jeudi 6 novembre 2025

Adrian Crowley - 2025


 

« Elle boit mes larmes à la nuit agonisante... ». On est en pleine semaine, c'est une chance. Bientôt le week-end, planquez vos bouteilles, Adrian est là, et en pleine bourre. Avec qui je préfère partager un godet pour me déboîter la gueule ? Dury fils ou Crowley à 8,6 sur l'échelle de la joie ?

J'écoute « Measure of Joy » et je sombre, ou plutôt je m'accorde un reset pour repartir un peu plus et garder le cap, m'accrocher à la risette. Ma catharsis, me carcasser l'échine en s'ossant le bulbe et traverser la meute hagard. Cet Adrian est ma Ventoline quand il faut traverser Denfert en ruine, le musée de la libération juste en dessous et les cranes entassés juste en face dans le Champs du repos. Envergure dans la cave. Faut creuser encore pour cacher les bouteilles, puis élargir, envergurer. On va finir par trouver un coquillage à force de forer le bleu outremer et fourrer la vase ainsi au plus profond de nos sous-sols de sanitaires à vider.

« Measure of Joy » n'est pas un leurre, Crowley n'est pas Callahan, ni Arab Strap et pourtant, la lie sonne l'appel du lit. Ces gars là chantent bien nos haleines avinées et l’hallali quand il faut entortiller la viande dans le torchon. Si on était vendredi, je ne serais pas le même, « ivre de promesses ». Une chance. On est jeudi, ça ne tient qu'à un fil.

Adrian Crowley, à boire sans mode et rations.


Adrian Crowley 2025 « Measure of joy » 

 

mardi 4 novembre 2025

Andrea Laszlo De Simone - 2025


 

Fantastique épopée opulente et généreuse, le bilan d'une vie dans un onirisme envoûtant, troublant, brumeux et luxuriant. Comme une biographie, ce disque en biopic propose les images du film de sa vie. Interludes ambiants comme pour laisser se dessiner quelques scènes que l'on devine.

Introspection orchestrée, la mélancolie dans la besace, on s'engouffre dans son émanation.

C'est un vertige, mes mots sont timides, j'énumère comme ça en urgence, concis, sec, à l'inverse de cette grande aventure.

De la buée sur mes carreaux, ou alors sur mes lunettes, à moins que ce ne soit mes yeux.

Totalement sous le charme. Presque sans mot.

Andrea Laszlo De Simone 2025 « Una Lunghissima Ombra »

 

samedi 1 novembre 2025

Hamilton Leithauser 2025


 

Une vielle connaissance, une voix qui résonne. Pas rendu visite depuis 2014. J'aime beaucoup sa façon de prendre son expression, d'interpréter follement ses escapades pop bariolantes. La fulgurance de son groupe et la gifle 2004résonne toujours, le cri fauve d'un cortex rock engorgé, je voulais dire la gorge babillarde.

Je reviens à Leithauser via cette nouveauté facile, légère, toute chargée de son interprétation fleurie d'un léger fauvisme Dexys. Timbre toujours aussi généreux histoire de souffler chaud sur les premiers frimas de novembre des dernières fleurs.


Hamilton Leithauser 2025 « The Side of the Island »

jeudi 30 octobre 2025

Storm Corrosion 2012


 

Complètement happé par la pochette, elle me renvoie aux grandes heures du Cerberus Shoal et du Big Blood. C'est au chapitre rock-prog, un autre projet de Steven Wilson. Porcupine Tree main dans la main avec Opeth (Mikael Åkerfeldt). Le résultat est stellaire, vaporeux et minéral. De belles lumières sous des filtres clairs.

Nappes, moments acoustiques comme Gowan Ring,une grande maîtrise dans l'apaisement mystique.

Aucune grande envolée tellurique, ou presque pas (« Hag »), le sanguin amorti, une kyrielle de personnages engourdis défile et « Happy » approche le monde inspiré de Thom Yorke.

Nylon des cordes, étendue des claviers, le dessin des écritures est paradisiaque à sa façon. Un bancroche éden. Je suis dans le prog jusqu'au coq.

Au détour d'une réédition vinyle, je découvre cette autre face cachée de Steven Wilson, histoire d'un seul album, singulière bambée à peine déroutante.


Storm Corrosion 2012 

 

mardi 28 octobre 2025

Moundrag 2025


 

Incroyable, fallait oser, jusqu'au look Ozzy, je n'en demandais pas tant, des jeunots du fin fond du phare-ouest paimpolais, je joue le jeu et plonge comme un vieux diable addict au rock psyché heavy prog. Les nappes de synthé affolent le couchant. Le batteur annonce la tempête dès l'intro. Affolant.

Un papier lu (R'n'F), une écoute accroche, et les infos tombent. Une réédition de Uriah n'aurait pas autant déclenché d’enthousiasme chez moi, ça vient de sortir, c'est Moundrag et j'ai les poils.

« The Caveman » mon Dieu, dommage que je ne puisse plus me laisser pousser les cheveux. Les étiquettes pleuvent, normal, ils côtoient le Deep Purple, les touchent du doigt, ont fait un soir leur première partie, il y a de la mélodie en plus et surtout un jeu à deux. Du vivier plein les bras, une prouesse.

Je reprends mes esprits, les frères Duvivier ont commis ce « Deux » brûlant de jeu, de passion et d'histoire. L'est où la gratte ??!! on dirait pas mais rien du tout (j'ai pourtant commencé à « Air guitarer » comme un bleu), un batteur, un clavier, et un bassiste pour cet opus. La voix est raccord, l'onde est fantastique.. King Emerson Ghost etc. Tout y est à deux .. Deep Paimpol.


Quoi d'autre ? Bah la pochette, absolument dans les cordes, magnifique. J'ai commandé l'opus disponible qu'à distance pour l'instant, histoire de le présenter à mes enceintes et de brandir bien haut cet incendie du genre. Beau et infernal. Venez mes enfants, papa a un truc à vous faire écouter, c'est une nouveauté, nan c'est pas british, presque, après vous faites vos valises, on se à Quimper.


