jeudi 26 novembre 2015

Mayas & Abdelnour / Palestine & Chatham

 



Autant les garçons peuvent oppresser par leur conjugaison habitée, autant les filles rassurent par leur lumière et la palette de couleur autour de cette liberté improvisée.
 

Magda Mayas, pianiste berlinoise, a dessiné avec la saxophoniste parisienne Christine Abdelnour, un paysage acoustique fantastique que le silence embellit sans limite. C'est un label néerlandais fantastique qui héberge la vision abstraite jazz des deux filles, Unsounds. Comme une myriade de piafs qui s'esclaffent, oiseaux en tout genre, le son apporte une palette badine du travail improvisé.

 
Charlemagne Palestine est un vieux gribou expérimental renommé qui utilise son piano pour faire vaciller les notes dilatées qui illuminent son cerveau, ou l'engluent selon. Il a rencontré Rhys Chatham dont je ne connaissais que le gothique « Bern project », il est New-Yorkais et surtout avant-gardiste trompettiste, et aussi guitariste. L'improbable « Youuu + Mee + Weeee » sort chez les bruxellois Sub Rosa, une autre auberge fantastique.
 

Et voilà, deux combinaisons expérimentales piano/cuivre totalement libres. Deux labels fondamentaux à travers ces évasions bariolées. Des artistes connus, d'autres moins, deux rencontres, deux duo calés sur le même principe. Faut être disponible physiquement pour adsorber cette architecture évadée. Les garçons proposent un triple album (42, 60 et 53 minutes ..) qu'il faut pouvoir placer dans son quotidien, un remède par exemple pour une nuit blanche .. les filles sur deux morceaux et 35 minutes en tout, offrent la liberté de revenir sur ce chant d'oiseaux surréaliste, cette évasion sonore pas moins habitée, mais terriblement accaparante.

J'entends une myriades de choses.. des brides « Ummagumma », la version studio.


Mayas & Abdelnour 2012 « Myriad »
label : unsounds
Charlemagne Palestine & Rhys Chatham 2014 «  Youuu + Mee + Weeee » label : Sub Rosa

mardi 24 novembre 2015

Motorhead / Knopfler !!!



 


Il fallait s'y attendre, avec ce gris cinglant qui nous bruine la déprime, cette pluine glacée oppressante, des envies de blé ont traqué ma platine. Du chaud et du sec, des envies d'emprises voluptueuses qui cognent et moissonnent.

 
Du froid qui pique, pas si torride que ça, mais giflant quand même, juste comme il faut, comme l'as bravant le brelan, je me suis retrouvé ce midi avec deux albums dans ma besace, sage et cobalt, colt et sable...
De l'ocre pâle et du ciel épais comme j'aime, langoureux et libidineux. Les deux.
 
 

Je dois vraiment avoir une sale trogne pour inconsciemment me retrouver avec l'or fade et le ciel éclaboussant de cobalt, ces piques opposés qui montrent la même couleur de pochette.

Un contre trois, c'est pas gagné. En lâche je ne m'avance pas, j'écoute les deux avec le même plaisir celui de trouver du sable chaud, et un ciel appétissant.

Abroisifs


Motorhead 1980 « Ace of Spades » label : sanctuary 2005
Mark Knopfler 2015 « Tracker » label : mercury



dimanche 22 novembre 2015

Anna Ternheim 2015



Un grand besoin d'écouter des chansons familières, un truc qui sonne bien dans le cerveau comme une fidélité caressante, ce soir j'écoute au coin du feu, le nouvel album d'Anna Ternheim.

Pour rappel, Anna est mon amoureuse pop à moi, chacune de ses réalisations me chantent dans le sens du poil.
Au levé la moue, l'humeur chafouine le soir, le ciel gris trop près du front, une contrariété, et hop, un Ternheim. Une des premières chroniques de ce blog en 2007, c'était elle. Je parlais à l'époque de sa façon d'écrire des balades made in USA comme Minor Majority.. Anna Ternheim est suédoise. Une tendresse mélodieuse semble la distinguer des autres.

Sur son sixième album, les mélodies et le chant sont toujours aussi imparables, des accords que j'adore entendre, un magnétisme magnifique. Une fois de plus je suis sous le charme.
C'est un disque classique dans le genre, balade folk bucolique, fidèle, des chansons de trois minutes qui pommadent les nions, ma galette d'arnica à moi.

Anna Ternheim 2015 « For the young » label : universal

vendredi 20 novembre 2015

Sylvain Chauveau 2015



 
Je me languissais de ces gouttes de piano bruinant sur une étendue d'huile. Une mer de silence semée de notes.

Sylvain Chauveau laisse onduler ses doigts légers, comme sur « Un autre décembre »..ou sur des plumes du livre nocturne..... J'aime son piano préparé, son paysage décharné, ses ambiances néo-classiques.
 

