mardi 17 juin 2025

Fontaine / Arelski : BARAKA 1980


 

C'était mieux maintenant. Les textes défilent et rien ne changent. Les belles histoires d'amours figent la plaque. La plus belle de toute dans les douceurs les plus troublantes. On traverse depuis des millénaires, passe à travers, ou pas. Faut pas contracter sinon ça pique, se cramponner aux affections, sucer l'ardeur.

J'ai marché au bord de la Remarde ce matin, il faisait encore frais. Le ru entortillé m'a accompagné mollement jusqu'au ruisseau. Cortège d'insectes, opéra d'oiseaux, le vent faisait frissonner les hautes herbes. Un talus de canches ondulait, juste quelques vulpins des près à la danse timide restaient raides. Plus le soleil montait, plus le lit s'élargissait, trois libellules ne lâchaient pas l'ombre. Je suis passé à côté du terrain de tennis abandonné. Deux belles pommes sur l'asphalte mousseux semblaient attendre le nylon tendu. Juste derrière une fontaine aguichait quelques guêpes nerveuses. En fredonnant « La traversée », je me suis arrêté au café tout près de l'église de Saint-Martin-de-Bleury. J'ai pris un bock avant de rentrée chez moi. Quelque part loin d'ici le long des rivières et de la baraka, faut éviter le mortier. Quelques grenades sur un terrain de tennis en ruine. 


Brigitte Fontaine, Arelski Belkcem « Baraka  1980 »


« De Baltimore à Bab El Oued

J'allais bramer dans les bastringues
Avec un buriné bipède qui bandait pas pour le burlingue
Dans ce bar branché bipolaire
À faire basculer les belles-mères
J'allais besogner le brouillard avec un tambour de bazar

T'allais baver pour les babas et les broutards à boucles blondes
Des petites bulles de baraka (et des bonbons pour les James Bond)

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka, pas pour la bagarre et le branle-bas
...

Ils s'braquent à bloc sur l'baston, des barbes bleues bardées de bronze
Des cow-boys bourrés de béton, des zombies bidons et des bonzes
Qui leur balancent une blanquette à écrabouiller les banquettes
(À vous briser les roubignoles, à vous faire barrer d'la boussole)

Pendant qu'tu brûles de la banquise, braconnant le bonheur sans but
Et me baignant aux quatre bises avec les boucs de Belzébuth

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka pas pour la bagarre et le branle-bas (branle-bas)
…....

Ras l'bec de brouter du bitume et d'barjotter dans une bagnole
Ras l'bec de branler de la brume et d'barrater des branquignoles
Pendant qu'les barbeaux du business qui nous bastonnent des bassesses
Biberonnent des bourbons dans leur buick, j'bosse par peau d'balle et crotte de bique

Tu vas broyer tous ces bouchers qui se font bronzer la baudruche aux Bahamas
Avec ton blé (pendant qu'j'balise dans les balluches)

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka, pour la bagarre et le branle-bas »

"Baby Boum Boum"

dimanche 15 juin 2025

BRIEG GUERVENO - 2025

 


Piers Facini du Finistère avec des songes d'Anthony. On sent moins le varech que Denez, l'art de Brieg est pétrifiant, il déborde sur toutes les autres terres. Habité, d'envergure mystique sur des flots d’acoustique. Il y dedans quoiqu'il arrive du celtique. Antonio Zambujo du Portugal danse sur les mêmes landes d'ajoncs et de conifères, et tant d'autres encore. Du sable sous nos pas, qu'il soit dans la forêt ou sur le bord des chemins, l'océan n'est pas loin, et le regard meure sur la terre intérieure lacérée de quelques lancées électriques.

La belle découverte « Un Noz A Vo », inconsciemment l'envie de fraîcheur sûrement, mais la mer est belle aussi quand la dune brûle, la vague est toujours froide.

Brieg GUERVENO 2025 « Un Noz A Vo » 

 

samedi 14 juin 2025

Pulp - 2025


 

Comment vont réagir les puristes à cette parution ? Je prends ce retour comme un bonus heureux avec dedans les ingrédients que j'aime bien. J'ai eu un gros retour « This is Hardcore » y'a quelques mois, l'aubaine tombe à ravir. Là, je suis bien dedans la pulpe, j'ai ce qu'il faut, sans plus.. remugles et madeleine même, sa voix, cette idée là, le style, la gratuité du processus.. et j'adore plus que tout l'ocre et le cobalt.

Pulp 2025 « More » 

 

vendredi 13 juin 2025

Geir Sundstol 2025

 


C'est l'heure vibrante de l'astre qui n'en finit pas de cuire. Lourdes persiennes, stores dilatés, murs boursouflés. Si les gestes ralentissent, les ondes d'un film spacieux calment le mercure, tout en s'accrochant délicatement à ses degrés, histoire de garder la lumière.

Pas d'imbroglio chez Hubro. Sous ces tuiles de jazz expérimental, d'ambiances follement dilatées, Geir Sundstol trace ses sentes de paysagiste. De drôles d’oiseaux dans cette auberge, précieuse agence de voyage au socle musique inébranlable et minéral. Juste les couleurs qui changent d'un artiste à un autre, une température, un angle, une hauteur, quelques latitudes et des milliers de lueurs.

Le plafond s'approche du haut des cranes, ça tape dur sur la faîtière. « Sakte Film » maîtrise à merveille la thermo-hygrométrie.


Geir Sundstol 2025 « Sakte Film » sur Hubro

samedi 7 juin 2025

Jay-Jay Johanson 2025

 


Le Deveron a eu raison de mon agitation. 10 ans d'age à la rescousse. Tout de suite le gras Trip Hop de Jay-Jay et les souvenirs, la découverte irréversible de « Whiskey » Portishead pas loin et ces longs tempo mous qui me vont comme de longs lents langoureux baisers abyssaux. « Backstage » m'embarque. Il y a du silence chez JJJ, celui du salon dont il vous en dépossède. Deux ou trois touches de piano pour la braise. C'est un doux poison le « Backstage », sa concoction habituelle, mon addiction crooneuse.

