La pimbêche cette rose blanche qui
s’épanouit quand le soleil anémié nous délaisse. Il reviendra
comme la Pomponette, en attendant on coupe le bois et l’Hellébore
se la ramène. Elle fait moins sa maline quand le soleil très haut
lui tape sur les feuilles, c'est une assoiffée, une amoureuse des
terres engorgées et ombragées, elle a beau nous dire que l'hiver
est beau, que l’abeille lui est indifférente, la belle affaire.
Elle est du beau monde, de celles qu'on affiches avec des paillettes
et des candélabres de tables. Ou peut-être est elle des plus
discrètes, timide et solitaire à prendre les regards emmitouflés
qui la méritent, le peu de jour qui la dévoile. Elle aime skater
des jours entiers les vases emplis, au chaud, longtemps après la
fête terminée.
J'ai un beau disque sous mon crane qui
chante les abeilles en dormance, l'impatience du vert, la douceur de
cet hiver-ci.
La rose de Noël n'alertera aucune
ruche, elle est amoureuse des longues nuits, des temps de bouillasse
et des tables enjolivées, parées et clignotantes. Elle est juste de
l'autre côté, au pied de ma porte fenêtre. « Into the
night » aux allures Hazlewood imprègne tout l'espace,
Loverman hante. Hellébore frappe au carreau, me fait de l’œil
sous les chatons de noisetiers qui se réveillent impatients. Le
Solstice d'hiver se faisait attendre, il est derrière déjà, le
soleil a entamé sa lente remontée, tout redémarre, les merles à
l'aube sombre ont recouvré leurs gosiers, le pollen s'évade, des
cotillons pour un nouveau cycle.
Il aura fallu attendre les derniers
Saints pour me faire ramasser par cette pépite albe. « Tinderly »
pour un réveillon chamanique. Il peut faire gris à cendre tomber,
« Loversongs » insuffle une canicule
Sylvestre, comme ce bouquet de reines blanches qui fait la nique aux
Rosacées des jardiniers. James De Graef a 28 ans, il sort son
premier album sous des remugles Hazlewood, Cohen, Hawley... Sous la
basse voûte qui nous asphyxie, « Candyman » est
un miracle.
Dans la famille Nicolas, je demande le
Michaux. Plus aucune gène, on y va tout azimut, on amasse, ça
défile. Rassurez-vous je ne ferai pas de papier sur Indochine.
Légèrement par delà la frontière,
cet artiste anglophone nous provient de Belgique. « A la
vie, la mort » depuis 2006 me turlupine, fallait-il
une confirmation pour en parler ? aucune idée, je l'ai gardé
secrètement et la suite est tombée.
« Amour colère »
passe en boucle, basse moelleuse et chaloupée, guitare soporifique,
sensuelle rythmique quand on aime le lymphatisme, mélodies simples
et attachantes, quand aux claviers ils te prennent par l'épaule.
Pour donner une idée, « Enemies » pourrait être
un truc de Baxter Dury.
Il est récurent chez moi, posé avec
toute cette famille que j'aime écouter dès que mon cerveau est en
manque de mots, quand j'ai envie qu'on me parle et m'explique deux ou
trois ressentiments. S'isoler avec des dessinateurs de son, des
conteurs contemporains.
C'est « Une seconde chance »
pour Nicols Michaux, et en plus il y a des « Chutes ».
Cet opus date déjà de 2020, il était temps que je témoigne. 70's
easy, des chansons à balancer sur l'autoradio, la BO Hi-Fi pour une
virée vers quelques retrouvailles.
Nicolas Michaux 2020 « Amour
Colère » sur Capitane records.
L’œil du ligneux comme celui du
cétacé fixe notre temps qui défile.
De vieilles plumes chatouillent l'acier
d'une lourde clé posée près de quelques fioles remplies d'un jus
mousseux d'outre temps, poison ou élixir. Une envolée de feuilles
dentées du charme est venue décorer l'ocre sec et usé de la
lourde table en merisier. Des cordes vacillent, l'automne est révolu.
C'est un point de bascule, le tournent annuel des longues nuits qui
s'acharnent. Le soleil va rebondir, il a léché de près l'horizon
jauni par l'haleine des champs détrempés, il est punit. Le son en
drone flotte avec le vent, c'est la respiration des biotopes, molle
et ralentie, elle nous aspire et nous inspire.
Richard Skelton le cou embrassant le
bois des cordes de son violon fait chanter l'âme des plaines,
lancinantes, enivrantes. Le cerveau est brûlé des odeurs de boue à
perte de vue. Je suis face au vent comme les vanneaux qui me
scrutent, l'incantation plane de « Crow Autumn » et me
dégouline dans les oreilles.
A Broken Consort 2010 « Crow
Autumn » sur Tompkins Square
C’est quoi ces minuscules piqûres de
griserie qui viennent nous farder l’âme à l’écoute des
chansons de Nicolas Paugam ? Entêtantes comptines qui trottent
sans cesse, on rêvasse, on sifflote et fredonne à l’air libre, à
la merci de n’importe quel enivrement. Le cœur emberlificoté est
à la limite d’un petit pas de danse chassé, juste avant de
reprendre le cours ordinaire des sentes. J’ai mon brasero pour ce
solstice.
