jeudi 18 décembre 2025

Ed Harcourt 2025


 

Une vieille connaissance. Mon attention dispersée sur pas mal de choses dans son travail, des instrumentaux, du magnifico, pas les bonnes saisons. Il faut que les jours se fassent petits pour accueillir un tel miracle pop. Crooner d'hiver sans guirlande, une guitare douce habitée par les anges, à moins qu'il s’agisse de fantômes.

Je cherche l'opale du ciel, l'ambre de la colline, j'avance à pas feutrés, le vert tendre d'hiver est partout et la terre engorgée. Tout aime mes souliers, le ciel rose est tellement haut que je baisse le regard. Chez moi, les tableaux parlent trop, les flammes font danser les fantômes. J'ai beaucoup de pénombre ouatée à offrir entre mes murs, des soirées guimauves à bûches rabattues avec la recherche du son parfait. Je crois que j'ai trouvé, il est venu naturellement, la perfection.


Un angelot est sur le point de venir prendre notre oxygène et des bouts de ma vie. Il est déjà avec moi depuis quelques mois, il sait des choses de moi, ma fille vient souvent se poser dans sa chambre d'enfant. J'ai de la musique à côté, des choses belles pour se nourrir. Le sien viendra dormir ici, j'empourprerai à peine le silence de quelques belles mélodies aux douces guitares. Le soleil y tombe le soir, les murs seront nacrés et la prévenance à son comble, on jouera à chasser toutes les saletés.


À travers un tableau bien avant le grand jour, un ange à l'âme blanche attend sous le grand ciel du capricorne. Toutes les plaines ennuagées sont prêtes.

J'ai l'album parfait pour la moiteur des âmes qui flottent, des qui ne sont plus là, d'autres qui nous chuchotent la nuit, une que j'attends pour son premier soupir d'hiver.


Le plus bel album d'Ed Harcourt.


Ed Harcourt 2025 « Orphic »

lundi 15 décembre 2025

Terry Callier 1968 / 2025


 

L'accord en A doux et lancinant qui plane dans la pièce a chassé l'ennui du soleil. Les notes majeures de « Cotton eyed Joe » tournent comme des lentes révolutions. Les mêmes notes qu' « That allright » d'Elvis. Le timbre de Terry en a aussi. Pas de jeu de hanche, mais du bel alanguissement sous une lumière séminale.

J'ai ouvert les fenêtres, il fait très doux, presque chaud, mi-décembre et les merles déboussolés ont entonné leur concert matinal de janvier, le soleil n'a pas encore commencé sa remontée. Peu importe. C'est à s'y perdre, Terry Calier a soufflé sur le brouillard, encanaillé la boucaille.

C'est une autre remastérisation qui a enchanté ma journée. L'étoile reperd du folk nu, comme si tout provenait de cet album.


Terry Callier 1968/2025 « The New Folk Sound of Terry Callier »

jeudi 11 décembre 2025

Bill Fay 2025

 


Outrepasser ce préjuger, je ne suis pas du tout compilation, et je suis resté figé à l'écoute de cette synthèse déjà sortie en 2004. Je l'avais ignorée en 2010 quand j'ai découvert Bill Fay. La pochette plus belle, une explication à mon engagement ?

Les prémices du miraculeux, 1970. « Katie & me » comme une jolie balade Macca. « Cannon's plain » dylanien fige ma matinée de brouillard en épaisseur, tout n'est que grasses silhouettes immobiles. Pas une seule couleur dans cette lourde fumée, rien ne va se lever. Pourtant là, tout est à nu, clair et immaculé.La brume a bouffé toutes les orchestrations.

Troublante discographie, si peu d'albums, autant de tentatives regroupées ici, j'écoute cette réédition comme un seul album. « The sun is bored », il boude en bas, il restera enfoui toute la journée, toutes ces lumières qui clignotent l'emmerdent. L'intimité des mélodies magnifiquement douloureuses enferme cet éternel matin.


Bill Fay 2025 « From the Bottom of an Old Grandfather Clock (1966/1970)»

 

lundi 8 décembre 2025

Traffic 1970


 

L'orge amer en élixir fermenté depuis des millénaires, John Barleycorn jeté en cendre dans les eaux changées en flot de bière insatiable. Jethro Tull a repris cette chanson traditionnelle sur scène en 1992, comme beaucoup d'autres. Un autre point commun avec les Tull, la flûte de Chris Wood des Traffic. J'ai toujours eu un faible pour ce son dans les chansons folk-rock des 70's. Est-ce Tull ou l'instrument d'abord ? Elle apporte poésie et ondes champêtres dans le son qui sent la sueur et la binouze.

Au détour d'une visite chez Crocodisc au beau milieu de la rue des écoles, j'ai fouillé les bacs en remuant légèrement les hanches sous le son auguste de cet opus qui ondulait dans la boutique. J'étais du côté UK, je trouve très judicieux de ranger les 33T ainsi de chaque côté de l'Atlantique. Dans mon dos le rock US, je suis allé plonger les mains dans la lettre « T » des bacs britanniques. Bizarre ce petit coin du monde où mon âme flanche avec préférence. L'imposante histoire des States roules un poil en dessous de cet art insulaire juste au dessus de nos tètes. Sûrement une question de féminité et d'élégance en plus. De classe.

« John Barleycorn (Must Die) » dans les mains, j'ai réalisé qu'il manquait physiquement dans mes étagères !! pourquoi je le connais aussi goulûment ? K7 ou Mp3 des jours entiers sûrement. « Mr Fantasy », « When the Eagles flies » et « Traffic » 1968 vont accueillir ce nouveau membre de la famille. « Glad », j'ai chaud, euphorique, je vais acheter encore plus de disques, jam endiablé avant que Winwood en gorge ne chevauche la liberté sur un sax grave... « Empty pages » en basse chaloupée, quelle diablerie ! …

Cet album est une perfection, Mason, Capaldi avec une des plus belle voix de l'histoire. Et cette flûte en bois …..


Traffic 1970 « John Barleycorn (must die) »

 

vendredi 5 décembre 2025

Hildur Gudnadottir 2025

 


Avec l'age, je suis devenu un lève tôt. J'ai perdu l’habitude de laisser s'étendre la nuit quelques heures de plus au fond des draps, quelques soit la lumière dehors. Je me suis ainsi aperçu qu'à ces moments-là mon cerveau comme neuf buvait mes lectures avec plus de puretés, sans aucun éclat d'une journée pleine de monde, les sentiments décantés dans mes pensées, les phrases étaient toutes à moi. Limpide avant le brouhaha du dehors, avant que le vent ne vienne faire chuchoter les feuilles ou siffler les branches nues, la lecture des mots de l'auteur entrait bien plus clairement dans mes cellules.