Moundrag 2025 « Deux » sur Spinda/Stolen body


https://www.libraires-ensemble.com/musique/26024512-deux-moundrag

https://spindarecords.com/products/moundrag-deux


samedi 25 octobre 2025

Geckos 2025

 


Si c'est pas du pif sablonneux ou de l'addict subliminal ça, juste pour me dire d'aller faire un tour de ce côté-ci, de Howe, parce qu'il se trame un truc dingue qui vient juste de paraître. On pourrait appeler ça un super groupe comme on a pu voir s'amuser les Travelling. Howe Gelb, M.Ward et McKowski en toute humilité viennent de commettre un petit album du cru, solaire et poussiéreux.

Lézarder au clair de lune.


Il y a quelques années, durant l'un de mes exodes chez mes frères lusitaniens, j'ai vu figé au dessus du frigo sur le mur blanc du sous-sol, um lagarto, un Gecko hagard. Je l'étais aussi, moi le beauceron gris éberlué. Je n'ai rien dit, ni alarmé. Il y a un irlandais chez ces americanos chaleureux, Mark McCausland, l'alias de McKowski. J'aime l'idée des projectiles outre-atlantiques qui peuvent faire par exemple de Fleetwood Mac un autre groupe (ne cherchez aucune ressemblance).


Bref, il y a une semaine je replongeais dans OP8. Une soirée entre amis avec une playlist Calexico et hop, l'alterégorithme.

Et puisque nous sommes tous sur écoute, voici la dernière proposition qu'on me propose. Je cède, je prends, je craque et j'accepte. La main tendue invisible. Je l'adopte. Et « Black diamond » me cisaille la veineuse.

Je veux longer les interstices, me faufiler à travers les entre-côtes, observer figé, embrasser les adventices, et grailler quelques insectes morts à défaut d'aller ouvrir le frigo, juste en-dessous de moi. Plages instrumentales assommées (« Scoundrel »), humide balade cuivrée (« River song »), plomb texan totalement liquide (« Botas negras »), retour à la pedal steel (« Blame it on the ocean »).. Je suis collé au mur blanc, pourvu juste que l'on ne m'ait pas vu.


Geckos 2025 «Geckos »

mardi 21 octobre 2025

Jon Batiste - 2025


 

Il a un lourd cursus en arme bétonné. Je suis allé explorer en écoutant ce brûlot insolent d'histoire et de facilité talentueuse.

J'avais le dernier Curtis Harding en écoute et dans la discussion, « Déjà 2 chroniques dessus » me dit mon pote avec qui je partage depuis des années les nouveautés (merde, depuis 25 ans). « Écoute plutôt ça » prenant le pouvoir sur ma Mega-Boom en surchauffe. Étonné par le bourrichon de son geste qui pourrait passer pour du barbare, je laisse l’énergumène agir. Il est branché Télérama certes, mais se pique souvent de quelques fulgurances, voire de bons conseils.

« Big Money » de Jon Batiste.

L'exalté sur mon fauteuil en face de moi m'a tué. Plus aucune place pour le contemplatif qui me traîne les veines depuis des semaines et que j'ai essayé de rompre avec le super Curtis Harding 2025. Le bucolique dans le tiroir, je me suis laissé entraîner avec l'étincelle joyeuse d'une discographie et un monde à découvrir. Demi-heure épatante, les 9 plages ont défilé comme on déguste un documentaire sur l'histoire de la musique de la Nouvelle-Orléans. Le mec invite, partage, Andra Day, Randy Newman (cette chanson!!!!)... Son, jeux.. délicieux. Sorti en août dernier?! pas étonnant, désolé Curtis. Je reprendrai la contemplation un autre jour, « allez, rends-moi l'enceinte vieux, on va explorer Jon Batiste ».

Jon Batiste 2025 « Big Money » 

 

lundi 20 octobre 2025

OP8 & Lisa Germano - 1997

 


Des choses fondamentales se diluent dans les absences, des petites perfections aux oubliettes. Il est passé des jours entiers cet OP8, revenu ouvertement sans affres ni doute, puis dilué dans les moult écoutes au fil des ans. Calexico augmenté. Lisa chez les garçons. City Slang, 4AD, Howe Gelb, tout un monde.

Un point de fuite, le pile endroit des idées qui se longent. Puis l'impact, le temps d'un album, la magie de tout un monde qui s'abouche. On dirait un couple, une histoire d'amour dite, le chant des inspirations regroupées.

Et mes enceintes avec cette moue crâneuse tout en tapant la membrane, « bah ouaih mon gars, combien de temps que tu n'as pas écouté ce chef d’œuvre ?!!! ». Émotions de très haute fidélité.

Mon rock-in-chair et mon chapeau de paille, vous allez vous balancer à nouveau dans le plus bel embrasement. « Perdre sa vie à chercher l'or d'un cœur ».

OP8 « Slush » sur V2

 

jeudi 16 octobre 2025

Lou Reed 1996


 

La profonde couleur bleu-nuit des bouteilles de fleur d'oranger m'a toujours apaisé. Le contenant d'abord, ce vitrail trouble de rayonnage, et aussi le parfum qui s'en dégageait dès qu'on dévissait le bouchon à vis. Je faisais souvent ça quand ma mère s'adonnait aux pâtisseries, je restais là à observer le protocole en aidant dès que je pouvais, une pesée, garder la pâte en mouvement pendant qu'elle battait le blanc des œufs ou tranchait la motte de beurre. Renifler la fiole de cocagne. Quelle belle idée d'associer ce bleu avec le parfum des oranges en fleurs, orange bleue comme la Planète. Ce petit flacon allumait mon imagination.

Plus tard pendant mes études de laborantin, je suis tombé sur le même verre bleu avec un bouchon à vis, dedans c'était de l'éther. Nous nous en servions pour endormir les souris d'élevage juste avant de les décortiquer. Je passais les cours de biologie animale à moitié endormi avec ce réflexe nostalgique de respirer le contenu suave de ce flacon bleu nuit joli comme un vitrail, un autre bleu moi qui suis de la vallée de Chartres.

Cette petite bouteille apaise quoiqu'elle contienne, rêveries orangées ou anesthésiant éthéré, j’aime énormément les flacons de verre de ce bleu-là, voilés de nuit le ciel parfumé. L'épaisseur cérulé gras pour conserver et protéger des lumières, garder intact à tout prix cette effluve qui dompte le cerveau. Un masque bleu, ajuster le crépuscule. 