C’est une
rechute, la récidive, je suis joliment retombé chez les Nicolas. Il
se passe un truc, les Nico s’entassent et s’amassent, astre
cobalt cette fois-ci, comme un Brassens chanté par Vanot, un Souchon
habité par Vigneault, un Sheller Nataf des parcs et hortillonnages. Et
puis tiens, « La lumière est immense » sur cette
folle inconscience poétique. Il en a sous le Capo le Nico, et des
tableaux bariolés, fauves et chaloupés, ses six cordes nylons aux
accords cassés virevoltent et nous invitent dans un autre chez nous.
Comment ne pas être charmé par « En pantalon qui va
bien ». Il traîne dans ses sillons des personnages
décalés, un grand-père, des phrases truculentes, des vieux airs de
souveraines chansons d’un autre temps piquées de bossa hexagonale, un Gypsophile Belhomme solaire qui chante sous un ciel sans nuage à
peine.Pour ne rien assombrir au tableau, les manettes de mix sont tenues par Fabien Martin, un studio..une famille.
C’est aussi des annonciations,
« l’homme, heureux en somme, est un con, au plus vite il doit
disparaître… » la patience qu’il va falloir. En attendant,
taquinons la paix qui clapote au creux de nos ruisseaux, foulons les
graviers et les humus, buvons la silice en se baguenaudant hébété
sous les airs malins du ménestrel trouvère Nicolas ….. Paugam.
La lumière incendiaire transperce la
maison, oblique elle vient enflammer la nappe rouge qui ensanglante
les murs. « Sit Down for Dinner » transporte mon réveil.
Le jour se lève sûr de lui, le soleil
dessine la flèche du bourg en ombre chinoise, tout est lumière ce
matin. « Sucre de pastèque » de Brautigan
résonne encore sur mon palais, ses nouvelles ont embellie mes heures
les plus creuses de la nuit.
Le livre est refermé sur la table du
salon, le soleil dehors fait fumer les branches du cyprès et le haut
de mon muret. Dessus, le Rouge-gorge malicieux vient s'y réchauffer
les pattes. Il contemple les prémisses de ce jour nouveau. Il aime l'hiver qui s'invite.
« Snowman » finit sa
complainte, mon antre est clair, je vais prendre ma pelure, ma
grosse écharpe et aller faire croustiller les feuilles gelées. Tout
se mélange, le soleil pastèque, le sucre fraise des Blonde Redhead,
le goût du café dans ma bouche, mon ruisseau qui m'attend juste en
bas avec son doux débit mou imperturbable. J'ai hâte d'aller lui
parler. Le froid a fait virer les couleurs au pastel, quelle douce
matinée mauve.
Je n'ai aucun projet pour la suite,
qu'une vague idée de laisser couler ce ralenti. La mélancolie du
poêle qui redémarre me réclame une odeur de châtaigne. Elles sont là au pieds
du potimarron, dans la coupelle vert bouteille, posés sur la ronde nappe rouge qui s'éteint, une nature morte en sursis. Au retour, je vais sûrement croquer
des arbres à l'encre de Chine avec la voix encore de Kazu à peine
troublée par le frottement de la plume sur la cellulose assoiffée. Longer le
ligneux délicat du pinceau détrempé en laissant dégouliner « Rest
of her life », malicieuse anesthésie, jusqu'à ce que le
soleil aille incendier l'autre côté de l'horizon, sous l’œil
coquin du Rouge-gorge impassible.
Blonde Redhead 2023 « Sit Down
for Dinner » sur Section1
Il fallait palier à ces jours de
néant. Tellement de corps autour à gigoter, à brasser grave pour
que dalle, des artisans du chaos. L'envie de charger la mule j'ai
pris la tangente, je pars m'acheter des disques je me suis dit,
comme on va prendre des verres.
Je suis allé glaner du son et des
mots. J'ai pris mon temps, le disquaire, la priorité du moment.
L'idée a mûri sur la ligne 27 orangée
direction Saint-Michel, la faim au cerveau, l'ordre des bacs à explorer. Aller acheter un disque comme un aguerri, la mission du jour et je me souviens de
cette addiction collée au cortex à batifoler tout azimut. Des
heures entières à fouiller partout les caisses et
les promontoires les esgourdes habitées, les mains nerveuses et les
phalanges affûtées.
International, français, indie, jazz
ou prog, les jambes téléguidées et l’œil chasseur, je me vautrais en compulsif jamais rassasié. J'ai pesé
mon addiction, calmé mes ardeurs, l'achat est devenu sobre et
solennel.
Ce midi, j'ai pris la tangente, j'ai
élagué la routine pour aller perquisitionner Gibert.
Sans idée précise aucune je suis allé marcher sur la canopée des
arbres indigènes et j'ai pioché Séverin, Daniel
Darc par Frédéric Lo, « Forêt » d'Antoine Bataille,
Marc Delmas et sa « Superficie du ciel » .. Et puis je
suis tombé comme une certitude, sur ce diamant brut, un de ceux qu'on ne
contemple pas en streaming. Je l'avais dans les mains, je me suis
redressé, le reste de la visite ne fut que ronronnements et réflexes
.. j'ai barboté crâneur, compulser un peu dans le tout-venant,
suis reparti assouvi.
« Elle dit regarde les arbres,
ils boivent toutes nos larmes... et les fleurs portent tous nos
drames ».
A peine exploré, « Un nid »
est devenu cellulaire, impacté d'emblée par la pochette, les
couleurs roussies de l'automne, un baume à
l'âme. Les titres lus, les textes bus, je n'avais plus qu'à
enclencher.