Il m'arrive souvent le soir, de perdre le file de ma lecture en me laissant malgré moi envahir par les faits des heures précédentes, celles qui en plein jours ont pu marquer plus franchement mes ressentiments. Relire une page entière pour m'être dispersé en m'éloignant des mots. La lumière est pourtant la même, le fauteuil orienté de la même façon et je comprends certains auteurs travaillant au petit matin, dès l'aube ou vers 4h.

Comme si j'avais perdu du temps toutes ces années à traîner sur l'oreiller jusqu'au beau milieu de la matinée, je prends un plaisir à sortir du lit au premier rêve achevé. Rester dans une torpeur moelleuse, les idées neuves, le rituel du calme dans la plus douce des délicatesses et m'asseoir sous l’abat-jour avec Patrick Modiano dans sa "Chevreuse", ou rendre visite à sa « Petite bijou ».


C'est un peu moins vrai avec la musique. Un album en soirée est une guérison du quotidien, soigner les grandes heures de lumière, une remise à zéro plus ou moins profonde, l’accueil de mon huis clos pour une mise au point. Pourtant, ce matin, le livre entamé est resté fermé sur la table de salon. À peine 8h d'une journée à passer à la maison, j'ai écouté pour la deuxième fois le dernier album d'Hildur Gudnadottir que je scrute depuis des années quand elle frottait ses cordes graves sous les tuiles du label Touch. Je suis amoureux de son travail depuis « Without Sinking », bouleversante ode à la grisaille des paysages calmes et désolés. Depuis quelques années, elle a pris l'habitude de travailler pour des cinéastes, beaucoup de BO dont « Chernobyl », « Joker », ses ondes sombres et lancinantes dans toutes les oreilles. Elle revient plus discrètement avec un travail pour elle, un album miraculeux enregistré chez Deutsche Grammophon, label de renom qui héberge depuis quelques temps les néo-classiques.


J'ai laissé le jour se lever derrière les stores encore fermés. Le cerveau lavé de tout, comme prêt pour une belle lecture d'un roman qui apaise le flux sanguin. J'ai écouté religieusement « Where to from », subjugué sans pouvoir bouger de mon fauteuil assombri par les ombres obliques de l’abat-jour. Il aurait pu être la BO du livre entamé depuis quelques jours, resté fermé tout près de moi sur la table de salon. Le son à mettre en lumière les arcanes d'un temps passé chers à Modiano. Je suis resté en écoute solennelle tout le long des chants et des jeux de cordes, tout était différent de la première écoute en soirée. Pris plus que d'ordinaire par l'entièreté de son art, plus que le besoin de détente du soir, j'ai compris beaucoup de choses. Il y aura désormais une sélection de disques somptueux à écouter le matin, après quelques chapitres d'un doux roman réservé pour les aubes légères, juste avant de sortir croiser quelques gens, ou pas.

Hildur Gudnadottir 2025 « Where to from »

mercredi 3 décembre 2025

Keith Jarrett . Jack Dejohnette 1971


 

Ce son. Ces tuiles. Le tout début. Jack vient de disparaître et Keith a décidé d’arrêter de jouer avec ses doigts.

Je rabâche les murs, insiste sur l'auberge, explore l'inépuisable du gouffre ECM le plus souvent possible.

En amateur du genre je me faufile, tente de petites expériences, l'électricité 69 de MilesDavis, le groupe de Pat Metheny, les claviers historiques Herbie Hancock, la contrebasse Charles Mingus, des grands noms, des classiques, j'explore l'IARC puis retourne sur Blue Note, quand ça bave sur le rock, le prog, me nourris de documentaires, de blog et de bouquins pour avoir les armes et les outils, et toujours … je revins chez ECM.


Puis un cadeau vinyle from Echiré, « Ruta and Daitya » à la poste, ECM des débuts donc, celui de Jack Dejohnette & Keith Jarrett. Une exploration sans fin.

Peaux tendues et percussions sous le claviers fou. 1971, l'électricité est dans le jazz, « All we got » brûle auprès des cymbales, juste avant le tribal « Sound of Peru.. » et le jeu fou de Keith. Free délire à la Saravah.

C'est un petit bijou d'époque, une pochette naïve et séminale comme le son, quelques petites îles fleuries sous des nuages en œufs qui pleuvent à l'envers. Disque printanier, histoire de faire la nique au gris froid de l'hiver météorologique. Merci Pap's.


Keith Jarrett – Jack Dejohnette 1971 « Ruta and Daitya »

lundi 1 décembre 2025

The Base 2025

 


Fichtre, qu'est ce que c'est que ce groupe à la grosse discographie que je ne connais ni de la fève, ni des dents. L'algorithme commence à bien me filer.

Un mélange de trucs que j'aime, un shaker idéal pour un album pop rock comme il faut.

Easy simple et pas compliqué, mais qu'est ce que ça balance bien. Mélodies, son, groove, du Franz Ferdinand à la Pulp. Tiens, je pense au plaisir de ma découverte des Minor Majority, il y a quelques décennies.

Au saut du train, après une belle nuit bien profonde comme sait si bien m'injecter les automnes, je me suis emmanché cette belle découverte. Réconfort du lundi.


The Base 2025 « It's All Going South »

jeudi 27 novembre 2025

Thom Yorke 2019

 


Épitaphe sardanapalesque du salpêtre des âmes. Nuque sableuse, épicéa roussi, couronne d'épines au pied des troncs, la rivière sous les arbres fume. Deux silhouettes opaques rament et partent vers les collines ferreuses, les paumes entartrées.

Scabreuse épigraphe sur les fronts des rames caverneuses. Les longues larves syncopées s'entortillent au dessus des égouts, les mêmes silhouettes s'en vont. Une embarcation flotte dans ce grand tube en béton vers l'ocre pâle du tuffeau. Les châteaux sont loin d'ici, juste un peu plus haut.

Tout est saccadé comme les saisons, l'habit du bougre n'a pas su trouver les belles couleurs. L'homme-lombric s’épanouit sur les faux-plats et l’apesanteur arrondit les douleurs. La résonance des sous-sols apaise. Chaque émotion est un vaisseau spacieux.

