jeudi 9 octobre 2025

Modern Nature - 2025

 


Folk carotène, un Musée Mécanique Low Eliott Smith qui sent le bois de chauffe. Les jours raccourcissent certes, mais il fait tiède sur les palissades, des britanniques dans le désert. Des voix canons, des accords clairs et distincts, il pleut sur le sable. Quatre dans le minimum pour des belles tranches de chansons lentement chaloupées. Cosy, bien isolé, les feuilles emmènent le orange par terre, doux et moelleux, c'est un acoustique chanté qui réconforte comme un vieux poêle à bois, avec dessus une gamelle qui fait fumer la soupe, et éventre les châtaignes. Fredonner calmement en joie avec la mousse qui renaît et le pissenlit Larousse.


Modern Nature 2025 « The Heart Warps » sur Bella Union

samedi 4 octobre 2025

Little Simz - 2025

 


Piégé par la pochette, moi !!?? Oui et non. L'hameçon mordu, j'ai voulu me débattre, intérieur joue blessé à me morde, mais la mâchoire s'est vite détendue. Loin de me noyer, je me suis posé, et comme un vieux gigot rescapé sur la berge j'ai gigoté, retrouvant ma respiration sans broncher, dandinant comme un dadais, eh ouaih, j'écoute du rap les gens, que j'ai dit à mes préjuger graphités de bourru.

Alors, calmez-vous, j'ai dit ni oui, ni non, pas dupe non plus, et les puristes du genre étiquetteront-ils ce bel objet de rap ??

Bref, ma rétine a crocheté un sublime album de RAP, mon corps à danser ankylosé, et mon cœur a flanché sur la petite madame SIMZ. Déçu il y a quelques semaines par les nouveaux projets de BUCK 65, j'ai failli définitivement lâcher l'affaire. « Lotus » m'a sauté dessus.. Oh l’entourloupe qui n'en est pas une, oh la belle bassesse des somptueuses hauteurs, bien joué la pochette .. sublime, comme le disque.


Little Simz 2025 « Lotus »

jeudi 2 octobre 2025

Jeff Tweedy 2025

 



Impossible d'être tranquille 5 minutes à siroter du psyché Freak sans être sifflé du casque par quelques priorités. BLACK LIPS totalement barrettien balayé par un Feu ! De Dieu. Le retour des Chatterton. Puis SOLAR EYES, monstrueux album de rock cosmique psyché de voyous bariolés sauvagement bâillonné par le monumental triple chef d’œuvre de Jeff Tweedy.

Les fauves à la cave, « No rider on the horse » à l'écurie, obligé, « Love is for love » s'installe à fond la boucle pour un moment. « Twilight Override » va me faire l'automne.


Comment dire …


Les vrais héros ne passent pas en boucle sur les réseaux, aucune de leur trogne sur les écrans. Très peu de chose à emporter sur le dos quand on part sauver des âmes. Le poète héroïque tend sa fêlure de la motte au nuage, ses douleurs comme un mycélium, et tous ses défauts pour nous tendre la main. Vulnérable plus que maudit, la seule consolation à l'idée d'être un animal raté comme les autres. « Twilight Override », une trinité.

La gloriole planétaire est pour les ânes, le troubadour patauge et sauve des vies. La toile d'araignée est un danger pour l’œuvre, comment après des siècles de mélodies trouver l'étincelle et enquiller la triplette des belles vies comme celle-ci.


Comment dire …


J'ai dévalé quelques chemins ce midi après une nouvelle écoute, il fallait un instant de recul. La glandée bat son plein, rares ceux qui deviendront un chêne. Pourrir ou se faire bouffer par les cochons, les cycles sont les mêmes pour tout le monde, seul le Quercus sait la lumière. Notre histoire est bien vieille. Au retour, avant de remettre cet album, je me suis posé sous la tronche oblique du soleil encore taquin, il chatouille le prunus et me raye le profil. Le Tipoulet partout est venu me chatouiller de ses fines pattes. Jeff a fauché toute autre possibilité d'écoute. Époussetant, balayant, élaguant les camarades de promontoire, il va me faire l'automne, déjà quelques chansons en boucle, comment avancer.


Comment dire...


J'écoute approfondi avec des émotions abyssales et beaucoup de légèreté dans le sourire. Peu importe le poids politique, je ne sens que la lutte poétique à sauver l'âme repue et l’œil fatigué, ce héro patenté. L'opulence n'a rien à voir là-dedans, juste un peu bavard, l'urgence à témoigner et l'automne a son remède. L'évidence défile et les jaunes s'installent, pas une seule baisse de régime et je respire à grand poumon. Les cordes de « Better day » folâtrent, la belle journée, juste « Fell free » pour quelques heures. Jeff Tweedy quand même.. « Love is the king » ok, mais je lui préfère de loin « Love is for love ».


Comment dire ...

Jeff Tweedy 2025 « Twilight Override »

mardi 30 septembre 2025

Jacques Bertin -"Le Chant d'un Homme"


 

« Petite chanson, bien mieux qu'un gros livre ». Des pour « aider à vivre ». Des beaux poètes comme on écoute un Ferrat, Ferré, Fanon ou Ferrand, aller un peu plus loin. De Bérimont à Félix Leclerc, cercle sans cesse. Je le farfouille depuis bien longtemps le Bertin. Homme de scène, baladin des bords de Loire, la géographie a une certaine importance je trouve, un terroir, et je vais souvent paisible le long de ce grand fleuve, des chemins sableux, et dans le fredonnement « La permanence du fleuve ». La permanence. L'éternité des chansons.


Des années j'ai arpenté des buttes et des quartiers pour me procurer les vinyles de Jacques Bertin. Une rencontre avec un accroc comme moi lors d'un récital de Lenny Escudero et un échange de disques rares enregistrés sur cassette audio. Des soirées à discuter, « tiens, tu devrais aimer Bertin ». « La Blessure sous la mer », « Hotel du Grand Retour », « Le grand Bras, les Îles », c'était du pain béni pour moi. Engouffré. Tout le reste avant, puis j'ai longé après, comme on suit le courant lourd et perpétuel sur les berges de Blois. J'ai toujours secrètement voulu « une fête étrange et très calme ».