Ténébreux à balayer la mélancolie..
je vais me traîner des journées entières à cabotiner des vieilles
idées, à me ressourcer au Kanche qui me gifle depuis des années, deux décennies déjà. Sa bio s'épaissit, il est le vieil arbre noueux régnant dans mon jardin.
Cet album est tellurique, sombre et
vital, un banc brûlé à l’orée d'une forêt noire qui nous verra
disparaître, enchevêtré dans un soir enténébré, nous dansons
mou diaboliquement comme des fardeaux que nous sommes, que nous avons
toujours été. Et puis « Figure » de Bertrand
Belin ajoute à ma génuflexion crépusculaire. Le son de celui-ci
est magistral avec quelques fulgurance post-rock, « Un
passage » sur un texte de Despentes. « Un
nid », comme un Bashung avec des parfums de Ferré
Manset Burger .. à déguster à main nue, seul absolument.
Je vais finir par ne parler qu'avec des
gens qui me parlent. Mes chroniques parsemées deviennent strictement
hexagonales. J'aurais bien tenté un truc sur les Stones ou les
Beatles de Noël 2023 mais je trouve pas les mots, l'envie est à des
lustres. Des bords de mer, sur le chemin au creux de la campagne ou à
flan de montagne, plein de chansons où l'on se cherche nous
soulèvent.
Et puis, il se passe quoi avec les
Nicolas ? Laureau (Don Nino), Falez (Signal Faible), Contant (grande
révélation), Paugam (touchante découverte) et j'écoute le Comment
en ce moment avec son « Blason », et le Michaux aussi,
cet artiste discret dont il va falloir absolument que j'en cause un
moment. Le syndrome doit cesser.
Alors dans la gamme des chansons
tristes qui nous construisent et nous guérissent, j'ai mon Fabien.
Je me permets de dire « mon », car il m'est tombé dessus
en 2004, ajoutant à l’arborescence des artistes de par ici sa
branche ligneuse belle et fébrile. Des fils conducteurs torsadés du
câble qui s’épaissit, il est dedans.
Son « .aMour(s) »
flamboyant aurait dû être couronner, mais je sais où je vis. La
neige est tombée sur le rouge rose orangé des amours exaltés. Du
coup, comme un texte de Tesson blanc, un autre paradis se dessine.
Le flan sous les cimes donne sur
l'estacade, rien de tel pour cogiter. Peu importe le relief, mont,
colline ou rocher, tout de nous remue dans les remouds, grimper un
arpent, ne plus avoir pied, ou tout contempler de la jetée. Pour
savoir qui on est, hauteur ou profondeur.
La surface est un naufrage.
Auprès de Fabien une fois de plus des
gens que l'on aime, Ours, Jil Caplan (je pense encore à son livre
délicieux), le dansant des cordes graves Jeff Hallam (découvert pour
moi avec Dominique A), et les cordes de piano dont on entend les os
dans la « Boite noire ».
« Les radios qui ne passent
pas ».... je sais où je vis définitivement. Fabien psalmodie
et met à plat, les ailes un peu voilées. Des gros trucs se
détachent en permanence, roche ou glace, ville ou calotte, falaise
ou façade, un bout de plafond ou une étoile. En attendant, Fabien
Martin continue son chemin, compose et chante sur nos cerveaux
abîmés. « Comment devenir qui je suis » danse dans ma
tète depuis des jours, il sera au Café de la Danse le 9 janvier
(avec Nicols Contant en 1ère partie). Hâte de vivre tout ça
littéralement.
A point nommé, un faible signal où
tout semble vouloir se soustraire vient me cueillir.
Dehors, rien n'est à retenir, et
pourtant le vert des arbres semble s'accrocher. Les vents coléreux
peuvent bien s'époumoner, le gris demi-jour épouse cette
résistance, la feuille et son vert messidor ne lâche rien. J'ai
bien vu un con en tee-shirt dans la rue, pas plus tard qu'hier,
juste avant une énième trombe de novembre. Tongs dans les
caniveaux, sandales dans la marmelade, on nage dans le superflu
déboussolé.
La chlorophylle persiste et
s'accroche, comment lui dire que c'est mort, de descendre le vaillant
drapeau, qu'il faut se soustraire et laisser le « Nom du
Domaine » nous parler de l'hiver, de dire au brouhaha de mourir
un peu. Sans frimât, comment se réfugier dans les cœurs chauds.
Des petites tètes s'agitent partout, des petites idées en feux
follets, rien n'y fait. Comment ils vont faire si personne leur dit
que l'été n'est plus ?
Le vent chante encore dans le
peuplier.
« Nom de Domaine » arrive
à point nommé, tellement de souvenirs superflus collés sur cette
voix, cette mélancolie recroquevillée, ces accords, cette nonchalance chantant la beauté du silence
des bocages et des prairies, des champs et de mes huis clos quand
l'automne se la pète. D'autres voix s'ajoutent sur cette
« Soustraction », la liste est longue, de Julien Orso Jesenska à
Quermalet, en passant par Betsch, Vanot et Cabane, des Julie et un Gontard....puis des noms de frères qui font du bien, Dardenne, Podalydès. J'aime cette
idée musicale et chaude de s'accrocher mes cœurs à ces endroits
sensibles et permanents pour secrètement passer l'hiver vert avec nos
âmes blanchies. Nicolas Falez est de retour et n'oublions pas que « rien ne
guérit comme les chansons tristes.. ».