L'abyssale symphonie des longs rails noirs de monde qui dévale vers des rêves de cornaline est déposée sur du Kraft noirci par la mine de plomb. Lettre orange en grosse impression. Thom en chef d’œuvre Animal.


Thom Yorke 2019 « Anima »

mardi 25 novembre 2025

Nacho Umbert 2009

 


Perdu entre le hurlement des gyrophares et le cri des mouettes je passe au pieds des grandes façades à fenêtres. Le temps grincheux trempé dans sa plus grise froideur me file un bourbon Jason Molina. Plomb assourdissant, je vais me forger une arme sous mon écharpe à triple tour pour escorter mon épaisse avancée vers une possible embellie. J'ai faim de soleil. Même un pâle à nacrer les réverbères ferait l'affaire.

Je vais où il faut aller au milieu des petites voitures essoufflées et des pigeons estropiés. Il y a bien ces mouettes perdues que la Seine a ramenée jusqu'ici. Attirées par le parfum avarié d'une ville à marée basse, et l'albâtre des murs des mornes musées, elles planent au dessus du parc de Choisy.

Je me souviens d'un bel album perdu au milieu du grand catalogue Acuarela Discos devenu Acuarela. Un artiste coincé entre Sr.Chinarro et Nacho Vegas, une discographie éphémère, une pièce ressurgie des décombres de la mélasse qui me suce le carburant. Pochette de carrelage des pays chauds, je l'ai trouvé, « Ay... », en Espagne aussi quelquefois il fait mauvais temps.


Nacho Umbert & la Compania 2009 « Ay... »

samedi 22 novembre 2025

Fabien Martin - 2025


 

Après un silence de quelques années, Fabien avait annoncé la couleur en 2014. Un Ep absolument parfait, ou plutôt un mini-album. Tellement accroc j'étais, qu'une légère frustration devait user ma touche repeat. Puis plus rien du « Littoral », sauf qu'il s'agissait là d'une mise en sourdine, d'un truc fort à mijoter pour plus tard, une mise en bouche, une étape. Puis plus rien ? pas tout à fait, puisqu'un premier signal est venu mettre la puce à l'oreille, « Plus rien » en bonus il y a quelques années.

Pile entre les deux, il y a eu un confinement, l'introspection de mes étagères musicales, cet Ep au milieu des 33T, je n'en ai aucun autre. Un tourbillon de musique et un recul sur les archives. J'ai tout rangé, tout trié, des artistes restent plus que d'autres.

Depuis, Fabien a canalisé son rivage, retrouvé les pièces égarées, d'autres tranches du quotidien qui font chantonner les nôtres. De la jetée on voit les grandes marées. Redescendu des montagnes, il nous emmène pour un doux séjour au bord de la mer. J'ai encore un vieux poste à laser dans ma guinde sans option, des disques dans la boite à gants et je vais suivre le « Ciel de traîne ». Fabien augmente, tout semble évident et ma frustration s'envole, la grève est gonflée à bloc. C'est sûrement mieux ainsi, avoir laissé un peu d'érosion sur nos tempes pour revenir plus beaux et plus forts. En 2014 j'approchais de la quarantaine et je reprends cet album avec mes rides augmentées, des retrouvailles dispersées avec un son étoffé, délicieux. Fabien dans son studio Little est devenu un producteur, un artisan du son, comme un réalisateur sur ses rôles de composition, pour les autres aussi. Un label, une cohérence, trois inédits inspirés et du retravaillé. J'avais un gros faible pour cet EP, imaginez mon plaisir décuplé. Le tout revenu, peint avec une autre palette, retoucher, décrocher le suspens.

Fabien Martin 2025 « Littoral augmenté » sur Littoral records

https://littoral-records.sumupstore.com/

jeudi 20 novembre 2025

Kate Bush - 1980

 


1980, une brochure distribuée en Angleterre, c'est la guerre froide, une clé pour survivre à une guerre nucléaire..« They tried to warm up ». Kate Bush sortait « Breathing », son cri contre la menace d'une guerre nucléaire.

Des cycles, un monde sans fin.

Kate Bush 1980 « Never for Ever »

lundi 17 novembre 2025

Steve Gunn 2025


 

J'ai mis une pelure pour sortir prendre le paysage. Quelques miroitements sur des flaques en chemin ont eu raison de mon planning. Molle escapade en bas de chez moi pour terminer la journée tiède. Une fois de plus le temps du ciel et la lumière dehors, comme les vanneaux face au vent.

J'ai foulé une tonne de feuilles, le sol acoustique buvait mes pas. Toutes ne sont pas tombées, les jeunes branches de peupliers gardent encore au bout de jeunes feuilles jaunes qui luttent et qui veulent voir le spectacle jusqu'au bout avant que le gel n'arrive. Les lentilles d'eau dans la ravine jouaient à peine avec le bleu du ciel, tout frémit.

C'est au soleil disparu derrière les grise lenticelles que j'ai rebroussé chemin. La lumière était belle, le froid tombait avec la lueur et j'avais les pensées qui chantaient des ondes anciennes de Dan Matz en Windsor, ou en Birdwatcher.


L'automne mûr était distrait, les insectes voltigeaient encore, les chrysanthèmes se demandaient ce qu'elles foutaient là avec la rose de Noël. La grande tiédeur fauve du soleil bas a eu raison de moi, j'ai décidé d'écouter « Daylight Daylight » de Steve Gunn.


Steve Gunn 2025 « Daylight Daylight »

vendredi 14 novembre 2025

ROSALÍA, 2025


 

Il s'agirait de prévenir nos cœurs fragiles. Opéra pop tragique dans un écrin, la lumière dans le plus bel affolement. Rosalia me propulse dans un autre espace temps émotionnel. Gorge sépia quand mon grand-père écoutait de l'opéra dans une autre langue et que seule l'émotion me muselait le bec. Je voyais la fébrilité sans rien comprendre. Les effets je les avais, il me semblait comprendre en frottant la viscosité des larmes entre mes doigts. Il me reste des ondes lyriques dans le plasma. Sinon, pourquoi « Lux » me fout par terre.

La langue aussi, celle principalement qui sépare géographiquement mon socle de mes amours fraternels.

