Magic rpm il y a quelques temps a réalisé un numéro sur le foot et la musique. En dehors de Gloria Gaynor, je n'ai jamais su associer les deux. Pire encore, Mogwai et Zidane collés me font froid dans le dos.
Et pourtant, « By the window/By the looking glass », le nouveau projet d'Arca, est un prodigieux moment artistique.
Sylvain Chauveau est l'artiste contemporain le plus doué de sa génération, ici et ailleurs. Créateur sonore, il est avant tout un pianiste/auteur/compositeur/chanteur hors norme. Ses collaborations multiples assouvissent son génie visionnaire, quelles soient drone avec On, ambiantes et expérimentales avec Felicia Aktinson, quelles soient électro avec Micro:mega ou néo-classique avec son projet Ensemble 0, elles restent très post rock sombre et sensible avec Arca, le duo qu'il forme avec Joan Cambon depuis 2000. Il faut suivre toutes ses productions en parallèles à tous ses disques solo d'obédience cinématographique, pour se faire une idée de la stature de son inspiration.
Il y a des labels aussi, sur lesquels il vient laisser des traces indélébiles, Ici d'ailleurs, Alice In Wonder (catalogue culte disparu), Type, brocoli...puis DSA (disparu aussi), les Disques du Soleil et de l'Acier, avec la parution du premier Arca « Cinématique » en 2000.
Ici, Arca réalise un double album pour une chorégraphie contemporaine de Pierre Rigal (que je ne connais nullement) et qui fut écrite en 2006 (année où micro:mega cessa). Les idées et l'inspiration tournoient autour du souvenir sportif de 1982, la demi-finale qui marqua violemment les gamins de mon age. Très franchement, s'il n'y avait pas en bruit de fond quelques commentaires de Larqué/Roland aux moments cruciaux du combat, je n'aurait jamais associé un match à cette musique. C'est donc la nostalgie que je vois ici interprétée. Ce sentiment lointain de vexation, d'humiliation, de dramatique et d'injustice. Et là, ça marche plutôt bien, et les morceaux sont aussi profonds et représentatifs que Vexations de Get Well Soon qui faisait lui aussi l'inventaire des humiliés.
Ceci dit, il ne s'agit pas ici d'une bande originale de film (comme l'a fait Mogwai) et peut importe les paysages voisins, nous avons chacun le notre à l'écoute de telles musiques, et celle-ci est sublime, architecturale et cohérente. Rares sont les faux pas de Sylvain Chauveau, sa musique sur « Le livre noir du capitalisme » avait déjà procuré des sensations atypiques en ce qui concerne la conception d'une œuvre.
Sa voix sans cesse en évolution atteint sur le premier disque « By the window » le timbre parfait de David Sylvian. "Sevilla 82" est un morceau de bravoure, dantesque, avec les frissons, le drame qui plane, le terrorisme sportif à son comble, le coup de sifflet final est donné. Sylvain chante comme sur un morceau de Depeche Mode période "exciter".
Le deuxième cd « By the looking glass » est strictement instrumental et s'enfonce dans la tourmente, recroquevillé par la douleur, une brulure sonore sourde qui tape, répétitive et engourdie. Le coma de Battiston peut être ?? finalement, on arrive à être dedans.....le match.
Arca 2011 « By the window/By the looking glass » label : novelsounds
http://www.sylvainchauveau.net/
http://www.novelsounds.jp/
échelle de richter : 8,8
support : double cd
Après 1 seule écoute.
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