J'ai bien failli me fâcher avec sa tentative de coupe Aladin Sane dans les antennes. Il est revenu malter mes soirées avec « The long term physical effects are not yet known ». C'est de l'histoire ancienne, mon cristal à nouveau est un vitrail ambré, la lumière tourbée étreint mes glandes lacrymales. Ma nuque en cadence molle se laisse caresser par la glue.

Début juin automnale, ça tombe bien, la brique est trempée, je le garde pour calmer la prochaine canicule.


Jay-Jay Johanson 2025 « Backstage »

mardi 3 juin 2025

Peter Perrett 2024

 


Robert Foster, Elliott Murphy, Murphy en Peter.. avec mon pote on écoute souvent ensembles « nos petites vieilles ». C'est comme ça qu'on les appelle les quelques unes à nous, entre nous. Lui est un gros fan des Bauhaus, moi c'est plus The Go-Betweens.

Pas facile de causer de ces piliers, pondre un billet lourd de contexte et d'histoire, sans pour autant que ce soit notre came, patauger dans les remugles, éviter les clichés. Crédibilité.

Impossible à survoler, sauf peut-être le dernier Idol abjecte. Le devoir de dérouler, mentionner, des etc à tout bout de champs, ne pas faire comme si on découvrait.


Ou alors si. Se poser candide tout frais, en vieux puceau béa qui débarque, histoire de moins juger en se décroûtant la couenne. Y'a bien des jeunes d'alors qui balances comme nos viocs jadis.

Robert, ça passe tranquille, lumineux comme un petit dèj dans le train, Peter de Bahaus bof, un peu trop K2000 ou alerte à Malibu, au choix. Elliott a pris une entière de mes soirées et j'y retournerai, « Infinity » superbe à flotter sur son opulente discographie.


Et voici notre intersection avec mon pote branleur, l'accord parfait sur nos petites vieilles. « The Cleasing » avec le recul, une des plus belles sorties l'an passé. J'y croyais pas trop, je suis conquis.Je le garde, il sera Peter pérenne. Au fait, il sort quand un autre album solo la Jagger ??



Peter Perrett 2024 « The Cleansing »

mardi 27 mai 2025

Warhaus - J.Bernardt 2024

 



J'ai pas vu venir ce train caché par l'autre que je prends très régulièrement. Dès l'entrée instrumentale « Rio », jusqu'au sublime morriconien « Free » et change de quai. Le bolide qui cache, c'est Warhaus que j'écoute non stop le plus souvent possible. Quand « Ha ha Heartbreak » m'a pris la tronche en 2022 je me suis dit qu'il s'agissait là d'une définition presque parfaite d'une pop idéale à mes yeux, partagée avec celle de Baxter Dury à certains moments de l'année.

Gémellité J.Bernardt et Warhaus ? Maarten et Jinte à s'y perdre, physiquement pareil.


Pop donc, luxuriante, spacieuse, mélodieuse, moderne, moelleuse et bien produite. Easy à n'importe quelle lumière proposée. Trip chaloupé de crooners baladins.. de « Zero one code » à « I'm the ghost you forgot » récurent et entêtant. 

Je suis bloqué en boucle sur « Karaoke Moon » depuis des mois, le genre d'album qui passe à travers les écrits, mais qu'on ne range jamais. Comment parler de cette petite perfection pop ? par le biais de son binôme scindé Jinte Perez, alias J.Bernadt, deux opus 2024 avec celui de Maarten Devoldere de la Flandre-Occidentale, indissociables. Les fièvres du Balthazar.


Warhaus / J.Bernardt 2024 « Karaoke Moon » / « Contigo »

mardi 20 mai 2025

Morning Star Music Club 2025


 

Un air de coquelicot et de lin a pris la clé des champs. Terminé le jaune à faire pâlir l'orge et le froment. L’épeautre vit sa vie et les nuanciers défilent.

Ce tendre violet des étendues de linacées est apaisant, il contraste avec la robe sanguine des pavots. Les lumières sont pornographiques, j'aime tout, je suis polygamme.


J'ai longtemps était partagé par la sorti du premier opus de Jesse.D Vernon, « Morning Star » 1999 au crédit noir de monde. Je collectionnais les disques « Microbe » et les conseils de Magic ! Seulement voilà, jamais dedans, peut-être une fois de temps en temps. Il va falloir que je l'écoute à nouveau, car je tombe sur « Luminal Zone » et je suis hyper emballé, à tel point que les souvenirs du siècle dernier s'effacent.

Absolument printanier, totalement rouge et bleu, aucun goût de moutarde dans le vestibulaire.

« Mind mind » comme une belle légèreté plus que tiède, « Coming around » en ballade Macca avec Linda derrière, le doux funky de « Carry it home »... Cet album est bon, simple, sympa, easy en écoute à laisser défiler sans s'anicrocher avec quoique ce soit.

J'ai dû louper quelques chose de Morning Star, rendez-vous manqué. Tiens..« My Place in the Dust » avec John Parish aux manettes..pareil. Je ressors Magic !, les deux premiers albums, je m'y replonge tout en gardant « Luminal Zone » comme s'il s'agissait de retrouvailles.


Morning Star Music Club 2025 « Luminal Zone » sur Rough Trade

jeudi 15 mai 2025

Da Capo 2025

 
J'ai fait une belle découverte en 2023, Nicolas Paugam et son univers bariotifolié. On écoute sa discographie comme on s'abrite soi-même sans être bricoleur. « La Délicatesse » m'a cueilli et je suis encore sur sa balade sauvage. C'est une transition, avec son frère Alexandre, ils ont fondé Da Capo que j'ai découvert en 2023 donc. À peine le temps de découvrir la discographie grosse déjà, que « Songs from the Shade » me tombe sur les tuiles.

Pas un pour rattraper l'autre. La fantaisie du rêve est venue à peine bicarbonater mon réveil. À moins que le matelas ne me pelote encore. Dandy Arty fantasque en douce épopée plombée.

J'ai 90 Days Men en tète, la même dinguerie, Space et la même classe spiders qui fait l'élégance baroque et le nuancier fou de la lune et du soleil. « The Moon and the Sun ».. c'est pas possible une chanson pareil !! me suis fait sucer la fémorale ou bien ?

