Folk carotène, un Musée
Mécanique Low Eliott Smith qui sent le bois de chauffe. Les jours
raccourcissent certes, mais il fait tiède sur les palissades, des
britanniques dans le désert. Des voix canons, des accords clairs et
distincts, il pleut sur le sable. Quatre dans le minimum pour des
belles tranches de chansons lentement chaloupées. Cosy, bien isolé,
les feuilles emmènent le orange par terre, doux et moelleux, c'est
un acoustique chanté qui réconforte comme un vieux poêle à bois,
avec dessus une gamelle qui fait fumer la soupe, et éventre les
châtaignes. Fredonner calmement en joie avec la mousse qui renaît
et le pissenlit Larousse.
Modern
Nature 2025 « The Heart Warps »
sur Bella Union
Piégé par la pochette,
moi !!?? Oui et non. L'hameçon mordu, j'ai voulu me débattre,
intérieur joue blessé à me morde, mais la mâchoire s'est vite
détendue. Loin de me noyer, je me suis posé, et comme un vieux
gigot rescapé sur la berge j'ai gigoté, retrouvant ma respiration
sans broncher, dandinant comme un dadais, eh ouaih, j'écoute du rap
les gens, que j'ai dit à mes préjuger graphités de bourru.
Alors, calmez-vous, j'ai
dit ni oui, ni non, pas dupe non plus, et les puristes du genre
étiquetteront-ils ce bel objet de rap ??
Bref, ma rétine a
crocheté un sublime album de RAP, mon corps à danser ankylosé, et
mon cœur a flanché sur la petite madame SIMZ. Déçu il y a
quelques semaines par les nouveaux projets de BUCK 65, j'ai failli
définitivement lâcher l'affaire. « Lotus »
m'a sauté dessus.. Oh l’entourloupe qui n'en est pas une, oh la
belle bassesse des somptueuses hauteurs, bien joué la pochette ..
sublime, comme le disque.
Impossible d'être
tranquille 5 minutes à siroter du psyché Freak sans être sifflé
du casque par quelques priorités. BLACK LIPS totalement barrettien
balayé par un Feu ! De Dieu. Le retour des Chatterton. Puis
SOLAR EYES, monstrueux album de rock cosmique psyché de voyous
bariolés sauvagement bâillonné par le monumental triple chef
d’œuvre de Jeff Tweedy.
Les fauves à la cave,
« No rider on the horse » à l'écurie, obligé,
« Love is for love » s'installe à fond la boucle
pour un moment. « Twilight Override » va me
faire l'automne.
Comment dire …
Les vrais héros ne
passent pas en boucle sur les réseaux, aucune de leur trogne sur les
écrans. Très peu de chose à emporter sur le dos quand on part
sauver des âmes. Le poète héroïque tend sa fêlure de la motte au
nuage, ses douleurs comme un mycélium, et tous ses défauts pour
nous tendre la main. Vulnérable plus que maudit, la seule
consolation à l'idée d'être un animal raté comme les autres.
« Twilight Override », une trinité.
La gloriole planétaire
est pour les ânes, le troubadour patauge et sauve des vies. La toile
d'araignée est un danger pour l’œuvre, comment après des siècles
de mélodies trouver l'étincelle et enquiller la triplette des
belles vies comme celle-ci.
Comment dire …
J'ai dévalé quelques
chemins ce midi après une nouvelle écoute, il fallait un instant de
recul. La glandée bat son plein, rares ceux qui deviendront un
chêne. Pourrir ou se faire bouffer par les cochons, les cycles sont
les mêmes pour tout le monde, seul le Quercus sait la lumière.
Notre histoire est bien vieille. Au retour, avant de remettre cet
album, je me suis posé sous la tronche oblique du soleil encore
taquin, il chatouille le prunus et me raye le profil. Le Tipoulet
partout est venu me chatouiller de ses fines pattes. Jeff a fauché
toute autre possibilité d'écoute. Époussetant, balayant, élaguant
les camarades de promontoire, il va me faire l'automne, déjà
quelques chansons en boucle, comment avancer.
Comment dire...
J'écoute approfondi avec
des émotions abyssales et beaucoup de légèreté dans le sourire.
Peu importe le poids politique, je ne sens que la lutte poétique à
sauver l'âme repue et l’œil fatigué, ce héro patenté.
L'opulence n'a rien à voir là-dedans, juste un peu bavard,
l'urgence à témoigner et l'automne a son remède. L'évidence
défile et les jaunes s'installent, pas une seule baisse de régime
et je respire à grand poumon. Les cordes de « Better day »
folâtrent, la belle journée, juste « Fell free »
pour quelques heures. Jeff Tweedy quand même.. « Love
is the king » ok, mais je lui préfère de loin « Love
is for love ».
« Petite chanson,
bien mieux qu'un gros livre ». Des pour « aider à
vivre ». Des beaux poètes comme on écoute un Ferrat, Ferré,
Fanon ou Ferrand, aller un peu plus loin. De Bérimont à Félix
Leclerc, cercle sans cesse. Je le farfouille depuis bien longtemps le
Bertin. Homme de scène, baladin des bords de Loire, la géographie a
une certaine importance je trouve, un terroir, et je vais souvent
paisible le long de ce grand fleuve, des chemins sableux, et dans le
fredonnement « La permanence du fleuve ». La
permanence. L'éternité des chansons.
Des années j'ai arpenté
des buttes et des quartiers pour me procurer les vinyles de Jacques
Bertin. Une rencontre avec un accroc comme moi lors d'un récital de
Lenny Escudero et un échange de disques rares enregistrés sur
cassette audio. Des soirées à discuter, « tiens, tu devrais
aimer Bertin ». « La Blessure sous la mer »,
« Hotel du Grand Retour », « Le
grand Bras, les Îles », c'était du pain béni pour
moi. Engouffré. Tout le reste avant, puis j'ai longé après, comme
on suit le courant lourd et perpétuel sur les berges de Blois. J'ai
toujours secrètement voulu « une fête étrange et très
calme ».
