mardi 19 août 2025

Citron Citron - 2024

 


La voûte se démantibule, la cogite s'attise et finalement cet automne de mi-août a son petit charme. Toutes ces feuilles jaunes tombées sans calendrier, les mêmes feuilles à terre qu'aux étés de la Saint-Martin, mais croustillantes ici, cuites en plein vole. Paysage inattendu.

Le sol chips se gausse un peu des grillons fatigués, les pas saccadés crépitent et rythment la tiédeur molle, une belle musique anachronique voltigeante voile la bouillante rondelle jaune, le ciel devient synthétique émoustillé par les clapotis des libellules qui barbotent. Les vesces se trémoussent sous mes pas craquants « Est ce que tu dors ? ».

Ce duo m'enchante, entre le monde de Burgalat et les rêves organique de Tellier.


Toutes ces feuilles qui jonchent déjà. Moi, bien loin d'une « Crise d'aaaangoisse » je danse dedans, il faut se faire à l'idée, il va falloir écoper un moment donné, je reste dans leur bulle, je suis accaparé et intrigué. « Maréeternelle » est un instant fantasmagorique, Citron Citron une découverte.Et quelle pochette !!


Citron Citron 2024 « Maréeternelle »


vendredi 15 août 2025

Alain Chamfort - 1976

 


Clarinette sur le bilan, costard dans les graminées, un peu too much le lapin sur le piano. Aucune fleur bleue dans les hautes herbes, pourtant je le suis à fond sur cette chanson, depuis un paquet d'années. Pourquoi l'impact de celle-là ? J'en sais rien, mais elle m'embarque toujours, flon-flon et re-flon-flon en cuivres gras et petit orchestre pop de bal musette quand tout le monde est presque rentré depuis quelques lampées d'une niôle locale qui rend fou. Le jour a beau mettre minable les derniers lampions qui vacillent et bavassent, tout n'a pas été résolu.

Pas grand chose à retenir de cet album, il est d'époque, et y'en a tellement des « Lucile », peut-être « La musique se lève à l'ouest ». Je n'ai aucune idée de la répercussion de Chamfort à ce moment-là, « L'amour tsé-tsé » .. insupportable. Lui aussi, souvent.

« Mariage à l'essai », rien que celle-là, Chamfort aux notes, Rivat à l'écriture. Un vieux mariage, je suis fou, je déteste l'idée des unions administratives et religieuses, j'ai joué le jeu début 90's, c'est passé comme on attend son tour pour valider son ticket de loterie. J'aime bien l'idée aujourd'hui, de cette journée pénible, ce truc qu'il fallait abroger le jour suivant pour mieux s'unir, ce vieux bois qu'il faut lasurer tous les jours, ce sentiment d'être un ancien combattant et d'aimer quelque soit le métal et la pierre. Ce n'était finalement pas une mauvaise idée.


J'ai une troublante anecdote avec ce vinyle. Aucune raison au début des 90's, qu'il soit dans le garage de cette famille-là, immigrée depuis 20 ans, à Lucé en Eure-et-Loir. Un Johnny encore, ou un Eddy, mais Alain !! Je n'ai jamais su d'où il venait, pourquoi il était là. Quand mon beau-père a disparu en 1992, nous avons perdu la trace de ce 33tours. Je demande souvent ce qu'il est devenu, le disque, qui l'a chapardé, revendu ou gardé précieusement pour la nostalgie. Il n’empêche depuis, je dors toujours auprès de sa fille avec mes vieux rêves.

Je viens de trouver sur Vinted le 1er des 3 coffrets pour autant d'euros que d'années de mariage pour moi et la fille du garage d'Augusto à Lucé avec dedans entre autre, le deuxième LP d'Alain Chamfort. Il a disparu avec lui, qu'est ce qui foutait là.. le disque. J'y pense souvent. J'écoute uniquement cette chanson de cet album. Elle est belle. Je fais tout pour que la fête continue même si tout le monde dit qu'on est fou.


Alain Chamfort 1976 « Alain Chamfort » sur CBS

lundi 11 août 2025

Jean-Louis Murat 2008


 

On se recroqueville derrière des cicatrices, quelques chansons belles comme des amulettes tournent comme les saisons. On repasse tout, je cherche la faille, je me vautre et lutte contre les amours en fuite. Des leçons à farfouiller mes déraisons, je me mets des coups de savates dans l'âme comme on brame le glas, je m'enlise dans le déni.