 


Lou Reed 1996 « Set the Twilight Reeling »

samedi 11 octobre 2025

The Antlers - 2025

 


La météo dans les dents. Avec le recul, je réalise son influence permanente sur mes écoutes, l'envie musicale accrochée aux couleurs des arbres. Mon humeur à la merci, aucune volonté, Orion debout, brume matinale, alignée de peupliers jaunis, la lumière qui se nacre, j'ai ce qu'il faut en rayon.


Conseil d'un ami, il fait très noir dehors. L'heure avancée installe une buée grise argentée, l'horizon se trouble et le vent s'est couché. Mais c'est quoi cet album !!

Exactement comme je l'avais envisagé, la matinée est flamboyante et fraîche. Il a fallu que le vent lâche sa grasse matinée pour chasser le brouillard. Tout s'est incendié. Mon arbre boule de neige est rouge sang et ça tombe bien, j'ai rendez-vous avec « Blight » de The Antlers. Je me langui et le café gargouille. Le carnage dans mes douces émotions mélancoliques. Mise en scène. Inconsciemment, la veille j'ai presque tout programmé. Ce n'est en tout cas pas un hasard. Je suis assis dans ma verrière à contempler dehors le nuancier qui chante comme un bouquet final avant extinction des lumières et le règne interminable des gris.


Les petits bonbons violets de mon Callicarpe s'allument un par un, le soleil montre le lierre qui s'adonne aux derniers butineurs d'octobre. « Blight » distille, c'est une merveille, c'est tout ce que j'aime quand les champs fument et que les toiles d'araignées sont parées de perles brumisées. Plus tard j'irai explorer ces gars-là. En attendant je déguste.


The Antlers 2025 « Blight »

jeudi 9 octobre 2025

Modern Nature - 2025

 


Folk carotène, un Musée Mécanique Low Eliott Smith qui sent le bois de chauffe. Les jours raccourcissent certes, mais il fait tiède sur les palissades, des britanniques dans le désert. Des voix canons, des accords clairs et distincts, il pleut sur le sable. Quatre dans le minimum pour des belles tranches de chansons lentement chaloupées. Cosy, bien isolé, les feuilles emmènent le orange par terre, doux et moelleux, c'est un acoustique chanté qui réconforte comme un vieux poêle à bois, avec dessus une gamelle qui fait fumer la soupe, et éventre les châtaignes. Fredonner calmement en joie avec la mousse qui renaît et le pissenlit Larousse.


Modern Nature 2025 « The Heart Warps » sur Bella Union

samedi 4 octobre 2025

Little Simz - 2025

 


Piégé par la pochette, moi !!?? Oui et non. L'hameçon mordu, j'ai voulu me débattre, intérieur joue blessé à me morde, mais la mâchoire s'est vite détendue. Loin de me noyer, je me suis posé, et comme un vieux gigot rescapé sur la berge j'ai gigoté, retrouvant ma respiration sans broncher, dandinant comme un dadais, eh ouaih, j'écoute du rap les gens, que j'ai dit à mes préjuger graphités de bourru.

Alors, calmez-vous, j'ai dit ni oui, ni non, pas dupe non plus, et les puristes du genre étiquetteront-ils ce bel objet de rap ??

Bref, ma rétine a crocheté un sublime album de RAP, mon corps à danser ankylosé, et mon cœur a flanché sur la petite madame SIMZ. Déçu il y a quelques semaines par les nouveaux projets de BUCK 65, j'ai failli définitivement lâcher l'affaire. « Lotus » m'a sauté dessus.. Oh l’entourloupe qui n'en est pas une, oh la belle bassesse des somptueuses hauteurs, bien joué la pochette .. sublime, comme le disque.


Little Simz 2025 « Lotus »

jeudi 2 octobre 2025

Jeff Tweedy 2025

 



Impossible d'être tranquille 5 minutes à siroter du psyché Freak sans être sifflé du casque par quelques priorités. BLACK LIPS totalement barrettien balayé par un Feu ! De Dieu. Le retour des Chatterton. Puis SOLAR EYES, monstrueux album de rock cosmique psyché de voyous bariolés sauvagement bâillonné par le monumental triple chef d’œuvre de Jeff Tweedy.

Les fauves à la cave, « No rider on the horse » à l'écurie, obligé, « Love is for love » s'installe à fond la boucle pour un moment. « Twilight Override » va me faire l'automne.


Comment dire …


Les vrais héros ne passent pas en boucle sur les réseaux, aucune de leur trogne sur les écrans. Très peu de chose à emporter sur le dos quand on part sauver des âmes. Le poète héroïque tend sa fêlure de la motte au nuage, ses douleurs comme un mycélium, et tous ses défauts pour nous tendre la main. Vulnérable plus que maudit, la seule consolation à l'idée d'être un animal raté comme les autres. « Twilight Override », une trinité.

La gloriole planétaire est pour les ânes, le troubadour patauge et sauve des vies. La toile d'araignée est un danger pour l’œuvre, comment après des siècles de mélodies trouver l'étincelle et enquiller la triplette des belles vies comme celle-ci.


Comment dire …


J'ai dévalé quelques chemins ce midi après une nouvelle écoute, il fallait un instant de recul. La glandée bat son plein, rares ceux qui deviendront un chêne. Pourrir ou se faire bouffer par les cochons, les cycles sont les mêmes pour tout le monde, seul le Quercus sait la lumière. Notre histoire est bien vieille. Au retour, avant de remettre cet album, je me suis posé sous la tronche oblique du soleil encore taquin, il chatouille le prunus et me raye le profil. Le Tipoulet partout est venu me chatouiller de ses fines pattes. Jeff a fauché toute autre possibilité d'écoute. Époussetant, balayant, élaguant les camarades de promontoire, il va me faire l'automne, déjà quelques chansons en boucle, comment avancer.


Comment dire...


J'écoute approfondi avec des émotions abyssales et beaucoup de légèreté dans le sourire. Peu importe le poids politique, je ne sens que la lutte poétique à sauver l'âme repue et l’œil fatigué, ce héro patenté. L'opulence n'a rien à voir là-dedans, juste un peu bavard, l'urgence à témoigner et l'automne a son remède. L'évidence défile et les jaunes s'installent, pas une seule baisse de régime et je respire à grand poumon. Les cordes de « Better day » folâtrent, la belle journée, juste « Fell free » pour quelques heures. Jeff Tweedy quand même.. « Love is the king » ok, mais je lui préfère de loin « Love is for love ».