Il vient de paraître le
troisième volume « Le Chant des Hommes ».
Intégral sur 15 CD, d'un bloc, moi qui ai arpenté des buttes et des
quartiers pour me procurer tout ce qu'il y avait à prendre. Je
jubile, je me réale et barbote, un flot d'inédits, et cette
merveilles « Chansons sauvées des eaux »,
inédits 2022. Alvarès, Le Chant du Monde, et puis son Velen. Il
aura fallu la passion de Christian De Tarlé pour que tout
dégringole. EPM musique à Châteauroux, l'intégral Bertin.
Je reste dans le retro et
trifouille mes lacunes. Chuck les potes, et comme un grand magasin
avec des caisses automatiques, mes algorithmes me suggèrent. Certes
il faut souvent l'aide d'une hôtesse pour valider ou approuver, et
c'est là que vous intervenez.
Depuis quelques jours,
sans me souvenir du chemin parcouru pour la découverte, je suis
bloqué sur la discographie de Jeb Loy Nichols.
Terrain favorable, être
bien dans le monde JJ Cale, Piers Facini ou Shane Murphy, Shawn
Mullins avec une voix soufflée SRV cool de rocking chair Ben Harper.
Voilà pour mon aiguillage hasardeux.
Alors pourquoi « Country
Hustle », Bah c'est comme ça, à biner et labourer, je
me suis surpris à réécouter cet opus 2017, l'époque de l'autre
monde d'avant.
« The United
States of the Broken Hearted » avait pourtant ma faveur, juste
avant l'écoute de l'autre. Sûrement le soleil dehors, et ce plomb
de septembre qui sue et sent la moisissure d'un talus en pleine
succion. Rythmique chaloupée, moelleuses percussions, idée de
moiteur, mosaïque porto-américaine. Et puis merde, il fait nuit
tôt, dans une heure je passe à l'autre. Depuis 2002 le gars, à
défaut d'y aller encore plus, et de devoir trancher bêtement sur un
coup de mercure qui ne fera que quelques heures sa crânerie avant
extinction, je découvre Jeb Loy Nichols et je suis coincé entre
2017 et 2022.
Il a enjambé
l'Atlantique mais en sens inverse de Rod Stewart. Atterri au pays de
Galles. Est-ce que ça se sent dans sa musique ? Y'a du folk, à
sa sauce et pas que. Je sens le bougon dans la douceur, l'americana
sur les coteaux gallois, un blues chlorophylle sur de la country de
ciel gris. Chaloupé comme une basse pression de canicule
britannique. Le reggae danse aussi sur les prés salés. Calexico des
Cornouailles.
Au choix, deux Jeb Loy.
Jeb Loy
Nichols 2017 « Country Hutle » -
2022 « The United States of the Broken Hearted »
Remettre à César.. à
force de salves récurrentes récurant les lacunes ou quelques
négligences, venues de part et d'autre du voisinage éclairé, ils
se reconnaîtront, des Roger-bontemps en général.
En accord oui, mais sans
me vautrer pour autant. Alors c'est assez et je plonge vraiment.
Après midi réservée,
laps de temps bloqué, je pose mon pavé de Thoreau flottant 7 jours
sur le fleuve et je m'imbibe. Embarcation ready, amarres basses rompues,
étendard hissé haut, c'est parti.
C'est comme on rame en
traversant toute l'histoire des berges, les lits et les plaines
fécondes, le train qui avance avec les rails, la coque en muscade
boisé et mon cul sur un chaland, des anciens habitants en molles bourgades peintes dans des ocres héroïques. Tous me regardent
dans ces contrées inconnues tellement familières. Sans cesse des
tempêtes et toujours ce fleuve mou qui bourlingue.
Eels Beckisé en Petty,
tous les orchestres à la merci de Chuck. Le fleuve fume, la barge
fend la buée, c'est juste le débit qui sue. Pas un poil devant et
pourtant les arbres se penchent, pile poil Devant pour son billet
prophétique, c'est maintenant ou jamais. Alors je choisis et bloque,
« No Other Love » me plaît énormément.
Plus beaucoup de miracle
à mon age.. ah si, je vais bientôt être grand-père. Va falloir
que je tienne bien mes étagères de disques. Si si, dans 15 ans y'en
aura encore. Les disques à papy. Je rame et pagaye assis et hilare,
ou plutôt heureux dans mon imbécillité évidente que seule la
libellule bleuté peut comprendre. Je ne décale rien, je prends
tout, j'envie la vie d'un sage. L'âme lisse je décâlisse loin des
dompes en épiderme et des frasques à schlingue. Le blues des
clapotis, la hargne des démons sous la flotte j'avance entortillé
sur ce serpent plombé en sobre considération. Faudrait pas non plus
virer sur l’ordinaire, que la rivière soit droite et limpide. À
fouiller ainsi juste après la belle averse, regard à l'ouest, je
scrute les formes de la beauté et me dis que l'art lutte, peut-être un jour il fera fasse en explosant cette admirable
clôture. Goûterais-tu ma liqueur la belette ?
Le tantôt est là, les
bras brûlent et les copeaux flottent, j'ai trop ramé, je ne connais
aucune prière pour ces canopées. Tout est si naturel, l’évidence
a la brûlure d'un jour insipide.
Loyalement loin des
glaces figeant le lac, je trouve un bivouac au pied d'un bouleau en
chaton, histoire de respirer l'aviron sifflotant, la poussière
féconde dans le blase, à toute berzingue sans haut fracas j'ai la
sagesse dans le biceps et des consignes de paysans dans l'os.
J'avance, j'écoute Chuck, presque une révélation, « No
Other Love » est mon obsession du moment, la nouvelle,
ma lubie d'ici à défaut de mon Homère d'alors, depuis le temps. Et
c'est qui cette « Elouise » ?