On m’avait prévenu,
avec un nom pareil, la P’tite Annick, tu fonces vers le naufrage.
Autant, j’ai toujours eu une attirance pour la petite agitation,
l’ondulation facile, la tendre houle et les embruns sur les yeux,
autant je fuis la tempête. La bave aux lèvres et la mousse fouettée
sur les rochers c’est pas pour moi.
La P’tite Annick en
laissait de l’écume sur la chaloupe. Ça éclaboussait par gros
coefficient, lunatique, lunaire, c’était ma petite fontaine d’ici,
ma sirène punk aux gros postillons, sauf que voilà, ça finissait
toujours par cabaner, des tasses à prendre, et moi comme Jack dans
l’eau gelée je m’accrochais au bat-flanc qui flotte.
Dès le début les gars
m’avaient prévenu, « laisse ficher le camp cette jolie
carlingue, tu vas finir au fond. Cette agace-pissette c’est pas
pour toi ». Sauf que les p’tits gars, ils ne savaient pas
que ma P’tite Annick il fallait lui mettre du son, des belles
chansons d’un peu partout. Sa spécialité, les reprises, ça la
calmait direct. Ça tanguait encore dur sur sa frimousse, mais je
mettais calmement des chansons dans la tempête, un peu comme Roger
Bricoux qui s’acharne à jouer avec son trio sur l’épave en
devenir, et hop, elle se laissait happer. Le vent cessait, les
moutons des vagues du grand large se barraient, l’huile sur la mer
au fil des chansons. « Tiens, je suis sûr que tu l’as pas
celle-là.. hein.. vas-y..c’est quoi ?? … ‘ouahh
t’es trop forte ». Le ciel s’éclaircissait.
Ce soir-là, un gros vent
entamait l’océan, un truc trainait comme un solstice divers en
plein été, des creux mes aïeux comme dans un parc d’attraction,
moi qui déteste les grands 8, sauf quand il s’agit d’écouter un
disque Prog. Nous voilà bringuebalés comme de vieux pécheurs
burinés, je vieillissais à vue d’œil, j’étais le vieil homme
et sa mémère. In petto, j’ai sorti cet album tout neuf avec
dedans mes chouchous de bien longtemps déjà, Françoiz Breut et Don
Nino (Nicolas Laureau qui aimait l’idée de Domino pour son alias).
Je n’avais qu’une idée en tête depuis mon retour ce tantôt,
écouter « Cover Songs in Inferno ». L’aubaine.
C’est quand même
vachement bien foutu la musique, elle a adouci les heurts en quelques
minutes. Annick prise au piège dans sa phase descendante, moi
confiant avec le livret dans les mains .. « Oh la vache
celle-là, je l’adore.Jefferson Airplane… tu te souviens,
ce sublime lapin blanc, folk celtique habité, et Grace Slick foutre
Dieu, et Françoiz…. si nous partions sur la côte, je prends tous
les Jefferson et quelques Breut.. nous dormirons dans la bagnole ».
Nous avons fini la nuit
blottis partagés entre le calme retrouvé et l’excitation du blind
test retournant des cartons de disques à la recherche de l’original.
Le naufrage n’est pas pour aujourd’hui. Nous irons chez le
disquaire demain, nous partirons nous deux, à la recherche des
originaux.
Don & Françoiz 2023
« Cover songs in inferno » sur Prohibited Records
Chaque instant est posé sur Kodachrome,
une pochette diapo, on gardera cet instant des « Villes
sauvages » comme la photographie d’un moment de doux bonheur
mélancolique. Un album délicieux défile, une soirée photo, des
gens que l’on aime dessus, devant de beaux paysages nostalgiques.
Notre enfance est déposée au pied d’un arbre, le vent se lève,
les oiseaux laissent chanter les herbes.
Tout ce que j’aime cette discrète
apparition, ces touchantes ballades. Sur la même étagère que
Franck Monet, Albin De La Simone, JP Nataf, Bertrand Louis, Fabien
Martin, Thierry Stremler, je déposerai Casagrande. Se poser et
écouter le sépia sur l’écran de projection blanc déroulé. De
belles personnes sont là, des sourires, de grandes respirations, des
paumes qui se touchent, des joues qui se collent, quelques éclats,
une larme, des moites odeurs sur un silence rempli de prunelles.
L’histoire défile, les anecdotes reposent.
C’est cuivré, c’est l’hyper
intimité déposé, les sentiments ondulent douillets. Les cordes
graves dansent et se déhanchent comme Jeff Halam, les claviers sont
légers, Fabien Martin colle sont papier peint. Armelle Pioline est
là, Zoé Colotis aussi. Oh les belles chansons de par ici.
Tous confinés à
s’aimer, un puzzle de 8000 pièces, des baraquements à s’isoler, mes murs sont pleins de « Villes
sauvages ».
Noir de souvenirs, gorgé de campagne,
l’ensauvagement des villes nous ramène à l’humus. Et dire que
je suis né sous Pompidou… ah mais nan, sous De Gaulle, à qq jours
près.
Casagrande 2023 "Villes sauvages" label : Littoral records
La table de coupe a mangé l'horizon.
