Moi j'vous dis que le printemps est là,
qui sourde pas loin, le gris, le froid, l'hyper humidité sans que
puisse sucer la racine en berne, c'est du pipeau en rade, c'est de la
pommade pour la croûte qui s'impatiente. Y'a beau rester des jours
et des semaines de merdasse gelée à attendre, y'a quelques ondes
qui chantent la nouvelle succion, la prochaine photosynthèse.
Quitte à planer sur un chant nouveau
de merle patient ou feindre cette ondée glaciale sur un air
primesautier, je veux prendre tout ce qui est possible pour résister.
Dehors c'est le souffle frimât qui gerce, je suis assis au creux de
mon canapé avec le soleil de février qui pénètre la vitre. La
chaleur est douce sur le crâne et il me vient quelques idées
polissonnes de dance music hivernale, légère.
L'écosse dans ses plus belles
lumières, loin d'Arab Strap ou Mogwai, Belle & Sebastian avec la
légèreté bien foutue qu'on leur connait. De la pop des îles
britanniques pour danser en plein froid.
Des chansons à se foutre de cette
saloperie grise qui nous gèle les glandes, qui nous crache pas chaud
sur nos envies. Narguer le calendrier sur « The power of
three ».
Je croyais que seul l'écossais des
îles britanniques qui pouvait me faire sourire c'était Paulo. Je
reste franchement fixé sur l'agilité heureuse de « Girl in
peacetime want to dance ».
Adepte depuis le début du groupe de
plus en plus rare, je suis éberlué par cette fraîcheur aussi
enlevée qu'un album de Saint Etienne. Synthé pop made in British,
un brasero pour faire rougir le sagittaire, un dandysme élégant qui
met du baume à l'épiderme en manque de vitamine D.
Aussi, « The everlasting muse »
est un brûlot festif de bar extraordinaire, de bien être contagieux
quand tout le monde réchauffé de l'intérieur chante en chœur dans
le pub.
« Ever had a little faith »,
comme une balade celtique partagée entre Adam Green et le Velvet
d'un « Monday morning ».
« Perfect couple », pépite
rock ska made in England...
« Allie » à la
Morrissey....
« Enter Sylvia plath »
propulse comme il y a quelques décennies, le feu de forêts
intemporelles, une transe 80's. Je pars sans retenu et danse avec les
arbres, lèche la fougère et surfe sur la canopée, sans bouger, ma
Sylvia auprès de moi.
Les albums de Belle & Sebastian se
font de plus en plus rares depuis qu'Isobel est parti chanter avec
Mark, presque 20 ans de carrière et une nouvelle apparition sous la
chaleur des dance floor d'hiver du nord de l'Europe, une feinte au
mercure qui bande mou, au baromètre qui fait grise mine.
Un petit bonheur musical.
Belle & Sebastian 2014 « The
girl in peacetime want to dance » label : matador