Un orage tonne quelque
part, fanfare de fin d'été, râle rauque des nuages. Esprit
cauteleux « Comme un avion », les premières
gouttes sont parfumées, j'avance comme je veux, je ne suis pas allé
très loin. L'oseille crépue caresse la rame, quel jour on est ?
Dorénavant et à partir
de maintenant, qu'est ce que j'aime ce disque, pourquoi arrive t-il
maintenant ? Merci d'avoir insisté. Je me dandine frais comme un lardon sur "That's how much I need your love", merci les Césars.
Mes pensées divaguent
aux alentours du Butin, cet endroit opale reculé me charme. La plage
du même nom avec aux abords tous ces trésors promis. Les vieux
bains de mer sur la plage du Butin, la jetée de Honfleur, la plage
du Ratier, Louis Alexandre DUBOURG.
Comme mon ciel du matin
est diaphane et que le soleil ne peut rien contre la rosée, je sors
le beau livre d'Eugène BOUDIN. C'est une jolie rencontre, le père
de l’impressionnisme, le dehors de ma fenêtre et les mots de
Christian WASSELIN sur Erik SATIE. Tout est sur la table et
dansl'air.
Envie de croquer,
d'huiler mes brosses, d'aller me balader sur la côte de Grâce avant
de me faufiler sur le chemin des bruyères.
MONET, DEBUSSY, tout
voltige et se mélange.
La maison du pianiste, le
musée du peintre, les ardoises reluisantes et la mer laiteuse en bas
des reliefs. Il y a des endroits où le gris est joli. Finir le
bouquin, feuilleter le livre, découvrir l' « Uspud »
et m’imprégner jusqu'à la vase de l'estuaire avec le parfum du
pays d'Auge.
Remonter la Seine
jusqu'au Chat Noir et le Lapin Agile. Les balbutiements d'Utrillo et
les « Vexations ». La grande Suzanne est passée
par là.
Des « heures
vertes » avec sa fée et dans le silence entendre le
ruissellement glacé de l'eau sucrée. La soirée dégouline de
Montmartre au Mont-Joli, les hydropathes anartistes incohérents, un
cercle d'âmes étoffées de « distance, élégance,
intelligence, humour, ironie, secret : tout un art de vivre. »
Eugène a mis des nuances
sur les notes d'Erik. Je suis tourbillonné. Le juste accord.
Épicentre opalescent.
L'ombre pyramidale
s'allonge sur les asters. L'aulne au dessus de ma tète a déjà
montré ses chatons avant de pioncer pour quelques mois. Faut se
dépêcher, le sommeil est pour demain. Les humeurs se pourchassent
et les rondins s’amoncellent. Tous les soirs je vois la forêt
mûrir et j'entends le lièvre craindre le plomb. Le bosquet de
sapins se fout de tout, son vert restera.
C'est une journée bien
fraîche, marée basse sur mes champs, le vent n'est pas revenu, ma
haie se repose, c'est moi seul qui la vois chagrin.
Avaler les confins,
marcher le plus possible malgré la lointaine embouchure, imaginer le
sel sur la peau et l'horizon s'inverser, bleu outremer en bas,
ocre-gris en haut, Nina et Johanna à nos côtés. The Cardigans et
First Aid Kit convoquées.
Je me balade souvent avec
James. Je l'ai connu avec ses Athletes, « Tender to the
blues » est toujours aussi à vif dans mon esprit, avec
cette pochette western des côtes écossaises.
Tandis que je cherchais
un coin pour fuir cette mer imaginaire sur laquelle je sifflotais, le
réconfort est venu de ce trio opportun, un acoustique pour mon huis
clos chatoyant.
James
Yorkston and Friends 2025 « Songs for Nina and Johanna »
Freak c'est pas branleur
ou alors y'en a aussi dedans. Un bouquin, une mine que dis-je, un
gouffre.. La culture musicale british par le bout des freaks. Loin
d'en être un, je pioche et picore les brides de ce qui m'aurait plu
d'être, ou pas. The Auteurs, The Jam, The Go-Between, Gene Vincent..
et je comble mes manques, je connais et puis pas trop finalement.
J'écoute tout. Même The Shadows, les premièrs amours de Luke
Haines.
Et je tombe sur « The
Evening Visits.. », The Apartments. Il y'a quelques
semaines je parlais de Guy Blackman et sa fragilité bancale à
ravager le chant par l'émotion ou la défonce. Troublant comme un
Daniel Johnston chialant, je suis resté fébrile « All the
bithdays », revigoré, confiant et dubitatif.
Démissionnaire et orageux. Un pan s'écroule sur le flan de mes
lacunes, envie de boire fort et de me barrer sobre au plus lugubre
des caves de mon sombre gourbi. C'est beau et dégueulasse, ça sent
mauvais la spirée de sublime caniveau. Ça sent pas le fric, plus
aucun freak par chez moi, je ne suis ni l'un ni l'autre, je n'ai pas
le choix, ou l'envie, et vice et versa, il n’empêche, pour une
soirée, une lecture, une plongée en apnée extraordinaire dans le
Londres barge underground imbibé et acide avec en plus l'âme de
l’hallali qui hurle en alarme étouffée.
Les pages défilent, et
« Someone Else's wife » débarque. Les Go-Between.
J'archive tout dans un coin de mon désespoir, au cas ou il me
viendrait l'idée de vriller sur mon age, ça aurait pu, ou pas, je
ne suis pas freak pour un rond .. pourtant merde.. « The
Clarke Sisters »....
Je lis Luke Haines, je
prends tout, écoute n'importe quoi. Un bouquin comme ça il y a 20
ans c'était 10 bibliothèques et des jours à courir pour tout
écouter. Là je suis avachi comme un vieux boomer qu'a jamais bossé
et je crowle sur le stream pour combler. Je me régale ou pas. Je
patauge. « What's the morning for ? » amoché.
