jeudi 6 mars 2025

The Limiñanas, 2025

 



Il s'agirait plutôt de causer de la disparition des abeilles.

Un discours martial, un siècle disparaît. Les tracteurs épandent toujours autant … certes, concourt de chibre planétaire et menace nucléaire … la rengaine, mais creuser des tranchées à nouveau sans pour autant semer, on rêve mon cher Watson. Le bipède s'est dressé avec un silex dans les paluches pour faire du feu et récolter. Pour égorger aussi. Les réseaux sociaux.

Mes parents sont nés en 1943 sous le bruit des bottes et des obus. Je les ai embrassé ce midi encore en leur lâchant. « eh merde, si ça s'trouve vous allez vous barrer avec le même bruit, sans les abeilles ». Leur boucle, les cycles, une spirale.


J'ai toujours été partagé entre le rejet et la haine. Au moins avec la misanthropie on peut développer quelques intelligences écrites en laissant pleuvoir les squelettes blancs et couler le sang délavé.

Alors, je n'ai pas dit que la pluie ça mouille, elle inonde aussi à notre échelle. Pour l'instant elle donne des couleurs rosées à mes saxifrages qui se réveillent. Du coup, le reste …. question d'échelle.


J'ai la bêche en feu, le plantoir en rut. Le ciel est silencieux et le pollen féconde le vent. L'Est et l'Ouest ont la même odeur, la terre tourne.

Une envie de m'enfoncer l'asticot dans l'humus. Et je n'ai pas parlé de faire l'autruche. Juste se faire du bien dans la taupinière, accepter la terre, avoir conscience du cosmos et embrasser la gorge des myopes souterraines. Sombre glorihole à plat ventre la tronche dans les Véroniques tendrement bleutées et la Cardamine en joue prête à catapulter ses graines, biner un peu pour revivre, tenter le bulbe assoiffé dérangeant la chrysalide enfouie et tomber sur un obus des années 40. Je kiffe le monde.

Et si on causait du dérèglement climatique.


Limiñanas 2025 « Faded »sur Because Music

mardi 4 mars 2025

The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble 2006



Eméraldine en cime, la dîme jazz sur nos âmes. Une étendue dark cyan jusqu'au dôme pointu blanc suce la calebasse. On s'accroche et on descend, suspendu sous le plafond. Les parallèles sont arrondies et la rivière remonte vers le bleu céleste. J'ai des doutes sur les sens. Et l'endroit où je suis. C'est un jazz que j'aime particulièrement. Il est bleu, free, expérimental, tendu et un poil post-rock, détendu et imaginé à l'envers, la neige au bout tout en bas, la boule à flocons que l'on renverse dans son huis clos. Sax cordes et peau, la délicatesse acidulée des altitudes, éminence azur.

C'est un point de vue extraordinaire sur l'inimaginé calé sur cet endroit unique.

Dénovali est un univers parallèle. The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble est son jazz affect.

 

The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble 2006 « The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble » sur Denovali

jeudi 27 février 2025

Miossec 95

 


Je nage comme je peux au milieu des moutons. Plantés, les grands arbres à hélices ne sont pas des phares, ils donnent juste le sens du vent. Il y avait pourtant les moutons. Mais où sont les falaises ? Les poteaux de craie ont des reflets d’outremer, les abysses sont peut-être plus proches que la côte, j’ai pas mon tuba. Anémones à terre, éoliennes de mer, je suis à bout de souffle. Ventilons. Ces pâles pales qui tournent allument l’ampoule du phare que je n’arrive plus à voir. Quelle connerie, tourner en fond. Mon angoisse est palpable, dans quel sens nager ? Tranche de hasard définitif, mon front hagard sent les récifs, « étouffer les sirènes ».