Je n'aime pas les comédies musicales, et pourtant je la vois chanter et danser avec l'orchestre invisible dans son tourbillon à elle. Cinéma sûrement. Almodovar des grands clochers. Une histoire d'amour dans une hacienda. Des héros, des filles brunes, à peine une petite flamme & Co, la grande héroïne Rosalia, comme une Amalia des contrées de Fundao qui tient un pays debout....Andalousie, collines de la Castilla y Leon, Salamanca le long des arêtes de la Guadarrama... ma boussole s'emballe.

La jugulaire fébrile, « Lux » me traverse, rien pour m'accrocher, ni lutter, je suis au milieu de rien, à travers tout, je flotte et chute, respire à nouveau, avant la petite apnée de son Christ italien qui pleure des larmes de diamant. La note est atteinte, l'opéra vibre. Nous sommes dans les loges.

Et je repars encore, tout dans mon sillon, sans franchir la ligne de Vilar Formoso, je suis descendu vers Badajoz. Marvao et Castelo do Vide sur mon épaule droite, les beaux villages du bout du monde où j'aime aller déposer mon acidité.

Poupée de porcelaine, mon âme safran souffre sur « Memoria », un fado avec Carminho et mes yeux ont pris tous les fleuves de la péninsule, Duero, Tejo qui veulent l'océan aveuglément, plutôt que la mer. Chœurs lointains dans les murs d'une église ou d'un château, je vais me rapprocher de la Huelva et attendre que le soleil tombe pour boire la belle lueur qui incendie l'Algarve. J'irai demain m'échouer plus haut sur Barcelone.


Rosalia 2025 « Lux »

samedi 8 novembre 2025

Arnaud Fournier 2025


 

Post-rock à l’orée d'une grise ville, l'haleine vrombit à l'approche des tours à fenêtres grises mines. J'ai l'habitude d'aller voir ailleurs quand il me manque ce genre de son. Ça rigole plus chez Ici d'Ailleurs, après Zerö, Arnaud Fournier.

C'est âpre, un goût de sang dans la bouche de métro, le voyage fut long, les coteaux fleuris se délitent sur les façades éméchées. Les belles noues en caniveaux ruisselant d’auréoles mordorées s'entortillent vers les grands boulevards. Quai 24 à Montparnasse, la Tour se dessine en flou, mon cou se brise, la pluie a dû crépiter toute la nuit, des moues bistres défilent loin de mes pâturages. Avenue du Maine je bifurque sur Froidevaux et longe ce Champ du repos à ma gauche, les platanes ont jauni l'asphalte. J'avance vers les Catacombes. Ma ligne de métro est fermées pour une dizaine de jours, une autre ligne m'emmerde et les bus pataugent partout pour offrir quelques enjambées. J'ai mon casque et mes gambas. La marée de vélos, c'est pour dans une heure, deux ou trois noires trottinettes fulgurantes seulement me frôlent. Le ciel est gris jaunâtre comme le pus des yeux des fatigues que je croise. Boulevard Saint-Jacques, « New York Belle Île » me percute, le bas des immeuble blancs au dessus de la Butte aux Cailles apparaissent doucement, tout clignote, artères irrespirables, record d'humidité, les articulations dégustent. « Miroirs » attaque mes cellules. Hint est là, les anxiétés sortent des ténèbres.


Arnaud Fournier « 100% black Puzzle »

jeudi 6 novembre 2025

Adrian Crowley - 2025


 

« Elle boit mes larmes à la nuit agonisante... ». On est en pleine semaine, c'est une chance. Bientôt le week-end, planquez vos bouteilles, Adrian est là, et en pleine bourre. Avec qui je préfère partager un godet pour me déboîter la gueule ? Dury fils ou Crowley à 8,6 sur l'échelle de la joie ?

J'écoute « Measure of Joy » et je sombre, ou plutôt je m'accorde un reset pour repartir un peu plus et garder le cap, m'accrocher à la risette. Ma catharsis, me carcasser l'échine en s'ossant le bulbe et traverser la meute hagard. Cet Adrian est ma Ventoline quand il faut traverser Denfert en ruine, le musée de la libération juste en dessous et les cranes entassés juste en face dans le Champs du repos. Envergure dans la cave. Faut creuser encore pour cacher les bouteilles, puis élargir, envergurer. On va finir par trouver un coquillage à force de forer le bleu outremer et fourrer la vase ainsi au plus profond de nos sous-sols de sanitaires à vider.

« Measure of Joy » n'est pas un leurre, Crowley n'est pas Callahan, ni Arab Strap et pourtant, la lie sonne l'appel du lit. Ces gars là chantent bien nos haleines avinées et l’hallali quand il faut entortiller la viande dans le torchon. Si on était vendredi, je ne serais pas le même, « ivre de promesses ». Une chance. On est jeudi, ça ne tient qu'à un fil.

Adrian Crowley, à boire sans mode et rations.


Adrian Crowley 2025 « Measure of joy » 

 

mardi 4 novembre 2025

Andrea Laszlo De Simone - 2025


 

Fantastique épopée opulente et généreuse, le bilan d'une vie dans un onirisme envoûtant, troublant, brumeux et luxuriant. Comme une biographie, ce disque en biopic propose les images du film de sa vie. Interludes ambiants comme pour laisser se dessiner quelques scènes que l'on devine.

Introspection orchestrée, la mélancolie dans la besace, on s'engouffre dans son émanation.

C'est un vertige, mes mots sont timides, j'énumère comme ça en urgence, concis, sec, à l'inverse de cette grande aventure.

De la buée sur mes carreaux, ou alors sur mes lunettes, à moins que ce ne soit mes yeux.

Totalement sous le charme. Presque sans mot.

Andrea Laszlo De Simone 2025 « Una Lunghissima Ombra »

 

samedi 1 novembre 2025

Hamilton Leithauser 2025


 

Une vielle connaissance, une voix qui résonne. Pas rendu visite depuis 2014. J'aime beaucoup sa façon de prendre son expression, d'interpréter follement ses escapades pop bariolantes. La fulgurance de son groupe et la gifle 2004résonne toujours, le cri fauve d'un cortex rock engorgé, je voulais dire la gorge babillarde.

Je reviens à Leithauser via cette nouveauté facile, légère, toute chargée de son interprétation fleurie d'un léger fauvisme Dexys. Timbre toujours aussi généreux histoire de souffler chaud sur les premiers frimas de novembre des dernières fleurs.