Il vient de paraître le troisième volume « Le Chant des Hommes ». Intégral sur 15 CD, d'un bloc, moi qui ai arpenté des buttes et des quartiers pour me procurer tout ce qu'il y avait à prendre. Je jubile, je me réale et barbote, un flot d'inédits, et cette merveilles « Chansons sauvées des eaux », inédits 2022. Alvarès, Le Chant du Monde, et puis son Velen. Il aura fallu la passion de Christian De Tarlé pour que tout dégringole. EPM musique à Châteauroux, l'intégral Bertin.


https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2013/06/jacques-bertin-2013.html 
https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2012/11/jacques-bertin-99.html 
https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2012/10/jacques-bertin.html 
https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2019/10/jacques-bertin-2019.html 

Jacques Bertin « Le Chant d'un Homme » vol1.2.3 sur EPM Musique

samedi 20 septembre 2025

Jeb Loy Nichols 2017 / 2022


 

Je reste dans le retro et trifouille mes lacunes. Chuck les potes, et comme un grand magasin avec des caisses automatiques, mes algorithmes me suggèrent. Certes il faut souvent l'aide d'une hôtesse pour valider ou approuver, et c'est là que vous intervenez.

Depuis quelques jours, sans me souvenir du chemin parcouru pour la découverte, je suis bloqué sur la discographie de Jeb Loy Nichols.

Terrain favorable, être bien dans le monde JJ Cale, Piers Facini ou Shane Murphy, Shawn Mullins avec une voix soufflée SRV cool de rocking chair Ben Harper. Voilà pour mon aiguillage hasardeux.

Alors pourquoi « Country Hustle », Bah c'est comme ça, à biner et labourer, je me suis surpris à réécouter cet opus 2017, l'époque de l'autre monde d'avant.

« The United States of the Broken Hearted » avait pourtant ma faveur, juste avant l'écoute de l'autre. Sûrement le soleil dehors, et ce plomb de septembre qui sue et sent la moisissure d'un talus en pleine succion. Rythmique chaloupée, moelleuses percussions, idée de moiteur, mosaïque porto-américaine. Et puis merde, il fait nuit tôt, dans une heure je passe à l'autre. Depuis 2002 le gars, à défaut d'y aller encore plus, et de devoir trancher bêtement sur un coup de mercure qui ne fera que quelques heures sa crânerie avant extinction, je découvre Jeb Loy Nichols et je suis coincé entre 2017 et 2022.

Il a enjambé l'Atlantique mais en sens inverse de Rod Stewart. Atterri au pays de Galles. Est-ce que ça se sent dans sa musique ? Y'a du folk, à sa sauce et pas que. Je sens le bougon dans la douceur, l'americana sur les coteaux gallois, un blues chlorophylle sur de la country de ciel gris. Chaloupé comme une basse pression de canicule britannique. Le reggae danse aussi sur les prés salés. Calexico des Cornouailles.

Au choix, deux Jeb Loy. 

 


Jeb Loy Nichols 2017 « Country Hutle » - 2022 « The United States of the Broken Hearted »

mardi 16 septembre 2025

Chuck Prophet 2002


 

Remettre à César.. à force de salves récurrentes récurant les lacunes ou quelques négligences, venues de part et d'autre du voisinage éclairé, ils se reconnaîtront, des Roger-bontemps en général.

En accord oui, mais sans me vautrer pour autant. Alors c'est assez et je plonge vraiment.

Après midi réservée, laps de temps bloqué, je pose mon pavé de Thoreau flottant 7 jours sur le fleuve et je m'imbibe. Embarcation ready, amarres basses rompues, étendard hissé haut, c'est parti.

C'est comme on rame en traversant toute l'histoire des berges, les lits et les plaines fécondes, le train qui avance avec les rails, la coque en muscade boisé et mon cul sur un chaland, des anciens habitants en molles bourgades peintes dans des ocres héroïques. Tous me regardent dans ces contrées inconnues tellement familières. Sans cesse des tempêtes et toujours ce fleuve mou qui bourlingue.

Eels Beckisé en Petty, tous les orchestres à la merci de Chuck. Le fleuve fume, la barge fend la buée, c'est juste le débit qui sue. Pas un poil devant et pourtant les arbres se penchent, pile poil Devant pour son billet prophétique, c'est maintenant ou jamais. Alors je choisis et bloque, « No Other Love » me plaît énormément.


Plus beaucoup de miracle à mon age.. ah si, je vais bientôt être grand-père. Va falloir que je tienne bien mes étagères de disques. Si si, dans 15 ans y'en aura encore. Les disques à papy. Je rame et pagaye assis et hilare, ou plutôt heureux dans mon imbécillité évidente que seule la libellule bleuté peut comprendre. Je ne décale rien, je prends tout, j'envie la vie d'un sage. L'âme lisse je décâlisse loin des dompes en épiderme et des frasques à schlingue. Le blues des clapotis, la hargne des démons sous la flotte j'avance entortillé sur ce serpent plombé en sobre considération. Faudrait pas non plus virer sur l’ordinaire, que la rivière soit droite et limpide. À fouiller ainsi juste après la belle averse, regard à l'ouest, je scrute les formes de la beauté et me dis que l'art lutte, peut-être un jour il fera fasse en explosant cette admirable clôture. Goûterais-tu ma liqueur la belette ?

Le tantôt est là, les bras brûlent et les copeaux flottent, j'ai trop ramé, je ne connais aucune prière pour ces canopées. Tout est si naturel, l’évidence a la brûlure d'un jour insipide.

Loyalement loin des glaces figeant le lac, je trouve un bivouac au pied d'un bouleau en chaton, histoire de respirer l'aviron sifflotant, la poussière féconde dans le blase, à toute berzingue sans haut fracas j'ai la sagesse dans le biceps et des consignes de paysans dans l'os. J'avance, j'écoute Chuck, presque une révélation, « No Other Love » est mon obsession du moment, la nouvelle, ma lubie d'ici à défaut de mon Homère d'alors, depuis le temps. Et c'est qui cette « Elouise » ?

Un orage tonne quelque part, fanfare de fin d'été, râle rauque des nuages. Esprit cauteleux « Comme un avion », les premières gouttes sont parfumées, j'avance comme je veux, je ne suis pas allé très loin. L'oseille crépue caresse la rame, quel jour on est ?