« How to live in small places »... et j'ai l'impression que toutes les musiques que j'écoute depuis ces derniers jours sont d'actualité. Et pourtant, ces quatre pièces ambiantes délassent et dilatent, une notice pour se recroqueviller.

Sylvain Chauveau 2015 « How to live in small places » label : brocoli

mardi 17 novembre 2015

Marcel Kanche 2015



L'aurait p't'ète pas fallu que je tombe sur ce disque là, pas ici, ni maintenant. Ou peut être est-ce l'aubaine d'une douloureuse coïncidence, d'un terreau favorable ?
 
J'ai tellement pris du Kanche dans mes veines, que rien ne m'étonne ici dans son épaisseur. Peut-être est-ce la transfusion qu'il me faut ?

 
Je laisse diffuser, on verra bien la gueule de la convalescence, ou de la connivence.


« Des caisses de doutes
Des containers de questions
Des boites vides de réponses
.
L'horizon dans les poches
.
Avant que l'épaisseur ne nous vide »

L'épaisseur du vide.

Marcel Kanche 2015 « L'épaisseur du vide » label : pbox music / caramba
 

vendredi 13 novembre 2015

Alexandre Delano



 
On reste sur les terres d'Auvergne avec ce premier album provenant lui aussi du Kütü folk.
Alexandre et son orchestre c'est un peu la version chanson des Delano Orchestra. Un album magnifique de belle écriture, un folk vaporeux avec cordes et cuivre.
La voix d'Alexandre semble perçu à travers les eaux, à la manière d'Amor Belhom duo.
Le Delano Orchestra fait parler de lui depuis quelques temps, après Jean-Louis, Alexandre en escapade, avec « Eau » un album de pop aérienne, moderne et acoustique.


Alexandre Delano 2015 « Eau » label : vicious circle

mercredi 11 novembre 2015

PAIN-NOIR



 
Puisque nous sommes à écouter les talents de par ici, je viens juste, après l'envergure des Chatterton, de tomber sur l'intimité d'un clermontois.
Pain-Noir est une belle poésie, des mots, de délicates chansons à séduire n'importe quelle bougonnerie. Il est fort à parier qu'il ne verra miette de son pain blanc qui devrait cuir de nos horizons graminées. Les artistes à la géométrie hexagonale semblent être condamnés à rester une espèce endémique. La perméabilité n'a de tolérance que pour des M.Farmer, C.Aznavour... eh bien pour la peine, je me le garde pour moi, comme si j'étais le seul à l'écouter, gardons donc précieusement cette belle couleur délicate, cet instant rare.

 
Cet album est une proximité folle, chaque chanson est illustrée à l'intérieur par une photo ancienne en noir et blanc, comme un témoignage personnel, la tendresse d'un pétrin talqué, le croquant d'un pavé de froment, celui qui pousse de l'autre côté de ce petit jardin tendre et privé. C'est un air de petit village reculé beau à s'y accrocher définitivement, ce bourg attachant que tout le monde déserte. C'est la bande son d'une vie qui va lentement qui se déguste.
 

Je foule des arpents de limon évidés et shoote dans les silex des lopins qui me narguent et me disent qu'on ne vivra pas vieux, même si nos corps sont amoureux. Le seul moment heureux, c'est cet instant là.

Pain-Noir, c'est François-Régis Croisier, il vient de St Augustine et du label formidable Kütü folk. Le groupe n'est plus, lui a tout écrit, tout composé et presque tout joué sur cet album confidentiel. J'ai beaucoup aimé leur deux albums, je suis complètement sous le charme de celui là.. « PAIN-NOIR ».

PAIN-NOIR 2015 « Pain-Noir » label : tomboy lab / sony




Mille mercis Echiré pour ce beau cadeau.

samedi 7 novembre 2015

Feu! Chatterton



 
L'escampette plein les naseaux, la vue poudrée par des esprits, par l'idée de vouloir ne plus rien faire un jour et se laisser prendre naturellement par la liberté qui fut.
A l'écoute de Feu! Chatterton, je me replonge une fois de plus dans l'esprit Saravah et les électrons culturels de cette fabuleuse vague de liberté. Il faut vous dire dès maintenant, qu'à la vue dithyrambique des annonces des mois avant la sortie de cet album, je m'attendais à une daube genre La Femme ou Aline.. il aura fallu une fois de plus que je me bouscule pour passer outre la presse qui nous emmerde.