Spleen de Tristan en longues heures de tristesse. Je ne m'y ferai jamais.

J'écoute, je me noie, un morceau m'échappe, il tape dans la poitrine, je vérifie d'où vient « La prière », mon streaming chiale et je fouille parmi mes galettes. « Marlène » appelle à la génuflexion, foutre de crénom. Le flot amer pour quelques notes se dissipe, comme une nouveauté, j'écoute cette chanson bonus cachée de Jean-Louis Murat. Lourd comme une âme en peine, grinçant comme la cruauté, je jubile en triste sujet, il fait un peu plus jour, je découvre un JLM.


Jean-Louis Murat 2008 « Tristan »; "La prière"

 

samedi 9 août 2025

Chris Garneau 2021

 


Ma salive en plein estivage, j'ai le goût de la chaume dans le naseau rien qu'à regarder la poussière des herses s'envoler. Le soleil est déjà dans sa descente, la sève à bout de souffle. Les prunus passent à autre chose.

La chair de guigne est un souvenir, le noyau attend la pluie. J'écoute « The Kind » en boucle, toutes mes cellules en transhumance dévalent sans rien déballer. Je fais de la rétention d'émotions, j'hésite à dévoiler. Il n’empêche, tout s'est figé et le Panic-pied-de-coq chante à crête rabattue ses épis plumés de haute gorge à dévaler sous le vent-là vital et tonique.

Descendre des alpages, amener en bas l'altitude sous ses paupières et toutes les écritures d'en haut pour faire un disque. Sommet de poésie.


Chris Garneau 2021 « The Kind »

mardi 5 août 2025

Wet Leg - 2025


 

Bouffée de chaleur sur les joues, la tempe offensive et les yeux plissés je dévore « Moisturzier » à moitié urgé. Ça gicle affolé solidement développé. Je me suis dit dans un premier temps, ouaih, y'en a des tonnes des groupes ainsi à faire du bruit. Ce beau brelan m'ébranle, les deux filles ont trouvé trois zicos du tonnerre, la recette fonctionne, je suis pris au jeu.

L'accroche racole et me colle au casque. Âpre et sec complètement boumer je me dandine.

J'ai loupé l'apparition virale de 2022, on me la fera pas sur cette confirmation proposée aussi en cassette.

10 balles la nouveauté, rien que pour faire jouir ses baffles et tremper le carrelage. Petit coup de gingembre dans mon ciel gris, filles caféines, je tiens plus en place.


Wet Leg 2025 « Moisturzier »

jeudi 31 juillet 2025

Guy Blackman 2025


 

Le temps des lilas disparu est un leurre, un autre celui des Indes fleurit quand tout est grillé. Plus intense en couleur, moindre en odeur. De l’autre côté de la palissade, les Robiniers sans épines

tapissent les trottoirs de leurs confettis crèmes. On dirait un lendemain de carnaval. Sophora et Lagerose sont à la fête. C’est exactement l’image qui m’est venue à la vue de cette sublime pochette. Une dominante de couleurs qui apaise.

Il fallait aussi que je tombe sur de la chanson nébuleuse, légèrement bancale et fragile tout en

gardant l’idée que je déambulais déboussolé au beau milieu de l’été qui avait déjà connu la brûlure. Un ciel vaseux, un thermomètre moelleux, météorologiquement intemporel avec alentours les teintes qui ne laissent aucun doute sur l’instant. Il pleut un peu sur les ardoises. J’ai laissé cette aubaine musicale diffuser comme on enfile une pelure au petit matin d’un été qui reprend son souffle.

Les abeilles butinent au sol les fleurs tombées du Sophora japonica avant d’être piétinées. Le rose

intense des fleurs de mousseline du lilas d'été, ce sera pour ce soir quand les fleurs s’allumeront. « Out of sight» est un nectar délicieux qui me perd un peu dans l’air, dans l'émoi et le calendrier.


Guy Blackman 2025 « Out of Sight »

samedi 26 juillet 2025

José Afonso 1971


 

Le grand estuaire où le Tage se dévide a craché sur la petite capitale de collines saillantes. C'est la première fois que j'arpente ses rues de belles pentes sous le crachin. Même ce ciel dévorant la ville a du mal à faire taire les couleurs lumineuses de Lisbonne. À peine rincés les petits pavés glissants s'allument et le blanc se répand comme le fado tristeza qui résonne dans les bas fond dégringolant vers le bras de mer.