Hamilton Leithauser 2025 « The Side of the Island »

jeudi 30 octobre 2025

Storm Corrosion 2012


 

Complètement happé par la pochette, elle me renvoie aux grandes heures du Cerberus Shoal et du Big Blood. C'est au chapitre rock-prog, un autre projet de Steven Wilson. Porcupine Tree main dans la main avec Opeth (Mikael Åkerfeldt). Le résultat est stellaire, vaporeux et minéral. De belles lumières sous des filtres clairs.

Nappes, moments acoustiques comme Gowan Ring,une grande maîtrise dans l'apaisement mystique.

Aucune grande envolée tellurique, ou presque pas (« Hag »), le sanguin amorti, une kyrielle de personnages engourdis défile et « Happy » approche le monde inspiré de Thom Yorke.

Nylon des cordes, étendue des claviers, le dessin des écritures est paradisiaque à sa façon. Un bancroche éden. Je suis dans le prog jusqu'au coq.

Au détour d'une réédition vinyle, je découvre cette autre face cachée de Steven Wilson, histoire d'un seul album, singulière bambée à peine déroutante.


Storm Corrosion 2012 

 

mardi 28 octobre 2025

Moundrag 2025


 

Incroyable, fallait oser, jusqu'au look Ozzy, je n'en demandais pas tant, des jeunots du fin fond du phare-ouest paimpolais, je joue le jeu et plonge comme un vieux diable addict au rock psyché heavy prog. Les nappes de synthé affolent le couchant. Le batteur annonce la tempête dès l'intro. Affolant.

Un papier lu (R'n'F), une écoute accroche, et les infos tombent. Une réédition de Uriah n'aurait pas autant déclenché d’enthousiasme chez moi, ça vient de sortir, c'est Moundrag et j'ai les poils.

« The Caveman » mon Dieu, dommage que je ne puisse plus me laisser pousser les cheveux. Les étiquettes pleuvent, normal, ils côtoient le Deep Purple, les touchent du doigt, ont fait un soir leur première partie, il y a de la mélodie en plus et surtout un jeu à deux. Du vivier plein les bras, une prouesse.

Je reprends mes esprits, les frères Duvivier ont commis ce « Deux » brûlant de jeu, de passion et d'histoire. L'est où la gratte ??!! on dirait pas mais rien du tout (j'ai pourtant commencé à « Air guitarer » comme un bleu), un batteur, un clavier, et un bassiste pour cet opus. La voix est raccord, l'onde est fantastique.. King Emerson Ghost etc. Tout y est à deux .. Deep Paimpol.


Quoi d'autre ? Bah la pochette, absolument dans les cordes, magnifique. J'ai commandé l'opus disponible qu'à distance pour l'instant, histoire de le présenter à mes enceintes et de brandir bien haut cet incendie du genre. Beau et infernal. Venez mes enfants, papa a un truc à vous faire écouter, c'est une nouveauté, nan c'est pas british, presque, après vous faites vos valises, on se à Quimper.


Moundrag 2025 « Deux » sur Spinda/Stolen body


https://www.libraires-ensemble.com/musique/26024512-deux-moundrag

https://spindarecords.com/products/moundrag-deux


samedi 25 octobre 2025

Geckos 2025

 


Si c'est pas du pif sablonneux ou de l'addict subliminal ça, juste pour me dire d'aller faire un tour de ce côté-ci, de Howe, parce qu'il se trame un truc dingue qui vient juste de paraître. On pourrait appeler ça un super groupe comme on a pu voir s'amuser les Travelling. Howe Gelb, M.Ward et McKowski en toute humilité viennent de commettre un petit album du cru, solaire et poussiéreux.

Lézarder au clair de lune.


Il y a quelques années, durant l'un de mes exodes chez mes frères lusitaniens, j'ai vu figé au dessus du frigo sur le mur blanc du sous-sol, um lagarto, un Gecko hagard. Je l'étais aussi, moi le beauceron gris éberlué. Je n'ai rien dit, ni alarmé. Il y a un irlandais chez ces americanos chaleureux, Mark McCausland, l'alias de McKowski. J'aime l'idée des projectiles outre-atlantiques qui peuvent faire par exemple de Fleetwood Mac un autre groupe (ne cherchez aucune ressemblance).


Bref, il y a une semaine je replongeais dans OP8. Une soirée entre amis avec une playlist Calexico et hop, l'alterégorithme.

Et puisque nous sommes tous sur écoute, voici la dernière proposition qu'on me propose. Je cède, je prends, je craque et j'accepte. La main tendue invisible. Je l'adopte. Et « Black diamond » me cisaille la veineuse.

Je veux longer les interstices, me faufiler à travers les entre-côtes, observer figé, embrasser les adventices, et grailler quelques insectes morts à défaut d'aller ouvrir le frigo, juste en-dessous de moi. Plages instrumentales assommées (« Scoundrel »), humide balade cuivrée (« River song »), plomb texan totalement liquide (« Botas negras »), retour à la pedal steel (« Blame it on the ocean »).. Je suis collé au mur blanc, pourvu juste que l'on ne m'ait pas vu.


Geckos 2025 «Geckos »

mardi 21 octobre 2025

Jon Batiste - 2025


 

Il a un lourd cursus en arme bétonné. Je suis allé explorer en écoutant ce brûlot insolent d'histoire et de facilité talentueuse.

J'avais le dernier Curtis Harding en écoute et dans la discussion, « Déjà 2 chroniques dessus » me dit mon pote avec qui je partage depuis des années les nouveautés (merde, depuis 25 ans). « Écoute plutôt ça » prenant le pouvoir sur ma Mega-Boom en surchauffe. Étonné par le bourrichon de son geste qui pourrait passer pour du barbare, je laisse l’énergumène agir. Il est branché Télérama certes, mais se pique souvent de quelques fulgurances, voire de bons conseils.

« Big Money » de Jon Batiste.

L'exalté sur mon fauteuil en face de moi m'a tué. Plus aucune place pour le contemplatif qui me traîne les veines depuis des semaines et que j'ai essayé de rompre avec le super Curtis Harding 2025. Le bucolique dans le tiroir, je me suis laissé entraîner avec l'étincelle joyeuse d'une discographie et un monde à découvrir. Demi-heure épatante, les 9 plages ont défilé comme on déguste un documentaire sur l'histoire de la musique de la Nouvelle-Orléans. Le mec invite, partage, Andra Day, Randy Newman (cette chanson!!!!)... Son, jeux.. délicieux. Sorti en août dernier?! pas étonnant, désolé Curtis. Je reprendrai la contemplation un autre jour, « allez, rends-moi l'enceinte vieux, on va explorer Jon Batiste ».