Les moissonneuses ont quadrillé. Tout alentour chuinte couine et
rechigne. La chaume est étendue. Un malingre coquelicot semble avoir
été épargné. Il est là à danser debout jaillissant de la paille
allongée.
Il n'est pas fier plus que ça, d'avoir
échappé aux dents du mastodonte. Il est juste là, à danser,
entier sans être altier.
Tous les cœurs palpitent encore, le
gibier s'affole, la terre rasée, tout est à nue.
L'acier a ébarbé. Sous un sirocco de
poussières de blé l'ocre s'est allongé. Tremblez bromes et pavots,
les grosses machines à dents grondent.
Une branche érodée sous un soleil
cuisant, albédo sur sable blanc, sol de titane bouillant, tous les
enfants questionnent. Des sons sourdent, des acoustiques lancinants
luttent. Un coquelicot survit, sauvé des faux. Orphelin des
euphorbes et des bleuets, sans aucune fierté, il tangue lucide, le
rouge aux joues, tous les jours suivant seront des contentements. Et
Août chante.
Août imbibé plante son automne,
vermillon Papaver se dandine plus encore. Il repeuplera la prochaine
saison de ses graines noires tombées sur la terre d'une année qui
dépérit.
Qui d'autre que Polly Jean pour crâner
humblement devant les dents de la table de coupe des grandes
élagueuses.
Tranquille ce soir entre les murs
blancs, les parfums vont revenir à nouveau, un genou à terre sur le
ponton. PJ23 sera mon code de flottaison sur les grands horizons ras
de paille, le divin coquelicot.
PJ Harvey 2023 « I Inside the
Oldyear Dying » sur Partisan records.
« Si je m'attendais ».. il
était pourtant question de « Rester dans le monde »
Ce blog est parti d'une idée de
partage avec comme parrain virtuel Dominique A. Je me disais il va
longer ma motivation, me tenir par la menotte, me guider. Il fallait
à tout prix que je divulgue et partage le monticule discographique.
Toujours il me faut un point de fuite.
Plein d'autres ont déboulé.
Des artistes à tire-larigot.
Jamais trop, je me suis senti happé,
tout s'est bâti autour d'eux.
Au fil des billets, le paysage en outil
s'est installé, il a pris les commandes. Tout s'est lentement
habillé d'horizon, de matinées nacrées en crépuscule vallonné.
C'est un socle fertile d'être au service des beaux artistes. Le
vertige labyrinthique d'ouvrir les vannes, de se laisser porter. Tout
convergeait vers le motif.. j'écoute imbibé de nature quelque soit
la saison. Une approche météorologique des écoutes est devenue une
obsession, une sorte de phénologie musicale.
J'ai une confiance absolue en mes
paysages irréversibles foudroyant notre anecdotique passage. Le
globe n'est pas en danger, c'est juste le bipède dessus qui flippe sa race pataugeant dans ses glaires. Il croit tout maîtriser, et la patience
des arbres devant la panique des ânes est la chose la plus
rassurante que je connaisse.
Un jour, tout reprendra sa place, à
son échelle, sans le nuisible bipède. L'équilibre biologique
inébranlable perdu l'espace d’à peine quelques siècles,
reviendra. Des molécules nouvelles et transformées subsisteront en
nano stigmates, un poil de cul dans l’Amazonie, une vulgaire trace
balayée d'une simple éruption. Nous, sur la planète, juste une petite gène.
L'infiniment petit préoccupe, une
prise de conscience tardive. Il reste encore à se retourner, et
prendre quelques minutes la considération du cosmos. On va encore
rester quelques instants, puis on laisse tranquille. Désolé pour la
gène occasionnée. L'être humain ne sera qu'une anecdote.
Un jour le paysage nous accueillera.
Quelle idée rassurante que nos cellules éphémères aillent
rejoindre tôt ou tard le moléculaire de la croûte. Un risible
passage, une petite gène que notre déambulation énervée.
Dans tout ça, il reste l'amour et la
poésie. Depuis quelques mois j'étais dans une très forte vague du
gars qui nous parle de l'ancien monde réel. J'ai été cueilli par
celui qui est allé rejoindre les cailloux. Je crois que c'est ça la principale différence entre Dominique et Jean-Louis, l'un peint les
êtres humains, l'autre les paysages.
Un de mes récidivistes, un autre
récurent, ils partent et sonnent le glas. Je me disais, Dominique A
pourrait clore ce blog un jour, s'il arrêtait de me suivre, s'il
venait à démissionner. Je marchais sur deux pattes, me voilà
unijambiste. Ça va pas être facile de continuer à cloche-pieds
Une cime de poésie se fige. La foule
s'ankylose de son plain gré.
Je suis tombé de vélo, abasourdi de
gnons, brinquebalé et abattu. Je ressasse plein d'idées
larmoyantes. Quel autre endroit ici pour causer de ça ? La
disparition de Jean-Louis Murat. Je me suis bâti une vague idée
d’idéale autour de son art, un refuge qui marie à merveille
l'artiste et l'humain d'un même individu. J'ai beau me dire qu'il
faut à tout pris rester dans ce coin de campagne qui jute toute les
musiques que j'aime, mais les remontées inévitables à la surface
médiatique me giflent l'âme, il faut voir tout ce qu'on nous donne
à écouter.
Si je m'attendais. La marge de sa
fraîche plaie à peine coagulée est à nouveau flanquée de dédain.