Élixir sonore injecté.. voix ajustées.. les mélodies à couper les gorges des carnes envoûtées. Je tangue, les montagnes acidifiées sont cendrées comme le Black Mountain écaillé.


Je ne regarde pas les ondes de peur qu'on ne parle point de cette folie, cette pureté mélancolique .. comment grimper la chaîne si de cendre elle est monticulée ? « Skeletons » et je dors dans la ravine les os encore fumants. « Shadows » je suis phoque en suie ; « Alone » où est Rover ? C'est coffré et fragile, classique et cabarété. « Hear me Brother » ? Nicolas ??

Quel herbage volcanique ? Quelle famille !!!


Da Capo 2025 « Songs from the Shade »

mardi 13 mai 2025

Bertrand Louis 2025

 
Le pavé Merlan Poire se pavane dans l'assiette, avant la morsure du beurre noisette. Le clapet s'impatiente j'ai du sel au bout des doigts, mes méninges suintent. Déguster comme on tient une pancarte, bientôt la traversée de Paris tranquille, sans se faire péter le steak plus que ça, avec sous le paletot le DVD du dernier Mission : Impossible enroulé avec la hampe.


Sur la planche en éventail comme dirait Brigitte, j'ai déposé quelques tranches fines de Comté, elle vont s'attendrir avant la croque. De l'autre côté de la baie vitrée grande ouverte sur un printemps qui bombe le torse, le hamac m'attend pour ma digestion au méthane. Ce sera pour tout à l'heure quand j'irai fredonner avec le merle les airs enjoués du dernier Bertrand Louis. Je repenserai à Baudelaire, puis Verlaine, je relirai quelques textes des « Fleurs du Mal » si le tangage ne m'embarque pas. À moins que je ne me fasse pomper copieusement le cépage Glyphosate par une femelle moustique que nous aimons tant.


Bertrand Louis 2025 « Stéréotypes » EPM Musique

jeudi 1 mai 2025

Arthur Satan 2025

 


Clavecin « Because » pose la palette direct et ouvre l'heure époustouflante. Une petite baffe les amis. Je n'aurais pas piqué un hanneton en voyant la pochette et le nom qui va avec, du Syd Beatles je vous dis. J'ai un vague souvenir d'un album des Simian qui avait en plus electro tâtait du côté pop Fab Four dela sorte. « Lovely Suzy » titille même le Harrison inspiré et l'ensemble un Caleb Landry Jones hyper produit et polissé.

Certes ça va faire râler les anti-revival rappel vintage rétroviseur en folie, mais et bref, le son culmine, la prod reluit, le jeu excitant happe, ambitieux, comment trouver encore de telles mélodies avec tout ce passé pop massif et fastueux. Il faut rester jusqu'au bout, « To please you all » et « The pagan truth » sont des bijoux de 6 min.

Oubliez la pochette, ce double vinyle est luxuriant, pas plus sombre que ça. Oubliez le pseudo du bordelais pareil, je vais me faire une cover à moi avec un blaze perso en écoutant ce brûlot, genre Arthur Kinks, Art Barett.... Je vais pourtant aller acheter cet opus du côté de la rue Saint Sabin, chez le taulier Born Bad.


Arthur Satan 2025 « A Journey That Never Was » sur Born Bad

mardi 29 avril 2025

IDAHO - 2024

 


Il y a donc eu un nouvel IDAHO. Les 13 ans d'absence auraient dû décupler ce beau retour embruiné, quelque soit la distribution. Les californiens ont fait les beaux jours de mes 2000's (auprès de Grandaddy, Spaklehorse, Low.. dans le genre) et un peu plus encore.

Un an qu'il est sorti !!, personne ne m'a rien dit... c'est ma came pourtant, ce sec son en poisseuse lenteur qui me traverse. Je vais réserver tout le reste pour me focaliser, ça tombe bien, une chaleur inattendue nous tombe dessus alors qu'avril met son jaune crucifère à terre. L'ombre d'un arbre pour ne pas me cuire le casque, peut-être les gambas au soleil, le nouvel album d'Idaho tout le laps de temps qu'il faudra, il est tout pile-poil comme j'aime, doucement, le strict minimum.


IDAHO 2024 « Lapse » sur Arts&Crafts

vendredi 25 avril 2025

Catherine Lara 1972

 


Rien à voir avec un confinement. Je me souviens très bien encore il y a cinq ans et ce recroquevillement, le cul dans l'herbe à souffler, à fouiller l’alentour de proximité, approfondir les quelques encablures. C'est finalement le seul moyen qu'on ait trouvé pour stopper les guerres et les avions. Je me souviens d'entendre souvent mes grand-parents afficher cette phrase qui me sidérait.. « il leur faudrait une bonne guerre... ». Peut-être je sortirai bientôt une même idée à la con.. genre « Il leur faudrait un bon confinement à tous ces cons.. ».


Rien à voir avec le confinement mais je suis bloqué à l'étage de mon toit, pour cause de travaux. En bas c'est le chantier, l'odeur de plâtre, le vacarme, la cloison qui tremble, là-haut, c'est la mansarde, la lumière oblique, le cocooning tuilé, seul étage où personne du dehors n'a le droit de monter. Les vinyles, les livres et les Compact-Disc y sont soigneusement déposés. Le rocking-chair s'y balance, les canapés sont racoleurs et le son délicieux. L'ordi éclaire la sous-pente blanche, les disques laissent passer la profondeur prune de la peinture murale. Le parquet grince et je laisse le grésillement des galettes me bercer.

Oui, pourquoi je vous raconte ma vie comme ça, je suis en fait tombé sur un album oublié, comme tant d'autres, comment peut-on tout écouter nos pépites si tous les jours il faut laisser le confinement dans le confins des souvenirs !! Je suis isolé en haut avec Catherine Lara et son premier album. Remugles d'émotions pétrifiées. Au moment où la rockeuse inondait les ondes, je revenais avec sous le bras « Ad Libitum », totalement improbable (Je crois que j'ai le même problème avec le premier Lenorman).