Des nuances de jaune sur quelques façades se diluent et les bougainvillées empourprent encore. La place du commerce est toujours aussi belle avec ses petits clapotis de vague tout en bas. Alors je pense à Pesoa une fois de plus :

« Tout l'entassement irrégulier et montagneux de la ville m’apparaît aujourd'hui comme une plaine, une plaine de pluie. Où que s'étende mon regard, tout est couleur de pluie, d'un noir pâle. J'éprouve des sensations bizarres, toutes également froides. Il me semble parfois que le paysage essentiel est tout entier de brume, et que les maisons cette brume qui le voile ».


Je vais m’engouffrer dans l'Alfama et déguster quelques tentacules grillées avec des grenailles à l'huile d'olive. Quand même, il ne pleut pas des journées entières ici, les entrées maritimes avec le fleuve éventré crachent doux et puis c'est tout. L'onde est une fête mélancolique qui bruine et ternit à peine la grande lumière de Lisbonne. Le vent pleure Ferdinand sur la Plaça da figueira. J'imagine sa présence au creux de cette nouvelle ville pour lui, savoir ses yeux neufs, connaître ses pensées nouvelles, ce timide fonctionnaire. Je suis à peine attaqué par cette grise angoisse, je suis de la Beauce quand même et les fines pluies canadair toussotant qu'elles sont, me lustrent le cortex.


Bien loin d'ici, sous le fracas d'une chanson révolutionnaire « Grândola, Vila Morena » d'une dictature qui va disparaître, au château d'Hérouville, José Afonso enregistrait son album mythique « Cantigas do maio ». Dans les murs du studio de Magne 1971, Christian Padovan, Michel Delaporte, Branis et Granier avec quelques autres musiciens portugais œuvraient pour cette pépite historique, poignante et sacrée.


José Afonso 1971 « Cantigas do maio »

vendredi 18 juillet 2025

Fausto 1982


 

J'oscille entre la brûlure du ciel et la douce lecture intranquille sous l'ombre d'un olivier centenaire. Un vent fort et chaud assèche la sueur de l'âme. Le parfum des herbes cuites accompagne la lenteur de mes journées abandonnées. Sur un autre arbre en face de moi, une petite cage à oiseaux sans fond se balance. Je suffoque sous les fortes rafales. Un perchoir est encore dedans, une passiflore s'y est déjà agrippée. J'aime l'idée d'une cage sans fond.

Tout est doux et calme, je bois toute la culture des contrées plissées, je mange ici, je dors là, je ne prends que l'offre de ces collines abruptes. Jusqu'aux arômes

Un vaste dôme montagneux se dresse devant moi, la montagne de l'air. Mon corps est lourd. La fosse atlantique est à quelques vallées d'ici, un peu de sel dans le vent. Les murs blancs aveuglent, et les rues pavées comme des peaux de serpents s'entortillent dans le village. J'ai posé pour un moment les pages de Pesoa pour écouter Fausto et celle belle découverte locale. Carlos Fausto Bordalo Gomes Dias de son vrai nom. Il ressort ces jour-ci dans le pays. Toute la lourde histoire sur un folk de voyageur comme ce vent de caractère me remue. Mais je suis bien arimé au tronc tordu et robuste de mon olivier.


Fausto 1982 « Por Este Rio Acima » sur Triangulo / Columbia

jeudi 3 juillet 2025

Joan as Police Woman 2024


 

« Started off free », et le ciel se couvre. Oh, rien de menaçant, juste baisser les yeux et ne pas se disperser. Focus sur un crush récurent, JAPW, « To Survive » la gorge serrée, « Damned Devotion », « The Deep Field »..au feu... et ce « Lemon, Limes and Orchids » dans un reliquaire. Cet écrin, de la pop soul qui va faire jazzer dans ses plus beau habits légers.

Rien ne dépasse, ciselé, taillé dans l’albâtre avec des outils délicats et une chaleur des cellules. Clim à fond dans la caisse, « With hope in my breath » fait onduler l'habitacle, le pare-brise est bouillant, je sens son haleine sur le poitrail, l'horizon se trouble, tout devient mirage. « Long for ruin » et mon cou perle, je lève le pied et tangue dans ma chemise serpillière.

J'ai dans la bouche une grande idée de canne et d'agrume jaune citrique à vert profond mentholé avec une avalanche de glaces, une banquise fondant à vue de palais autour de ma paille en carton. Cet album classieux est un cocktail caniculaire.