Dorénavant et à partir de maintenant, qu'est ce que j'aime ce disque, pourquoi arrive t-il maintenant ? Merci d'avoir insisté. Je me dandine frais comme un lardon sur "That's how much I need your love", merci les Césars.


Chuck Prophet 2001 « No Other Love »

samedi 13 septembre 2025

Satie: Uspud (de Leeuw)

 


Mes pensées divaguent aux alentours du Butin, cet endroit opale reculé me charme. La plage du même nom avec aux abords tous ces trésors promis. Les vieux bains de mer sur la plage du Butin, la jetée de Honfleur, la plage du Ratier, Louis Alexandre DUBOURG.

Comme mon ciel du matin est diaphane et que le soleil ne peut rien contre la rosée, je sors le beau livre d'Eugène BOUDIN. C'est une jolie rencontre, le père de l’impressionnisme, le dehors de ma fenêtre et les mots de Christian WASSELIN sur Erik SATIE. Tout est sur la table et dansl'air.

Envie de croquer, d'huiler mes brosses, d'aller me balader sur la côte de Grâce avant de me faufiler sur le chemin des bruyères.

MONET, DEBUSSY, tout voltige et se mélange.

La maison du pianiste, le musée du peintre, les ardoises reluisantes et la mer laiteuse en bas des reliefs. Il y a des endroits où le gris est joli. Finir le bouquin, feuilleter le livre, découvrir l' « Uspud » et m’imprégner jusqu'à la vase de l'estuaire avec le parfum du pays d'Auge.

Remonter la Seine jusqu'au Chat Noir et le Lapin Agile. Les balbutiements d'Utrillo et les « Vexations ». La grande Suzanne est passée par là.

Des « heures vertes » avec sa fée et dans le silence entendre le ruissellement glacé de l'eau sucrée. La soirée dégouline de Montmartre au Mont-Joli, les hydropathes anartistes incohérents, un cercle d'âmes étoffées de « distance, élégance, intelligence, humour, ironie, secret : tout un art de vivre. »

Eugène a mis des nuances sur les notes d'Erik. Je suis tourbillonné. Le juste accord. Épicentre opalescent.


Erik Satie (par Reinbert De Leeuw 2011) « Uspud »

mardi 9 septembre 2025

James Yorkston and Friends 2025


 

L'ombre pyramidale s'allonge sur les asters. L'aulne au dessus de ma tète a déjà montré ses chatons avant de pioncer pour quelques mois. Faut se dépêcher, le sommeil est pour demain. Les humeurs se pourchassent et les rondins s’amoncellent. Tous les soirs je vois la forêt mûrir et j'entends le lièvre craindre le plomb. Le bosquet de sapins se fout de tout, son vert restera.

C'est une journée bien fraîche, marée basse sur mes champs, le vent n'est pas revenu, ma haie se repose, c'est moi seul qui la vois chagrin.

Avaler les confins, marcher le plus possible malgré la lointaine embouchure, imaginer le sel sur la peau et l'horizon s'inverser, bleu outremer en bas, ocre-gris en haut, Nina et Johanna à nos côtés. The Cardigans et First Aid Kit convoquées.

Je me balade souvent avec James. Je l'ai connu avec ses Athletes, « Tender to the blues » est toujours aussi à vif dans mon esprit, avec cette pochette western des côtes écossaises.

Tandis que je cherchais un coin pour fuir cette mer imaginaire sur laquelle je sifflotais, le réconfort est venu de ce trio opportun, un acoustique pour mon huis clos chatoyant.


James Yorkston and Friends 2025 « Songs for Nina and Johanna »


vendredi 5 septembre 2025

The Apartments 1985

 


Freak c'est pas branleur ou alors y'en a aussi dedans. Un bouquin, une mine que dis-je, un gouffre.. La culture musicale british par le bout des freaks. Loin d'en être un, je pioche et picore les brides de ce qui m'aurait plu d'être, ou pas. The Auteurs, The Jam, The Go-Between, Gene Vincent.. et je comble mes manques, je connais et puis pas trop finalement. J'écoute tout. Même The Shadows, les premièrs amours de Luke Haines.


Et je tombe sur « The Evening Visits.. », The Apartments. Il y'a quelques semaines je parlais de Guy Blackman et sa fragilité bancale à ravager le chant par l'émotion ou la défonce. Troublant comme un Daniel Johnston chialant, je suis resté fébrile « All the bithdays », revigoré, confiant et dubitatif. Démissionnaire et orageux. Un pan s'écroule sur le flan de mes lacunes, envie de boire fort et de me barrer sobre au plus lugubre des caves de mon sombre gourbi. C'est beau et dégueulasse, ça sent mauvais la spirée de sublime caniveau. Ça sent pas le fric, plus aucun freak par chez moi, je ne suis ni l'un ni l'autre, je n'ai pas le choix, ou l'envie, et vice et versa, il n’empêche, pour une soirée, une lecture, une plongée en apnée extraordinaire dans le Londres barge underground imbibé et acide avec en plus l'âme de l’hallali qui hurle en alarme étouffée.


Les pages défilent, et « Someone Else's wife » débarque. Les Go-Between. J'archive tout dans un coin de mon désespoir, au cas ou il me viendrait l'idée de vriller sur mon age, ça aurait pu, ou pas, je ne suis pas freak pour un rond .. pourtant merde.. « The Clarke Sisters »....


Je lis Luke Haines, je prends tout, écoute n'importe quoi. Un bouquin comme ça il y a 20 ans c'était 10 bibliothèques et des jours à courir pour tout écouter. Là je suis avachi comme un vieux boomer qu'a jamais bossé et je crowle sur le stream pour combler. Je me régale ou pas. Je patauge. « What's the morning for ? » amoché. Je suce des roues, je suis en dilettante et méritant, je me dégoutte des fois, j'ai quelques idéologies, plus utopiste qu'hédoniste, j'aime bien le sport et sortir en short l'été.. ouaih nan je n'en suis pas.... j'ai rien d'un bohémien, ni intello branché..et puis j'ai rempli ma besace avec tout ce que j'aime. Ça pèse son poids de fric ce truc. J'écouterai pas tous les soirs, mais ...