Comment dire ...

Jeff Tweedy 2025 « Twilight Override »

mardi 30 septembre 2025

Jacques Bertin -"Le Chant d'un Homme"


 

« Petite chanson, bien mieux qu'un gros livre ». Des pour « aider à vivre ». Des beaux poètes comme on écoute un Ferrat, Ferré, Fanon ou Ferrand, aller un peu plus loin. De Bérimont à Félix Leclerc, cercle sans cesse. Je le farfouille depuis bien longtemps le Bertin. Homme de scène, baladin des bords de Loire, la géographie a une certaine importance je trouve, un terroir, et je vais souvent paisible le long de ce grand fleuve, des chemins sableux, et dans le fredonnement « La permanence du fleuve ». La permanence. L'éternité des chansons.


Des années j'ai arpenté des buttes et des quartiers pour me procurer les vinyles de Jacques Bertin. Une rencontre avec un accroc comme moi lors d'un récital de Lenny Escudero et un échange de disques rares enregistrés sur cassette audio. Des soirées à discuter, « tiens, tu devrais aimer Bertin ». « La Blessure sous la mer », « Hotel du Grand Retour », « Le grand Bras, les Îles », c'était du pain béni pour moi. Engouffré. Tout le reste avant, puis j'ai longé après, comme on suit le courant lourd et perpétuel sur les berges de Blois. J'ai toujours secrètement voulu « une fête étrange et très calme ».

Il vient de paraître le troisième volume « Le Chant des Hommes ». Intégral sur 15 CD, d'un bloc, moi qui ai arpenté des buttes et des quartiers pour me procurer tout ce qu'il y avait à prendre. Je jubile, je me réale et barbote, un flot d'inédits, et cette merveilles « Chansons sauvées des eaux », inédits 2022. Alvarès, Le Chant du Monde, et puis son Velen. Il aura fallu la passion de Christian De Tarlé pour que tout dégringole. EPM musique à Châteauroux, l'intégral Bertin.


https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2013/06/jacques-bertin-2013.html 
https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2012/11/jacques-bertin-99.html 
https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2012/10/jacques-bertin.html 
https://leschroniquesdecharlu.blogspot.com/2019/10/jacques-bertin-2019.html 

Jacques Bertin « Le Chant d'un Homme » vol1.2.3 sur EPM Musique

samedi 20 septembre 2025

Jeb Loy Nichols 2017 / 2022


 

Je reste dans le retro et trifouille mes lacunes. Chuck les potes, et comme un grand magasin avec des caisses automatiques, mes algorithmes me suggèrent. Certes il faut souvent l'aide d'une hôtesse pour valider ou approuver, et c'est là que vous intervenez.

Depuis quelques jours, sans me souvenir du chemin parcouru pour la découverte, je suis bloqué sur la discographie de Jeb Loy Nichols.

Terrain favorable, être bien dans le monde JJ Cale, Piers Facini ou Shane Murphy, Shawn Mullins avec une voix soufflée SRV cool de rocking chair Ben Harper. Voilà pour mon aiguillage hasardeux.

Alors pourquoi « Country Hustle », Bah c'est comme ça, à biner et labourer, je me suis surpris à réécouter cet opus 2017, l'époque de l'autre monde d'avant.

« The United States of the Broken Hearted » avait pourtant ma faveur, juste avant l'écoute de l'autre. Sûrement le soleil dehors, et ce plomb de septembre qui sue et sent la moisissure d'un talus en pleine succion. Rythmique chaloupée, moelleuses percussions, idée de moiteur, mosaïque porto-américaine. Et puis merde, il fait nuit tôt, dans une heure je passe à l'autre. Depuis 2002 le gars, à défaut d'y aller encore plus, et de devoir trancher bêtement sur un coup de mercure qui ne fera que quelques heures sa crânerie avant extinction, je découvre Jeb Loy Nichols et je suis coincé entre 2017 et 2022.

Il a enjambé l'Atlantique mais en sens inverse de Rod Stewart. Atterri au pays de Galles. Est-ce que ça se sent dans sa musique ? Y'a du folk, à sa sauce et pas que. Je sens le bougon dans la douceur, l'americana sur les coteaux gallois, un blues chlorophylle sur de la country de ciel gris. Chaloupé comme une basse pression de canicule britannique. Le reggae danse aussi sur les prés salés. Calexico des Cornouailles.

Au choix, deux Jeb Loy. 

 


Jeb Loy Nichols 2017 « Country Hutle » - 2022 « The United States of the Broken Hearted »

mardi 16 septembre 2025

Chuck Prophet 2002


 

Remettre à César.. à force de salves récurrentes récurant les lacunes ou quelques négligences, venues de part et d'autre du voisinage éclairé, ils se reconnaîtront, des Roger-bontemps en général.

En accord oui, mais sans me vautrer pour autant. Alors c'est assez et je plonge vraiment.

Après midi réservée, laps de temps bloqué, je pose mon pavé de Thoreau flottant 7 jours sur le fleuve et je m'imbibe. Embarcation ready, amarres basses rompues, étendard hissé haut, c'est parti.

C'est comme on rame en traversant toute l'histoire des berges, les lits et les plaines fécondes, le train qui avance avec les rails, la coque en muscade boisé et mon cul sur un chaland, des anciens habitants en molles bourgades peintes dans des ocres héroïques. Tous me regardent dans ces contrées inconnues tellement familières. Sans cesse des tempêtes et toujours ce fleuve mou qui bourlingue.

Eels Beckisé en Petty, tous les orchestres à la merci de Chuck. Le fleuve fume, la barge fend la buée, c'est juste le débit qui sue. Pas un poil devant et pourtant les arbres se penchent, pile poil Devant pour son billet prophétique, c'est maintenant ou jamais. Alors je choisis et bloque, « No Other Love » me plaît énormément.