Ses chansons en coquelicots crépons sont éditées par April Music, la poésie est à son comble (aménagé). Boublil à l'écriture, elle aux notes. C'est une jolie époque pour plein d'artistes qui sont devenus autre chose après. Je sais pourquoi maintenant j'aime tant Marissa Nadler des forêts. Il y a un vinyle de Joan Baez rangé pas loin .. comment j'ai classé tout ça moi ? Pochette noire, visages en clair-obscur, avril c'est surtout la mort d'Orion. Pas évident de mettre Catherine Lara sur la table, qui la connaît ainsi, juste avant le petit jour, le cœur à découvert ?? Un quatuor acoustique habité, Denise Glaser en onde protectrice, « L'étranger » religieusement qui me fait penser à « La veuve de Joe Stan Murray ». Tout coule au gré de son chant et des enjolivures la vêtant.


Quelques heures confiné, je n'aurai sans doute pas retrouvé Catherine à l'étage, la Lara land des beaux jours, la mienne cet après midi sous la pente, « Ad Libitum ». D'un autre temps.


Catherine Lara 1972 « Ad Libitum » sur CBS

 

vendredi 18 avril 2025

Saya GRAY 2025

 


J'avais sûrement besoin d'une nouvelle peau. Un instant magique. Je zappe musique dans le vide depuis quelques jours, j'écoute de vieilles choses qui me réconfortent certes, mais en décalage total avec le foutre pollinique des nouvelles lumières d'avril.

Sur nos abris, l'indécence des branches, le fécond même la nuit, et au bal des couleurs sucrées à butiner, la liste est longue. L'opéra des oiseaux, la course des feuilles, et le silence débourré entrelardé. Je fouille sans espoir déterminé, je picore la croûte, il me faut un truc qui gigote et s'entortille. Et puis à travers ma cave à zic (et un souvenir Magic!), l’arrêt net sur cette petite grenouille et la boucle qui démarre.

C'est une écoute raccord, l'accord parfait avec l'air qui jute là juste alentours et même au creux des rhizomes enfouis.

C'est un signe pour moi, cet album séminal en boucle et cette respiration profonde sous mon Cercis éclaté par le haut soleil dans l'axe. Dès la troisième chanson « Line Back 22 » j'ai squatté pour ne plus rien lâcher. « How long can you keep up a lie ? » et un clavier qui se mêlé au tronc... « 10 Ways.. » et son petit accès de fougue sur « Exhaust the topic »... « Puddle.. », je ne connais absolument rien d'elle, je suis vulnérable, comme j'ai pu l'être très souvent avec Kazu Makino.Et puis tiens, la pochette plombée est très jolie.


Saya Gray 2025 « SAYA » sur Dirty Hit


mardi 15 avril 2025

Neal Francis - 2025


 

À peine émergé du pavé « Turn the Beat Around » de Peter Shapiro, je tombe sur cette remise à zéro de Francis. Un album à bousiller toutes les soirées blind test; qui, quand, où ?. Steve Dahl doit s'agiter la paillette dans sa tombe.. il est pas mort ?? bah le disco non plus. Il n'a jamais mouru, il s'est même glissé un peu partout des zazous à bien après qu'on ait cru l'avoir tué. Inferno, Moroder, HI-NRG, penthouse musical, Studio54, politique, Chic, social, Paradise Garage, freak, de la cave au dance floor.. et les Maxi Extended Remix à la sauce dancing machine sur à peu près tous les groupes de rock qui n'en répondaient pas, même Led Zeppelin.


« Need you again », « Back it up », « Broken Glass » du Francis et le corps se laisse aller.

Les vinyles inondent à nouveau, comme c'est bizarre, tout revient et les abeilles gisent, même Barry.

Johnny à Pantin 79 jouait le jeu, se pinçant du disco sur le final « Le bon temps du rock'n'roll » de Bob Seger qui a discoté lui aussi .. « le wok'n'roll est là pour rester» qu'il a hurlé le Jo, presque touchant. Trois ans après ce live avec le costume du King qui a discoté lui aussi, il chantait son « Veau d'or Vaudou ». Bref, dans ma chambre au début des 80's, il y avait adossé à cette prise mythique du Pavillon de Pantin, le « Main Course » des Bee Gees, l'aube d'une erre nouvelle pour les frangins. Et moi, tout m'allait, King, Gees ou Pantin quand on avait plus rien à Smet.

Shapiro et son fleuve sur « L'histoire secrète de la Disco » bu, je me laisse embarquer par le nouvel album de Neal Francis avec sa tronche Jagger qui a discoté lui aussi, comme plein d'autres, comme moi, comme ce grand sapin sans cône du quartier de Buttes aux Cailles complètement vêtu jusqu’en haut d'une écharpe de Glycine mauve. Je arpenté la Rue Gérard à l'écoute de ce disque improbable. J'ai dû faire un tour entier sur moi même quand « Back it up » est passé en plein pavés. Le conifère lui tanguait sans cesse sous le vent couloir infra basse pas loin des Cinq diamants, avec son écharpe Sly violette au parfum Nil Rodgers.


Quelle coïncidence ces pages et cette musique, quelle évidence.. le disco ..il est là pour rester.


Neal Francis 2025 «  Return to Zero » 

 

vendredi 4 avril 2025

Barclay James Harest (1974) "Live"

 


Viens là mon petit bichon, ils disent plein de saletés sur toi, papa est là, on va se remettre un petit coup de « Negative earth » dans le cornet, la version live 74 en plus, histoire de bien leur arracher une larme de résipiscence à ces mesquins.

Il faut défendre la chose et rendre justice. Alors, va falloir choisir la bonne pièce, le bel argument et pas se vautrer le papillon avec un « Turn of the Tide » ou « River of Dreams » et tendre la batte aux hyènes.


Juste après ce qui est sûrement leur sommet studio unanime (« Everyone Is Everybody Else » 1974), sort la même année le « Live 74 » qui rivalisera avec « Live Tape 77 » pour les aficionados. Cinq albums à mettre en scène, un premier bilan, Lees est barbu, Les est toujours chevelu, l'inspiration est au sommet, cette prise londonienne est dorénavant une référence. Certes il y a le « Mockingbird » pour le final, mais il n'y a pas le « Child of the Universe »..et ça, faut en profiter. J'avoue à la décharge des détracteurs, au même titre que le mur du Roger ou la biquette du Brian, que le groupe s’appuie beaucoup trop depuis des lustres sur ces deux morceaux piliers récurrents.