On s'en fout des tiquettes, et puis des « sectes », groupes, meutes ou autre revendications pour s'extraire et cracher dans le potage, il se le répète un peu trop souvent le Luke que freak il est .. allez, un petit foot, un clash, une claque sur le zob puis un autre The Apartments.


The Apartments 1985 « The Evening Visits..And Stays for Years »

mardi 2 septembre 2025

The Montgolfier Brothers 1999/2025

 


Brutal coup d'automne sur le coin de la gueule, une cinglante sape sur les guibolles et le retour de la meute. J'imagine que mon wagon s'est empli, je n'y suis pas allé ce matin, je suis resté près de cet ampli à chercher l'onde musicale qu'il faut. Un indice, un objet bilan sur les frères Montgolfier vient de paraître. Voilà, j'ai trouvé malgré la vitesse des nuages. Quigley & Tranmer, pas sûr de prendre de la hauteur.

Orion se redresse et laisse tomber l'aube en feu nacré, avant de disparaître sous la voûte et les trombes à flagelles. David Gilmour et sa fille chantaient « Between Two Points » il y a un an. Je me retrouve là, flanqué sans arme à farfouiller au plus profond des étoiles à relier, comme les points au crayon sur les cahiers d'exercices scolaires pour les vacances.

« Seventeen Stars » me dilatent, m'éparpillent, le torchis est détrempé, festin des sols craquelés. Les rampants rempilent et les arbres pensent à la démission.

Le son des accords comme sur l'image, le clavier aussi, tout s’arrête, le ciel canadair a éteint mes champs incendiés, si les wagons se remplissent comme des oies, les barques fatiguées flottent sur une mer reposée. Balayer les fantômes, ratisser la plage ou laisser la houle bodybuildée faire le travail. Quelle tristesse. Des tonneaux de crèmes solaires déversés sous l'écume et les quais croulent à nouveau.

Enfin, j'imagine, je n'y suis pas allé ce matin. J'ai remis The Montgolfier Brothers 1999, histoire de laisser le crachin faire son malin, avant que l'été revienne sur mes plaines. Ou pas.


The Mongolfier Brothers 1999 « Seventeen Stars » sur Vespertine

dimanche 31 août 2025

Mac DeMarco 2025


 

Petit huis clos, canape-chaussons et pochette foireuse, titre pas inspiré, ça part mal c't'affaire.

Pourtant, dès la première note le charme balaye toutes les premières impressions, même celle d'une platine qui tourne mou, ondulé un poil.

Des tonnes de flemmardises et des petits morceaux confortables, complètement séduisants. Tellement de demos l'habitent, des airs de cowboy urbain, JJ Cale anesthésié, Nick Wheeldon joyeux, même sur « Five Eay Hot Dogs » en 2023, Mac n'avait pas eu la force de chanter.

Oui mais voilà, la magie Mac opère, imparable, croustillante. Le sens de la mélodie. Merde, j'ai la flemme de me lever tourner la galette. Touchez pas à la platine, ça tourne normal, Mac est lui, DeMarco est là. On est bien.


Mac DeMarco 2025 « Guitar »

vendredi 29 août 2025

Peder 2024

 


À JJ-Johanson, on remplace une pincée de mélancolie par une once de jazz ambiant, trip hop toujours en sourdine. On ôte un voile de délicatesse à la voix et joint quelques cuivres agiles, « The Coldest Man Alive » de Peder Pedersen est un diamant sonore, une petite merveille d'album, la belle découverte du jour. Miraculeusement nappé de dorures crémeuses, mais pas trop, une petite perfection.

Une arborescence d'écoute m'a menée vers cet artiste danois. Son CV n'avait rien pour m'attirer. Souvent quand je ne sais pas quoi écouter, je sors un coffret Nova, de la « haute musique », tout s'est arrêté sur un morceau, et moi sur cet album. J'vais m'la péter lors de la prochaine soirée entre amis, ce n'est pas de la musique de fond, c'est tellement plus, ils vont tous me répondre JJ Johanson, normal, l'équilibre est parfait et le moment délicieux.


Peder 2024 « The Coldest Man Alive »

mercredi 27 août 2025

Greg Freeman - 2025

 


Country alternative du Vermont. Je commence direct technique car cet album me tombe dessus et je n'ai rien sous les dents qui puisse mettre en herbe cette petite dinguerie. Avec le bouquin de Luke Haines, je me suis un peu enlisé dans ses délires avec l'impression d'avoir visité une secte, allant jusqu'à écouter ses arborescences musicales, notamment Peter Buck etc. Je change d'air, sorti de tout ce « bancal » foutraque radical et narcissique, Greg Freeman chante son « Burnover », il m'a ouvert les portes donnant sur un ciel éclatant, populaire avec beaucoup d'air à respirer.

Comme c'est une découverte, je cherche et farfouille et tombe sur son premier et précédent album qui me plaît plus encore. Je plonge dans ma came Oldham-Lytle-Sparklehorse-etc-etc avec du Molina dedans.

Je reviens sur « Rome, New York » et je vais me nettoyer les enceintes avec ce rock outre-atlantique pêchu comme il faut, tendre comme il fait tiède, De Marco, Kurt Vile, Kevin Morby… à ranger avec.

Fait un peu chaud finalement, les glands tombent mais pas les marrons, je sais pas pourquoi je dis ça, y'a plus de calendrier, mais je vois quand même à peu prêt où on en est avec tout ce merdier. « Curtain » m'enchante, et je vous laisse sur « Gone... ».


Greg Freeman 2025 « Burnover »

jeudi 21 août 2025

Eric Chesnaux - 2022

 



Juste quelques petites infidélités, un autre ciel discographique de temps en temps, moi je ne connais Chesnaux que sous un ciel constellé. « Say Laura » est un instant particulier plus encore. Son jazz décortiqué, volage et éthéré, l'Epiphone lui va si bien. Des cœurs d'éponges en douces émulsions de basalte. L'intimité s'est installée, j'ai arrêté tout ce que je faisais et j'ai contemplé. C'est comme un tableau qu'on ne voit jamais de la même façon, un Nick Drake ondulé. Chaque écoute change la lueur et de lumière. Oblique ou en applique elle prend tout et nous farde, « Say Laura » plus que les autres, tellement de choses ressenties.