Je suce des roues, je suis en dilettante et méritant, je me dégoutte
des fois, j'ai quelques idéologies, plus utopiste qu'hédoniste,
j'aime bien le sport et sortir en short l'été.. ouaih nan je n'en
suis pas.... j'ai rien d'un bohémien, ni intello branché..et puis
j'ai rempli ma besace avec tout ce que j'aime. Ça pèse son poids de
fric ce truc. J'écouterai pas tous les soirs, mais ...
On s'en fout des
tiquettes, et puis des « sectes », groupes, meutes ou
autre revendications pour s'extraire et cracher dans le potage, il se
le répète un peu trop souvent le Luke que freak il est .. allez, un
petit foot, un clash, une claque sur le zob puis un autre The
Apartments.
The
Apartments 1985 « The Evening Visits..And
Stays for Years »
Brutal coup d'automne sur
le coin de la gueule, une cinglante sape sur les guibolles et le
retour de la meute. J'imagine que mon wagon s'est empli,
je n'y suis pas allé ce matin, je suis resté près de cet ampli à
chercher l'onde musicale qu'il faut. Un indice, un objet bilan sur
les frères Montgolfier vient de paraître. Voilà, j'ai trouvé
malgré la vitesse des nuages. Quigley & Tranmer, pas sûr de
prendre de la hauteur.
Orion se redresse et
laisse tomber l'aube en feu nacré, avant de disparaître sous la
voûte et les trombes à flagelles. David Gilmour et sa fille
chantaient « Between Two Points » il y a un an. Je
me retrouve là, flanqué sans arme à farfouiller au plus profond
des étoiles à relier, comme les points au crayon sur les cahiers
d'exercices scolaires pour les vacances.
« Seventeen
Stars » me dilatent, m'éparpillent, le torchis est
détrempé, festin des sols craquelés. Les rampants rempilent et les
arbres pensent à la démission.
Le son des accords comme
sur l'image, le clavier aussi, tout s’arrête, le ciel canadair a
éteint mes champs incendiés, si les wagons se remplissent comme des
oies, les barques fatiguées flottent sur une mer reposée. Balayer
les fantômes, ratisser la plage ou laisser la houle bodybuildée
faire le travail. Quelle tristesse. Des tonneaux de crèmes solaires
déversés sous l'écume et les quais croulent à nouveau.
Enfin, j'imagine, je n'y
suis pas allé ce matin. J'ai remis The Montgolfier Brothers 1999,
histoire de laisser le crachin faire son malin, avant que l'été
revienne sur mes plaines. Ou pas.
The
Mongolfier Brothers 1999 « Seventeen Stars »
sur Vespertine
Petit huis clos,
canape-chaussons et pochette foireuse, titre pas inspiré, ça part
mal c't'affaire.
Pourtant, dès la
première note le charme balaye toutes les premières impressions,
même celle d'une platine qui tourne mou, ondulé un poil.
Des tonnes de
flemmardises et des petits morceaux confortables, complètement
séduisants. Tellement de demos l'habitent, des airs de cowboy
urbain, JJ Cale anesthésié, Nick Wheeldon joyeux, même sur « Five
Eay Hot Dogs » en 2023, Mac n'avait pas eu la force de
chanter.
Oui mais voilà, la magie
Mac opère, imparable, croustillante. Le sens de la mélodie. Merde,
j'ai la flemme de me lever tourner la galette. Touchez pas à la
platine, ça tourne normal, Mac est lui, DeMarco est là. On est
bien.
À JJ-Johanson, on
remplace une pincée de mélancolie par une once de jazz ambiant,
trip hop toujours en sourdine. On ôte un voile de délicatesse à la
voix et joint quelques cuivres agiles, « The Coldest Man
Alive » de Peder Pedersen est un diamant sonore, une
petite merveille d'album, la belle découverte du jour.
Miraculeusement nappé de dorures crémeuses, mais pas trop, une
petite perfection.
Une arborescence d'écoute
m'a menée vers cet artiste danois. Son CV n'avait rien pour
m'attirer. Souvent quand je ne sais pas quoi écouter, je sors un
coffret Nova, de la « haute musique », tout s'est arrêté
sur un morceau, et moi sur cet album. J'vais m'la péter lors de la
prochaine soirée entre amis, ce n'est pas de la musique de fond,
c'est tellement plus, ils vont tous me répondre JJ Johanson, normal,
l'équilibre est parfait et le moment délicieux.
Country alternative du
Vermont. Je commence direct technique car cet album me tombe dessus
et je n'ai rien sous les dents qui puisse mettre en herbe cette
petite dinguerie. Avec le bouquin de Luke Haines, je me suis un peu
enlisé dans ses délires avec l'impression d'avoir visité une
secte, allant jusqu'à écouter ses arborescences musicales,
notamment Peter Buck etc. Je change d'air, sorti de tout ce
« bancal » foutraque radical et narcissique, Greg Freeman
chante son « Burnover », il m'a ouvert les
portes donnant sur un ciel éclatant, populaire avec beaucoup d'air à
respirer.
Comme c'est une
découverte, je cherche et farfouille et tombe sur son premier et
précédent album qui me plaît plus encore. Je plonge dans ma came
Oldham-Lytle-Sparklehorse-etc-etc avec du Molina dedans.
Je reviens sur « Rome,
New York » et je vais me nettoyer les enceintes avec ce
rock outre-atlantique pêchu comme il faut, tendre comme il fait
tiède, De Marco, Kurt Vile, Kevin Morby… à ranger avec.
Fait un peu chaud
finalement, les glands tombent mais pas les marrons, je sais pas
pourquoi je dis ça, y'a plus de calendrier, mais je vois quand même
à peu prêt où on en est avec tout ce merdier. « Curtain »
m'enchante, et je vous laisse sur « Gone... ».
Juste quelques petites
infidélités, un autre ciel discographique de temps en temps, moi je
ne connais Chesnaux que sous un ciel constellé. « Say
Laura » est un instant particulier plus encore. Son
jazz décortiqué, volage et éthéré, l'Epiphone lui va si bien.