Y a t-il des madeleines pour l'adolescence ? Quand la musique diffusée est de son propre choix. J'étais doux, réveur en retrait de tout après l'enfance, je me laissais vivre au fil des saisons et les punks étaient des aliens, qu'est ce qu'il m'a pris de me réveiller au sortir du collège, j'étais bien moi avec mes vinyles sur mon Grundig sous la mansarde à contempler la plaine sans rien faire d'autre, sauf peut-être chevaucher ma bécane pour aller vinyler chez un disquaire ou une bibliothèque. Je me souviens exactement des choix de celle de Chartres quant aux disques à papillons proposés. Le « Live Tape », j'en ai claqué ma mitraille pour le mettre dans le caddie de Rallye. Et encore à sec en carbure avant les prochains, « Face to face » et « Victim of circumstance » en cassette. Ça se méritait un album à l'époque bande d'ingrats. Et puis la mollesse du « XII » sur les rochers de Perros-Guirec, pendant les vacances de Pâques 1985 à boire le celtique de « The closed shop ».


La madeleine est pleine comme une huître, une perle dedans, ce «Live 74 » tombé bien longtemps après, quand l'affect récurent s'est déplacé vers les débuts, laissant l'adolescence sur la grève des échouages « Gone to Earth », « Welcome to the Show » qui restent recroquevillés dans le dos du gâteau pour mes contemplations d'un autre temps. Calmez-vous, je les aime encore ces opus, tel « Octoberon » en drapeau comme des aile, il est juste question ici de défendre son pain. 


Bref, un live à écouter pour les live, et pour le groupe, pour ceux qui ont encore un doute, aussi pour refaire le lasure d'un vieux mur ligneux qui craquelle. En tout objectivité, c'est un grand disque :) 

 


Barclay James Harvest 1974 « Live » sur Polydor.

jeudi 3 avril 2025

Albin de la Simone 2025

 


La belle Osmanthe en haie parfume le chant du merle, il n'en faut pas plus pour imaginer la journée autrement, son haleine de fruits tièdes aux ondes de jasmin mets en ébullition quelques idées que je cherchais jusque-là. Il est très tôt, pas impossible que je relativise beaucoup de choses aujourd'hui jusqu'à mon prochain passage ici. Les fleurs oléacées aiment se faire remarquer, j'ai pas l'air con avec mon Bel-ami sur le paletot.

Le jour apparaît au bout de la voie ferrée, dans quelques minutes le festin du nectar et la haie se pavane. Mes yeux prennent l'aiguillage, les petites fleurs blanches courent le long de la tige et montrent du doigt la direction. Le temps repartira quand le haut de la plaine passera au vert, pour l'instant l'incendie prend, le ciel m'écrase et je cherche une musique à écouter.

L'Osmanthe a susurré son âme albumine, c'est tombé comme une haleine fleurie, de buisson en éveil, « Toi là-bas ». Le pointillisme colza jaunit l'étendue, dans quelques temps je valserai à nouveau avec les lilas.

J'ai trouvé la bande son pour démarrer le potron-minet, l'hameçon. J'ai vu les 100 prochaines années sur scène, y'avait « Ma gueule » déjà, c'était beau et doux, délicat comme le lourd parfum silencieux des petites fleurs crèmes du jeune matin. Plus mélodieux que jamais, une embellie, le feu s'éteint, il n'y a plus que du vert partout..il va falloir y aller.


Albin de la Simone 2025 « Toi là-bas » sur Tôt ou Tard

vendredi 28 mars 2025

Thin Lizzy 1971-72


 

Les manuels de survie et le macaron devient radioactif et faisandé, cinq ans après le fiak politique et la pause humaine. On ose tout, comment les envoyer au charbon chargés de consignes. Tète de linotte au pouvoir, l'amateurisme patauge dans la marée noire normative. La vase et le naufrage est long.

Le contenant préoccupe, dévidé dedans et la croûte croule sous les lourds édifices avec l'abrutissement parpaing des souffles courts. Bosser pour un obus, opprobre à la pointeuse.

Qu'à cela ne Thinienne, j'ai le son de Lynott dans la tète. C'est le bassiste, principal compositeur et chanteur du groupe et « Baby face » galope (tiens donc). Mururoa, radioactif, faisandé et en plein nuage, les Thin Lizzy naissaient.

Piles plates et vêtements chauds à prévoir, frontale Barilla al dente et suppositoire ardent, c'est qui cette « Sarah » ?

Qu'ils aillent tous se faire braiser la rondelle avec les fascicules abrasifs d'urgence coûteuses, faut pas contracter, compote à la Biafine pour l'estomac.


Sous l'effet des sessions acoustiques à paraître, j'ai ressorti les albums du Lizzy. Lisier ce qu'ils veulent, je n'irai pas dans un bunker, ni dans le Dakota. Juste « Eire » de rien, voire « Dublin » en plein air, quoiqu'il arrive, sous un ciel incandescent sans manuel. 

 


Thin Lizzy 1972 « Shades of a Blue Orphanage » 1971 « Thin Lizzy »

etc....sur DECCA

mercredi 26 mars 2025

Steven Wilson 2025


Ce garçon, en dehors de refaire le son des papys prog genre Tull and Co, Caravan, Elmer etc, sort très régulièrement des opus sonores aboutis, puissants et très chiadés avec toujours la même dégagement alentours.

C'est un énième drapeau brandit du genre, car si la tiquette Kokalane vibre encore sous les décombres de quelques acharnés, il est des acteurs qui se battent et ne lâchent que dalle, défendent et guerroient sans barouder. Ian Anderson à l'Olympia... Steven Wilson à Pleyel. Bref. Ça bataille à manger un toit, étoiles abyssales au plafond.

C'est une belle transition en apothéose pour les disques avec un morceau long sur chaque face. J'adore, je prends les 2 côtés d'un bloc, ou en deux fois..j'adore et récidive.

Ce mec là travaille non-stop. C'est un style, un genre, une famille..que dis-je..un monde. Steven Wilson envoie sans cesse. 