C'était il y a trois ans, rien à changé et tout s’acclimate. Juste avant de sortir prendre la moiteur d'un été au vestiaire, plus beau encore qu'un paradis alangui, « Say Laura ».


Eric Chesnaux 2022 « Say Laura » sur Constellation

mardi 19 août 2025

Citron Citron - 2024

 


La voûte se démantibule, la cogite s'attise et finalement cet automne de mi-août a son petit charme. Toutes ces feuilles jaunes tombées sans calendrier, les mêmes feuilles à terre qu'aux étés de la Saint-Martin, mais croustillantes ici, cuites en plein vole. Paysage inattendu.

Le sol chips se gausse un peu des grillons fatigués, les pas saccadés crépitent et rythment la tiédeur molle, une belle musique anachronique voltigeante voile la bouillante rondelle jaune, le ciel devient synthétique émoustillé par les clapotis des libellules qui barbotent. Les vesces se trémoussent sous mes pas craquants « Est ce que tu dors ? ».

Ce duo m'enchante, entre le monde de Burgalat et les rêves organique de Tellier.


Toutes ces feuilles qui jonchent déjà. Moi, bien loin d'une « Crise d'aaaangoisse » je danse dedans, il faut se faire à l'idée, il va falloir écoper un moment donné, je reste dans leur bulle, je suis accaparé et intrigué. « Maréeternelle » est un instant fantasmagorique, Citron Citron une découverte.Et quelle pochette !!


Citron Citron 2024 « Maréeternelle »


vendredi 15 août 2025

Alain Chamfort - 1976

 


Clarinette sur le bilan, costard dans les graminées, un peu too much le lapin sur le piano. Aucune fleur bleue dans les hautes herbes, pourtant je le suis à fond sur cette chanson, depuis un paquet d'années. Pourquoi l'impact de celle-là ? J'en sais rien, mais elle m'embarque toujours, flon-flon et re-flon-flon en cuivres gras et petit orchestre pop de bal musette quand tout le monde est presque rentré depuis quelques lampées d'une niôle locale qui rend fou. Le jour a beau mettre minable les derniers lampions qui vacillent et bavassent, tout n'a pas été résolu.

Pas grand chose à retenir de cet album, il est d'époque, et y'en a tellement des « Lucile », peut-être « La musique se lève à l'ouest ». Je n'ai aucune idée de la répercussion de Chamfort à ce moment-là, « L'amour tsé-tsé » .. insupportable. Lui aussi, souvent.

« Mariage à l'essai », rien que celle-là, Chamfort aux notes, Rivat à l'écriture. Un vieux mariage, je suis fou, je déteste l'idée des unions administratives et religieuses, j'ai joué le jeu début 90's, c'est passé comme on attend son tour pour valider son ticket de loterie. J'aime bien l'idée aujourd'hui, de cette journée pénible, ce truc qu'il fallait abroger le jour suivant pour mieux s'unir, ce vieux bois qu'il faut lasurer tous les jours, ce sentiment d'être un ancien combattant et d'aimer quelque soit le métal et la pierre. Ce n'était finalement pas une mauvaise idée.


J'ai une troublante anecdote avec ce vinyle. Aucune raison au début des 90's, qu'il soit dans le garage de cette famille-là, immigrée depuis 20 ans, à Lucé en Eure-et-Loir. Un Johnny encore, ou un Eddy, mais Alain !! Je n'ai jamais su d'où il venait, pourquoi il était là. Quand mon beau-père a disparu en 1992, nous avons perdu la trace de ce 33tours. Je demande souvent ce qu'il est devenu, le disque, qui l'a chapardé, revendu ou gardé précieusement pour la nostalgie. Il n’empêche depuis, je dors toujours auprès de sa fille avec mes vieux rêves.

Je viens de trouver sur Vinted le 1er des 3 coffrets pour autant d'euros que d'années de mariage pour moi et la fille du garage d'Augusto à Lucé avec dedans entre autre, le deuxième LP d'Alain Chamfort. Il a disparu avec lui, qu'est ce qui foutait là.. le disque. J'y pense souvent. J'écoute uniquement cette chanson de cet album. Elle est belle. Je fais tout pour que la fête continue même si tout le monde dit qu'on est fou.


Alain Chamfort 1976 « Alain Chamfort » sur CBS

lundi 11 août 2025

Jean-Louis Murat 2008


 

On se recroqueville derrière des cicatrices, quelques chansons belles comme des amulettes tournent comme les saisons. On repasse tout, je cherche la faille, je me vautre et lutte contre les amours en fuite. Des leçons à farfouiller mes déraisons, je me mets des coups de savates dans l'âme comme on brame le glas, je m'enlise dans le déni.

Spleen de Tristan en longues heures de tristesse. Je ne m'y ferai jamais.

J'écoute, je me noie, un morceau m'échappe, il tape dans la poitrine, je vérifie d'où vient « La prière », mon streaming chiale et je fouille parmi mes galettes. « Marlène » appelle à la génuflexion, foutre de crénom. Le flot amer pour quelques notes se dissipe, comme une nouveauté, j'écoute cette chanson bonus cachée de Jean-Louis Murat. Lourd comme une âme en peine, grinçant comme la cruauté, je jubile en triste sujet, il fait un peu plus jour, je découvre un JLM.


Jean-Louis Murat 2008 « Tristan »; "La prière"

 

samedi 9 août 2025

Chris Garneau 2021

 


Ma salive en plein estivage, j'ai le goût de la chaume dans le naseau rien qu'à regarder la poussière des herses s'envoler. Le soleil est déjà dans sa descente, la sève à bout de souffle. Les prunus passent à autre chose.

La chair de guigne est un souvenir, le noyau attend la pluie. J'écoute « The Kind » en boucle, toutes mes cellules en transhumance dévalent sans rien déballer. Je fais de la rétention d'émotions, j'hésite à dévoiler. Il n’empêche, tout s'est figé et le Panic-pied-de-coq chante à crête rabattue ses épis plumés de haute gorge à dévaler sous le vent-là vital et tonique.