Replongeons.
Voilà, c'est la fin du parcours pour
lui, on n'imagine pas l'impact de certaines choses. L'architecture
fragilisée d'un blog déjà anémié. Toujours quelque chose me
laissait la foi, des albums à brandir comme on gravit un col. Il en
reste combien des artistes fondamentaux . J'ai l'impression d'avoir
fait le tour, que tout est dit, d'être devenu une momie mentalement.
Quelles idées pour rester, quelle étincelle pour continuer, ne pas
se laisser bouffer. Lutter.Comment le peuple a t-il pu passer à côté du "Grand lièvre", "de "Toboggan", de "Morituri".....
« Enfin démissionnaire »
disait Dominique A, continuer à s'exprimer dans le vide, celui
abyssal qui gangrène le quotidien, un déclic pour continuer à
nager dans cette fausse à purin qu'est devenue la culture chez nous,
je parle de musique, de poésie là où il n'y en a plus, dans un
paysage qui se ride. Tiens donc... « Suicidez-vous le peuple
est mort »..
Pour le moment, je laisse glisser et
s'agiter les alentours, je me recueille dans un sirop carmin, juste
s'engluer dans un sommeil mou, des rêves rouge .. sous la lampe. Je
me recroqueville à écouter solennellement, rattraper toutes ces
années bâclées.
Il y avait quelques tires qui
traînaient dans ma mémoire, complètement perdus à travers le flou
d'un artiste qu'on a jamais eu véritablement envie de brandir. Une
chose délicate, fragile avec une belle mélodie à la « The
year of the cat ». Tiens, Al Stewart, un autre artiste
camouflé qu'un seul morceau a propulsé. Je pense aussi à Billy
Joël.
Pas mal d'années creuses pour lui,
première partie de Supertramp en 74, un succès qui ne vient pas,
« High emotion » enfin, beaucoup plus tard, puis à
nouveau la discrétion. En Europe c'est en Allemagne qu'il récolte
le plus d'estime, comme Barclay James Harvest... tiens donc, encore
des mal aimés.
Chris De Burgh, c'est pas des disques
qu'on achète, il en a pourtant vendu 40 millions dans sa carrière.
C'est pas un artiste qu'on entend souvent, il a pourtant 16 albums
studio dans le cornet... alors il se passe quoi avec ce british à la
voix crémeuse aux belles envolées ? C'est définitivement pas
désagréable à écouter, même touchant par moment, ses petites
épopées élégantes.
Pourquoi cet album ? Le son me
plaît bien, John Helliwell est au sax, surement la vieille
connaissance de 1974... difficile de parler de lui.
J'ai depuis retrouvé les chansons
d'antan qui m'avait embarquées, ses débuts, son insuccès, elles
sont même sur le premier album, « Spanish Train &
other stories », pourquoi d'ailleurs je n'ai pas parlé
de cet opus 75, de ce romantisme britannique à fleur de peau ?
J'avais dû louer Chris De Burgh à l'époque, sans le garder pour
autant, en rade de cassette vierge ? Il a glissé comme ça sans
que je puisse le retenir, ou alors c'est son hit dans les radios qui
me gonflait. Peut être aurait-il dû faire parti d'un groupe, la
rame en solitaire est plus dur que la galère.
Je viens d'acheter quelques albums de
Chris De Burgh qui manquait dans mes étagères, pour pas grand
chose, je veux dire par là, qu'il fallait que je comble ma mémoire,
illustrer mes souvenirs. Plein de bons moments, de la sincérité je
pense, une tendresse particulière pour ce cru à la jolie pochette.
1973 est l'année où George Harrison a
créé « The material world charitable foundation ».
C'est aussi la sortie de son quatrième album solo « Living in
the material world ». J'ai longtemps cru à un album posthume
tellement il fut absent des promontoires que je visitais. J'ai
toujours été un peu perdu avec cet opus, même ma réédition 2014
ne mentionne pas la date authentique. Quelle fâcheuse manie
d'estampiller la date de résurrection dans les crédits.
1973 donc et il aura fallu digérer la
montagne..que dis-je la chaîne de cimes de « All Things Must
Pass », les bottes en caoutchouc, la mort des Beatles et les
nains de jardin. Une grande respiration plus tard, toujours chez
Apple, George après trois ans de « silence » reprend sa
discographie, il n’arrêtera pas jusqu'en 1982.
C'est un joli et troublant disque cette
confirmation solo. Son monde à lui se bâtit. J'ai encore « Beware
the Darkness » dans l'échine et tout le temps j'aurai du mal à
lâcher ses bottes de jardin. Pourtant, j'écoute souvent cet objet
touchant coincé entre le chef d’œuvre « Red Rose
Speedway », la daube « Mind Games » et l'affligeant
« Ringo ». « Band on the Run » pointe son nez
et les scarabées tiennent le cap avec le bleu et le rouge. C'est
dire qu'il va falloir se frayer une visibilité...ou pas. Et on
oublie tout le reste, cet Harrison 1973 au casting infernal est là.
Une garden party noire de monde sans nains (quoique), la liste est
longue, même s'il n'est attablé que 6 apôtres.
Je suis resté un peu boudeur avec la
suite, l'effet Beatles se dissipant, je me suis contenté de
l'excellente compilation 89 « Best of Dark Horse 76/89 ».
Je répète ici, « All Things Must Past »1970 et « Cloud
Nine » 1989 sont mes sommets Harrison.