 


Steven Wilson 2025 « The Overview »

mardi 25 mars 2025

Loren Connors & David Grubbs 2024

 


Autre duo paysagiste, Grubbs & Connors. La palette devient marécageuse, les notes se morfondent, il n'est pas question de performance, mais de création avec recul et cogitation, pauses et introspection. Nuancier en berne, apesanteur ou profondeur, les instruments sont aussi travaillés. Oui je sais, mis il fait aussi nuit au printemps. Piano effets, somnambulisme en pleine journée, grattes hyper mises en rêve.

C'est une lumière précise à ce juste endroit. Un équilibre d'entités sous les tuiles de Room40, s'il vous plaît.


David Grubbs & Loren Connors 2024 « Evening Air » sur ROOM40

samedi 22 mars 2025

Oren Ambarchi & Eric Thielemans

Guitare et batterie farfouillées, le méditatif est cinglé. Les cordes et les peaux sont travaillées au corps jusqu'aux mânes. Du vieux jazz psyché réunit les deux âmes en fusion. C'est un live, une performance minimale, harmonieuse battle explorée, deux faces de 25 minutes environ, j'adore ça. Ça pourrait être une heure sur un seul morceau. « Beginning » et « Conclusion » c'est pas la même chose. Shulze, Tubular.... The Necks.. j'adore ça.

On a le temps de s'immerger et on va pas se gêner. L'impression qu'ils sont plus encore. L'expérimentation vivante avec un filet d'acidité des 70's quand les piliers du jazz abaissaient leur pH.

Je connais Ambarchi et ses balades chez Hapna, Tzadik, Touch, Editions Mego, Textile, Drag City, Staubgolg et Rune Grammofon... ce duo est une découverte, deuxième trace physique pour eux.

Le son est jouissif, la pochette me tue. « King Regards » objet physique extraordinaire.


Oren Ambarchi & Eric Thielmans 2025 « King Regards » sur AD93

jeudi 20 mars 2025

Félicia Atkinson 2024



Félicia repasse par ici. Elle est cyclique, instrumente mes pensées. De nouveau les montagnes avec un bleu. Elle arrive et à nouveau me prends la tète entre ses mains, me murmure l'engourdissement de mon ressort, éponge mon agitation. Mon corps tout entier est passé par le siphon, moi qui ne prend jamais de bain.

Une saignée des tendons, bavardage siphonnée, je me laisse prendre par le sable de mon fauteuil et je grimpe à nouveau dans mes souvenirs, sur les flans obliques du ravin de Méouille, au creux des combes du Pelat.

Il y a bien longtemps, je me suis assis sur la roche grise du mont Pelat. Tout en haut. Le grand vide d'un côté, la vallée dévalant de l'autre avec le lac d'Allos en contre bas, l'espace ne s'est pas arrêté.

Elle est avec moi et tant d'autres avec, je revis mon Mercantour d'alors avec le vertige en plus, juste le corps qui parle et la pensée à la merci de tout, la sensation inoubliable susurrer là par cet album. Grimper d'un pas lent écouter son espace, tout regarder au ralenti, l'horizon montre les dents, le ciel se fonce, le vent dans la capuche chante, et mes godasses sur la molle terre éponge déneigée depuis quelques semaines seulement suggèrent le battement. C'est le son de mes pas lunaires. Sans bouger, Félicia est venue farfouiller ma tète à nouveau.


Félicia Atkinson 2024 « Space as an Instrument » sur Shelter Press

vendredi 14 mars 2025

Gene Vincent 1970

 


Bien fait pour ma tronche.

Le rock à Billy pas pour moi, le Wock'n'Woll à la rigueur, mais de moins en moins. Elvis à très petite dose, par contre Gene Clark.....

Et voilà ma douleur. Je découvre en pleine poire, un album de Gene Vincent que je pensais rangé dans les gaufrettes du Rock'n'Roll à Billy. Cliché.

Dès la première note je glisse. « Sunshine », personne ne m'a rien dis, jamais. Bravo les amis. Ce morceau, c'est Vincent, pas Clark du coup, et pourtant. Du Mickey (Newbury) aussi, plus que de l'Elvis. et l'album défile. Certes du Rock'n'Roll quand même, mais vachement grignoté par les 70's et le Western. Le pavé tombe avec dedans une sensation Rory Gallagher, « Slow Times Comin' ». Quasi 10 min, quel pied.

Cajin Colinda câline qui cajole au violon de saloon. Mais je ne danse pas, alors assis sur le tabouret du fond, la « Geese » me récupère.

Retour au Gene, « 500miles »..en mode à nouveau Clark et Newbury (Mickey).

Je découvre, ou plutôt je n'écoute volontiers Monsieur Craddock que depuis quelques jours. Avec ce vinyle extraordinaire éponyme à la belle pochette, son avant-dernier.

Et de descendre de l'étage sous le charme de ce bon son, ma compagne ajoutant, « c'est joli ça, on prend un truc ? Tu veux un Gin Vincent ? » (dédicace au Toine).


Gene Vincent 1970 « Gene Vincent » 

 

jeudi 13 mars 2025

The Bony King of Nowhere 2024

 


J'ai scarifié la croûte, il a beaucoup plu, le cou tendu luttant de la pâquerette sacrifiée a rangé ma ferraille. Il fallait bien un peu sacrifier. J'ai abdiqué. Ma sueur sur le lombric, le merle s'est régalé. Vers salés, vers quelle solitude la narcisse sort de la boue. La perce-neige fait la moue, révolue déjà et pourtant tout renaît. Le crocus et les crocs, l'impatience. Je suis rentré m'abriter.

Pas envie d'être zigouillé dans le Zigourrat, alors je zigzague et cherche. La musique est ma religion quand la plaine ne veut plus de moi. Je fouille et far-fouine. Je connais, c'est déjà entendu. C'est frais, j'adore, je réchauffe. Les étiquettes à la corbeille j’approfondis, ça me plaît. Les clichés oubliés.

Découverte sur des terres remâchées. C'est vachement bien ce disque. Des radios en tète, des ondes qu'on sait déjà et surtout ce tantôt à chercher du son à écouter, un truc nouveau pas très neuf. Assis sur mon lino, Bony brame et chante, il règne sur mon oisiveté.