Quel drôle de rêve avant d’aller à nouveau me plonger dans ce bain de fadaise d’entretemps. J’ai la trombine salée et mes draps sentent le varech. J’ai pas regardé le 7-0 on s'en foot, la rade ne prendra jamais l’eau. Quelques tempêtes seulement. Les rades en zinc. La troisième mi-temps dans la troisième dimension, une mise en bière animale avec les matins assassinés. « Miossec, tonnerre de Brest » invitation au voyage en ARTE, et voilà mon déclic citrate. Foutu terre du Finistère qui tangue sous mes quatre fers. « Boire » en boucle du coup, pour les souvenirs, l'album contagieux, ça m’apprendra, la prochaine fois j’écoute « Baiser ».



Miossec 1995 « Boire » sur Play it again Sam


mardi 25 février 2025

Pulp - 1997


 

Et Sheffield me tombe sur la peau. A force de me faire cracher dessus par ce ciel vérolé, l'idée d'être aspergé par moult giclées cellulaires m'est venue comme une averse. Tant que les ligneux ne suceront pas la terre, la boue nous collera toujours cette moue tenace. Bientôt le bourgeon, la pompe vers les cieux, débourrage et envies d'y ajouter sa gomme arabique, en attendant la peau duveteuse sur le velours du sofa, toujours l'espoir.

La ville est sale, les tronches sont dégueulasses, des fantômes font la marelle sur les auréoles mordorées d'hydrocarbure, bitume la grise, des yeux sur la rivière de caniveau, le gargouilles entendent tout. J'ai un chef d’œuvre dans la tète. Des cuivres graves, de la grave Brit bien lourde avec accent et chœurs, J.Cocker de Sheffield, pas Joe, mais Jarvis, la chaloupe timbrée, la pochette Roxy, l'idée de tanguer sur de la pop sensible bien bâtie, les violons sur des claviers crachins, 1997 en apothéose. Ma fille avait 2 ans, mon fils naissait, j'avais quand même le temps de bouffer de l'opus sonore dans sa plus belle texture, danser un slow sur « Dishes » et de me bouffer la « Sylvia » dans sa flotte. Quel disque !!

L'intro à la Arab Strap du titre éponyme a toujours tendance a faire vriller mon attitude et mes gestes dans mon huis clos qui passe du sérieux au sulfureux, cuivres zombies, Jarvis incarne au maximum, double pavé, monument.


Pulp 1997 « This is Hardcore » sur Island records

 

jeudi 20 février 2025

Ignatus - 2025

 


Toujours dans les gros films sensationnels, quand un zinc passe dehors au dessus, l'acteur dans son salon regarde le plafond. Il sait qu'il ne verra pas l'engin pourtant son regard suis la trajectoire suggérée. C'est un peu ce que j'ai vu quand les Victoires sont passées sur l'écran. Une charpente avec tuiles et cheminée comme écran. Opaque et pas que. Mes yeux éberlués. Au dedans de mon huis clos, Ignatus lui était bien là, histoire de retrouver la vue.


Tiens l'herbe grasse, 1997, « L'air est différent ». Se vautrer dans la grass dodue comme Perry Blake ou The Necks qui a déclenché quelques souvenirs gras minés.

Sa voix rassure et ricoche sur tous ses albums, la poésie où il y en a presque plus, saisissons. Sa danse en douce tranche du pastel embaume, rouflaquettes et de jolies choses chantées. Ma jeunesse aussi se réveille, avec des corps de murs en cailloux, des odeurs de silex et d'humus labouré. Torchis. Des chansons comme les siennes de terre me renvoient toujours à ce que je fus, ce que je suis à l'écoute de « Dans les virages », dedans ses croquis humains à travers lesquels il faut zigzaguer comme on empoigne sous les ombres.


La grimace aussi pour mon premier verre de vin. Ma première cuite accidentelle à cinq ans a dû imposer le processus de rejet. Un quart de siècle après pourtant, c'est devenu une découverte, un délice, tanin tannant mes mots retrouvés.

« Dans les Virages » m'apaise. Il est délicieux cet album, on est bien, sous un ciel taquin, avec un verre de vin et beaucoup de mots divins.