Descendre des alpages, amener en bas l'altitude sous ses paupières et toutes les écritures d'en haut pour faire un disque. Sommet de poésie.


Chris Garneau 2021 « The Kind »

mardi 5 août 2025

Wet Leg - 2025


 

Bouffée de chaleur sur les joues, la tempe offensive et les yeux plissés je dévore « Moisturzier » à moitié urgé. Ça gicle affolé solidement développé. Je me suis dit dans un premier temps, ouaih, y'en a des tonnes des groupes ainsi à faire du bruit. Ce beau brelan m'ébranle, les deux filles ont trouvé trois zicos du tonnerre, la recette fonctionne, je suis pris au jeu.

L'accroche racole et me colle au casque. Âpre et sec complètement boumer je me dandine.

J'ai loupé l'apparition virale de 2022, on me la fera pas sur cette confirmation proposée aussi en cassette.

10 balles la nouveauté, rien que pour faire jouir ses baffles et tremper le carrelage. Petit coup de gingembre dans mon ciel gris, filles caféines, je tiens plus en place.


Wet Leg 2025 « Moisturzier »

jeudi 31 juillet 2025

Guy Blackman 2025


 

Le temps des lilas disparu est un leurre, un autre celui des Indes fleurit quand tout est grillé. Plus intense en couleur, moindre en odeur. De l’autre côté de la palissade, les Robiniers sans épines

tapissent les trottoirs de leurs confettis crèmes. On dirait un lendemain de carnaval. Sophora et Lagerose sont à la fête. C’est exactement l’image qui m’est venue à la vue de cette sublime pochette. Une dominante de couleurs qui apaise.

Il fallait aussi que je tombe sur de la chanson nébuleuse, légèrement bancale et fragile tout en

gardant l’idée que je déambulais déboussolé au beau milieu de l’été qui avait déjà connu la brûlure. Un ciel vaseux, un thermomètre moelleux, météorologiquement intemporel avec alentours les teintes qui ne laissent aucun doute sur l’instant. Il pleut un peu sur les ardoises. J’ai laissé cette aubaine musicale diffuser comme on enfile une pelure au petit matin d’un été qui reprend son souffle.

Les abeilles butinent au sol les fleurs tombées du Sophora japonica avant d’être piétinées. Le rose

intense des fleurs de mousseline du lilas d'été, ce sera pour ce soir quand les fleurs s’allumeront. « Out of sight» est un nectar délicieux qui me perd un peu dans l’air, dans l'émoi et le calendrier.


Guy Blackman 2025 « Out of Sight »

samedi 26 juillet 2025

José Afonso 1971


 

Le grand estuaire où le Tage se dévide a craché sur la petite capitale de collines saillantes. C'est la première fois que j'arpente ses rues de belles pentes sous le crachin. Même ce ciel dévorant la ville a du mal à faire taire les couleurs lumineuses de Lisbonne. À peine rincés les petits pavés glissants s'allument et le blanc se répand comme le fado tristeza qui résonne dans les bas fond dégringolant vers le bras de mer.

Des nuances de jaune sur quelques façades se diluent et les bougainvillées empourprent encore. La place du commerce est toujours aussi belle avec ses petits clapotis de vague tout en bas. Alors je pense à Pesoa une fois de plus :

« Tout l'entassement irrégulier et montagneux de la ville m’apparaît aujourd'hui comme une plaine, une plaine de pluie. Où que s'étende mon regard, tout est couleur de pluie, d'un noir pâle. J'éprouve des sensations bizarres, toutes également froides. Il me semble parfois que le paysage essentiel est tout entier de brume, et que les maisons cette brume qui le voile ».


Je vais m’engouffrer dans l'Alfama et déguster quelques tentacules grillées avec des grenailles à l'huile d'olive. Quand même, il ne pleut pas des journées entières ici, les entrées maritimes avec le fleuve éventré crachent doux et puis c'est tout. L'onde est une fête mélancolique qui bruine et ternit à peine la grande lumière de Lisbonne. Le vent pleure Ferdinand sur la Plaça da figueira. J'imagine sa présence au creux de cette nouvelle ville pour lui, savoir ses yeux neufs, connaître ses pensées nouvelles, ce timide fonctionnaire. Je suis à peine attaqué par cette grise angoisse, je suis de la Beauce quand même et les fines pluies canadair toussotant qu'elles sont, me lustrent le cortex.


Bien loin d'ici, sous le fracas d'une chanson révolutionnaire « Grândola, Vila Morena » d'une dictature qui va disparaître, au château d'Hérouville, José Afonso enregistrait son album mythique « Cantigas do maio ». Dans les murs du studio de Magne 1971, Christian Padovan, Michel Delaporte, Branis et Granier avec quelques autres musiciens portugais œuvraient pour cette pépite historique, poignante et sacrée.


José Afonso 1971 « Cantigas do maio »

vendredi 18 juillet 2025

Fausto 1982


 

J'oscille entre la brûlure du ciel et la douce lecture intranquille sous l'ombre d'un olivier centenaire. Un vent fort et chaud assèche la sueur de l'âme. Le parfum des herbes cuites accompagne la lenteur de mes journées abandonnées. Sur un autre arbre en face de moi, une petite cage à oiseaux sans fond se balance. Je suffoque sous les fortes rafales. Un perchoir est encore dedans, une passiflore s'y est déjà agrippée. J'aime l'idée d'une cage sans fond.

Tout est doux et calme, je bois toute la culture des contrées plissées, je mange ici, je dors là, je ne prends que l'offre de ces collines abruptes. Jusqu'aux arômes

Un vaste dôme montagneux se dresse devant moi, la montagne de l'air. Mon corps est lourd. La fosse atlantique est à quelques vallées d'ici, un peu de sel dans le vent. Les murs blancs aveuglent, et les rues pavées comme des peaux de serpents s'entortillent dans le village. J'ai posé pour un moment les pages de Pesoa pour écouter Fausto et celle belle découverte locale. Carlos Fausto Bordalo Gomes Dias de son vrai nom. Il ressort ces jour-ci dans le pays. Toute la lourde histoire sur un folk de voyageur comme ce vent de caractère me remue. Mais je suis bien arimé au tronc tordu et robuste de mon olivier.