The Bony King of Nowhere 2024 « Everybody Knows » sur Unday Records

jeudi 6 mars 2025

The Limiñanas, 2025

 



Il s'agirait plutôt de causer de la disparition des abeilles.

Un discours martial, un siècle disparaît. Les tracteurs épandent toujours autant … certes, concourt de chibre planétaire et menace nucléaire … la rengaine, mais creuser des tranchées à nouveau sans pour autant semer, on rêve mon cher Watson. Le bipède s'est dressé avec un silex dans les paluches pour faire du feu et récolter. Pour égorger aussi. Les réseaux sociaux.

Mes parents sont nés en 1943 sous le bruit des bottes et des obus. Je les ai embrassé ce midi encore en leur lâchant. « eh merde, si ça s'trouve vous allez vous barrer avec le même bruit, sans les abeilles ». Leur boucle, les cycles, une spirale.


J'ai toujours été partagé entre le rejet et la haine. Au moins avec la misanthropie on peut développer quelques intelligences écrites en laissant pleuvoir les squelettes blancs et couler le sang délavé.

Alors, je n'ai pas dit que la pluie ça mouille, elle inonde aussi à notre échelle. Pour l'instant elle donne des couleurs rosées à mes saxifrages qui se réveillent. Du coup, le reste …. question d'échelle.


J'ai la bêche en feu, le plantoir en rut. Le ciel est silencieux et le pollen féconde le vent. L'Est et l'Ouest ont la même odeur, la terre tourne.

Une envie de m'enfoncer l'asticot dans l'humus. Et je n'ai pas parlé de faire l'autruche. Juste se faire du bien dans la taupinière, accepter la terre, avoir conscience du cosmos et embrasser la gorge des myopes souterraines. Sombre glorihole à plat ventre la tronche dans les Véroniques tendrement bleutées et la Cardamine en joue prête à catapulter ses graines, biner un peu pour revivre, tenter le bulbe assoiffé dérangeant la chrysalide enfouie et tomber sur un obus des années 40. Je kiffe le monde.

Et si on causait du dérèglement climatique.


Limiñanas 2025 « Faded »sur Because Music

mardi 4 mars 2025

The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble 2006



Eméraldine en cime, la dîme jazz sur nos âmes. Une étendue dark cyan jusqu'au dôme pointu blanc suce la calebasse. On s'accroche et on descend, suspendu sous le plafond. Les parallèles sont arrondies et la rivière remonte vers le bleu céleste. J'ai des doutes sur les sens. Et l'endroit où je suis. C'est un jazz que j'aime particulièrement. Il est bleu, free, expérimental, tendu et un poil post-rock, détendu et imaginé à l'envers, la neige au bout tout en bas, la boule à flocons que l'on renverse dans son huis clos. Sax cordes et peau, la délicatesse acidulée des altitudes, éminence azur.

C'est un point de vue extraordinaire sur l'inimaginé calé sur cet endroit unique.

Dénovali est un univers parallèle. The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble est son jazz affect.

 

The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble 2006 « The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble » sur Denovali

jeudi 27 février 2025

Miossec 95

 


Je nage comme je peux au milieu des moutons. Plantés, les grands arbres à hélices ne sont pas des phares, ils donnent juste le sens du vent. Il y avait pourtant les moutons. Mais où sont les falaises ? Les poteaux de craie ont des reflets d’outremer, les abysses sont peut-être plus proches que la côte, j’ai pas mon tuba. Anémones à terre, éoliennes de mer, je suis à bout de souffle. Ventilons. Ces pâles pales qui tournent allument l’ampoule du phare que je n’arrive plus à voir. Quelle connerie, tourner en fond. Mon angoisse est palpable, dans quel sens nager ? Tranche de hasard définitif, mon front hagard sent les récifs, « étouffer les sirènes ».

Quel drôle de rêve avant d’aller à nouveau me plonger dans ce bain de fadaise d’entretemps. J’ai la trombine salée et mes draps sentent le varech. J’ai pas regardé le 7-0 on s'en foot, la rade ne prendra jamais l’eau. Quelques tempêtes seulement. Les rades en zinc. La troisième mi-temps dans la troisième dimension, une mise en bière animale avec les matins assassinés. « Miossec, tonnerre de Brest » invitation au voyage en ARTE, et voilà mon déclic citrate. Foutu terre du Finistère qui tangue sous mes quatre fers. « Boire » en boucle du coup, pour les souvenirs, l'album contagieux, ça m’apprendra, la prochaine fois j’écoute « Baiser ».



Miossec 1995 « Boire » sur Play it again Sam


mardi 25 février 2025

Pulp - 1997


 

Et Sheffield me tombe sur la peau. A force de me faire cracher dessus par ce ciel vérolé, l'idée d'être aspergé par moult giclées cellulaires m'est venue comme une averse. Tant que les ligneux ne suceront pas la terre, la boue nous collera toujours cette moue tenace. Bientôt le bourgeon, la pompe vers les cieux, débourrage et envies d'y ajouter sa gomme arabique, en attendant la peau duveteuse sur le velours du sofa, toujours l'espoir.

La ville est sale, les tronches sont dégueulasses, des fantômes font la marelle sur les auréoles mordorées d'hydrocarbure, bitume la grise, des yeux sur la rivière de caniveau, le gargouilles entendent tout. J'ai un chef d’œuvre dans la tète. Des cuivres graves, de la grave Brit bien lourde avec accent et chœurs, J.Cocker de Sheffield, pas Joe, mais Jarvis, la chaloupe timbrée, la pochette Roxy, l'idée de tanguer sur de la pop sensible bien bâtie, les violons sur des claviers crachins, 1997 en apothéose. Ma fille avait 2 ans, mon fils naissait, j'avais quand même le temps de bouffer de l'opus sonore dans sa plus belle texture, danser un slow sur « Dishes » et de me bouffer la « Sylvia » dans sa flotte. Quel disque !!

L'intro à la Arab Strap du titre éponyme a toujours tendance a faire vriller mon attitude et mes gestes dans mon huis clos qui passe du sérieux au sulfureux, cuivres zombies, Jarvis incarne au maximum, double pavé, monument.