Dans la catégorie plus beau chansonnier... « L'ombre » plus que tout.

Ignatus 2025 « Dans les virages » sur Ignatub 

mardi 18 février 2025

Milan W. 2024



Dream pop enclenchée. En plus sombre, la guitare dépitée, 90's, j'avance en tâtonnant j'attends l'effet. Il n'a pas traîné. Il n'est plus question de flotter mais de surnager. C'est une pépite d'effondrement stoïque, l'angle est souffreteux, et la fuite visqueuse. « I wait » me tabasse. Tout me saigne. La lucarne empoignée, je cherche de l'air à respirer. Vasistas entrouvert la tasse à boire, et je reste accrocher, tant qu'on a de l'air on garde la mémoire.

C'est tellement beau, on dirait être un survivant de tout.L'épaisseur vrille la note, le Jack mou et le batteur torché et sans cesse ce héron qui me fixe. Milan Warmoeskerken entre dans mon obscurité. Et ça danse en apesanteur, ça tourne et défaille, autre sublime découverte.


Milan W. 2024 « Leave another day » sur Stroom

 

samedi 15 février 2025

Wallners 2025


 

Décidément, la nouveauté ne me lâche pas. Envie d'avancer encore un peu plus dans l'année histoire de fuir, d'aller fleurir.

Un appel au temps clément, une prière à la nuit paisible éclatante et dégagée, et je plane un peu sur cette gracieuse apparition.

Bucolique à rester figé devant un miracle de lumière lunaire chialant un ligneux nu. Il y a de l'écho dans cette pénombre immobile. Des chants suspendus, des notes flottantes, tout s'évapore. On en oublie cette air frais qui tombe sur les épaules. L'haleine en buée floutant cette prairie, duc en curiosité, brocard cloué, quelques branches craquent et les synthés s'allongent.

Une grande fratrie patauge dans la dream pop, berceuse contemplative, des murs palpitent et les teintes sont belles.

Sublime découverte 2025.


Wallners 2025 « End of Circles » sur Upstairs

mardi 11 février 2025

Tunng 2025


 

Pas humain cette flagellation glaciale sur la face, blizzard, frimât et rafales d'aiguilles en pleine poire. Qui va interdire d'aller au taff sous des températures négatives ? On n'est pas des pingouins !! Déjà les forceps au réveil, si on te jette dans l'eau glacée en plus, comment faire pour aimer les gens après.

De même, quand il fait beau et soleil, quand le ciel est clément avec des ondes tièdes à faire se balader les plus lourds canapés, on devrait rester dans son jardin et sur les chemins.


Et la pointeuse dans tout ça, cette bote noire de nos fatigues récurrentes, la fente vicieuse de nos acidités. Il fait cendre, le vent n'a aucune ambition, le mercure végète sans prendre de décision, mes pompes sont trempées alors qu'il ne pleut pas.. alors on bosse. À quoi se raccrocher, même pas envie d 'aller pisser, faire péter un troisième café, à quoi bon être énervé, de toute façon ça se saurait si là j'étais en train de créer des richesses. Assis sur mon steak je matte la mouscaille, je pavane mon ciboulot et regarde mes paluches automatisées gesticuler. Quoi écouter ? Il me faudrait un truc légèrement sucré avec une pointe de sel, léger en tout cas, pas gai, surtout pas, mais pas déglingué de la jovialité non plus, neutre comme cette absence de temps. On va pas sautiller, ni s’effondrer, juste se mettre bien dans ce cambouis ambiant.


C'est doux, ça plane, ça croustille dans la mélancolie, je me souviens des belles heures de Static Caravan Records, il y avait ce groupe délicieux qui faisait frétiller les paupières, from London. Tunng 2005. L'époque où je me vautrais dans ce style, l'auberge Morr Music, Fonal aussi et tant d'autres.

