vendredi 8 février 2013

Ana Moura


 
Du noir à nouveau, mais pas sur la pochette, sur la palette, dans les veines. Ici, là bas, c'est une couleur, celle qu'on interdit dans les cours de peinture académiques. Petit bout d'Europe, ardeur des regards. Le noir flamboie devant le blanc et le cobalt brûlés de lumière.
Le pas lourd hivernal, j'ai le sourire d'Ana Moura dans les écouteurs. C'est triste un fado, pourtant le ciel se lève sur cette mélancolie vitale. Quelle culture plus mélancolique dans cette beauté ensoleillée ?
Pas la peine de s'emballer, d'éclabousser, la terre s'occupe de tout, les plis de Ribatejo maternent et des mains la couvre. Tout est enfoui, profond, le cœur et la gorge. Il s'agit là de mettre en veilleuse sa turgescence, sa supériorité, une humilité féconde intrinsèque comme le seul coin exotique du vieux continent se dessine dans la discrétion. Et pourtant quelle force!
 

Mes frères, les soirées fado à chialer son échine me manquent, le sourire généreux des frangines aussi. Février, le niveau du sablier qui m'éloigne le plus de vous.
Le fado est une corrida, du corps à corps fraternel, une danse des sentiments les plus nobles. D'ailleurs une guitare est née de ces larmes. Celle de Carlos Paredes. C'est le silence absolu, celui qui avoue. C'est l'explosion des cœurs, des larmes, des mains sur les épaules, des accolades, juste quand la dernière note se meurt sur les petits pavés de L'Alfama. Le fado est un pèlerinage spirituel extrêmement charnel, un vague à l'âme qui chope les viscères.
« Amor afaito »... l'amour est un feu... fogo, c'est plus joli.. dans « feu » il y a la détonation, « fogo » c'est uniquement la flamme.

Allez, mes potos d'ici, je sais qu'il y en a qui aiment. Ana Moura, la nouvelle diva du Portugal parmi Misia, Bevinda, Maria Joao, Cristina Branco..la grande Amalia, pourtant Ana chante à la manière du fado des chansons qui ne sont pas issues de cette culture. Un album ouvert au grand publique donc.

La peau est une texture interdite depuis des semaines, des bouts de pommettes à peine dévoilées, le cerveau gelé, l'hiver arrive à son point culminant d'insupportable, sadique il use de sa position crâneuse de calendrier pour pincer plus encore, pour laminer les bronches. Ma carcasse emmitouflée étouffe.
Ana chante à Paris demain soir au café de la danse. Du coup on la voit dans les bacs, ce formidable disque de fado moderne. Je l'ai chipé, l'hiver n'a rien vu, je l'écoute en cachette comme on va se griller dans les salons d'UV, ou pour une thalassso del corazon.

A bras ouverts vous m'avez pris, à coeur ouvert je vous aime.


Ana Moura 2012 « Desfado » label : universal







18 commentaires:

charlu a dit…

C'est très très sympa Frac.. en plus dehors c'est encore pire qu'hier :C..on grelotte.

Je te l'envoie.

La Rouge a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
La Rouge a dit…

Y'a un truc avec le fado... je voudrais passionnément aimer mais à chaque fois que j'écoute c'est toujours en dessous de l'intensité que je me suis imaginé. Ben étrange ce qui se passe avec la chimie de ce genre musical et ma personne.

La Rouge a dit…

Mais cette fille a une voix avec un timbre magnifique. Vraiment.

LRRooster a dit…

Obrigado meu amigo.
Je charge pour cet été. En plus elle est belle .Demain soir au Café de la Danse, dommage car ce soir je vais déjà à la Maroquinerie pour Eugène McGuinness.
Biz

Anonyme a dit…

Peut de personnes présentent et proposent du fado sur la toile.
Bravo a toi et merci.

Moi j'ai une préférence pour Mariza.
Obrigado e Parabéns
Phil.

Sb a dit…

Magnifique... J'adore quand ça chante en portugais, mais ça tu le sais déjà. Thanks

Anonyme a dit…

Justement j'écrivais que je ne connaissais pas bien le chant Corse, même si mon père l'était, je trouvais que le Lamento était bien plus touchant côté Fado.
Dommage de ne pouvoir entrer dans la "tête" de la Rouge pour comprendre ce à quoi elle s'attendait?
En tout cas merci et dès la pochette...

charlu a dit…

Oui..Mariza..complètement oubliée..et pourtant.. Y'a Madredeus qui a beaucoup fait pour le fado en Europe.

Arrff pas pu attendre l'été..trop besoin là..il parait qu'il fait 19 avec du soleil :CC

Le fado c'est du blues.

Merci les p'tits gars..je reviens d'une big chouille avec des Portugais.. parabens a tudo

La Rouge a dit…

Le Fado ça lève rarement. Tu penses que tu vas avoir l'orgasme de ta vie mais ça vient pas. T'attend mais ça vient pas. Pas comme le blues pour moi, très différent.

La Rouge a dit…

Et je ne dis pas que c'est mauvais hein, loin de là, juste pour moi que c'est une constante déception. C'est tout. C'est juste mon expérience.

Anonyme a dit…

Oui, en écoutant, j'ai pu imaginer le quiproquo. Le FADO n'est pas déchirant, du moins ce que je connais. C'est bien plus de la lamentation teintée de nostalgie. Comme un chagrin en regardant la mer depuis le port. Cela ne raconte pas de la souffrance.

La Rouge a dit…

Voilà, je crois Dev que tu as mis les bons mots. ;)

charlu a dit…

Lamentation et chagrin.. pil poil Dev..la mer aussi. J'chu d'accord, ya pas de souffrance dans le fado.. une grosse dose de douceur embarque la nostalgie.

Arewenotmen? a dit…

C'est vrai, le fado est rare sur la toile...et je connais pas encore celui d'Anna Moura. je me précipite donc sur la Belle !

charlu a dit…

Parait que c'était puissant samedi soir..
Ce disque là est un poil décalé sur l'authenticité du fado.. il s'appelle "Desfado".. les chansons ont été choisies en dehors du repertoire fado, mais sont interprétées à la façon fadiste.

J'aurai l'occasion de reparler des "sources pures".

Le fado est rare sur la toile, c'est très local, pour les frissons, il faut avoir en face de soi la mer et les vieilles ruelles pavées avec les tramway en bois qui remontent les pentes abruptes. J'ai exagé&ré en parlant de blues, qui est plus du côté Calors Paredes..mais le blues est une complainte née d'une résistance.. la pide dictatoriale du Portugal a disparue en 1974.. on va dire bluesy soft de collines ensoleillées.

Arewenotmen? a dit…

J'a iréservé deux disques de la Belle àla médiathèque. Y'a plus qu'à attendre la livraison... Une grosse envie de la douce Lisboa tout à coup...

charlu a dit…

me rappelle plus de ton mail.. il est dans la box le nouveau.

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...