Des cœurs d'éponges en douces émulsions de basalte. L'intimité
s'est installée, j'ai arrêté tout ce que je faisais et j'ai
contemplé. C'est comme un tableau qu'on ne voit jamais de la même
façon, un Nick Drake ondulé. Chaque écoute change la lueur et de
lumière. Oblique ou en applique elle prend tout et nous farde, « Say
Laura » plus que les autres, tellement de choses
ressenties.
C'était il y a trois
ans, rien à changé et tout s’acclimate. Juste avant de sortir
prendre la moiteur d'un été au vestiaire, plus beau encore qu'un
paradis alangui, « Say Laura ».
Eric
Chesnaux 2022 « Say Laura » sur
Constellation
La voûte se démantibule,
la cogite s'attise et finalement cet automne de mi-août a son petit
charme. Toutes ces feuilles jaunes tombées sans calendrier, les
mêmes feuilles à terre qu'aux étés de la Saint-Martin, mais
croustillantes ici, cuites en plein vole. Paysage inattendu.
Le sol chips se gausse un
peu des grillons fatigués, les pas saccadés crépitent et rythment
la tiédeur molle, une belle musique anachronique voltigeante voile
la bouillante rondelle jaune, le ciel devient synthétique émoustillé
par les clapotis des libellules qui barbotent. Les vesces se
trémoussent sous mes pas craquants « Est ce que tu
dors ? ».
Ce duo m'enchante, entre
le monde de Burgalat et les rêves organique de Tellier.
Toutes ces feuilles qui
jonchent déjà. Moi, bien loin d'une « Crise
d'aaaangoisse » je danse dedans, il faut se faire à
l'idée, il va falloir écoper un moment donné, je reste dans leur
bulle, je suis accaparé et intrigué. « Maréeternelle »
est un instant fantasmagorique, Citron Citron une découverte.Et quelle pochette !!
Clarinette sur le bilan,
costard dans les graminées, un peu too much le lapin sur le piano.
Aucune fleur bleue dans les hautes herbes, pourtant je le suis à
fond sur cette chanson, depuis un paquet d'années. Pourquoi l'impact
de celle-là ? J'en sais rien, mais elle m'embarque toujours,
flon-flon et re-flon-flon en cuivres gras et petit orchestre pop de
bal musette quand tout le monde est presque rentré depuis quelques
lampées d'une niôle locale qui rend fou. Le jour a beau mettre
minable les derniers lampions qui vacillent et bavassent, tout n'a
pas été résolu.
Pas grand chose à
retenir de cet album, il est d'époque, et y'en a tellement des
« Lucile », peut-être « La musique se
lève à l'ouest ». Je n'ai aucune idée de la répercussion
de Chamfort à ce moment-là, « L'amour tsé-tsé »
.. insupportable. Lui aussi, souvent.
« Mariage à
l'essai », rien que celle-là, Chamfort aux notes, Rivat à
l'écriture. Un vieux mariage, je suis fou, je déteste l'idée des
unions administratives et religieuses, j'ai joué le jeu début 90's,
c'est passé comme on attend son tour pour valider son ticket de
loterie. J'aime bien l'idée aujourd'hui, de cette journée pénible,
ce truc qu'il fallait abroger le jour suivant pour mieux s'unir, ce
vieux bois qu'il faut lasurer tous les jours, ce sentiment d'être un
ancien combattant et d'aimer quelque soit le métal et la pierre. Ce
n'était finalement pas une mauvaise idée.
J'ai une troublante
anecdote avec ce vinyle. Aucune raison au début des 90's, qu'il soit
dans le garage de cette famille-là, immigrée depuis 20 ans, à Lucé
en Eure-et-Loir. Un Johnny encore, ou un Eddy, mais Alain !! Je
n'ai jamais su d'où il venait, pourquoi il était là. Quand mon
beau-père a disparu en 1992, nous avons perdu la trace de ce
33tours. Je demande souvent ce qu'il est devenu, le disque, qui l'a
chapardé, revendu ou gardé précieusement pour la nostalgie. Il
n’empêche depuis, je dors toujours auprès de sa fille avec mes
vieux rêves.
Je viens de trouver sur
Vinted le 1er des 3 coffrets pour autant d'euros que d'années de
mariage pour moi et la fille du garage d'Augusto à Lucé avec dedans
entre autre, le deuxième LP d'Alain Chamfort. Il a disparu avec lui,
qu'est ce qui foutait là.. le disque. J'y pense souvent. J'écoute
uniquement cette chanson de cet album. Elle est belle. Je fais tout pour que la fête continue même si
tout le monde dit qu'on est fou.
On se recroqueville
derrière des cicatrices, quelques chansons belles comme des
amulettes tournent comme les saisons. On repasse tout, je cherche la
faille, je me vautre et lutte contre les amours en fuite. Des leçons
à farfouiller mes déraisons, je me mets des coups de savates dans
l'âme comme on brame le glas, je m'enlise dans le déni.
Spleen de Tristan en
longues heures de tristesse. Je ne m'y ferai jamais.
J'écoute, je me noie, un
morceau m'échappe, il tape dans la poitrine, je vérifie d'où vient
« La prière », mon
streaming chiale et je fouille parmi mes galettes. « Marlène »
appelle à la génuflexion, foutre de crénom. Le flot amer pour quelques notes se
dissipe, comme une nouveauté, j'écoute cette chanson bonus cachée
de Jean-Louis Murat. Lourd comme une âme en peine, grinçant comme
la cruauté, je jubile en triste sujet, il fait un peu plus jour, je
découvre un JLM.
Ma salive en plein
estivage, j'ai le goût de la chaume dans le naseau rien qu'à
regarder la poussière des herses s'envoler. Le soleil est déjà
dans sa descente, la sève à bout de souffle. Les prunus passent à
autre chose.