Tunng, tiens, j'ai lâché après la « Turbines ». Qu'est ce que j'ai aimé « Mother's Daughter and Other Songs ». « Love you all over again » 2025 est tout comme il faut, fidèle à cette douce électronica sur de belle mélodies folks. 20 ans en arrière, tout ce qu'il me fallait. Tiens, une éclaircie.


Tunng 2025 « Love You All Over Again » sur Full Time Hobby

vendredi 7 février 2025

Shannon Wright - 2025

 


On fait un tour de table. Je vais passer le micro pour que chacun se cause de lui. Oui on se connaît tous, et même votre tète me dit quelque chose, mais il faut qu'on tourne autour de la table ovale, c'est cyclique, c'est ainsi, elliptique comme la terre, il le faut je vous dis. On se croise, la tète droite et le regard oblique, peut-être on s'oublie des fois, alors tournons tordus elliptiques en toc. Et causons de nous nom d'un chien.


J'ai un doute sur toi, ton regard vide me dit quelque chose. Toi passons, je te connais, le doigt en l'air. Passe à ton voisin. Ah lui j'ai aucune idée de ce qu'il est ou ce qu'il fût, enfin si, ou plus, mais le son de sa voix et sa façon de prendre le micro avec sa photo sur la fiche signalétique scolaire m'embrouille. « Allez dikituhais et pourquoi téla, même si tu es invité..fais un effort merde, tu penses quoi du ciel ce matin ?». Tu ne diras rien ? il faudra bien que tu dises quelque chose. À toi. Calme-toi, j'ai pas demandé un CV non plus, l'A4 plié te colle à la paume ?!! détends-toi on voit d'ici ta feuille vierge avec ton nom en flou. Passe à ton voisin..le micro foutre dieu, le micro. Bonjour. Ok passe à ton voisin. Tu as déjà parlé toi, on a fait combien de tours ovales  ?? ah quand même..vous avez paraphé la feuille de présence, même avec le tour de table pas très rond, on ne sait jamais si vous êtes là avec vos yeux de limande ou pas..l'A4, elle est collé sur les paluches de l'ote fiac.. t'es qui toi au fait ?? bon, on refait un tour de table.

L'ordre du jour est reporté à la prochaine réunion... on se dit à demain matin 10h30 dans la salle « Rhododendron », on pourra organiser un groupe de travail pour la semaine 19 et voir comment on pourrait arrondir cette table ligneuse ovalée de réunion pour mieux finaliser l'ordre du jour prochain en optimisation circulaire pour bilan qui n'en finit pas de tourner à l'ovale. Qui rédige le compte rendu ?


Shannon, pas la peine de prendre le micro, tout le monde te connaît ici, « Honeybee », province et secret du sang, oranges in the wool .. un cercle vicieux. Tu te souviens de Yann TIERSEN Shannon ?? il prenait le micro comme personne. Et puis ses cordes et son souffle t'allaient si bien.

Je crois bien qu'on va te donner les clés de cette année qui démarre dans la vase pralinée qu'un glacier n'avait pas anticipé. Un gros caillou est tombé. Pas sur nos cranes, c'est déjà ça. Un bloc en pavé, Cat Power et Beth Gibbons peuvent se porter pâle.

Première importance de l'année, Shannon Wright, plus belle que jamais.

Et toi, comment tu t'appelles ?? et qui fait quoi au fait?? intitulé ? Amour si terne.


Shannon Wright 2025 « Reservoir of Love » sur Vicious Circle

jeudi 6 février 2025

Caleb Landry Jones 2024


 

Quel déluge, Lennon ensorcelé sur une autre planète, l'opulence a du bon et même s'il faut trier, à ce niveau là, prenons tout. Géniale démence pleine comme une outre, une ampleur dans le cœur d'une ferme, basse-cour noire de bestioles à potage qui s’entremêlent et se mélangent. Jusqu'à plus soif une cassette gonflée à bloc, une grosse brouette fauve de chansons psychédéliques, rock en botte pour une hémorragie insolente souterraine qui gronde sous nos corps secoués.

