque de Dan Bejar se déguste à n'importe quel instant, sans besoin d'aller chercher la connection. Il ne nous avez pas habitué à autant de discipline, autant de sirop et de lustrage. Ici on a prélevé le dandysme de Pulp, le baroque pop de Luke Haines (The Auteurs et surtout « Black Box Recorder ») et l'effet excentrique dans la voix des deux disques précédents: « Your Blues »2004 et « Destroyer's rubies » 2006, pour une pop reluisante, classe comme un disque de Saint Etienne. Tout est nivelé, arrangé, pailleté, saxophonisé, glucosé.
Traînant ses nippes sur Acuarela discos en 2006, j'ai découvert Destroyer à travers ce bivouac madrilène et suis tombé littéralement sous le charme barré, bizarroïde de ce The new pornographers et Swan Lake à la fois. Guitares/basse/batteries eighties à souhait (mais tout en douceur), l'omniprésence kitch d'un saxo « rèverie » fait de « Kaputt » un cocktail distingué de disco soft et de pop suave, lascive et chaloupée. Tout en gardant le style Haines, le chant de Dan avoisine celui de Merz et la sensibilité de Mercury Rev (période « desert's songs »).

« Suicide demo for Kara Walker » s'étale sur 6min et commence comme un doux mike oldfield, embraye sur un alto de Groover Wachington Jr, pour déboucher sur un langoureux groove nonchalant et vachement grisant.
Comme sur « Destroyer's rubie », Bejar dépose en bout de pistes, un morceau très long comme pour finir en beauté. « Bay of pigs » sonne comme single remix de 12 min qu'on pouvait dénicher dans les années 80. Deux gros morceaux donc qui donnent un peu de relief pour un genre de musique qui appelle en général des constructions classiques de 3 min maximum. Sobre, étonnant, inhabituel, une surprise, peut être là où on ne l'attendait pas.
Les eighties nous collent toujours à la peau, Dan Bejar s'y est foncièrement adonné.

Destroyer 2011 « kaputt » label : merge

quand on aime : luke haines; st etienne; merz

Échelle de Richter : 7,9
Version multi-média ici.
source : streaming
après 2 écoutes

2 commentaires:

Blake a dit…

ça doit être la journée Destroyer : suite au papier sur Hop Blog j'ai également jeté une oreille (chopé sur le net) sur cet album de Dan Bejar et son gang, que je ne connaissais pas.
Comme tu dis, fortement chargé en glucose et rappellant toute une époque. Est-ce que ça dépasse l'exercice de style ?
À voir, faudrait que j'en cause peut-être mais j'ai déjà un papier que j'aurai dû faire sur le petit James Blake et vu l'heure, vais remettre ça à demain...

Il faudrait parfois plus de 24 heures aux journées ! ...

charlu a dit…

Oui les journées sont trop courtes et les mélodies se brouillent dans la tète.. perso j'ai un conflit intérieur d'époque, je réécoute Elvis in Memphis, mon disc préféré du king que j'ai du mal à relacher, je suis sur Badly Drawn boy et aussi sur qq trucs dans la marge (manilapede..nouveau projet de Starving weirdos).. j'en rève la nuit (blanches).

Pour l'exercice de style certes, pas une révolution le disc, mais super agréable à écouter quand on connait les précédents un poil abrasifs et plus barrés. Y'a des disques comme ça qu'on a juste envie de mettre pour laisser filer les instants légers et se faire séduire sans rien faire .. comme les galettes américaines de mon dimanche dernier.

Ceci dit, il est déjà demain et ça fait que 24haussi.. see you soon

Clogs 2003

  Près du Butin ensablé, la Seine s’emmanche. Du laiteux mou s’engouffre dans l’albâtre. La Manche n‘a que faire de l’océan, ici le bras l&...