Fausto 1982 « Por Este Rio Acima » sur Triangulo / Columbia

jeudi 3 juillet 2025

Joan as Police Woman 2024


 

« Started off free », et le ciel se couvre. Oh, rien de menaçant, juste baisser les yeux et ne pas se disperser. Focus sur un crush récurent, JAPW, « To Survive » la gorge serrée, « Damned Devotion », « The Deep Field »..au feu... et ce « Lemon, Limes and Orchids » dans un reliquaire. Cet écrin, de la pop soul qui va faire jazzer dans ses plus beau habits légers.

Rien ne dépasse, ciselé, taillé dans l’albâtre avec des outils délicats et une chaleur des cellules. Clim à fond dans la caisse, « With hope in my breath » fait onduler l'habitacle, le pare-brise est bouillant, je sens son haleine sur le poitrail, l'horizon se trouble, tout devient mirage. « Long for ruin » et mon cou perle, je lève le pied et tangue dans ma chemise serpillière.

J'ai dans la bouche une grande idée de canne et d'agrume jaune citrique à vert profond mentholé avec une avalanche de glaces, une banquise fondant à vue de palais autour de ma paille en carton. Cet album classieux est un cocktail caniculaire.


Joan as Police Woman 2024 « Lemons, Limes ans Orchids »

mardi 1 juillet 2025

Léonie Pernet 2025

 


Tendance à étriquer partout, les mots de chagrin sur une peau crachin, agripper la rampe pour résister à la vitesse. Les semelles ne tiennent plus, ça sent le roussi. Là où il n'y en a plus, avant de l'atomiser, la poésie sous un angle d'ardoise cendrée, l'éraflure sur un son à raccommoder sur le « Reflet du monde lointain ».

Comment faire pour nous désencombrer ? Se désenclaver la gueule, peut-on encore se soustraire de la rotation ?

Lymphe épaisse, entaille de saignée par l'horizon, mon corps élastique s’allonge, la tète dans les nuages, les talons dans le limon la queue girouette. Des racines et des influences, troublante Léonie Pernet. « Poèmes pulvérisés » me foudroie debout. Puis me traverse. Le thermomètre est pulvérisé, allongé, plombé, je me laisse traverser.


Léonie Pernet 2025 « Poèmes pulvérisés »

vendredi 27 juin 2025

Ambre Ciel 2025


 

La « Reverie » est passée, la bascule est là, le soleil repart dans l'autre sens, les moissonneuses le savent bien. La chaume est une couleur que j'adore renifler. L'ocre nacré cuit souligne les bois. Le ciel est ambré, je découvre après Rebecca et Aliayta, « Still, there is the sea » d'Ambre Ciel. Jessica Hébert fait danser l'orchestre en fragments d'émotions avec son chant qui fait place discrète.

J'ai vu des immeubles surgir, puis disparaître, l'aurore comme le crépuscule là où tout se bouscule avant le noir et le grand jour. Agnès Obel, Soap & Skin... elle prend possession d'une âme philharmonique ambiante pour chanter alors que tout se fige.

Tout plane au sommet de quelques chose. Un mirage. Dans des nuées de poussière de blé battu, Ambre culmine.


Ambre Ciel 2025 « Still, there is the Sea »


mardi 24 juin 2025

Rebecca Foon & Aliayta Foon-Dancoes "Reverie"

 


Le soleil au plus haut, nuit toute petite pour fêter la musique, la fête des éboueurs, au jour qui se lève des camions en ligne comme après la guerre.

Cette nuit-là, quand les sœurs Foon se sont tues, il restait au dessus de mon jardin les étoiles médusées et un doux vent faible qui faisait chantonner les charmilles. La chauve-souris était déjà collée aux tuiles du hangar, plus aucun battement, juste cette caresse musicale dans toute sa délicatesse. Il me semblait que les lichens fredonnaient, les mousses reprenaient un peu de rosée histoire de préparer la journée suivante. Les vieilles guignes noires toutes cuites suintaient tout leur jus au bout des branches lourdes de sucre. J'entendais le bruit des larmes noires tomber sur la vieille table en fer, comme des clapotis grillés en grésillements de musique de chambre nocturne. C'est comme ça, les cerises saignent quand les moissons commencent.

La musique était là, la plus belle qu'il soit, il n'a rien fallu nettoyer au petit matin. J'ai posé ma tasse de café sur les traces de caramel sang comme une sève figée. Le jour était là depuis quelques heures. J'ai remis « Reverie » de Rebecca et Aliayta. Constellation. Silver Mt Zion.. Set Fire to Flame. C'est un pur chef d’œuvre. Ce n'était pas un rêve.

 

Rebacca Foon & Aliayta Foon-Dancoes 2025 « Reverie » sur Constellation


samedi 21 juin 2025

Casagrande 2025

 


Je brandissais il y a une grosse poignée de mois « Villes Sauvages » adossé aux indispensables de mes étagères de par ici. Août 2023, énumérant la liste avec lui des opus qui comptent. Il n'a pas été depuis rangé ailleurs que sur cette cime-là, définitivement adopté. Tout s'est allumé depuis.

Je fredonne souvent les « Silures », « Baltimore », elles sont ici proposées en versions outre-Manche, et je traverse des frontières avec Casagrande dans ma besace, à peine dépaysé. Je connais le chant habituel de Nicolas, et « Wild Cities » me transporte vers le Polnareff 1975. « Wandering man », « Rainy day song », une idée de réconfort chansonné sur une autre langue, et toujours cette duveteuse mélancolie.

Une façon pop de prendre à soi la chanson de par ici. Le mérite du globe. Il faut dire que Fabien Martin est toujours aux manettes. Quel son, il fait des merveilles...Littoral Little, une belle famille artistique qui me colle à la peau.

Jeff Halam est là, son jeu de cordes graves sur « Never let me down again » entre autre, et pour l'écriture aussi. Et puis « Sea Song » avec Cheval fou, Armelle déjà sur « Le gant sur la peau »(« Glove on your skin » avec Nadine Khouri cette fois-ci), la dernière fois que cette chansons m'a flanqué les poils, c'était avec Married Monk. Il faudra un jour élucider le mystère pour ce joyau là, je lis tout, je cherche et farfouille, j'aperçois quelques pistes, mais rien sur la mitochondrie.