Pas grand monde ne bouge dehors, bande chrome mystérieuse qui a surclassé tout le monde, le truc le plus fou de l'an passé, le génie de Caleb en profusion, plénitude exubérante, pas une seconde d'ennui, essoufflé, quel pied.


Caleb Landry Jones 2024 « Ruth Mc William » sur Sacred Bones Records

vendredi 31 janvier 2025

The Necks – Bleed - 2024

 


Gamin, je crois bien n'avoir jamais eu envie de sauter dans les flaques. Je suis resté enfant. Briser un miroir, ne plus voir le ciel dedans, pas envie de faire râler non plus.

Me rouler dans l'herbe plutôt, je me souviens de cette envie permanente. Ou encore aller fouler un champs grillé à me dorer quand l'herbe fatiguée me boudait la peau.

Graminées ma madeleine, mon cerveau manœuvre quand la touffe grasse danse. Dans l'ordre esthétique des choses, un paysage sans herbage est un désert qui m'angoisse. Même la dune a son Oyat.

Le crane rasé de Perry Blake dans la « Still Life » est une idée lustrale qui me remue. La caresse d'une prairie.

Mes plaines sont des marées de chlorophylle. Je rumine. Mes mâchoires s'agacent et mes paumes réclament. The Necks plus ultra, ce groupe paysagiste sonore me suis depuis très longtemps. Aucun album à l'écart, Chris Abrahams pareil.

En attendant qu'elle pousse, quel profond voyage au creux des herbes.


The Necks 2024 « Bleed » sur Fish of Milk

mardi 28 janvier 2025

Marry Waterson & Adrian Crowley


 

Dans le jardin, l'herbe endolorie patauge comme des algues. La nature cabossée par un hiver crachin est nacré d'une nouvelle vie à venir. Lumière toute chargée d'ébauche.

Dans la cuisine, j'ai ôté le Bas résille vert de ma courgette, c'est pas de saison et alors !! on aime bien aussi à dos d'hirondelle en plein hiver. Sa chair a perlé à la trancher, juste avant de la mijoter la cucurbitacée.

L'eau frémit, j'ai jeté une poignée de gros sel. A deux pas de mon muret la rivière d'eau douce déborde, le rouge gorge solitaire est venu picorer une fois la horde de moineaux éloignée. J'ai l'impression qu'il me regarde sur ses frêles petites pattes. Il me ressemble un peu, fuir la meute, traîner dans les pattes des bipèdes malgré tout, sans crainte, juste avec cet œil lointain et méfiant. Son recul est charmant. Sa solitude bouleversante.

C'est sensuelle la cuisine, les textures, les humidités, senteurs, exhalations, darnes ou chair à pépins. Toucher. Le jardin aussi. Plonger les paluches dans l'humus, malaxer le lobe, dénouer les racines de la motte, humer l'épice de l'escalope. Prendre toutes les buées sur les muqueuses.


Tiens, le soleil éclabousse, quelle idée. Il suffit de saler l'eau qui frémit prête à baigner mes tranches de courgettes suintantes pour que l'idée d'embrun tape aux vitres. Ou alors c'est la terre de bruyère et mon azalée fraîchement plantée tout à l'heure, tout près d'un camélia en bouton qui réclame le granit.


Non, j'ai trouvé, je suis con, c'est le « Cukoo Storm » qui chante dans mon dos. Marry Waterson et Adrian Crowley. Le beau celtique gris a pris tout l'espace de ma tambouille. « Heavy wings » et la guitare écho chiale mon dos de cabillaud à peine plongé dans le court bouillon salé.


L'océan est une grande buveuse d'eau douce.


Marry Waterson & Adrian Crowley 2024 « Cuckoo Storm » 

 

jeudi 23 janvier 2025

MATHIEU BOOGAERTS - 2025

 


On dirait que le parquet penche, rien n'est bancal pourtant ici près du grand piano. Juste le temps qui passe avec dans les poches des petits bouts de papier avec dessus des chansons à chanter, au hasard. Matthieu est un archipel, et des amoureux célèbrent.