Joan as Police Woman 2024 « Lemons, Limes ans Orchids »

mardi 1 juillet 2025

Léonie Pernet 2025

 


Tendance à étriquer partout, les mots de chagrin sur une peau crachin, agripper la rampe pour résister à la vitesse. Les semelles ne tiennent plus, ça sent le roussi. Là où il n'y en a plus, avant de l'atomiser, la poésie sous un angle d'ardoise cendrée, l'éraflure sur un son à raccommoder sur le « Reflet du monde lointain ».

Comment faire pour nous désencombrer ? Se désenclaver la gueule, peut-on encore se soustraire de la rotation ?

Lymphe épaisse, entaille de saignée par l'horizon, mon corps élastique s’allonge, la tète dans les nuages, les talons dans le limon la queue girouette. Des racines et des influences, troublante Léonie Pernet. « Poèmes pulvérisés » me foudroie debout. Puis me traverse. Le thermomètre est pulvérisé, allongé, plombé, je me laisse traverser.


Léonie Pernet 2025 « Poèmes pulvérisés »

vendredi 27 juin 2025

Ambre Ciel 2025


 

La « Reverie » est passée, la bascule est là, le soleil repart dans l'autre sens, les moissonneuses le savent bien. La chaume est une couleur que j'adore renifler. L'ocre nacré cuit souligne les bois. Le ciel est ambré, je découvre après Rebecca et Aliayta, « Still, there is the sea » d'Ambre Ciel. Jessica Hébert fait danser l'orchestre en fragments d'émotions avec son chant qui fait place discrète.

J'ai vu des immeubles surgir, puis disparaître, l'aurore comme le crépuscule là où tout se bouscule avant le noir et le grand jour. Agnès Obel, Soap & Skin... elle prend possession d'une âme philharmonique ambiante pour chanter alors que tout se fige.

Tout plane au sommet de quelques chose. Un mirage. Dans des nuées de poussière de blé battu, Ambre culmine.


Ambre Ciel 2025 « Still, there is the Sea »


mardi 24 juin 2025

Rebecca Foon & Aliayta Foon-Dancoes "Reverie"

 


Le soleil au plus haut, nuit toute petite pour fêter la musique, la fête des éboueurs, au jour qui se lève des camions en ligne comme après la guerre.

Cette nuit-là, quand les sœurs Foon se sont tues, il restait au dessus de mon jardin les étoiles médusées et un doux vent faible qui faisait chantonner les charmilles. La chauve-souris était déjà collée aux tuiles du hangar, plus aucun battement, juste cette caresse musicale dans toute sa délicatesse. Il me semblait que les lichens fredonnaient, les mousses reprenaient un peu de rosée histoire de préparer la journée suivante. Les vieilles guignes noires toutes cuites suintaient tout leur jus au bout des branches lourdes de sucre. J'entendais le bruit des larmes noires tomber sur la vieille table en fer, comme des clapotis grillés en grésillements de musique de chambre nocturne. C'est comme ça, les cerises saignent quand les moissons commencent.

La musique était là, la plus belle qu'il soit, il n'a rien fallu nettoyer au petit matin. J'ai posé ma tasse de café sur les traces de caramel sang comme une sève figée. Le jour était là depuis quelques heures. J'ai remis « Reverie » de Rebecca et Aliayta. Constellation. Silver Mt Zion.. Set Fire to Flame. C'est un pur chef d’œuvre. Ce n'était pas un rêve.

 

Rebacca Foon & Aliayta Foon-Dancoes 2025 « Reverie » sur Constellation


samedi 21 juin 2025

Casagrande 2025

 


Je brandissais il y a une grosse poignée de mois « Villes Sauvages » adossé aux indispensables de mes étagères de par ici. Août 2023, énumérant la liste avec lui des opus qui comptent. Il n'a pas été depuis rangé ailleurs que sur cette cime-là, définitivement adopté. Tout s'est allumé depuis.

Je fredonne souvent les « Silures », « Baltimore », elles sont ici proposées en versions outre-Manche, et je traverse des frontières avec Casagrande dans ma besace, à peine dépaysé. Je connais le chant habituel de Nicolas, et « Wild Cities » me transporte vers le Polnareff 1975. « Wandering man », « Rainy day song », une idée de réconfort chansonné sur une autre langue, et toujours cette duveteuse mélancolie.