Jon Batiste 2025 « Big Money » 

 

lundi 20 octobre 2025

OP8 & Lisa Germano - 1997

 


Des choses fondamentales se diluent dans les absences, des petites perfections aux oubliettes. Il est passé des jours entiers cet OP8, revenu ouvertement sans affres ni doute, puis dilué dans les moult écoutes au fil des ans. Calexico augmenté. Lisa chez les garçons. City Slang, 4AD, Howe Gelb, tout un monde.

Un point de fuite, le pile endroit des idées qui se longent. Puis l'impact, le temps d'un album, la magie de tout un monde qui s'abouche. On dirait un couple, une histoire d'amour dite, le chant des inspirations regroupées.

Et mes enceintes avec cette moue crâneuse tout en tapant la membrane, « bah ouaih mon gars, combien de temps que tu n'as pas écouté ce chef d’œuvre ?!!! ». Émotions de très haute fidélité.

Mon rock-in-chair et mon chapeau de paille, vous allez vous balancer à nouveau dans le plus bel embrasement. « Perdre sa vie à chercher l'or d'un cœur ».

OP8 « Slush » sur V2

 

jeudi 16 octobre 2025

Lou Reed 1996


 

La profonde couleur bleu-nuit des bouteilles de fleur d'oranger m'a toujours apaisé. Le contenant d'abord, ce vitrail trouble de rayonnage, et aussi le parfum qui s'en dégageait dès qu'on dévissait le bouchon à vis. Je faisais souvent ça quand ma mère s'adonnait aux pâtisseries, je restais là à observer le protocole en aidant dès que je pouvais, une pesée, garder la pâte en mouvement pendant qu'elle battait le blanc des œufs ou tranchait la motte de beurre. Renifler la fiole de cocagne. Quelle belle idée d'associer ce bleu avec le parfum des oranges en fleurs, orange bleue comme la Planète. Ce petit flacon allumait mon imagination.

Plus tard pendant mes études de laborantin, je suis tombé sur le même verre bleu avec un bouchon à vis, dedans c'était de l'éther. Nous nous en servions pour endormir les souris d'élevage juste avant de les décortiquer. Je passais les cours de biologie animale à moitié endormi avec ce réflexe nostalgique de respirer le contenu suave de ce flacon bleu nuit joli comme un vitrail, un autre bleu moi qui suis de la vallée de Chartres.

Cette petite bouteille apaise quoiqu'elle contienne, rêveries orangées ou anesthésiant éthéré, j’aime énormément les flacons de verre de ce bleu-là, voilés de nuit le ciel parfumé. L'épaisseur cérulé gras pour conserver et protéger des lumières, garder intact à tout prix cette effluve qui dompte le cerveau. Un masque bleu, ajuster le crépuscule. 

 


Lou Reed 1996 « Set the Twilight Reeling »

samedi 11 octobre 2025

The Antlers - 2025

 


La météo dans les dents. Avec le recul, je réalise son influence permanente sur mes écoutes, l'envie musicale accrochée aux couleurs des arbres. Mon humeur à la merci, aucune volonté, Orion debout, brume matinale, alignée de peupliers jaunis, la lumière qui se nacre, j'ai ce qu'il faut en rayon.


Conseil d'un ami, il fait très noir dehors. L'heure avancée installe une buée grise argentée, l'horizon se trouble et le vent s'est couché. Mais c'est quoi cet album !!

Exactement comme je l'avais envisagé, la matinée est flamboyante et fraîche. Il a fallu que le vent lâche sa grasse matinée pour chasser le brouillard. Tout s'est incendié. Mon arbre boule de neige est rouge sang et ça tombe bien, j'ai rendez-vous avec « Blight » de The Antlers. Je me langui et le café gargouille. Le carnage dans mes douces émotions mélancoliques. Mise en scène. Inconsciemment, la veille j'ai presque tout programmé. Ce n'est en tout cas pas un hasard. Je suis assis dans ma verrière à contempler dehors le nuancier qui chante comme un bouquet final avant extinction des lumières et le règne interminable des gris.


Les petits bonbons violets de mon Callicarpe s'allument un par un, le soleil montre le lierre qui s'adonne aux derniers butineurs d'octobre. « Blight » distille, c'est une merveille, c'est tout ce que j'aime quand les champs fument et que les toiles d'araignées sont parées de perles brumisées. Plus tard j'irai explorer ces gars-là. En attendant je déguste.


The Antlers 2025 « Blight »

jeudi 9 octobre 2025

Modern Nature - 2025

 


Folk carotène, un Musée Mécanique Low Eliott Smith qui sent le bois de chauffe. Les jours raccourcissent certes, mais il fait tiède sur les palissades, des britanniques dans le désert. Des voix canons, des accords clairs et distincts, il pleut sur le sable. Quatre dans le minimum pour des belles tranches de chansons lentement chaloupées. Cosy, bien isolé, les feuilles emmènent le orange par terre, doux et moelleux, c'est un acoustique chanté qui réconforte comme un vieux poêle à bois, avec dessus une gamelle qui fait fumer la soupe, et éventre les châtaignes. Fredonner calmement en joie avec la mousse qui renaît et le pissenlit Larousse.


Modern Nature 2025 « The Heart Warps » sur Bella Union

samedi 4 octobre 2025

Little Simz - 2025

 


Piégé par la pochette, moi !!?? Oui et non. L'hameçon mordu, j'ai voulu me débattre, intérieur joue blessé à me morde, mais la mâchoire s'est vite détendue. Loin de me noyer, je me suis posé, et comme un vieux gigot rescapé sur la berge j'ai gigoté, retrouvant ma respiration sans broncher, dandinant comme un dadais, eh ouaih, j'écoute du rap les gens, que j'ai dit à mes préjuger graphités de bourru.

Alors, calmez-vous, j'ai dit ni oui, ni non, pas dupe non plus, et les puristes du genre étiquetteront-ils ce bel objet de rap ??

Bref, ma rétine a crocheté un sublime album de RAP, mon corps à danser ankylosé, et mon cœur a flanché sur la petite madame SIMZ. Déçu il y a quelques semaines par les nouveaux projets de BUCK 65, j'ai failli définitivement lâcher l'affaire. « Lotus » m'a sauté dessus.. Oh l’entourloupe qui n'en est pas une, oh la belle bassesse des somptueuses hauteurs, bien joué la pochette .. sublime, comme le disque.