 
Feu! Chatterton, c'est une façon d'interprétation comme jadis, un véritable univers fulgurant comme on l'a déjà fait, comme on pourra encore le faire. Ces cinq là le font, et je suis trop accroc à la chanson d'alors pour rater cet opus là. Christophe, Léveillée, Tue-Loup, Barbara (tanguer le navire), Vassiliu, Thiéfaine, Nougaro (droite gauche..), Beart, Dyonisos, Ferré, Tachan, Noir Désir, Dominique A (Porte Z), Higelin, Tanger.. un véritable univers dans lequel j'entends tout ça, une teinte sépia moderne, je suis abasourdi. J'aime énormément.
Un studio en Suède avec du vieux matériel de collection, un son d'époque, d'aujourd'hui, des seventies.. c'est solennelle, fou, désuet, ultra moderne, poétique, d'actualité, une qualité surréaliste, un geste rock'n'roll, une cohérence absolue malgré quelques morceaux existant déjà sur le Ep précédent (tout comme Benjamin Clémentine)....

 
La foule alliée se fout des fous à lier, j'y pense, j'avale, cet album m'obsède comme on tombe amoureux d'une coloquinte en collocation. Chamboulé, étourdi, sur le cul je suis. « Côte Concorde ».. comment c'est possible une telle beauté!!! je danse et tourne à pleurer.

 
Faut qu'ils arrêtent les média de causer de belles choses comme celle là, on va finir par les louper avec leurs conneries récurrentes.
Je vais me siffler un côte d'azur, un vieux vin nouveau à 14,5%, un cru tout frais avec tout dedans, la terre éventrée, l'eau par les pieds, le soleil par cordes, un véritable jus fécond qui fait du bien tout au fond. Rap en post rock, chansons sublimes, le temps se dilate. Quel plaisir, quelle rassurante excitation ce Feu! Chatterton.

Feu! Chatterton 2015 « Ici le jour (a tout enseveli) » label : barclay
http://www.solidays.org/programmation/samedi/?gclid=CK-X0PKM_sgCFQblwgodgGINBg#feu-chatterton



jeudi 5 novembre 2015

City And Colour



Tiens, un petit coup de cœur !! quoi de plus que les autres bons disques qui fréquentent moins la platine ??
Un son, un tempo, une voix, une pop qui roule sa bosse tranquille et racole facile, des bribes de blues, des allures paumées qui assurent, une évidence qui erre sur les terrains vagues, un feeling.
 

« If I should go before you » renvoie à pas mal de références, plein d'autres musiques avec une belle façon à lui de faire rouler l'affaire, à faire bouffer du bitume.
« Killing time » un sommet,
« Nothern blues » a bourlinguer sans fin sur des routes sans courbes,
« Woman » comme un post rock de 10 min qui entame bizarrement l'album,
"Blood " une pause contemplative avec l'horizon océanique pas loin....
 
Ah oui, City and Colour, c'est Dallas Green, une ville, une couleur, un artiste américain, jadis c'est dans un groupe de hardcore qu'il chantait. Depuis 2005, 7 albums sous le nom de City And Colour.
 
 
Une allure magnifique entoure chaque pièce et laisse danser mollement vers cette démarche musicale pop percutée d'une addiction, et un coup de cœur, c'est surement un opus qui passe et pousse en boucle sans trop cerné ce que ce disque là, a de plus que les autres.

City and Colour 2015 « If I Should Go Before You » label : dine alone

lundi 2 novembre 2015

Tess Parks and Anton Newcombe



 
Tout comme Mark Lanegarn est venu embrumer la pureté d'Isobel Campbell, Anton Newcombe a pris Tess Parks sous son ailes comme pour encrasser des effluves d'une Hope Sandoval sous ectasy.
Comme Belle and Sebastian sous la chaleur de Washington d'un Queen of Stone Ages, Tess Parks est venue se brûler aux radiations psychédéliques de Brian Jonestown Massacre.
 

C'est à Berlin que la canadienne et l'américain se sont retrouvés pour un album irradié, obsédant et ensoleillé par un astre titane.
« I declare nothing », comme Adama Green & Binki Shapiro, Alison Mosshart & Jamie Hince entre autre, est un couple qui envoie, un séduisant mélange, une collaboration qui assure, un album blanc habité.

Tess Parks & Anton Newcombe 2015 « I Declare Nothing » label : Cargo records

dimanche 1 novembre 2015

William Sheller 2015




C'est un dimanche humecté, plaqué par un soleil baratineur, comme un jaune cadmium flambant bravant la brume, des feuilles carotènes éclaboussant l'automne.
La chaleur est indécente, ma campagne prend des allures tropicales et la vitre embuée laisse entrevoir le gris qui s'impatiente, quelques silhouettes se dessinent, des haleines d'âmes s'y installent, un autre monde.
 

C'est un matin éblouissant, un après midi torride d'un novembre trompe l'œil, j'écoute le nouveau Sheller et son quatuor. « Stylus » pour dessiner sur nos carreaux embués la chaleur de nos tantôts que la fraîcheur des nuits délave.
 
C'est un instant heureux cendre et or.
 
Sheller haute fidélité.


William Sheller 2015 « Stylus » label : mercury

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...