La chair de guigne est un
souvenir, le noyau attend la pluie. J'écoute « The
Kind » en boucle, toutes mes cellules en transhumance
dévalent sans rien déballer. Je fais de la rétention d'émotions,
j'hésite à dévoiler. Il n’empêche, tout s'est figé et le
Panic-pied-de-coq chante à crête rabattue ses épis plumés de
haute gorge à dévaler sous le vent-là vital et tonique.
Descendre des alpages,
amener en bas l'altitude sous ses paupières et toutes les écritures
d'en haut pour faire un disque. Sommet de poésie.
Bouffée de chaleur sur
les joues, la tempe offensive et les yeux plissés je dévore
« Moisturzier » à moitié urgé. Ça gicle
affolé solidement développé. Je me suis dit dans un premier temps,
ouaih, y'en a des tonnes des groupes ainsi à faire du bruit.
Ce beau brelan m'ébranle, les deux filles ont trouvé trois zicos du
tonnerre, la recette fonctionne, je suis pris au jeu.
L'accroche racole et me
colle au casque. Âpre et sec complètement boumer je me dandine.
J'ai loupé l'apparition
virale de 2022, on me la fera pas sur cette confirmation proposée
aussi en cassette.
10 balles la nouveauté,
rien que pour faire jouir ses baffles et tremper le carrelage. Petit
coup de gingembre dans mon ciel gris, filles caféines, je tiens plus
en place.
Le
temps des lilas disparu est un leurre, un autre celui des Indes
fleurit quand tout est grillé. Plus intense en couleur, moindre en
odeur. De l’autre côté de la palissade, les Robiniers sans épines
tapissent
les trottoirs de leurs confettis crèmes. On dirait un lendemain de
carnaval. Sophora et Lagerose sont à la fête. C’est exactement
l’image qui m’est venue à la vue de cette sublime pochette. Une
dominante de couleurs qui apaise.
Il
fallait aussi que je tombe sur de la chanson nébuleuse, légèrement
bancale et fragile tout en
gardant
l’idée que je déambulais déboussolé au beau milieu de l’été
qui avait déjà connu la brûlure. Un ciel vaseux, un thermomètre
moelleux, météorologiquement intemporel avec alentours les teintes
qui ne laissent aucun doute sur l’instant. Il pleut un peu sur les
ardoises. J’ai laissé cette aubaine musicale diffuser comme on
enfile une pelure au petit matin d’un été qui reprend son
souffle.
Les
abeilles butinent au sol les fleurs tombées du Sophora japonica
avant d’être piétinées. Le rose
intense
des fleurs de mousseline du lilas d'été, ce sera pour ce soir quand
les fleurs s’allumeront. « Out
of sight» est un nectar délicieux qui me perd un peu
dans l’air, dans l'émoi et le calendrier.
Le grand estuaire où le
Tage se dévide a craché sur la petite capitale de collines
saillantes. C'est la première fois que j'arpente ses rues de belles
pentes sous le crachin. Même ce ciel dévorant la ville a du mal à
faire taire les couleurs lumineuses de Lisbonne. À peine rincés les
petits pavés glissants s'allument et le blanc se répand comme le
fado tristeza qui résonne dans les bas fond dégringolant vers le
bras de mer.
Des nuances de jaune sur
quelques façades se diluent et les bougainvillées empourprent
encore. La place du commerce est toujours aussi belle avec ses petits
clapotis de vague tout en bas. Alors je pense à Pesoa une fois de
plus :
« Tout
l'entassement irrégulier et montagneux de la ville m’apparaît
aujourd'hui comme une plaine, une plaine de pluie. Où que s'étende
mon regard, tout est couleur de pluie, d'un noir pâle. J'éprouve
des sensations bizarres, toutes également froides. Il me semble
parfois que le paysage essentiel est tout entier de brume, et que les
maisons cette brume qui le voile ».
Je vais m’engouffrer
dans l'Alfama et déguster quelques tentacules grillées avec des
grenailles à l'huile d'olive. Quand même, il ne pleut pas des
journées entières ici, les entrées maritimes avec le fleuve
éventré crachent doux et puis c'est tout. L'onde est une fête
mélancolique qui bruine et ternit à peine la grande lumière de
Lisbonne. Le vent pleure Ferdinand sur la Plaça da figueira.
J'imagine sa présence au creux de cette nouvelle ville pour lui,
savoir ses yeux neufs, connaître ses pensées nouvelles, ce timide
fonctionnaire. Je suis à peine attaqué par cette grise angoisse, je
suis de la Beauce quand même et les fines pluies canadair toussotant
qu'elles sont, me lustrent le cortex.
Bien loin d'ici, sous le
fracas d'une chanson révolutionnaire « Grândola, Vila
Morena » d'une dictature qui va disparaître, au château
d'Hérouville, José Afonso enregistrait son album mythique
« Cantigas do maio ». Dans les murs du studio de Magne
1971, Christian Padovan, Michel Delaporte, Branis et Granier avec
quelques autres musiciens portugais œuvraient pour cette pépite
historique, poignante et sacrée.
J'oscille entre la
brûlure du ciel et la douce lecture intranquille sous l'ombre d'un
olivier centenaire. Un vent fort et chaud assèche la sueur de l'âme.
Le parfum des herbes cuites accompagne la lenteur de mes journées
abandonnées. Sur un autre arbre en face de moi, une petite cage à
oiseaux sans fond se balance. Je suffoque sous les fortes rafales. Un
perchoir est encore dedans, une passiflore s'y est déjà agrippée.
J'aime l'idée d'une cage sans fond.
Tout est doux et calme,
je bois toute la culture des contrées plissées, je mange ici, je
dors là, je ne prends que l'offre de ces collines abruptes.
Jusqu'aux arômes
Un vaste dôme montagneux
se dresse devant moi, la montagne de l'air. Mon corps est lourd. La
fosse atlantique est à quelques vallées d'ici, un peu de sel dans
le vent. Les murs blancs aveuglent, et les rues pavées comme des
peaux de serpents s'entortillent dans le village. J'ai posé pour un
moment les pages de Pesoa pour écouter Fausto et celle belle
découverte locale. Carlos Fausto Bordalo Gomes Dias de son vrai nom.