Quand on aime la musique et les mots, le tempo et les doux rythmes déhanchés, la sérieuse insouciance des musiques bien foutues dans sa plus belle allégresse, on longe les morceaux de Mathieu Boogaerts sous un fauve imperméable.


Tiens, « dormir jusqu'à demain ».. foutre sur la gueule ce cortex qui ne débranche que dalle à n'importe quel moment de toute heure, à moins d'écouter un disque hypnotiser les globes à tes côtés. Et puis au crépuscule « Ne pas te dire » la blancheur de la nuit avec la chaleur du matin comme un petit dej tropical de quelque part, un autre continent. Chuchoter sous de douces percussions. Mon cerveau n'écoute plus mon corps. Merde, si ça s'trouve c'est l'inverse.


Moi j'aime bien quand Matthieu est dans la douce coulée, comme Albin ou JP, le minimum des mélancolies, et quand elle est vraiment là, on se met à danser sous des frissons de perles lacrymales. Les pores d'attache. Une giclée de citron sur la lande de bois, du basalte sienne mais qui vole très loin ensoleillé, la lèvre en effervescence pour des instruments, juste ce qu'il faut.

On est bien, mais tout penche alors que non. Je suis droit mais j'ai la pensée bancale, la tronche en biais et pourtant le jour appel au docile à quelques jeunesses du domicile, d'une nouvelle jouvence.


On ondule encore, toujours, depuis quelques lustres ou candélabres, avec Mathieu, « C'est beau la vie ». Je me balade toujours avec le « Promeneur » « Super » « Michel » et du coup, je penche un peu la nuque et danse bancal sur la « Grand Piano ».

Mathieu dans les bacs, c'est un jour singulier.. une bonne nouvelle.


Mathieu Boogaerts 2025 « Grand Piano » sur Tôt ou tard

 

samedi 18 janvier 2025

Hania Rani 2020 / 2023

 


L'eau qui flotte dans l'air a décidé de ne plus tomber. Ou alors la gravité s'est barrée. Nébuleux, vaporeux, les gris laiteux sont lourds. Ma plaine postillonne, plus rien de sec, ma pelure en serpillière j'avance et cherche le bleu dans mes poumons.

Et puis j'entends les notes du piano de Hania, celles qui planent comme les micro-gouttelettes suspendues. Il est travaillé comme Nils Frahm son piano, Olafur Arnalds, ces doux architectes qui veulent bien nous mettre en musique ces horizons ankylosés qui nous figent et nous brumisent les pommettes.

Et ça voltige la note, virevolte la brume, des gris intenses avec ce trait de ciel qui griffe la rétine, l'Outremer en plein soleil, bien loin au dessus de cette eau qui flotte, voltige sur nos fringues mouillées.

C'est un délice à apprivoiser, pour moi c'est fait, j'ai beau dire le gris, le plomb et la cendre, je suis quand même un peu d'ici, sur ces plateaux de calcaire couverts de blé permanent et de colza embellissant, j'ai beau pleurnicher je sais que c'est ce gris pesant qui fait le charme tarabiscoté des jours interminables d'ici. Hania n'a pas nié cette froide vapeur qui me perle les cils et m'écourte la respiration. Finalement, c'est de la rosée sur les fibres, des minuscules larmes pleines de pudeur, un flou baiser dispersé sur la belle haleine au parfum de poire mûre. La semence roupille, impatiente, au premier rayon de soleil, un jour, avec ce trait bleu intense qui raye le gris brûlé des plaines laiteuses, la graine sera. 