Little Simz 2025 « Lotus »

jeudi 2 octobre 2025

Jeff Tweedy 2025

 



Impossible d'être tranquille 5 minutes à siroter du psyché Freak sans être sifflé du casque par quelques priorités. BLACK LIPS totalement barrettien balayé par un Feu ! De Dieu. Le retour des Chatterton. Puis SOLAR EYES, monstrueux album de rock cosmique psyché de voyous bariolés sauvagement bâillonné par le monumental triple chef d’œuvre de Jeff Tweedy.

Les fauves à la cave, « No rider on the horse » à l'écurie, obligé, « Love is for love » s'installe à fond la boucle pour un moment. « Twilight Override » va me faire l'automne.


Comment dire …


Les vrais héros ne passent pas en boucle sur les réseaux, aucune de leur trogne sur les écrans. Très peu de chose à emporter sur le dos quand on part sauver des âmes. Le poète héroïque tend sa fêlure de la motte au nuage, ses douleurs comme un mycélium, et tous ses défauts pour nous tendre la main. Vulnérable plus que maudit, la seule consolation à l'idée d'être un animal raté comme les autres. « Twilight Override », une trinité.

La gloriole planétaire est pour les ânes, le troubadour patauge et sauve des vies. La toile d'araignée est un danger pour l’œuvre, comment après des siècles de mélodies trouver l'étincelle et enquiller la triplette des belles vies comme celle-ci.


Comment dire …


J'ai dévalé quelques chemins ce midi après une nouvelle écoute, il fallait un instant de recul. La glandée bat son plein, rares ceux qui deviendront un chêne. Pourrir ou se faire bouffer par les cochons, les cycles sont les mêmes pour tout le monde, seul le Quercus sait la lumière. Notre histoire est bien vieille. Au retour, avant de remettre cet album, je me suis posé sous la tronche oblique du soleil encore taquin, il chatouille le prunus et me raye le profil. Le Tipoulet partout est venu me chatouiller de ses fines pattes. Jeff a fauché toute autre possibilité d'écoute. Époussetant, balayant, élaguant les camarades de promontoire, il va me faire l'automne, déjà quelques chansons en boucle, comment avancer.


Comment dire...


J'écoute approfondi avec des émotions abyssales et beaucoup de légèreté dans le sourire. Peu importe le poids politique, je ne sens que la lutte poétique à sauver l'âme repue et l’œil fatigué, ce héro patenté. L'opulence n'a rien à voir là-dedans, juste un peu bavard, l'urgence à témoigner et l'automne a son remède. L'évidence défile et les jaunes s'installent, pas une seule baisse de régime et je respire à grand poumon. Les cordes de « Better day » folâtrent, la belle journée, juste « Fell free » pour quelques heures. Jeff Tweedy quand même.. « Love is the king » ok, mais je lui préfère de loin « Love is for love ».


Comment dire ...

Jeff Tweedy 2025 « Twilight Override »

mardi 30 septembre 2025

Jacques Bertin -"Le Chant d'un Homme"


 

« Petite chanson, bien mieux qu'un gros livre ». Des pour « aider à vivre ». Des beaux poètes comme on écoute un Ferrat, Ferré, Fanon ou Ferrand, aller un peu plus loin. De Bérimont à Félix Leclerc, cercle sans cesse. Je le farfouille depuis bien longtemps le Bertin. Homme de scène, baladin des bords de Loire, la géographie a une certaine importance je trouve, un terroir, et je vais souvent paisible le long de ce grand fleuve, des chemins sableux, et dans le fredonnement « La permanence du fleuve ». La permanence. L'éternité des chansons.


Des années j'ai arpenté des buttes et des quartiers pour me procurer les vinyles de Jacques Bertin. Une rencontre avec un accroc comme moi lors d'un récital de Lenny Escudero et un échange de disques rares enregistrés sur cassette audio. Des soirées à discuter, « tiens, tu devrais aimer Bertin ». « La Blessure sous la mer », « Hotel du Grand Retour », « Le grand Bras, les Îles », c'était du pain béni pour moi. Engouffré. Tout le reste avant, puis j'ai longé après, comme on suit le courant lourd et perpétuel sur les berges de Blois. J'ai toujours secrètement voulu « une fête étrange et très calme ».

Il vient de paraître le troisième volume « Le Chant des Hommes ». Intégral sur 15 CD, d'un bloc, moi qui ai arpenté des buttes et des quartiers pour me procurer tout ce qu'il y avait à prendre. Je jubile, je me réale et barbote, un flot d'inédits, et cette merveilles « Chansons sauvées des eaux », inédits 2022. Alvarès, Le Chant du Monde, et puis son Velen. Il aura fallu la passion de Christian De Tarlé pour que tout dégringole. EPM musique à Châteauroux, l'intégral Bertin.


https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2013/06/jacques-bertin-2013.html 
https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2012/11/jacques-bertin-99.html 
https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2012/10/jacques-bertin.html 
https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2019/10/jacques-bertin-2019.html 

Jacques Bertin « Le Chant d'un Homme » vol1.2.3 sur EPM Musique

samedi 20 septembre 2025

Jeb Loy Nichols 2017 / 2022


 

Je reste dans le retro et trifouille mes lacunes. Chuck les potes, et comme un grand magasin avec des caisses automatiques, mes algorithmes me suggèrent. Certes il faut souvent l'aide d'une hôtesse pour valider ou approuver, et c'est là que vous intervenez.

Depuis quelques jours, sans me souvenir du chemin parcouru pour la découverte, je suis bloqué sur la discographie de Jeb Loy Nichols.

Terrain favorable, être bien dans le monde JJ Cale, Piers Facini ou Shane Murphy, Shawn Mullins avec une voix soufflée SRV cool de rocking chair Ben Harper. Voilà pour mon aiguillage hasardeux.

Alors pourquoi « Country Hustle », Bah c'est comme ça, à biner et labourer, je me suis surpris à réécouter cet opus 2017, l'époque de l'autre monde d'avant.

« The United States of the Broken Hearted » avait pourtant ma faveur, juste avant l'écoute de l'autre. Sûrement le soleil dehors, et ce plomb de septembre qui sue et sent la moisissure d'un talus en pleine succion. Rythmique chaloupée, moelleuses percussions, idée de moiteur, mosaïque porto-américaine. Et puis merde, il fait nuit tôt, dans une heure je passe à l'autre. Depuis 2002 le gars, à défaut d'y aller encore plus, et de devoir trancher bêtement sur un coup de mercure qui ne fera que quelques heures sa crânerie avant extinction, je découvre Jeb Loy Nichols et je suis coincé entre 2017 et 2022.

