samedi 29 février 2020

Thomas Howard Memorial



Sables émouvants. L'humus mou me happe dans une splendide mélancolie. C'est avec Get Well Soon la dernière fois que j'ai fait un voyage aussi poignant. Le sombre se travaille, on ne se gausse pas des réalités. « Revolution » dans une danse collective spacieuse, les paupières à ras le sol. Basse en rez de jardin aspirant tous les étages au dessus. « Let it grow », j'embrasse ma tristesse avec la langue.
« Bonaventura » est une épopée intra-muros, un fulgurant voyage immobile. Sans cesse des menaces nous longent, nos flans brûlent sous le souffle froid du quotidien. Le printemps anticipe ses sécrétions, il appelle à l'aide, se fait matinal pour qu'on le regarde. La tiédeur de l'hiver à force d'indifférence tente une diversion. En vain.

Dedans le wagon qui fouette les buissons, des crânes éteints se penchent sur la connexion. Du selfist à foison, des masques en attente, océan de confusions, noirceur à l'unisson. Les mêmes manteaux de la même couleur. Des réseaux qui jouissent, les zombies abandonnent leurs cervicales.
J'ai vu un sourcil lutter, se cambrer, le panoramique outre vitre défile, rien n'y fait les gens du wagon n'ont de souplesse que pour leurs écras.
J'ai Thomas Howard dans les oreilles, l'homme s'éteint lentement malgré lui, tous yeux vers le même point de chute. Un angle, une fuite, un point final.

C'est un quatuor sur un concept album, le groupe made in Bretagne nous promène à travers des émotions graves, des instrumentaux, de longs morceaux, une vie entière à jouer nos envies, puisque les utopies et les chimères sont devenues obsolètes.
Trois clips, trois volets, Thomas Howard Memorial dévoile sa beauté mélancolique.

Thomas Howard Memorial 2020 " Bonaventura" label : upton park


mercredi 26 février 2020

Andy Shauf 2020


Méconnaissable lui aussi. Né presque la même année qu'Impala. La bonne surprise cette fois-ci.

De l'Australie au Canada, Andy Shauf est venu ravir ma fin d'après midi. Une journée mal commencée, pléonasme. Giboulées, entre éclaircies radieuses et déluges à s'abriter, l'heure cobalt tiède a déboulé avec sa lumière « Neon Skyline » pour une heure d'accalmie. Une pause. Tout est clair, de l'acoustique pop flirtant avec des mélodies hospitalières. Les cervicales bougent encore, vers le tangage ce coup-ci, la houle cuivrée toute attaquée d'un gimmick imparable sur une voix sincère et langoureuse.
Je me suis laisser happer par ce disque romantique, intime, une saison à lui seul, une impression musicale à trépigner le bleu puissant d'un horizon à suivre.
Les nuages épais menacent, mais on s'en branle. C'est peut-être une nuit lumineuse qui déboule, rouge-néon ou bleu-horizon, gorge cramoisie et rêves outremers.. une transition tout accompagnée de la lune qui se fiche bien elle, de la nuit et du jour.
Et puis à nouveau une très belle pochette.

Andy Shauf 2020 « The Neon Skyline » label : ANTI-

mardi 25 février 2020

Tame Impala 2020



Le soucis avec un album dithyrambique à peine officiellement sorti et omniprésent sur tous les papiers, c'est de l'écouter avec une oreille neutre, vierge, neuve.
J'ai lu un peu partout des papiers annonciateurs, je suis allé voir, j'ai lu en temps réel fanzines et magasines, j'ai entendu jusqu'à l'écoute... et surtout je me souviens « Innerspeaker »..etc etc.

Bouillabaisse de tout ça, il va falloir que le disque en question, en dehors de l'image qu'il faudrait qu'on se fasse, soit à la hauteur. Il faudra faire abstraction à défaut de s'être rué dessus en temps voulu et d'être monter dans le wagon bondé à grande vitesse.

Pas mal, génial dans l'éphémère. Bordel j'ai les cervicales qui bougent sur « Bordeline », le son est excellent. Du coup à l'écoute, je ne me souviens plus d'eux. Pour sûr y'a du bon, j'entends Les Holroyd des BJH avec un gros groove vocodé en duo avec Bary Gibb, y'a même des lointains remugles Supertramp en mode dance floor (« It might be time »). Mais bon à la longue, il prend légèrement la tète comme un Flamming Lips annoncé.