 

Hania Rani 2023 « On Giacometti » 2020 « Home » sur Gondwana Records

 

jeudi 16 janvier 2025

The Groundhogs - 1970


 

J'ai dû encore me fracasser le crane sur un un vieux silex, à chaque rechute ça me fait ça, je butte et bug sur un brûlot blues british pas piqué des éperons. Tellement Taste ou Rory au choix avec un peu de crème et de vieux Tull par dessus, ça coule tout seul, ça passe poil. C'est souvent chez moi, je freine sec sur la nouveauté, et dans un crissement aigu de pneus hypers usées je fuse à reculons comme un dingue la tronche dans le rétroviseur et je stoppe net sur « Thank Christ for the Bomb ». C'est comme une vieille bouffée d'oxygène ancestral, quel son !! on refait le niveau d'huile avant de repartir de plus belle comme on revient de la guerre.

Requinqué, ébouriffé, cabossé mais rechargé à bloc, j'ai chu et chuté sur une pépite 70's, le sommet des Groundhogs. Je reste un peu par terre, je m'accorde un bout de convalescence, « Garden » est encore dans l'hématome, « Darkness is no Friend » dans la gueule et « Soldier » sur ma bosse.


Groundhogs 1970 « Thank Christ for the Bomb » 

 

mardi 14 janvier 2025

Kim Deal - 2024

 


Qu'on me cause de Kim, c'est quoi ce Deal, cet album fou qui revigore mes cellules. Et comment elle me parle !! des gros sax et un Flamand rose, quelle insolence avec ces contrastes, Liminanas en Ultra Orange avec … quoi ?? une Breeders ?? ah ok.. Pixies !!! mais nan, on entend effectivement.... mais c'est mille fois mieux nan ?? Rien à foutre..et qui'm'dit que Kim Deal n'est pas une autre ??


Dehors les brindilles craquent, il gèle à pierre fendre. J'ai remis une bûche, me suis recouché en regardant les flammes faire danser les fougères sur mon mur. Il fait encore nuit mais le pastel commence à grignoter l'horizon. J'ai lancé mes enceintes en sourdine avec Kim dedans, juste pour voir au lit ce que peut ajouter d'émotion l'écoute de « Nobody loves you more ». Et bin j'ai flotté, et les sporanges de ma fougère ont soupiré quand « Are you mine ? » est venu gigoter quelques remugles de peau moite dans mon suave demi-sommeil. Pour un peu, j'y dessinerais bien des flamands roses en plus à ce papier peint amazone sur lequel des fougères dansent à l'écoute des flammèches de ma bûche qui se délite sur les vieilles cendres de la veille, et à la vue de « Wish I was » qui me déborde.

« Summerland ».. bon, va falloir qu'il me lâche un peu cet oreiller tenace et un peu insistant sur les bords, même sur le ventre je vois une fougère qui danse, plus timide que les autres, mais quand même avec un léger déhanché qui laisse imaginé que le vent doux matinal s'est à peine levé.

« Come running »...eh oh.. calme, y'a pas la presse.. je remets « Nobody loves.. » et j'arrive. De toute façon, le café, il va pas venir à pied et il n'y a plus que des braises dans le foyer.

Il fait grand jour, le vent est tombé et la fougère s'est figée. Et Kim Deal d'ailleurs.


Kim Deal 2024 « Nobody Loves You More » 

 

mardi 7 janvier 2025

Gastr Del Sol 2024


 

Juste après la fièvre, j'ai goûté au jour ouateux. Claudiquant, des bruits de paysage et quelques voix ont ravivé ma tète. Mes pas ont crispé la neige et quelques guitares gelées ont flotté autour de moi.

Lourds mes bras, comme des rondins, j'ai marché partout pour voir si la Perce-neige était déjà là. J'ai hiberné comme un vieil ours, un quart de siècle terré et à nouveau cet acoustique nébuleux tout brouillé de drone et de boucles entêtantes. Le piano aussi revient à la vie dans son éveil engourdi.

Je descends la rue des Barbelettes et me dirige vers mon ruisseau. O'Rourke au désespoir de ne plus l'entendre un jour avec Grubbs, et un tourbillon Gastr Del Sol fait danser les Trembles du vallon. « The Serpentine Similar » dans la mémoire et tout dégringole liquide dans mes bottes de caoutchouc.