Plus beaucoup de miracle à mon age.. ah si, je vais bientôt être grand-père. Va falloir que je tienne bien mes étagères de disques. Si si, dans 15 ans y'en aura encore. Les disques à papy. Je rame et pagaye assis et hilare, ou plutôt heureux dans mon imbécillité évidente que seule la libellule bleuté peut comprendre. Je ne décale rien, je prends tout, j'envie la vie d'un sage. L'âme lisse je décâlisse loin des dompes en épiderme et des frasques à schlingue. Le blues des clapotis, la hargne des démons sous la flotte j'avance entortillé sur ce serpent plombé en sobre considération. Faudrait pas non plus virer sur l’ordinaire, que la rivière soit droite et limpide. À fouiller ainsi juste après la belle averse, regard à l'ouest, je scrute les formes de la beauté et me dis que l'art lutte, peut-être un jour il fera fasse en explosant cette admirable clôture. Goûterais-tu ma liqueur la belette ?

Le tantôt est là, les bras brûlent et les copeaux flottent, j'ai trop ramé, je ne connais aucune prière pour ces canopées. Tout est si naturel, l’évidence a la brûlure d'un jour insipide.

Loyalement loin des glaces figeant le lac, je trouve un bivouac au pied d'un bouleau en chaton, histoire de respirer l'aviron sifflotant, la poussière féconde dans le blase, à toute berzingue sans haut fracas j'ai la sagesse dans le biceps et des consignes de paysans dans l'os. J'avance, j'écoute Chuck, presque une révélation, « No Other Love » est mon obsession du moment, la nouvelle, ma lubie d'ici à défaut de mon Homère d'alors, depuis le temps. Et c'est qui cette « Elouise » ?

Un orage tonne quelque part, fanfare de fin d'été, râle rauque des nuages. Esprit cauteleux « Comme un avion », les premières gouttes sont parfumées, j'avance comme je veux, je ne suis pas allé très loin. L'oseille crépue caresse la rame, quel jour on est ?

Dorénavant et à partir de maintenant, qu'est ce que j'aime ce disque, pourquoi arrive t-il maintenant ? Merci d'avoir insisté. Je me dandine frais comme un lardon sur "That's how much I need your love", merci les Césars.


Chuck Prophet 2001 « No Other Love »

samedi 13 septembre 2025

Satie: Uspud (de Leeuw)

 


Mes pensées divaguent aux alentours du Butin, cet endroit opale reculé me charme. La plage du même nom avec aux abords tous ces trésors promis. Les vieux bains de mer sur la plage du Butin, la jetée de Honfleur, la plage du Ratier, Louis Alexandre DUBOURG.

Comme mon ciel du matin est diaphane et que le soleil ne peut rien contre la rosée, je sors le beau livre d'Eugène BOUDIN. C'est une jolie rencontre, le père de l’impressionnisme, le dehors de ma fenêtre et les mots de Christian WASSELIN sur Erik SATIE. Tout est sur la table et dansl'air.

Envie de croquer, d'huiler mes brosses, d'aller me balader sur la côte de Grâce avant de me faufiler sur le chemin des bruyères.

MONET, DEBUSSY, tout voltige et se mélange.

La maison du pianiste, le musée du peintre, les ardoises reluisantes et la mer laiteuse en bas des reliefs. Il y a des endroits où le gris est joli. Finir le bouquin, feuilleter le livre, découvrir l' « Uspud » et m’imprégner jusqu'à la vase de l'estuaire avec le parfum du pays d'Auge.

Remonter la Seine jusqu'au Chat Noir et le Lapin Agile. Les balbutiements d'Utrillo et les « Vexations ». La grande Suzanne est passée par là.

Des « heures vertes » avec sa fée et dans le silence entendre le ruissellement glacé de l'eau sucrée. La soirée dégouline de Montmartre au Mont-Joli, les hydropathes anartistes incohérents, un cercle d'âmes étoffées de « distance, élégance, intelligence, humour, ironie, secret : tout un art de vivre. »

Eugène a mis des nuances sur les notes d'Erik. Je suis tourbillonné. Le juste accord. Épicentre opalescent.


Erik Satie (par Reinbert De Leeuw 2011) « Uspud »

mardi 9 septembre 2025

James Yorkston and Friends 2025


 

L'ombre pyramidale s'allonge sur les asters. L'aulne au dessus de ma tète a déjà montré ses chatons avant de pioncer pour quelques mois. Faut se dépêcher, le sommeil est pour demain. Les humeurs se pourchassent et les rondins s’amoncellent. Tous les soirs je vois la forêt mûrir et j'entends le lièvre craindre le plomb. Le bosquet de sapins se fout de tout, son vert restera.

C'est une journée bien fraîche, marée basse sur mes champs, le vent n'est pas revenu, ma haie se repose, c'est moi seul qui la vois chagrin.

Avaler les confins, marcher le plus possible malgré la lointaine embouchure, imaginer le sel sur la peau et l'horizon s'inverser, bleu outremer en bas, ocre-gris en haut, Nina et Johanna à nos côtés. The Cardigans et First Aid Kit convoquées.

Je me balade souvent avec James. Je l'ai connu avec ses Athletes, « Tender to the blues » est toujours aussi à vif dans mon esprit, avec cette pochette western des côtes écossaises.

Tandis que je cherchais un coin pour fuir cette mer imaginaire sur laquelle je sifflotais, le réconfort est venu de ce trio opportun, un acoustique pour mon huis clos chatoyant.


James Yorkston and Friends 2025 « Songs for Nina and Johanna »


vendredi 5 septembre 2025

The Apartments 1985

 


Freak c'est pas branleur ou alors y'en a aussi dedans. Un bouquin, une mine que dis-je, un gouffre.. La culture musicale british par le bout des freaks. Loin d'en être un, je pioche et picore les brides de ce qui m'aurait plu d'être, ou pas. The Auteurs, The Jam, The Go-Between, Gene Vincent.. et je comble mes manques, je connais et puis pas trop finalement. J'écoute tout. Même The Shadows, les premièrs amours de Luke Haines.


Et je tombe sur « The Evening Visits.. », The Apartments. Il y'a quelques semaines je parlais de Guy Blackman et sa fragilité bancale à ravager le chant par l'émotion ou la défonce. Troublant comme un Daniel Johnston chialant, je suis resté fébrile « All the bithdays », revigoré, confiant et dubitatif. Démissionnaire et orageux. Un pan s'écroule sur le flan de mes lacunes, envie de boire fort et de me barrer sobre au plus lugubre des caves de mon sombre gourbi. C'est beau et dégueulasse, ça sent mauvais la spirée de sublime caniveau. Ça sent pas le fric, plus aucun freak par chez moi, je ne suis ni l'un ni l'autre, je n'ai pas le choix, ou l'envie, et vice et versa, il n’empêche, pour une soirée, une lecture, une plongée en apnée extraordinaire dans le Londres barge underground imbibé et acide avec en plus l'âme de l’hallali qui hurle en alarme étouffée.