Grosse campagne autour, Il aura fulguré, à peine. Je vais l'archiver, l'écoute est faite, on verra avec le temps et les synthèses. Ah, la pochette est sublime, tel un album prog, tel Hipgnosis dans sa plus belle lumière.

Tame Impala 2020 « The Slow Rush » label : island


mardi 18 février 2020

Bertrand Betsch 2001



Pâquerettes et Perce-neiges sont déjà à revigorer nos âmes. Narcisses, Pervenches et Mahonias.. le lopin prends des couleurs inattendues. Oblique la lumière du soleil tout de même.... ça veut dire quoi....« La folie des hommes ».
La peau tendue lancinante du djembé « Je ne me souviens plus ». J'ai passé un après-midi avec Bertrand Betsch, une fois de plus. Les tubes d'huiles dansent symptomatiquement. La lumière dehors est suffocante. Certes il s'agit là de quelques reprises mais pas que. Dominique A, Léonard Cohen, Lou Barlow.. mais c'est tellement Betsch, sa soupe à la grimace servie pour les invités, on oublie la fossette. « Reprendre une chanson la tirer à soi de toutes ses forces jusqu'à ce qu'elle craque et qu'elle avoue.... »...« Le monde n'est rien juste un château de sable que le vent à tout moment d'un seul souffle peut emporter. Le vide n'est pas autour, il est à l'intérieur ». Dedans le livret, Bertrand s'explique.

J'oublie toutes les références, il n'est que lui. Il est lui seul, habité. Des instruments, des sons gorgés de lueurs, des idées de Robert Wyatt dans nos mélancolies de proches contrées. 
C'était Lithium.

Le Callicarpa se réveillera bientôt avec une écharpe de chèvrefeuille. Derrière la vitre une graine de moutarde est venue se perde. Une demi jambe dressée dans son vert, cette crucifère est en fleur, jaune colza sur une tige ferme et décidée. Elle tangue à peine et « Nancy » illumine mon spleen.
La terre penche, le sol se dérobe, le tronc n'est pas loin, la tète tourne, « B.B Sides » est un grand disque enfoui de vertiges sentimentaux.

Bertrand Betsch est prolifique, jamais nominé, rarement nommé, parmi sa discographie, cet album atypique est son deuxième. Il est dans mes cellules, assimilé et incrusté depuis presque 20 ans.
Mercure hivernal caniculaire, chatons d'Aulnes hystériques, une demi-jambe de colza me parle ce tantôt, elle danse avec le vent tiède.. c'est quoi cette folie des hommes ??

Bertrand Betsch 2001 « BB Sides » label : Lithum

lundi 17 février 2020

The Standard 2002



Tout est une question d'échelle.... microscope ou téléscope.....

Des sons, des saisons, menace orageuse au dessus des abysses.. au milieu, à l'échelle de quelques pieds, une bande de lumière juste pour nous, encadrer nos songes, éclairer à peine l'histoire des millénaires à toujours tout refaire.
Un goéland surfe sur l'invisible, des coques en bois tanguent face aux tempes errantes. Des sons et des temps.
Un label obsolète, un vieil album qui se colle au temps qu'il fait. J'ai ressorti quelques disques numériques histoire d'occuper l’hiver tiède entre deux huiles tempérées. The Standard chez Touch & Go, 2002.. slow rock météorologique, guitares qui surfent et donnent la lueur, une voix de tète morose et des accélérations comme des rafales.

En attendant la nébulosité anthracite des nuages défile, vite et lourde, à peine au dessus de quelques houles callipyges.

The Standard 2002 « August » label : touch & go

dimanche 16 février 2020

Elbow 2019



Je voyage au bout de mon optique. Loupe binoculaire au dessus d'une canopée d'Aspergillus Niger, comme le drone au dessus d'une forêt terre de sienne brûlée. A quelques microns de lui l'Ochraceus mimosa éclabousse.
Tout est une question d'échelle, microscope ou télescope, électrons de poussière saupoudrant nos fronts en extase devant la voûte étoilée.
200 milliards d'étoiles pour une galaxie, marée de manchots agglutinés sur un rocher blanc d'écume, soupe épaisse saturée de vermicelles, enfer de bouées humaines ondulant sur une houle mécanique.... « Giants of all Sizes ».