Un crayon de bois dans ma boite aux lettres, je vais rajeunir d'un seul coup. Rembobiner à l'ancienne. La galette et la K7 pour un pack vintage, je suis comme un gosse, j'use à nouveau mon auto-reverse. Deuxième album pour Nicolas Contant, et une cassette en sus, il est fou, c'est tellement bon.


Casagrande 2025 « Wild Cities » sur Littoral Records

mardi 17 juin 2025

Fontaine / Arelski : BARAKA 1980


 

C'était mieux maintenant. Les textes défilent et rien ne changent. Les belles histoires d'amours figent la plaque. La plus belle de toute dans les douceurs les plus troublantes. On traverse depuis des millénaires, passe à travers, ou pas. Faut pas contracter sinon ça pique, se cramponner aux affections, sucer l'ardeur.

J'ai marché au bord de la Remarde ce matin, il faisait encore frais. Le ru entortillé m'a accompagné mollement jusqu'au ruisseau. Cortège d'insectes, opéra d'oiseaux, le vent faisait frissonner les hautes herbes. Un talus de canches ondulait, juste quelques vulpins des près à la danse timide restaient raides. Plus le soleil montait, plus le lit s'élargissait, trois libellules ne lâchaient pas l'ombre. Je suis passé à côté du terrain de tennis abandonné. Deux belles pommes sur l'asphalte mousseux semblaient attendre le nylon tendu. Juste derrière une fontaine aguichait quelques guêpes nerveuses. En fredonnant « La traversée », je me suis arrêté au café tout près de l'église de Saint-Martin-de-Bleury. J'ai pris un bock avant de rentrée chez moi. Quelque part loin d'ici le long des rivières et de la baraka, faut éviter le mortier. Quelques grenades sur un terrain de tennis en ruine. 


Brigitte Fontaine, Arelski Belkcem « Baraka  1980 »


« De Baltimore à Bab El Oued

J'allais bramer dans les bastringues
Avec un buriné bipède qui bandait pas pour le burlingue
Dans ce bar branché bipolaire
À faire basculer les belles-mères
J'allais besogner le brouillard avec un tambour de bazar

T'allais baver pour les babas et les broutards à boucles blondes
Des petites bulles de baraka (et des bonbons pour les James Bond)

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka, pas pour la bagarre et le branle-bas
...

Ils s'braquent à bloc sur l'baston, des barbes bleues bardées de bronze
Des cow-boys bourrés de béton, des zombies bidons et des bonzes
Qui leur balancent une blanquette à écrabouiller les banquettes
(À vous briser les roubignoles, à vous faire barrer d'la boussole)

Pendant qu'tu brûles de la banquise, braconnant le bonheur sans but
Et me baignant aux quatre bises avec les boucs de Belzébuth

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka pas pour la bagarre et le branle-bas (branle-bas)
…....

Ras l'bec de brouter du bitume et d'barjotter dans une bagnole
Ras l'bec de branler de la brume et d'barrater des branquignoles
Pendant qu'les barbeaux du business qui nous bastonnent des bassesses
Biberonnent des bourbons dans leur buick, j'bosse par peau d'balle et crotte de bique

Tu vas broyer tous ces bouchers qui se font bronzer la baudruche aux Bahamas
Avec ton blé (pendant qu'j'balise dans les balluches)

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka, pour la bagarre et le branle-bas »

"Baby Boum Boum"

dimanche 15 juin 2025

BRIEG GUERVENO - 2025

 


Piers Facini du Finistère avec des songes d'Anthony. On sent moins le varech que Denez, l'art de Brieg est pétrifiant, il déborde sur toutes les autres terres. Habité, d'envergure mystique sur des flots d’acoustique. Il y dedans quoiqu'il arrive du celtique. Antonio Zambujo du Portugal danse sur les mêmes landes d'ajoncs et de conifères, et tant d'autres encore. Du sable sous nos pas, qu'il soit dans la forêt ou sur le bord des chemins, l'océan n'est pas loin, et le regard meure sur la terre intérieure lacérée de quelques lancées électriques.

La belle découverte « Un Noz A Vo », inconsciemment l'envie de fraîcheur sûrement, mais la mer est belle aussi quand la dune brûle, la vague est toujours froide.

Brieg GUERVENO 2025 « Un Noz A Vo » 

 

samedi 14 juin 2025

Pulp - 2025


 

Comment vont réagir les puristes à cette parution ? Je prends ce retour comme un bonus heureux avec dedans les ingrédients que j'aime bien. J'ai eu un gros retour « This is Hardcore » y'a quelques mois, l'aubaine tombe à ravir. Là, je suis bien dedans la pulpe, j'ai ce qu'il faut, sans plus.. remugles et madeleine même, sa voix, cette idée là, le style, la gratuité du processus.. et j'adore plus que tout l'ocre et le cobalt.

Pulp 2025 « More » 

 

vendredi 13 juin 2025

Geir Sundstol 2025

 


C'est l'heure vibrante de l'astre qui n'en finit pas de cuire. Lourdes persiennes, stores dilatés, murs boursouflés. Si les gestes ralentissent, les ondes d'un film spacieux calment le mercure, tout en s'accrochant délicatement à ses degrés, histoire de garder la lumière.

Pas d'imbroglio chez Hubro. Sous ces tuiles de jazz expérimental, d'ambiances follement dilatées, Geir Sundstol trace ses sentes de paysagiste. De drôles d’oiseaux dans cette auberge, précieuse agence de voyage au socle musique inébranlable et minéral. Juste les couleurs qui changent d'un artiste à un autre, une température, un angle, une hauteur, quelques latitudes et des milliers de lueurs.

Le plafond s'approche du haut des cranes, ça tape dur sur la faîtière. « Sakte Film » maîtrise à merveille la thermo-hygrométrie.


Geir Sundstol 2025 « Sakte Film » sur Hubro

Modern Nature - 2025

  Folk carotène, un Musée Mécanique Low Eliott Smith qui sent le bois de chauffe. Les jours raccourcissent certes, mais il fait tiède sur l...