Je croyais l'affaire bouclée, le
retour impossible à force de se prendre le mur sans cesse comme un
bug de jeu vidéo à rebondir dessus sans cesse.
Il y a des nouveautés annoncées des
mois à l'avance, des articles qui tombent des semaines avant que
l'objet sorte, et il y a des albums qui déboulent comme ça, des
artistes oubliés comme si la chose était bouclée. C'est ainsi que
j'ai vécu la sortie du nouveau Roger Waters, ¼ de siècle après
« Amused to Death ». C'est pas la pochette qui m'a
percutée la rétine, fade et plate comme « Radio Kaos ».
Non, c'est le promontoire que souvent j'évite, la tronche du gars
avec son nom dessus.
Pourtant, avec le temps, tout s'est
dilué, y'a bien le Gilmour qui est resté comme par amitié, près à
tout lui tolérer, comme une vieille collaboration par dépit à
vouloir garder quelque chose du groupe, et j'ai joué le jeu.
Le Roger, j'avais mon cerveau pas bien
non plus quand j'ai exploré le cul de l’auto stoppeuse juste après
le mur, le « Final cut » et le « Radio
kaos ». Du coup , après coup, j'ai glissé un peu
sur « Amused to Death », ampoulé, 1992 je
n'y croyais plus. J'avais pris un peu part au Roger à cause de son
putain de mur animal qui tient pas debout, et des gosses qui font de
la viande hachée sous le regard vicieux des professeurs tyranniques.
On est peu de chose quand on est pas bien.
Du coup, le Waters dans les bacs ces
jours-ci, je m'en suis battu grave en le voyant, pensant à une
nouvelle compilation ou un énième concert au pied du mur de briques
qui n'en finit pas de tomber. Un réflexe de clébard qui salive en
mode Pavlov, j'ai écouté comme un âne perplexe mais avec un fond
d’excitation comme quand ado j'allais dès la première heure
chercher le vinyl à peine sorti dans les bacs. J'avais tiré un
trait sur Roger, vraiment, et peu importait un retour tonitruant,
stade ou intimité, tortures cérébrales ou pop dévidée à la
Coldplay.. J'ai écouté. Je suis resté accaparé.
Remugles, senteurs, voix, gimmicks un
peu à reluquer du côté de « Animals »
(« Bird in a Gale »), « Smell the Roses »
comme un écho et plus encore.. moi « Picture That »
j'attendais dès l'inro qu'il dise.. welcome to the machine..
mais pas grave.. ça fait 25 ans, il aurait pu faire ça tous les
ans, on se serait lassé, et là c'est pas souvent que Waters balance
du bon bouillon .. mais d'ailleurs il a fait quoi tout ce quart de
siècle à se prendre le mur en ressac comme un bourrin ??
Bon, le nouveau Waters est là, je
l'écoute depuis hier soir et je suis comme un gamin qui n'en a rien
à foutre mais pour qui ça compte un peu quand même. Et comme il
est très bon, il compte beaucoup plus du coup.
J'aime les albums concept, ça ne veut
plus dire grand chose maintenant, ou alors faut écouter celui là
aujourd'hui pour comprendre le principe du fil conducteur d'un album
homogène qui nous emmène là où le mec a voulu nous attirer
cheminant les méandre et les dédales de son cerveau idéaliste et
musical.
Il est grand ce disque, un retour en
force tranquille, gratos, rien à prouver puisque tout était bouclé,
il est puisant et beau, réfléchi.. la surprise est de taille, vous
saviez vous que Waters resurgissait ? Quoi ?? . on s'en
foutait, on est d'accord... Bon, à l'origine pour savourer l'effet
de surprise, il faut aimer Roger Waters, cette part du Floyd
tellement controversée, tellement problématique. Y'a plus de
problème, ce disque est une aubaine... je redeviens un gamin
floydien.
A l'époque de « The Final
Cut », je me disais chouette, on est des enfants d'un
groupe divorcé, on va avoir deux fois plus de disques..on a eu du
Gilmour, du Waters quelques années.. tout s'est noyé dans plus
rien.. 2015 et l'arnaque du siècle avec « Endless
River », 2016 Gilmour (remix sncf etc etc), 2017
Waters.
Du « Déjà Vu » ?
on s'en fout, c'est du convaincu. D'emblée, là, alors que je
croyais l'affaire bouclée, le Waters me rappelle au groupe et son
souffle anti-capitaliste me plaît bien.. quel Pink Floyd ce Roger.
Roger Waters 2017 « Is this the
Life we Really Want ? » label : columbia
12 commentaires:
De suite, c'est bon, j'y vais...
