De passage à Chilly
Mazarin, une fraîche connaissance le temps de prendre quelques
affaires prévues, me sert un café dans son antre du deuxième étage
d'un immeuble blanc et envoie sur son enceinte connectée à son
téléphone, le dernier Chilly Gonzales.
De prime abord j'ai pensé
à une vanne, un gros truc gras « eh oh, t'as vu j'chuis un
ouf moi », puis je me suis dit que peut-être il se foutait
de ma gueule, comme ça, pour me tester vu qu'il s'agissait là d'une
deuxième succincte rencontre et que la première fois, les débats
musicaux ont fusé à gorge déployée en groupe, avec lui au devant
de la scène.
Bon, se gausser de moi
n'a rien pour me froisser, au contraire, mais c'est mieux de gérer
le soufflet histoire d’appréhender pour décontracter, détendre,
fighter gentiment, voire transformer la suspicion en gausserie
générale. Je suis resté un moment dubitatif, partagé tout en
gardant une oreille sur le pianiste que j'ai déjà négligé maintes
fois.
C'est pas trop ma came
Gonzales, ou plutôt très partagé, je suis pas réceptif à son
côté technique et sportif du piano avec bandeau de tennisman visé
sur le front, même quand il joue délicatement comme Tiersen. Manque
d'âme contrairement à Tiersen.
« Merci c'est
gentil, je veux bien ». Il me ressert un café, le Chilly
bien accroché à son suppo blue tooth. Si le mec fait des private
jokes à passer des petites BO du moment pour faire genre et étaler
la mise en ambiance adéquat associative, j'aurai préféré
« Couleur Café ». J'ai même senti la bouffe
comme un cabot qui bave à l'heure où le coup de chaud est général
dans les rades, une arrière odeur de viande rouge pimentée et de
haricots rouges mijotés, « aribaribariba.. ». Merde,
Gonzales à Mazarin, le deuxième café est dégueulasse, il me prend
pour un coyote ou bien... je suis peut être dans un cauchemar,
muselé, sans pouvoir trancher.
Pis c'est chiant aussi
ces musiques enfermées dans un téléphone, impossible de zyeuter
les étagères pour voir en voyeur l'état de la discothèque de
l'hospitalier. C'est un truc que j'adorais faire ça, avant, scruter
les disques alignés chez n'importe qui. Là, rien.
J'adore le label No
Format !, à tel point que je m'interroge sur la présence du
pianiste sous ce toit là. Un passage chez Deutsch Grammophon, puis
Gentle Threat que je ne connais pas.
Le mec revient, me donne
la clé USB avec les démos promises, un groupe à lui qu'il a monté
et qu'il veut déployer avec l'avis de tout l'alentour suite au débat
musicale de l'autre soir...... Son visage n'a aucune malice, rien ne
transparaît, ne transpire, je pense que je vais me réveiller, le
Gonzales sonne pas mal bizarrement, je connais cet air, comme une
reprise... des reprises.. il va me gonfler une nouvelle fois ce
disque.. si je le réécoute. Peut-être est-il dans la clé USB.. le
salaud... Je desserre les mandibules, « Merci c'est cool, je
suis un privilégié d'écouter tes démos, on se voit très vite, je
te dit si j'aime. A plus.. et ça sent super bon chez toi.. tu
prépares un Chili Con Carne ?? »
Chilly Gonzales 2018 « Other
People's Pieces » label : gentle threat
5 commentaires:
Sympa ton nouveau pote.
S'il vient chez toi tu lui passes Metal Machine Music en entier et tu lui files à boire un café turc, à mon avis il comprendra le message.
ah ouaih, mais j'avais plutôt pensé à un tajine sans épices ni merguez, avec Pets Sound au fond ;D
Je connais mal l'oeuvre du monsieur.
Son projet avec Jarvis Cocker m'avais cependant bien fait tripper !
Ah oui, Chris & T, j'avais oublié ce truc avec Jarvis. C'était vachement bien, ça doit être l'effet Pulp..
Bon, Tajine semoule/courgette à l'eau.. qui vient ?? :D
Sans merguez, bon Chris c'est par conviction et c'est très bien, mais je connais un bon boucher... ce serait dommage de passer à côté !
Pet Sounds, mais carrément, au bord de la piscine.
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