Il a enjambé l'Atlantique mais en sens inverse de Rod Stewart. Atterri au pays de Galles. Est-ce que ça se sent dans sa musique ? Y'a du folk, à sa sauce et pas que. Je sens le bougon dans la douceur, l'americana sur les coteaux gallois, un blues chlorophylle sur de la country de ciel gris. Chaloupé comme une basse pression de canicule britannique. Le reggae danse aussi sur les prés salés. Calexico des Cornouailles.

Au choix, deux Jeb Loy. 

 


Jeb Loy Nichols 2017 « Country Hutle » - 2022 « The United States of the Broken Hearted »

mardi 16 septembre 2025

Chuck Prophet 2002


 

Remettre à César.. à force de salves récurrentes récurant les lacunes ou quelques négligences, venues de part et d'autre du voisinage éclairé, ils se reconnaîtront, des Roger-bontemps en général.

En accord oui, mais sans me vautrer pour autant. Alors c'est assez et je plonge vraiment.

Après midi réservée, laps de temps bloqué, je pose mon pavé de Thoreau flottant 7 jours sur le fleuve et je m'imbibe. Embarcation ready, amarres basses rompues, étendard hissé haut, c'est parti.

C'est comme on rame en traversant toute l'histoire des berges, les lits et les plaines fécondes, le train qui avance avec les rails, la coque en muscade boisé et mon cul sur un chaland, des anciens habitants en molles bourgades peintes dans des ocres héroïques. Tous me regardent dans ces contrées inconnues tellement familières. Sans cesse des tempêtes et toujours ce fleuve mou qui bourlingue.

Eels Beckisé en Petty, tous les orchestres à la merci de Chuck. Le fleuve fume, la barge fend la buée, c'est juste le débit qui sue. Pas un poil devant et pourtant les arbres se penchent, pile poil Devant pour son billet prophétique, c'est maintenant ou jamais. Alors je choisis et bloque, « No Other Love » me plaît énormément.


Plus beaucoup de miracle à mon age.. ah si, je vais bientôt être grand-père. Va falloir que je tienne bien mes étagères de disques. Si si, dans 15 ans y'en aura encore. Les disques à papy. Je rame et pagaye assis et hilare, ou plutôt heureux dans mon imbécillité évidente que seule la libellule bleuté peut comprendre. Je ne décale rien, je prends tout, j'envie la vie d'un sage. L'âme lisse je décâlisse loin des dompes en épiderme et des frasques à schlingue. Le blues des clapotis, la hargne des démons sous la flotte j'avance entortillé sur ce serpent plombé en sobre considération. Faudrait pas non plus virer sur l’ordinaire, que la rivière soit droite et limpide. À fouiller ainsi juste après la belle averse, regard à l'ouest, je scrute les formes de la beauté et me dis que l'art lutte, peut-être un jour il fera fasse en explosant cette admirable clôture. Goûterais-tu ma liqueur la belette ?

Le tantôt est là, les bras brûlent et les copeaux flottent, j'ai trop ramé, je ne connais aucune prière pour ces canopées. Tout est si naturel, l’évidence a la brûlure d'un jour insipide.

Loyalement loin des glaces figeant le lac, je trouve un bivouac au pied d'un bouleau en chaton, histoire de respirer l'aviron sifflotant, la poussière féconde dans le blase, à toute berzingue sans haut fracas j'ai la sagesse dans le biceps et des consignes de paysans dans l'os. J'avance, j'écoute Chuck, presque une révélation, « No Other Love » est mon obsession du moment, la nouvelle, ma lubie d'ici à défaut de mon Homère d'alors, depuis le temps. Et c'est qui cette « Elouise » ?

Un orage tonne quelque part, fanfare de fin d'été, râle rauque des nuages. Esprit cauteleux « Comme un avion », les premières gouttes sont parfumées, j'avance comme je veux, je ne suis pas allé très loin. L'oseille crépue caresse la rame, quel jour on est ?

Dorénavant et à partir de maintenant, qu'est ce que j'aime ce disque, pourquoi arrive t-il maintenant ? Merci d'avoir insisté. Je me dandine frais comme un lardon sur "That's how much I need your love", merci les Césars.


Chuck Prophet 2001 « No Other Love »

samedi 13 septembre 2025

Satie: Uspud (de Leeuw)

 


Mes pensées divaguent aux alentours du Butin, cet endroit opale reculé me charme. La plage du même nom avec aux abords tous ces trésors promis. Les vieux bains de mer sur la plage du Butin, la jetée de Honfleur, la plage du Ratier, Louis Alexandre DUBOURG.

Comme mon ciel du matin est diaphane et que le soleil ne peut rien contre la rosée, je sors le beau livre d'Eugène BOUDIN. C'est une jolie rencontre, le père de l’impressionnisme, le dehors de ma fenêtre et les mots de Christian WASSELIN sur Erik SATIE. Tout est sur la table et dansl'air.

Envie de croquer, d'huiler mes brosses, d'aller me balader sur la côte de Grâce avant de me faufiler sur le chemin des bruyères.

MONET, DEBUSSY, tout voltige et se mélange.

La maison du pianiste, le musée du peintre, les ardoises reluisantes et la mer laiteuse en bas des reliefs. Il y a des endroits où le gris est joli. Finir le bouquin, feuilleter le livre, découvrir l' « Uspud » et m’imprégner jusqu'à la vase de l'estuaire avec le parfum du pays d'Auge.

Remonter la Seine jusqu'au Chat Noir et le Lapin Agile. Les balbutiements d'Utrillo et les « Vexations ». La grande Suzanne est passée par là.

Des « heures vertes » avec sa fée et dans le silence entendre le ruissellement glacé de l'eau sucrée. La soirée dégouline de Montmartre au Mont-Joli, les hydropathes anartistes incohérents, un cercle d'âmes étoffées de « distance, élégance, intelligence, humour, ironie, secret : tout un art de vivre. »

Eugène a mis des nuances sur les notes d'Erik. Je suis tourbillonné. Le juste accord. Épicentre opalescent.


Erik Satie (par Reinbert De Leeuw 2011) « Uspud »

Ed Harcourt 2025

  Une vieille connaissance. Mon attention dispersée sur pas mal de choses dans son travail, des instrumentaux, du magnifico, pas les bonnes...