Les pages défilent, et « Someone Else's wife » débarque. Les Go-Between. J'archive tout dans un coin de mon désespoir, au cas ou il me viendrait l'idée de vriller sur mon age, ça aurait pu, ou pas, je ne suis pas freak pour un rond .. pourtant merde.. « The Clarke Sisters »....


Je lis Luke Haines, je prends tout, écoute n'importe quoi. Un bouquin comme ça il y a 20 ans c'était 10 bibliothèques et des jours à courir pour tout écouter. Là je suis avachi comme un vieux boomer qu'a jamais bossé et je crowle sur le stream pour combler. Je me régale ou pas. Je patauge. « What's the morning for ? » amoché. Je suce des roues, je suis en dilettante et méritant, je me dégoutte des fois, j'ai quelques idéologies, plus utopiste qu'hédoniste, j'aime bien le sport et sortir en short l'été.. ouaih nan je n'en suis pas.... j'ai rien d'un bohémien, ni intello branché..et puis j'ai rempli ma besace avec tout ce que j'aime. Ça pèse son poids de fric ce truc. J'écouterai pas tous les soirs, mais ...

On s'en fout des tiquettes, et puis des « sectes », groupes, meutes ou autre revendications pour s'extraire et cracher dans le potage, il se le répète un peu trop souvent le Luke que freak il est .. allez, un petit foot, un clash, une claque sur le zob puis un autre The Apartments.


The Apartments 1985 « The Evening Visits..And Stays for Years »

mardi 2 septembre 2025

The Montgolfier Brothers 1999/2025

 


Brutal coup d'automne sur le coin de la gueule, une cinglante sape sur les guibolles et le retour de la meute. J'imagine que mon wagon s'est empli, je n'y suis pas allé ce matin, je suis resté près de cet ampli à chercher l'onde musicale qu'il faut. Un indice, un objet bilan sur les frères Montgolfier vient de paraître. Voilà, j'ai trouvé malgré la vitesse des nuages. Quigley & Tranmer, pas sûr de prendre de la hauteur.

Orion se redresse et laisse tomber l'aube en feu nacré, avant de disparaître sous la voûte et les trombes à flagelles. David Gilmour et sa fille chantaient « Between Two Points » il y a un an. Je me retrouve là, flanqué sans arme à farfouiller au plus profond des étoiles à relier, comme les points au crayon sur les cahiers d'exercices scolaires pour les vacances.

« Seventeen Stars » me dilatent, m'éparpillent, le torchis est détrempé, festin des sols craquelés. Les rampants rempilent et les arbres pensent à la démission.

Le son des accords comme sur l'image, le clavier aussi, tout s’arrête, le ciel canadair a éteint mes champs incendiés, si les wagons se remplissent comme des oies, les barques fatiguées flottent sur une mer reposée. Balayer les fantômes, ratisser la plage ou laisser la houle bodybuildée faire le travail. Quelle tristesse. Des tonneaux de crèmes solaires déversés sous l'écume et les quais croulent à nouveau.

Enfin, j'imagine, je n'y suis pas allé ce matin. J'ai remis The Montgolfier Brothers 1999, histoire de laisser le crachin faire son malin, avant que l'été revienne sur mes plaines. Ou pas.


The Mongolfier Brothers 1999 « Seventeen Stars » sur Vespertine

dimanche 31 août 2025

Mac DeMarco 2025


 

Petit huis clos, canape-chaussons et pochette foireuse, titre pas inspiré, ça part mal c't'affaire.

Pourtant, dès la première note le charme balaye toutes les premières impressions, même celle d'une platine qui tourne mou, ondulé un poil.

Des tonnes de flemmardises et des petits morceaux confortables, complètement séduisants. Tellement de demos l'habitent, des airs de cowboy urbain, JJ Cale anesthésié, Nick Wheeldon joyeux, même sur « Five Eay Hot Dogs » en 2023, Mac n'avait pas eu la force de chanter.

Oui mais voilà, la magie Mac opère, imparable, croustillante. Le sens de la mélodie. Merde, j'ai la flemme de me lever tourner la galette. Touchez pas à la platine, ça tourne normal, Mac est lui, DeMarco est là. On est bien.


Mac DeMarco 2025 « Guitar »

vendredi 29 août 2025

Peder 2024

 


À JJ-Johanson, on remplace une pincée de mélancolie par une once de jazz ambiant, trip hop toujours en sourdine. On ôte un voile de délicatesse à la voix et joint quelques cuivres agiles, « The Coldest Man Alive » de Peder Pedersen est un diamant sonore, une petite merveille d'album, la belle découverte du jour. Miraculeusement nappé de dorures crémeuses, mais pas trop, une petite perfection.

Une arborescence d'écoute m'a menée vers cet artiste danois. Son CV n'avait rien pour m'attirer. Souvent quand je ne sais pas quoi écouter, je sors un coffret Nova, de la « haute musique », tout s'est arrêté sur un morceau, et moi sur cet album. J'vais m'la péter lors de la prochaine soirée entre amis, ce n'est pas de la musique de fond, c'est tellement plus, ils vont tous me répondre JJ Johanson, normal, l'équilibre est parfait et le moment délicieux.


Peder 2024 « The Coldest Man Alive »

mercredi 27 août 2025

Greg Freeman - 2025

 


Country alternative du Vermont. Je commence direct technique car cet album me tombe dessus et je n'ai rien sous les dents qui puisse mettre en herbe cette petite dinguerie. Avec le bouquin de Luke Haines, je me suis un peu enlisé dans ses délires avec l'impression d'avoir visité une secte, allant jusqu'à écouter ses arborescences musicales, notamment Peter Buck etc. Je change d'air, sorti de tout ce « bancal » foutraque radical et narcissique, Greg Freeman chante son « Burnover », il m'a ouvert les portes donnant sur un ciel éclatant, populaire avec beaucoup d'air à respirer.