Une façon pop de prendre à soi la chanson de par ici. Le mérite du globe. Il faut dire que Fabien Martin est toujours aux manettes. Quel son, il fait des merveilles...Littoral Little, une belle famille artistique qui me colle à la peau.

Jeff Halam est là, son jeu de cordes graves sur « Never let me down again » entre autre, et pour l'écriture aussi. Et puis « Sea Song » avec Cheval fou, Armelle déjà sur « Le gant sur la peau »(« Glove on your skin » avec Nadine Khouri cette fois-ci), la dernière fois que cette chansons m'a flanqué les poils, c'était avec Married Monk. Il faudra un jour élucider le mystère pour ce joyau là, je lis tout, je cherche et farfouille, j'aperçois quelques pistes, mais rien sur la mitochondrie.


Un crayon de bois dans ma boite aux lettres, je vais rajeunir d'un seul coup. Rembobiner à l'ancienne. La galette et la K7 pour un pack vintage, je suis comme un gosse, j'use à nouveau mon auto-reverse. Deuxième album pour Nicolas Contant, et une cassette en sus, il est fou, c'est tellement bon.


Casagrande 2025 « Wild Cities » sur Littoral Records

mardi 17 juin 2025

Fontaine / Arelski : BARAKA 1980


 

C'était mieux maintenant. Les textes défilent et rien ne changent. Les belles histoires d'amours figent la plaque. La plus belle de toute dans les douceurs les plus troublantes. On traverse depuis des millénaires, passe à travers, ou pas. Faut pas contracter sinon ça pique, se cramponner aux affections, sucer l'ardeur.

J'ai marché au bord de la Remarde ce matin, il faisait encore frais. Le ru entortillé m'a accompagné mollement jusqu'au ruisseau. Cortège d'insectes, opéra d'oiseaux, le vent faisait frissonner les hautes herbes. Un talus de canches ondulait, juste quelques vulpins des près à la danse timide restaient raides. Plus le soleil montait, plus le lit s'élargissait, trois libellules ne lâchaient pas l'ombre. Je suis passé à côté du terrain de tennis abandonné. Deux belles pommes sur l'asphalte mousseux semblaient attendre le nylon tendu. Juste derrière une fontaine aguichait quelques guêpes nerveuses. En fredonnant « La traversée », je me suis arrêté au café tout près de l'église de Saint-Martin-de-Bleury. J'ai pris un bock avant de rentrée chez moi. Quelque part loin d'ici le long des rivières et de la baraka, faut éviter le mortier. Quelques grenades sur un terrain de tennis en ruine. 


Brigitte Fontaine, Arelski Belkcem « Baraka  1980 »


« De Baltimore à Bab El Oued

J'allais bramer dans les bastringues
Avec un buriné bipède qui bandait pas pour le burlingue
Dans ce bar branché bipolaire
À faire basculer les belles-mères
J'allais besogner le brouillard avec un tambour de bazar

T'allais baver pour les babas et les broutards à boucles blondes
Des petites bulles de baraka (et des bonbons pour les James Bond)

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka, pas pour la bagarre et le branle-bas
...

Ils s'braquent à bloc sur l'baston, des barbes bleues bardées de bronze
Des cow-boys bourrés de béton, des zombies bidons et des bonzes
Qui leur balancent une blanquette à écrabouiller les banquettes
(À vous briser les roubignoles, à vous faire barrer d'la boussole)

Pendant qu'tu brûles de la banquise, braconnant le bonheur sans but
Et me baignant aux quatre bises avec les boucs de Belzébuth

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka pas pour la bagarre et le branle-bas (branle-bas)
…....

Ras l'bec de brouter du bitume et d'barjotter dans une bagnole
Ras l'bec de branler de la brume et d'barrater des branquignoles
Pendant qu'les barbeaux du business qui nous bastonnent des bassesses
Biberonnent des bourbons dans leur buick, j'bosse par peau d'balle et crotte de bique

Tu vas broyer tous ces bouchers qui se font bronzer la baudruche aux Bahamas
Avec ton blé (pendant qu'j'balise dans les balluches)

Baby, boum-boum, baby, boum-boum, faut faire un break
Y en a ras l'bol de ces blancs-becs
Qui bandent que pour le bazooka, pour la bagarre et le branle-bas »

"Baby Boum Boum"

dimanche 15 juin 2025

BRIEG GUERVENO - 2025

 


Piers Facini du Finistère avec des songes d'Anthony. On sent moins le varech que Denez, l'art de Brieg est pétrifiant, il déborde sur toutes les autres terres. Habité, d'envergure mystique sur des flots d’acoustique. Il y dedans quoiqu'il arrive du celtique. Antonio Zambujo du Portugal danse sur les mêmes landes d'ajoncs et de conifères, et tant d'autres encore. Du sable sous nos pas, qu'il soit dans la forêt ou sur le bord des chemins, l'océan n'est pas loin, et le regard meure sur la terre intérieure lacérée de quelques lancées électriques.