Comme aimanté... la voix, la prod, les compos, le son, instantané...
THX
Oui y'a pas mal de rappels au son du Floyd, puis des bruitages en fond, verre cassé etc etc..il aime bien ça le bruit au fond le Roger. Bon, je le trouve de mieux en mieux ce disque. J'ai aimé Gilmour aussi, même si exigeant avec lui, je l'ai un peu déglingué.. ça reste le son Pink Floyd, sans la dureté des idées et de la voix de Roger.
Merci à vous deux ;D
Il parait que c'est un bon retour. J'attends un peu avant de m'y coller, trop de belles choses plus "neuves" à découvrir d'abord. Mais j'y viendrai...
J'attendais une chronique comme ça pour me lancer dans l'aventure !
Mouais, je ne pas aussi enthousiaste que vous. C'est d'évidence du Floyd - pas de la meilleure période - et ça semble sortir directement de The Wall. Mais The Wall a presque 40 ans. Il n'a pas évolué depuis 40 ans monsieur Waters ? Ou bien il trouve plus simple de recycler les vieilles recettes ?
Et puis, brrr, la voix a vraiment vieilli.
Belle surprise.......d'autant plus chouette que je n'attendais plus grand chose de Waters.
Merci pour le billet et le partage
Si on aime pas les les 2/3 de The Wall et qu'on n'a jamais réussi à rentrer dans Final Cut malgré plusieurs tentatives, c'est possible de rentrer dans ce disque?
J'ai écouté l'extrait que tu proposes, pas emballé.
Tu veux un inédit de Pink Floyd qui sent bon le Waters? Le titre de la chanson est plus qu'un clin d'oeil. Ca a déjà presque 20 ans et pourtant, ça sonne moins vieux
https://www.youtube.com/watch?v=qi3WpbZI4pM
Si ça te branche, c'est un groupe avec une disco très dense, je pourrais te guider.
Vachement content de venir au taff ce matin.. ma box à explosée jeudi soir, du coup pas internet depuis :( . On imagine pas comment on devient accroc..enfin, j'avais quand même l'électricité pour la musique :D
Ah ouaih, pour ce disque, faut évidemment bien aimer Waters sinon c'est mal barré. Sauf que la production y'a Nigel Godrish, le son est beaucoup moins The Wall ou Final Cut, plus aplani, fin, c'est même la seule étonnante de l'album, le reste c'est du Waters pur jus, mais du bon :D
Pour ce Waters là, je suis plus du côté "Pro and cons.." pour ce retour là, Final Cut c'est hard, c'est son album le plus névrosé. Alors pour le côté soft et "guéri" de Waters, y'a peut être plus de chance d'entrer dans celui-ci Audrey. Pour The Church, je connaissais pas celui là, mon préféré c'est "After everything now this". Bah en fait effectivement j'en connais pas des masses avant celui là.
Till, l'a pas évolué en effet, autant j'ai bouffé du mur à l'époque, que là au fil des décennie ça commence à gonfler grave. Ceci dit, je trouve celui là assez éloigné de The Wall.
T, Kif and Pap's .. bonne écoute ;D
Je l'avais pris, mais avec pas mal de chance que je ne l'oublie. Résultat, bravo, je suis en train de me le faire, et surtout ... vais me pencher sur le Gilmour que tu avais chroniqué... Je pensais à cette notion de redite, de familiarité... qui va s'en plaindre. Moi qui aime défendre la curiosité et tenter de déplacer ses propres lignes de "goût", c'est plutôt reposant la familiarité dans la nouveauté.
Et the "Wall" je commence à l'aimer, vous dire, même si je continue à le démolir, un reste de snobisme
... Oui, au fait, la voix qui a vieilli. En moins flagrant j'entends un peu le chevrotement qui me touchait tant chez Johnny Cash dans ses derniers albums.
Bien content que pas d'autotune pour redresser les hésitations (voir Aretha!! Plutôt entendre)
Moi je trouve que sa voix elle a pas bougé des masses, c'est d'ailleurs le truc qui résonne encore comme un réflexe à force d'avoir bouffer du Floyd tte mon adolescence.
Comme tu dis, des retour comme ça, c'est pour se retrouver ds du Waters, pour une fois qu'a pas un mur dedans qui s'écroule. Puis je vois pas ce qu'il pourrai faire d'autre. Pour le Gilmour, y'a du bon dedans, mais qq morceaux à écarter quand même, moins homogène de Roger. Eh t'imagines si fallait fusionner les deux.. allez on croise les doigts..un Floyd 2020 ??
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