Il ressort ces jour-ci dans le pays. Toute la lourde histoire sur un
folk de voyageur comme ce vent de caractère me remue. Mais je suis
bien arimé au tronc tordu et robuste de mon olivier.
Fausto
1982 « Por Este Rio Acima » sur Triangulo /
Columbia
« Started off
free », et le ciel se couvre. Oh, rien de menaçant, juste
baisser les yeux et ne pas se disperser. Focus sur un crush récurent,
JAPW, « To Survive » la gorge serrée,
« Damned Devotion », « The Deep
Field »..au feu... et ce « Lemon, Limes and
Orchids » dans un reliquaire. Cet écrin, de la pop
soul qui va faire jazzer dans ses plus beau habits légers.
Rien ne dépasse, ciselé,
taillé dans l’albâtre avec des outils délicats et une chaleur
des cellules. Clim à fond dans la caisse, « With hope in my
breath » fait onduler l'habitacle, le pare-brise est
bouillant, je sens son haleine sur le poitrail, l'horizon se trouble,
tout devient mirage. « Long for ruin » et mon cou
perle, je lève le pied et tangue dans ma chemise serpillière.
J'ai dans la bouche une
grande idée de canne et d'agrume jaune citrique à vert profond
mentholé avec une avalanche de glaces, une banquise fondant à vue
de palais autour de ma paille en carton. Cet album classieux est un
cocktail caniculaire.
Joan as
Police Woman 2024 « Lemons, Limes ans
Orchids »
Tendance à étriquer
partout, les mots de chagrin sur une peau crachin, agripper la rampe
pour résister à la vitesse. Les semelles ne tiennent plus, ça sent
le roussi. Là où il n'y en a plus, avant de l'atomiser, la poésie
sous un angle d'ardoise cendrée, l'éraflure sur un son à
raccommoder sur le « Reflet du monde lointain
».
Comment faire pour nous
désencombrer ? Se désenclaver la gueule, peut-on encore se
soustraire de la rotation ?
Lymphe épaisse, entaille
de saignée par l'horizon, mon corps élastique s’allonge, la tète
dans les nuages, les talons dans le limon la queue girouette. Des
racines et des influences, troublante Léonie Pernet. « Poèmes
pulvérisés » me foudroie debout. Puis me traverse. Le
thermomètre est pulvérisé, allongé, plombé, je me laisse
traverser.
La « Reverie »
est passée, la bascule est là, le soleil repart dans l'autre sens,
les moissonneuses le savent bien. La chaume est une couleur que
j'adore renifler. L'ocre nacré cuit souligne les bois. Le ciel est
ambré, je découvre après Rebecca et Aliayta, « Still,
there is the sea » d'Ambre Ciel. Jessica Hébert fait
danser l'orchestre en fragments d'émotions avec son chant qui fait
place discrète.
J'ai vu des immeubles
surgir, puis disparaître, l'aurore comme le crépuscule là où tout
se bouscule avant le noir et le grand jour. Agnès Obel, Soap &
Skin... elle prend possession d'une âme philharmonique ambiante pour
chanter alors que tout se fige.
Tout plane au sommet de
quelques chose. Un mirage. Dans des nuées de poussière de blé
battu, Ambre culmine.
Le soleil au plus haut,
nuit toute petite pour fêter la musique, la fête des éboueurs, au jour qui se lève des
camions en ligne comme après la guerre.
Cette nuit-là, quand les
sœurs Foon se sont tues, il restait au dessus de mon jardin les étoiles médusées et un
doux vent faible qui faisait chantonner les charmilles. La
chauve-souris était déjà collée aux tuiles du hangar, plus aucun
battement, juste cette caresse musicale dans toute sa délicatesse.
Il me semblait que les lichens fredonnaient, les mousses reprenaient
un peu de rosée histoire de préparer la journée suivante. Les
vieilles guignes noires toutes cuites suintaient tout leur jus au
bout des branches lourdes de sucre. J'entendais le bruit des larmes
noires tomber sur la vieille table en fer, comme des clapotis grillés
en grésillements de musique de chambre nocturne. C'est comme ça,
les cerises saignent quand les moissons commencent.
La musique était là, la
plus belle qu'il soit, il n'a rien fallu nettoyer au petit matin.
J'ai posé ma tasse de café sur les traces de caramel sang comme une sève
figée. Le jour était là depuis quelques heures.
J'ai remis « Reverie » de Rebecca et
Aliayta. Constellation. Silver Mt Zion.. Set Fire to Flame. C'est un
pur chef d’œuvre. Ce n'était pas un rêve.
Je brandissais il y a une
grosse poignée de mois « Villes Sauvages »
adossé aux indispensables de mes étagères de par ici. Août 2023,
énumérant la liste avec lui des opus qui comptent. Il n'a pas été
depuis rangé ailleurs que sur cette cime-là, définitivement adopté. Tout s'est allumé depuis.
Je fredonne souvent les
« Silures », « Baltimore »,
elles sont ici proposées en versions outre-Manche, et je traverse
des frontières avec Casagrande dans ma besace, à peine dépaysé.
Je connais le chant habituel de Nicolas, et « Wild
Cities » me transporte vers le Polnareff 1975.
« Wandering man », « Rainy day song »,
une idée de réconfort chansonné sur une autre langue, et toujours
cette duveteuse mélancolie.
Une façon pop de prendre
à soi la chanson de par ici. Le mérite du globe. Il faut dire que
Fabien Martin est toujours aux manettes. Quel son, il fait des
merveilles...Littoral Little, une belle famille artistique qui me
colle à la peau.
Jeff Halam est là, son
jeu de cordes graves sur « Never let me down again »
entre autre, et pour l'écriture aussi. Et puis « Sea Song »
avec Cheval fou, Armelle déjà sur « Le gant sur la
peau »(« Glove
on your skin » avec Nadine Khouri cette fois-ci), la
dernière fois que cette chansons m'a flanqué les poils, c'était
avec Married Monk. Il faudra un jour élucider le mystère pour ce
joyau là, je lis tout, je cherche et farfouille, j'aperçois
quelques pistes, mais rien sur la mitochondrie.