Elbow 2019 « Giants of All Sizes » label : polydor

mardi 11 février 2020

Algiers 2020



Crachats d'échappements, feuilles laminées en chutney de pisse urbaine, pavés hydrocarburés, huillulose, museaux muselés et coronaires virulées, tout est gras et glisseux, tout est urée en hyper-humidité, transpiration fossile, semelles charbons, sinus grisoutés.
On voit que le jour se lève, une lueur bleue livide naît des buildings, un rectangle s'éclaircit, l'horizon est vertical. Les poumons inflammés je piétonne, je suis pas fou, je sais bien que c'est le jour qui se lève à travers cette géométrie.
Mon crâne dégarni est surveillé. Sur ce platane-ci, une corneille le cou cassé, les griffes plantées dans un chancre doré, suis du bec ma démarche rythmée par la pointeuse. Ma tète se tord aussi, œil pour œil, dent pour bec, je ne la lâche du col. Je n'ai qu'une hâte, monter au 7ème étage pour voir l'horizon horizontal, un trait franc enflammé par l'astre en quartier rose orangé, découpé, puis entier, trouble avec la gueule de bois des airs polluées. En bas, le noir volatile bec en l'air  me fixe toujours. Les étoiles agonisent, il est temps d'y retourner, de redescendre dans la géométrie étriquée, dans la termitière.. Je retire mon casque, « Wait for the sound » résonne encore, un sommet tout en dévalant mollement les étages.

Algiers est une inébranlable avancée.

Algiers 2020 « There is no Year » label : matador

jeudi 6 février 2020

Louis Ville 2019



« Combien de forêts calcinées.. ? ».. tiens donc, de but en blanc. Un carré jaune pareil à Swans, transpercé d'un autre rauque, des cordes burinées avec un trou noir à pomper toute la matière au milieu.
Des accords cassés, des lueurs Tue-Loup, des haleines Arno, des désespoirs Kanches.
Louis Ville irradie les marges, le creux des ravines flambées d'hiver comme une piscine de luxe.

Blues crépusculaire, épaisse tranche populaire d'un socle récurent imbibé d'averses. Une plaine incendiée de flaques, un auguste soleil se barre dedans. Jaune et des couleurs tranchées dans le cœur à vif. Louis Ville mon cinéma récurent.

Louis Ville 2019 « Eponyme » label : balandras

mercredi 5 février 2020

Swans 2019



Le merle n'est pas fou. Peu importe le mercure, il vient nous chanter nos fins de nuits fatiguées. Le brouhaha lointain des villes n’empêchera jamais le rossignol, le pinson ou la grive de chanter.
Beaucoup plus loin le bipède continue son concours de bite, construire la tour la plus haute, étourneaux étourdis, la terre crache son aménorrhée .. et déjà les tracteurs épandent, ça pue la mort dans les champs. Il faut dire que le noisetier, l'aulne et le cyprès pollinisent comme jamais depuis des jours.. on fait des progrès.
Entre Santeuil et Auneau, je suis allé errer coincé entre une éolienne et le train à grande vitesse. Tellement vite que les vaches n'ont même plus le temps de les regarder passer. Cerné entre deux mouvements mécaniques différents, l'un longitudinal et l'autre rotationnel j'ai tracé mon chemin poussé par la nuisance sonore, perdu au beau milieu du plat de nulle part.
Beaucoup plus loin, des Paris d'arbres entiers disparaissent, la jungle humaine se débarrasse des houppiers et des canopées. Bientôt 9 milliards de bouches à nourrir. Suffocation, asphyxie, agoraphobie, claustrophobie... misanthropie.
A Monvillier, on entend le TGV qui au loin pourrit la vie du clocher de Saint-Léger-des-Aubées. Dedans une foule pressée passe et repasse. En haut les avions n’arrêtent plus de quadriller.. En attendant, les arbres des petits bois se disent que finalement le manche des cognées sont des leurs, ou des leurres. 

J'entends le grondement d'un son, la rage moribonde d'un vieux rauque. 

L'intrigue des bacs. Saez et Swans y sont. Je n'en pense rien du tout finalement, tout est agonie. In extremis choper la marge, pour le cas où.
Carré jaune automnal, le temps passe vite, déjà ici il fait un temps d'avril fin janvier. Swans est toujours là, plus acoustique, plus fort encore, toujours la majestueuse menace. Dans ce bruit infernal, écouter Swans, plus fort encore.

Swans 2019 « Leaving Meaning » label : young gods records


samedi 1 février 2020

Mount Eerie & Julie Doiron




Un autre duo frontalier, couple à la chanson. J'ai manqué leur première rencontre, je comble mes lacunes avec ce retour. Retour aux sources, folk à l'état pur, jeu sensible de cordes, vocales ou guitares. Julie Doiron et Mount Eerie dans toute leur fragilité

Mount Eerie & Julie Doiron 2019 « Lost Wisdom pt2 »


Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...