Je suis apaisé et bien réveillé, l'air me rentre par les pores, les combes sourient avec ses ravines herbeuses, la lumière nouvelle se teinte de jazz éthéré, elle chasse toutes les moisissures de automne engorgé. Je vais sûrement revenir par la rue du Moulin de Pont jusqu'à mon Épaule. La douzaine de morceaux peuvent bien repasser à nouveau et l'heure recommencer.

Gastr Del Sol 2024 « We have dozens of titles » sur Drag City

 

lundi 6 janvier 2025

Julien Clerc 1970


 

Je dors en bas, juste au dessus du lit de mes anges...des jours entiers à les aimer. Là-haut plus rien ne bouge. Cette nuit comme tant d'autres avec mes cent pas, je n'ai pas dormi. Il y a bien un moment dans la journée où tout se tait, le centre du silence, en plein milieu duquel le bipède ferme enfin son claque merde. Pales, moteurs, verve et micro-onde.. le point à choper, aphone.

Il est 4h du matin, je tourne en rond, une envie de vide et d'orgies. « L'instant le plus lourd », rien ni personne pour me soigner, tout le monde dort. La cogite, les choix, quelques horizons à peine, la nuque se penche et le front affronte le rien. Il va falloir sortir dans quelques heures et déjà la première voiture du village prend son chemin. Ils disent que le soleil va se lever, rien du tout.

La lueur première dans quelques heures, il est 4h du matin, et dire qu'à quelques ruisseaux d'ici, les menhirs ne dorment pas non plus. Je suis un Bernard l’Hermite au creux du canapé. Une pince dehors, le cerveau dans le vide sanitaire, et je bute les ouïes grandes ouvertes. « Nous sommes des gens parfois gais », question de météo.. mon tempérament s'effondre quand sonne l'heure vide. 4H du matin, toutes les âmes mortes ronflent.

Mon lendemain s'en va, hier gigote encore, tout remue, s'effondre et resurgit, c'est un beau merdier dans ce faux tri pour la bonne mine. Dans quelques heures le jour, et si la nuit revient, j'y s'rai pas pour grand chose. A qui dédier tout cet ennui quotidien ? Très souvent à l'heure creuse, je fredonne cette chanson qui me baigne et me rassure.

Julien Clerc 1970 « Des jours entiers à t’aimer » sur Pathé

 

samedi 4 janvier 2025

Mount Eerie 2024

 


Garder ce sol qui s'émeut, avec son ciel abyssal. J'ai des montagnes plein la tète et avec l'hiver toujours ce bleu hématome qui fige mes pas et mes trapèzes nacrés. Le halo autour de la lune m'hypnotise. Un ampli de gratte en écore d'if me démange la mâchoire. Brasero hypnotique en plein déluge de neige hypothétique, des flammèches voltigent et je happe n'importe quoi. Les mecs ont fait fort cette année, Wheeldon, Joyner et Elverum donc. Tiercé bouclé, trinité en furie, la trilogie en boucle des bandes sons cardinalo-séminales.

La colline est bleue, le ciel ciel, aucune eau n'a quitté le ravin depuis des mois, l'été n'a pas bu les creux, tout regorge et pourtant tout semble évidé. La bombe de brouillard a tout flouté les traits et les balades s’enchaînent, du bois, de l'écorce rugueuse, le vent du poète, les odes fantomatiques en suce, et en plus il nous chaloupe comme la nausée des fêtes et le remède qui va avec.

L'objet est sublime, pochette poster géant et des photos à s'y perdre. Totalement nature, saisissant, renversant touchant parfois au bouleversant, il abîme ou requinque..au choix. Je vis en pleine montagne, la nuit est un royaume, « Demolition » me terrasse et "Gleam.. " colle tellement à la réalité.



Mount Eerie 2024 « Night Palace »

The Limiñanas, 2025

  Il s'agirait plutôt de causer de la disparition des abeilles. Un discours martial, un siècle disparaît. Les tracteurs épandent touj...