Comment se débarrasser des odeurs
Apple sur le manche de la guitare en 1973. C'est pourtant et sûrement
le début du reste de sa vie artistique à George.
George Harrison 1973 « Living in
the past » sur Apple
A mes pieds, un bourdon vient déguster
la bruyère. Ce petit buisson bas d’Éricacée est en fleur depuis
la fin de l'automne, nectar d'hiver. Si la nuit blanchit nos aurores,
mon après midi tiède à des allures de printemps. Du coup, je suis
installé au soleil pénardos avec un bouquin, et juste une pelure à
capuche pour pas me peler le caillou. Cette pause réparatrice
extérieure me manquait comme jamais.
Le temps est déposé, tout se
recroqueville pour s'ouvrir plus beau. Des remugles de confinements
viennent effleurer mes chimères. Y'a pas si longtemps ce truc, comme
une hallucination. C'était bien ce doux délaissement, ce temps
superbe allongé à regarder le ciel sans avion, un entracte au
tumulte, ce délassement. Sentir comme le brouhaha qui tombe, le
gibier s'approcher pour nous susurrer sans rancune la compassion
alors qu'ils pourraient se foutre de notre trombine et nous becqueter
les yeux.
C'était bien les ravagés du bulbe
cloîtrés, le monde feutré, les poumons libérés, le dos posé.
Tout est tellement reparti trop vite qu'on a l'impression que ça
fait belle lurette qu'on tentait de réapprendre à vivre. Suffoqués
à remettre les gants, courbaturés, y aller comme si de rien
n'était, et on nous dit qu'il faut en plus s'en acquitter. Finalement
rien n'y fera tant que tous ces culs n'iront pas se faire cuire.
Depuis quelques mois, il m'est devenu
légion de pouvoir m'ankyloser les roustons, de me passer une nappe
de néo-classique sans qu'aucun chuchotement ne vienne froisser ce
flottement divin. Je vais quand même pas me foutre la tronche dans
un plastron, me faire greffer des paupières pare-balle.. une heure
de tranquillité à me délecter, ça leur arracherait la gueule !!!
me vautrer sous un chaud soleil lunaire avec le bourdonnement
diablotin d'un maître butineur en voix de disparition, juste là,
près de mes godasses.
L'hiver, au dessus des tuiles du mur,
je pouvais voir le cimetière, le haut des caveaux, le bout des croix
que seuls les branches sans feuille dévoilaient. Il y a des murs
pour parquer ces enclos d'os, une propriété privée, avec tous ces
cochons à glands qui errent dehors.
C'est exactement à travers ces
houppiers nus que la maison à la lumière bleue a pris toute sa
substance, sous l'orgue cryptique de « Bad attitude » et
les riffs endiablés de l'intro « Mad dog », au clavier
nerveux de « Strangeways ». Un certain hiver d'une
décennie mourante, sous la mansarde, je passais ce disque en boucle.
Ces jours là flottaient sur une
scolarité compliquée, le rock FM pulsait les membranes, Toto et
Foreigner en tète, j'étais fan. Mais il me fallait du plus gras,
plus trempé, il fallait coller au paysage qui m’accaparait pendant
des heures. « The House of Blue Light » dans mon sac US,
parfumé par les échappements de ma bécane, j'ai flingué mon
Grundig à l'user, avec pour le coup mon baptême Deep Purple, même
si j'avais déjà entendu causer de la flotte enfumée. Le dédale
alambiqué de ce groupe là, tel les Eagles ou Jethro Tull, de la
géométrie variable avec des piliers, à s'y perdre. La dream team
ici, Ritchie, Ian, Roger Jon et l'autre Ian. Ils ne sont pas au plus
mauvais de leur forme, pourtant cette cuvée 87 n'est pas celle qu'on
brandit enragé sous les pifs dubitatifs.
Le chambranle est d'or, je suis accoudé
à ma fenêtre et je vois la lumière bleue lunaire, le vaporeux
cobalt des nuits embrumées, la face livide nébulisée par le son
d'une époque bancroche qui aspire tout. Anicroches pour moi, je
choisissais sans influence et dans ma fuite pour plus tard y revenir,
je glanais en matant le haut des croix sans aucune idée de mon
destin.
On est con quand on à 17 ans .. j'en
avais un peu plus, j'étais pas plus intelligent mais je posais le
hérisson et la chape. Déjà Led Zep la curiosité, je suis entré
chez les Deep avec ce hard FM cru 1987.
Aussi, en dehors de Paice le jeunot,
trois piliers cumulent 231 ans, 77 ans .. le « Whoosh ! »
dernier en date a ravivé le bahut .. mais pour la madeleine, c'est
« The House of Blue Light ».
Sur Whiskypédia, il est mentionné que
Joe Cocker est natif de Shefield. J'ouvre mon R'n'F du mois et je
vois la liste s'allonger des gars de ce coin gris et fertile de
l'outre Manche laiteuse qui montre du poing devant les grandes sœurs
rivales Liverpool et Manchester.
Un autre Cocker, Jarvis, Hawley aussi.
Nick Wheeldon est de ceux-là. Inconnu total pour moi malgré son
opulence créative qui frôle d'hyper activité.
Mes tiquettes à moi (terme subtile
piqué au Toine) : Jawhawhs , Dylan, Molina, The Walkmen, George
Harrison et plein d'autres... bref quand je connais pas, je cherche
mes repères et m'installe.