Pulp 1997 « This is Hardcore » sur Island records

 

jeudi 20 février 2025

Ignatus - 2025

 


Toujours dans les gros films sensationnels, quand un zinc passe dehors au dessus, l'acteur dans son salon regarde le plafond. Il sait qu'il ne verra pas l'engin pourtant son regard suis la trajectoire suggérée. C'est un peu ce que j'ai vu quand les Victoires sont passées sur l'écran. Une charpente avec tuiles et cheminée comme écran. Opaque et pas que. Mes yeux éberlués. Au dedans de mon huis clos, Ignatus lui était bien là, histoire de retrouver la vue.


Tiens l'herbe grasse, 1997, « L'air est différent ». Se vautrer dans la grass dodue comme Perry Blake ou The Necks qui a déclenché quelques souvenirs gras minés.

Sa voix rassure et ricoche sur tous ses albums, la poésie où il y en a presque plus, saisissons. Sa danse en douce tranche du pastel embaume, rouflaquettes et de jolies choses chantées. Ma jeunesse aussi se réveille, avec des corps de murs en cailloux, des odeurs de silex et d'humus labouré. Torchis. Des chansons comme les siennes de terre me renvoient toujours à ce que je fus, ce que je suis à l'écoute de « Dans les virages », dedans ses croquis humains à travers lesquels il faut zigzaguer comme on empoigne sous les ombres.


La grimace aussi pour mon premier verre de vin. Ma première cuite accidentelle à cinq ans a dû imposer le processus de rejet. Un quart de siècle après pourtant, c'est devenu une découverte, un délice, tanin tannant mes mots retrouvés.

« Dans les Virages » m'apaise. Il est délicieux cet album, on est bien, sous un ciel taquin, avec un verre de vin et beaucoup de mots divins.

Dans la catégorie plus beau chansonnier... « L'ombre » plus que tout.

Ignatus 2025 « Dans les virages » sur Ignatub 

mardi 18 février 2025

Milan W. 2024



Dream pop enclenchée. En plus sombre, la guitare dépitée, 90's, j'avance en tâtonnant j'attends l'effet. Il n'a pas traîné. Il n'est plus question de flotter mais de surnager. C'est une pépite d'effondrement stoïque, l'angle est souffreteux, et la fuite visqueuse. « I wait » me tabasse. Tout me saigne. La lucarne empoignée, je cherche de l'air à respirer. Vasistas entrouvert la tasse à boire, et je reste accrocher, tant qu'on a de l'air on garde la mémoire.

C'est tellement beau, on dirait être un survivant de tout.L'épaisseur vrille la note, le Jack mou et le batteur torché et sans cesse ce héron qui me fixe. Milan Warmoeskerken entre dans mon obscurité. Et ça danse en apesanteur, ça tourne et défaille, autre sublime découverte.


Milan W. 2024 « Leave another day » sur Stroom

 

samedi 15 février 2025

Wallners 2025


 

Décidément, la nouveauté ne me lâche pas. Envie d'avancer encore un peu plus dans l'année histoire de fuir, d'aller fleurir.

Un appel au temps clément, une prière à la nuit paisible éclatante et dégagée, et je plane un peu sur cette gracieuse apparition.

Bucolique à rester figé devant un miracle de lumière lunaire chialant un ligneux nu. Il y a de l'écho dans cette pénombre immobile. Des chants suspendus, des notes flottantes, tout s'évapore. On en oublie cette air frais qui tombe sur les épaules. L'haleine en buée floutant cette prairie, duc en curiosité, brocard cloué, quelques branches craquent et les synthés s'allongent.

Une grande fratrie patauge dans la dream pop, berceuse contemplative, des murs palpitent et les teintes sont belles.

Sublime découverte 2025.


Wallners 2025 « End of Circles » sur Upstairs

mardi 11 février 2025

Tunng 2025


 

Pas humain cette flagellation glaciale sur la face, blizzard, frimât et rafales d'aiguilles en pleine poire. Qui va interdire d'aller au taff sous des températures négatives ? On n'est pas des pingouins !! Déjà les forceps au réveil, si on te jette dans l'eau glacée en plus, comment faire pour aimer les gens après.

De même, quand il fait beau et soleil, quand le ciel est clément avec des ondes tièdes à faire se balader les plus lourds canapés, on devrait rester dans son jardin et sur les chemins.


Et la pointeuse dans tout ça, cette bote noire de nos fatigues récurrentes, la fente vicieuse de nos acidités. Il fait cendre, le vent n'a aucune ambition, le mercure végète sans prendre de décision, mes pompes sont trempées alors qu'il ne pleut pas.. alors on bosse. À quoi se raccrocher, même pas envie d 'aller pisser, faire péter un troisième café, à quoi bon être énervé, de toute façon ça se saurait si là j'étais en train de créer des richesses. Assis sur mon steak je matte la mouscaille, je pavane mon ciboulot et regarde mes paluches automatisées gesticuler. Quoi écouter ? Il me faudrait un truc légèrement sucré avec une pointe de sel, léger en tout cas, pas gai, surtout pas, mais pas déglingué de la jovialité non plus, neutre comme cette absence de temps. On va pas sautiller, ni s’effondrer, juste se mettre bien dans ce cambouis ambiant.


C'est doux, ça plane, ça croustille dans la mélancolie, je me souviens des belles heures de Static Caravan Records, il y avait ce groupe délicieux qui faisait frétiller les paupières, from London. Tunng 2005. L'époque où je me vautrais dans ce style, l'auberge Morr Music, Fonal aussi et tant d'autres.

Tunng, tiens, j'ai lâché après la « Turbines ». Qu'est ce que j'ai aimé « Mother's Daughter and Other Songs ». « Love you all over again » 2025 est tout comme il faut, fidèle à cette douce électronica sur de belle mélodies folks. 20 ans en arrière, tout ce qu'il me fallait. Tiens, une éclaircie.


Tunng 2025 « Love You All Over Again » sur Full Time Hobby

Fontaine / Arelski : BARAKA 1980

  C'était mieux maintenant. Les textes défilent et rien ne changent. Les belles histoires d'amours figent la plaque. La plus belle ...