Comme c'est une découverte, je cherche et farfouille et tombe sur son premier et précédent album qui me plaît plus encore. Je plonge dans ma came Oldham-Lytle-Sparklehorse-etc-etc avec du Molina dedans.

Je reviens sur « Rome, New York » et je vais me nettoyer les enceintes avec ce rock outre-atlantique pêchu comme il faut, tendre comme il fait tiède, De Marco, Kurt Vile, Kevin Morby… à ranger avec.

Fait un peu chaud finalement, les glands tombent mais pas les marrons, je sais pas pourquoi je dis ça, y'a plus de calendrier, mais je vois quand même à peu prêt où on en est avec tout ce merdier. « Curtain » m'enchante, et je vous laisse sur « Gone... ».


Greg Freeman 2025 « Burnover »

jeudi 21 août 2025

Eric Chesnaux - 2022

 



Juste quelques petites infidélités, un autre ciel discographique de temps en temps, moi je ne connais Chesnaux que sous un ciel constellé. « Say Laura » est un instant particulier plus encore. Son jazz décortiqué, volage et éthéré, l'Epiphone lui va si bien. Des cœurs d'éponges en douces émulsions de basalte. L'intimité s'est installée, j'ai arrêté tout ce que je faisais et j'ai contemplé. C'est comme un tableau qu'on ne voit jamais de la même façon, un Nick Drake ondulé. Chaque écoute change la lueur et de lumière. Oblique ou en applique elle prend tout et nous farde, « Say Laura » plus que les autres, tellement de choses ressenties.

C'était il y a trois ans, rien à changé et tout s’acclimate. Juste avant de sortir prendre la moiteur d'un été au vestiaire, plus beau encore qu'un paradis alangui, « Say Laura ».


Eric Chesnaux 2022 « Say Laura » sur Constellation

mardi 19 août 2025

Citron Citron - 2024

 


La voûte se démantibule, la cogite s'attise et finalement cet automne de mi-août a son petit charme. Toutes ces feuilles jaunes tombées sans calendrier, les mêmes feuilles à terre qu'aux étés de la Saint-Martin, mais croustillantes ici, cuites en plein vole. Paysage inattendu.

Le sol chips se gausse un peu des grillons fatigués, les pas saccadés crépitent et rythment la tiédeur molle, une belle musique anachronique voltigeante voile la bouillante rondelle jaune, le ciel devient synthétique émoustillé par les clapotis des libellules qui barbotent. Les vesces se trémoussent sous mes pas craquants « Est ce que tu dors ? ».

Ce duo m'enchante, entre le monde de Burgalat et les rêves organique de Tellier.


Toutes ces feuilles qui jonchent déjà. Moi, bien loin d'une « Crise d'aaaangoisse » je danse dedans, il faut se faire à l'idée, il va falloir écoper un moment donné, je reste dans leur bulle, je suis accaparé et intrigué. « Maréeternelle » est un instant fantasmagorique, Citron Citron une découverte.Et quelle pochette !!


Citron Citron 2024 « Maréeternelle »


vendredi 15 août 2025

Alain Chamfort - 1976

 


Clarinette sur le bilan, costard dans les graminées, un peu too much le lapin sur le piano. Aucune fleur bleue dans les hautes herbes, pourtant je le suis à fond sur cette chanson, depuis un paquet d'années. Pourquoi l'impact de celle-là ? J'en sais rien, mais elle m'embarque toujours, flon-flon et re-flon-flon en cuivres gras et petit orchestre pop de bal musette quand tout le monde est presque rentré depuis quelques lampées d'une niôle locale qui rend fou. Le jour a beau mettre minable les derniers lampions qui vacillent et bavassent, tout n'a pas été résolu.

Pas grand chose à retenir de cet album, il est d'époque, et y'en a tellement des « Lucile », peut-être « La musique se lève à l'ouest ». Je n'ai aucune idée de la répercussion de Chamfort à ce moment-là, « L'amour tsé-tsé » .. insupportable. Lui aussi, souvent.

« Mariage à l'essai », rien que celle-là, Chamfort aux notes, Rivat à l'écriture. Un vieux mariage, je suis fou, je déteste l'idée des unions administratives et religieuses, j'ai joué le jeu début 90's, c'est passé comme on attend son tour pour valider son ticket de loterie. J'aime bien l'idée aujourd'hui, de cette journée pénible, ce truc qu'il fallait abroger le jour suivant pour mieux s'unir, ce vieux bois qu'il faut lasurer tous les jours, ce sentiment d'être un ancien combattant et d'aimer quelque soit le métal et la pierre. Ce n'était finalement pas une mauvaise idée.


J'ai une troublante anecdote avec ce vinyle. Aucune raison au début des 90's, qu'il soit dans le garage de cette famille-là, immigrée depuis 20 ans, à Lucé en Eure-et-Loir. Un Johnny encore, ou un Eddy, mais Alain !! Je n'ai jamais su d'où il venait, pourquoi il était là. Quand mon beau-père a disparu en 1992, nous avons perdu la trace de ce 33tours. Je demande souvent ce qu'il est devenu, le disque, qui l'a chapardé, revendu ou gardé précieusement pour la nostalgie. Il n’empêche depuis, je dors toujours auprès de sa fille avec mes vieux rêves.

Je viens de trouver sur Vinted le 1er des 3 coffrets pour autant d'euros que d'années de mariage pour moi et la fille du garage d'Augusto à Lucé avec dedans entre autre, le deuxième LP d'Alain Chamfort. Il a disparu avec lui, qu'est ce qui foutait là.. le disque. J'y pense souvent. J'écoute uniquement cette chanson de cet album. Elle est belle. Je fais tout pour que la fête continue même si tout le monde dit qu'on est fou.


Alain Chamfort 1976 « Alain Chamfort » sur CBS

lundi 11 août 2025

Jean-Louis Murat 2008


 

On se recroqueville derrière des cicatrices, quelques chansons belles comme des amulettes tournent comme les saisons. On repasse tout, je cherche la faille, je me vautre et lutte contre les amours en fuite. Des leçons à farfouiller mes déraisons, je me mets des coups de savates dans l'âme comme on brame le glas, je m'enlise dans le déni.

Spleen de Tristan en longues heures de tristesse. Je ne m'y ferai jamais.