Un classique intemporel, avec des
tendres approximations sonores.
Le ciel ne veut pas se lever, un album
de fragilité est englué dans mes pensées grises, une espèce
d'abandon heureux, un « Gift » écru vient me sucer la
morosité d'un janvier qui s'achève. Je sautille comme un Shadock,
un espoir frileux tremblotte et le gris se noircit.
La montagne a lâché Leslie, un autre
sommet va surgir.
Au détour de bacs à brocante, je suis
tombé sur cet opus enfoui, pourtant à la sortie ai-je lu, un succès
notoire a blindé ce trio pour trois albums dont un live qui
clôturera la virée américano-écossaise.
Leslie West est la voix et la guitare,
Corky Laing aux caisses, il manquait une basse crémeuse et une voix
sublime, Jack Bruce. Sublime certes, mais secondaire, c'est le rauque
de West qui va prédominer un poil sur « Why Dontcha ». Ça tabasse crade, c'est d"époque.
La texture du disque à la pochette
éméraldine est hard à tendance blues, voire du blues rock burné,
une pléthore de groupes 70's. On pourrait le croire
anecdotique, il tient très bien la platine malgré la grosse marée.
On peut aussi bien suivre la carrière
de West, ou comme moi celle de Bruce pour son parcours et son sublime
organe qui s'est diaboliquement baladé sur l’histoire du rock
(« Third degree » est quand même bien plus extra que
« Turn me over » par exemple), tout était réuni pour
qu'il soit hors de question que je reparte sans ce vinyle là.
Du gris, du blanc, un nuancier de
cendre que seuls le marcescent roussit et la terre brune réchauffe.
Mais c'était sans compter le jaune, janvier est aussi le mois
cadmium. Certes les chatons de noisetiers s'ouvrent et laissent
entrevoir la blondeur safranée de ses entrailles, aussi, alentours,
les mahonia, forsythia et mimosa s'épanouissent et font la nique aux
lueurs d'hiver.
La joie au visage emmitouflé, j'erre
parmi ces discrets petits agréments, sans compter qu'au chaud dans
ma besace, se brinquebale la galette jaune 73 du Boss. Non, pas
Bruce, le vrai, Bob, from Detroit.
J'avais perdu l'habitude de fouiller
les bacs à la recherche de cette pépite. Longtemps je me suis
contenté du Mp3 de mon suppôt à écouteurs. C'est fait, une
réédition improbable 2008 sur Lost Diamonds, un truc argentin (je
suis pas rancunier) avec bonus. C'est une période bénite de sa
discographie, une succession d'albums importants qui va aboutir au
Graal, au sommet « Live Bullet » 75, plaque tournante.
Cet opus à la pochette jaune janvier donc n'est pas des plus
glorieuses, elle est pourtant visuelle, je la pensais virtuelle,
celle qui se retrouve tous les 4 à 5 ans chez les disquaires (m'a
t-on dit). « Back In 72 » mériterait, tout comme un
autre chef d’œuvre « Beautiful Loser », une édition
Deluxe comme il se doit. Rares sont les artistes de cette envergure à
échapper à l'incontournable résurrection.
Une sacrée bande de zicos pour cette
session, son groupe à Bob, mais aussi le Muscle Shoals band, et
plein d'amis sur tous les instruments, dont JJ Cale. Ça joue bien,
pro, naturel, c'est un grand moment de plaisir rock avec son groove à
lui, et son timbre unique. Du Live Bullet, se calent ici « I've
Been workin' » (reprise de Van Morrison qui a aussi inspiré le
titre de l'album), « Turn the page » s'il vous plait et
en bonus « Heavu music - part2 » et « Lookin'
back ». Puis des bombes comme « Midnight rider »,
« Rosalie »... et la pépite « So I wrote you a
song ».
C'est un rappel, déjà fait un billet
sur cet opus que je n'avais pas entre mes mains à l'époque. Bob
récurent, je radote Seger l'incontournable, il est là comme les
saisons, janvier jaune saupoudré des premiers pollens, du jaune
hivernal, « Back In 72 » le vrai, l'indispensable dans
mon sac. Je bégaie de mon plain gré, depuis le temps que ce blog
tourne en rond, autant respecter le cycle.Promis la prochaine fois, une nouveauté neuve.
Une giclée de fragrance TNT dans le
cou, l’haleine Nitroglycérine, la démarche chaloupée et la peau
de roche aux allures d’écueil bravent le gros temps. Se
rouler torse poil sur un sable détrempé, quitte à être mouillé,
quitte à s'échouer. Des siècles de vie dans la tronche. Invoquer
« Morning show » au lever du jour sous l'odeur du café, sous peine de retourner au pageot, ou de se
rouler par terre en capricieux frénétique, le falzar flottant en Frenzy.
Sur les hauts sièges du pays, de
tendres puceaux décident, des mues à plein écran sur les chaînes
TNT en continue émeuvent. Les timbres rouges peuvent disparaître
pour l'ère nouvelle, celui rogomme du lézard ancestral est
immortel. Nos nerfs garderont la lèche.
Un casting de vieux branleurs, de la
gomme, du brutal, l'adage de stades sans age.
Les montagnes se foutent de la montée
des eaux, les crocodiles iront boire l'eau des lacs sous les mélèzes.