Un crayon de bois dans ma
boite aux lettres, je vais rajeunir d'un seul coup. Rembobiner à
l'ancienne. La galette et la K7 pour un pack vintage, je suis comme
un gosse, j'use à nouveau mon auto-reverse. Deuxième album pour
Nicolas Contant, et une cassette en sus, il est fou, c'est tellement
bon.
Casagrande
2025 « Wild Cities » sur Littoral Records
C'était mieux
maintenant. Les textes défilent et rien ne changent. Les belles
histoires d'amours figent la plaque. La plus belle de toute dans les
douceurs les plus troublantes. On traverse depuis des millénaires,
passe à travers, ou pas. Faut pas contracter sinon ça pique, se
cramponner aux affections, sucer l'ardeur.
J'ai marché au bord de
la Remarde ce matin, il faisait encore frais. Le ru entortillé m'a
accompagné mollement jusqu'au ruisseau. Cortège d'insectes, opéra
d'oiseaux, le vent faisait frissonner les hautes herbes. Un talus de
canches ondulait, juste quelques vulpins des près à la danse timide
restaient raides. Plus le soleil montait, plus le lit s'élargissait,
trois libellules ne lâchaient pas l'ombre. Je suis passé à côté
du terrain de tennis abandonné. Deux belles pommes sur l'asphalte
mousseux semblaient attendre le nylon tendu. Juste derrière une
fontaine aguichait quelques guêpes nerveuses. En fredonnant « La
traversée », je me suis arrêté au café tout près
de l'église de Saint-Martin-de-Bleury. J'ai pris un bock avant de
rentrée chez moi. Quelque part loin d'ici le long des rivières et de la baraka,
faut éviter le mortier. Quelques grenades sur un terrain de tennis
en ruine.
J'allais bramer dans les
bastringues Avec un buriné bipède qui bandait pas pour le
burlingue Dans ce bar branché bipolaire À faire basculer les
belles-mères J'allais besogner le brouillard avec un tambour de
bazar
T'allais baver pour les babas et les
broutards à boucles blondes Des petites bulles de baraka (et des
bonbons pour les James Bond)
Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut
faire un break Y en a ras l'bol de ces blancs-becs Qui bandent
que pour le bazooka, pas pour la bagarre et le branle-bas ...
Ils s'braquent à bloc sur l'baston,
des barbes bleues bardées de bronze Des cow-boys bourrés de
béton, des zombies bidons et des bonzes Qui leur balancent une
blanquette à écrabouiller les banquettes (À vous briser les
roubignoles, à vous faire barrer d'la boussole)
Pendant qu'tu brûles de la banquise,
braconnant le bonheur sans but Et me baignant aux quatre bises
avec les boucs de Belzébuth
Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut
faire un break Y en a ras l'bol de ces blancs-becs Qui bandent
que pour le bazooka pas pour la bagarre et le branle-bas
(branle-bas) …....
Ras l'bec de brouter du bitume et
d'barjotter dans une bagnole Ras l'bec de branler de la brume et
d'barrater des branquignoles Pendant qu'les barbeaux du business
qui nous bastonnent des bassesses Biberonnent des bourbons dans
leur buick, j'bosse par peau d'balle et crotte de bique
Tu vas broyer tous ces bouchers qui se
font bronzer la baudruche aux Bahamas Avec ton blé (pendant
qu'j'balise dans les balluches)
Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut
faire un break Y en a ras l'bol de ces blancs-becs Qui bandent
que pour le bazooka, pour la bagarre et le branle-bas »
Piers Facini du Finistère
avec des songes d'Anthony. On sent moins le varech que Denez, l'art
de Brieg est pétrifiant, il déborde sur toutes les autres terres.
Habité, d'envergure mystique sur des flots d’acoustique. Il y
dedans quoiqu'il arrive du celtique. Antonio Zambujo du Portugal
danse sur les mêmes landes d'ajoncs et de conifères, et tant
d'autres encore. Du sable sous nos pas, qu'il soit dans la forêt ou
sur le bord des chemins, l'océan n'est pas loin, et le regard meure
sur la terre intérieure lacérée de quelques lancées électriques.
La belle découverte « Un
Noz A Vo », inconsciemment l'envie de fraîcheur
sûrement, mais la mer est belle aussi quand la dune brûle, la vague
est toujours froide.
Comment vont réagir les
puristes à cette parution ? Je prends ce retour comme un bonus
heureux avec dedans les ingrédients que j'aime bien. J'ai eu un gros
retour « This is Hardcore » y'a quelques
mois, l'aubaine tombe à ravir. Là, je suis bien dedans la pulpe,
j'ai ce qu'il faut, sans plus.. remugles et madeleine même, sa voix,
cette idée là, le style, la gratuité du processus.. et j'adore
plus que tout l'ocre et le cobalt.
C'est l'heure vibrante de
l'astre qui n'en finit pas de cuire. Lourdes persiennes, stores
dilatés, murs boursouflés. Si les gestes ralentissent, les ondes
d'un film spacieux calment le mercure, tout en s'accrochant
délicatement à ses degrés, histoire de garder la lumière.
Pas d'imbroglio chez
Hubro. Sous ces tuiles de jazz expérimental, d'ambiances follement
dilatées, Geir Sundstol trace ses sentes de paysagiste. De drôles
d’oiseaux dans cette auberge, précieuse agence de voyage au socle
musique inébranlable et minéral. Juste les couleurs qui changent
d'un artiste à un autre, une température, un angle, une hauteur,
quelques latitudes et des milliers de lueurs.
Le plafond s'approche du
haut des cranes, ça tape dur sur la faîtière. « Sakte
Film » maîtrise à merveille la thermo-hygrométrie.