J'écoute, je me noie, un morceau m'échappe, il tape dans la poitrine, je vérifie d'où vient « La prière », mon streaming chiale et je fouille parmi mes galettes. « Marlène » appelle à la génuflexion, foutre de crénom. Le flot amer pour quelques notes se dissipe, comme une nouveauté, j'écoute cette chanson bonus cachée de Jean-Louis Murat. Lourd comme une âme en peine, grinçant comme la cruauté, je jubile en triste sujet, il fait un peu plus jour, je découvre un JLM.


Jean-Louis Murat 2008 « Tristan »; "La prière"

 

samedi 9 août 2025

Chris Garneau 2021

 


Ma salive en plein estivage, j'ai le goût de la chaume dans le naseau rien qu'à regarder la poussière des herses s'envoler. Le soleil est déjà dans sa descente, la sève à bout de souffle. Les prunus passent à autre chose.

La chair de guigne est un souvenir, le noyau attend la pluie. J'écoute « The Kind » en boucle, toutes mes cellules en transhumance dévalent sans rien déballer. Je fais de la rétention d'émotions, j'hésite à dévoiler. Il n’empêche, tout s'est figé et le Panic-pied-de-coq chante à crête rabattue ses épis plumés de haute gorge à dévaler sous le vent-là vital et tonique.

Descendre des alpages, amener en bas l'altitude sous ses paupières et toutes les écritures d'en haut pour faire un disque. Sommet de poésie.


Chris Garneau 2021 « The Kind »

mardi 5 août 2025

Wet Leg - 2025


 

Bouffée de chaleur sur les joues, la tempe offensive et les yeux plissés je dévore « Moisturzier » à moitié urgé. Ça gicle affolé solidement développé. Je me suis dit dans un premier temps, ouaih, y'en a des tonnes des groupes ainsi à faire du bruit. Ce beau brelan m'ébranle, les deux filles ont trouvé trois zicos du tonnerre, la recette fonctionne, je suis pris au jeu.

L'accroche racole et me colle au casque. Âpre et sec complètement boumer je me dandine.

J'ai loupé l'apparition virale de 2022, on me la fera pas sur cette confirmation proposée aussi en cassette.

10 balles la nouveauté, rien que pour faire jouir ses baffles et tremper le carrelage. Petit coup de gingembre dans mon ciel gris, filles caféines, je tiens plus en place.


Wet Leg 2025 « Moisturzier »

jeudi 31 juillet 2025

Guy Blackman 2025


 

Le temps des lilas disparu est un leurre, un autre celui des Indes fleurit quand tout est grillé. Plus intense en couleur, moindre en odeur. De l’autre côté de la palissade, les Robiniers sans épines

tapissent les trottoirs de leurs confettis crèmes. On dirait un lendemain de carnaval. Sophora et Lagerose sont à la fête. C’est exactement l’image qui m’est venue à la vue de cette sublime pochette. Une dominante de couleurs qui apaise.

Il fallait aussi que je tombe sur de la chanson nébuleuse, légèrement bancale et fragile tout en

gardant l’idée que je déambulais déboussolé au beau milieu de l’été qui avait déjà connu la brûlure. Un ciel vaseux, un thermomètre moelleux, météorologiquement intemporel avec alentours les teintes qui ne laissent aucun doute sur l’instant. Il pleut un peu sur les ardoises. J’ai laissé cette aubaine musicale diffuser comme on enfile une pelure au petit matin d’un été qui reprend son souffle.

Les abeilles butinent au sol les fleurs tombées du Sophora japonica avant d’être piétinées. Le rose

intense des fleurs de mousseline du lilas d'été, ce sera pour ce soir quand les fleurs s’allumeront. « Out of sight» est un nectar délicieux qui me perd un peu dans l’air, dans l'émoi et le calendrier.


Guy Blackman 2025 « Out of Sight »

samedi 26 juillet 2025

José Afonso 1971


 

Le grand estuaire où le Tage se dévide a craché sur la petite capitale de collines saillantes. C'est la première fois que j'arpente ses rues de belles pentes sous le crachin. Même ce ciel dévorant la ville a du mal à faire taire les couleurs lumineuses de Lisbonne. À peine rincés les petits pavés glissants s'allument et le blanc se répand comme le fado tristeza qui résonne dans les bas fond dégringolant vers le bras de mer.

Des nuances de jaune sur quelques façades se diluent et les bougainvillées empourprent encore. La place du commerce est toujours aussi belle avec ses petits clapotis de vague tout en bas. Alors je pense à Pesoa une fois de plus :

« Tout l'entassement irrégulier et montagneux de la ville m’apparaît aujourd'hui comme une plaine, une plaine de pluie. Où que s'étende mon regard, tout est couleur de pluie, d'un noir pâle. J'éprouve des sensations bizarres, toutes également froides. Il me semble parfois que le paysage essentiel est tout entier de brume, et que les maisons cette brume qui le voile ».


Je vais m’engouffrer dans l'Alfama et déguster quelques tentacules grillées avec des grenailles à l'huile d'olive. Quand même, il ne pleut pas des journées entières ici, les entrées maritimes avec le fleuve éventré crachent doux et puis c'est tout. L'onde est une fête mélancolique qui bruine et ternit à peine la grande lumière de Lisbonne. Le vent pleure Ferdinand sur la Plaça da figueira. J'imagine sa présence au creux de cette nouvelle ville pour lui, savoir ses yeux neufs, connaître ses pensées nouvelles, ce timide fonctionnaire. Je suis à peine attaqué par cette grise angoisse, je suis de la Beauce quand même et les fines pluies canadair toussotant qu'elles sont, me lustrent le cortex.


Bien loin d'ici, sous le fracas d'une chanson révolutionnaire « Grândola, Vila Morena » d'une dictature qui va disparaître, au château d'Hérouville, José Afonso enregistrait son album mythique « Cantigas do maio ». Dans les murs du studio de Magne 1971, Christian Padovan, Michel Delaporte, Branis et Granier avec quelques autres musiciens portugais œuvraient pour cette pépite historique, poignante et sacrée.


José Afonso 1971 « Cantigas do maio »

Adrian Crowley - 2025

  « Elle boit mes larmes à la nuit agonisante... ». On est en pleine semaine, c'est une chance. Bientôt le week-end, planquez vos boute...