La belle découverte « Un Noz A Vo », inconsciemment l'envie de fraîcheur sûrement, mais la mer est belle aussi quand la dune brûle, la vague est toujours froide.

Brieg GUERVENO 2025 « Un Noz A Vo » 

 

samedi 14 juin 2025

Pulp - 2025


 

Comment vont réagir les puristes à cette parution ? Je prends ce retour comme un bonus heureux avec dedans les ingrédients que j'aime bien. J'ai eu un gros retour « This is Hardcore » y'a quelques mois, l'aubaine tombe à ravir. Là, je suis bien dedans la pulpe, j'ai ce qu'il faut, sans plus.. remugles et madeleine même, sa voix, cette idée là, le style, la gratuité du processus.. et j'adore plus que tout l'ocre et le cobalt.

Pulp 2025 « More » 

 

vendredi 13 juin 2025

Geir Sundstol 2025

 


C'est l'heure vibrante de l'astre qui n'en finit pas de cuire. Lourdes persiennes, stores dilatés, murs boursouflés. Si les gestes ralentissent, les ondes d'un film spacieux calment le mercure, tout en s'accrochant délicatement à ses degrés, histoire de garder la lumière.

Pas d'imbroglio chez Hubro. Sous ces tuiles de jazz expérimental, d'ambiances follement dilatées, Geir Sundstol trace ses sentes de paysagiste. De drôles d’oiseaux dans cette auberge, précieuse agence de voyage au socle musique inébranlable et minéral. Juste les couleurs qui changent d'un artiste à un autre, une température, un angle, une hauteur, quelques latitudes et des milliers de lueurs.

Le plafond s'approche du haut des cranes, ça tape dur sur la faîtière. « Sakte Film » maîtrise à merveille la thermo-hygrométrie.


Geir Sundstol 2025 « Sakte Film » sur Hubro

samedi 7 juin 2025

Jay-Jay Johanson 2025

 


Le Deveron a eu raison de mon agitation. 10 ans d'age à la rescousse. Tout de suite le gras Trip Hop de Jay-Jay et les souvenirs, la découverte irréversible de « Whiskey » Portishead pas loin et ces longs tempo mous qui me vont comme de longs lents langoureux baisers abyssaux. « Backstage » m'embarque. Il y a du silence chez JJJ, celui du salon dont il vous en dépossède. Deux ou trois touches de piano pour la braise. C'est un doux poison le « Backstage », sa concoction habituelle, mon addiction crooneuse.

J'ai bien failli me fâcher avec sa tentative de coupe Aladin Sane dans les antennes. Il est revenu malter mes soirées avec « The long term physical effects are not yet known ». C'est de l'histoire ancienne, mon cristal à nouveau est un vitrail ambré, la lumière tourbée étreint mes glandes lacrymales. Ma nuque en cadence molle se laisse caresser par la glue.

Début juin automnale, ça tombe bien, la brique est trempée, je le garde pour calmer la prochaine canicule.


Jay-Jay Johanson 2025 « Backstage »

mardi 3 juin 2025

Peter Perrett 2024

 


Robert Foster, Elliott Murphy, Murphy en Peter.. avec mon pote on écoute souvent ensembles « nos petites vieilles ». C'est comme ça qu'on les appelle les quelques unes à nous, entre nous. Lui est un gros fan des Bauhaus, moi c'est plus The Go-Betweens.

Pas facile de causer de ces piliers, pondre un billet lourd de contexte et d'histoire, sans pour autant que ce soit notre came, patauger dans les remugles, éviter les clichés. Crédibilité.

Impossible à survoler, sauf peut-être le dernier Idol abjecte. Le devoir de dérouler, mentionner, des etc à tout bout de champs, ne pas faire comme si on découvrait.


Ou alors si. Se poser candide tout frais, en vieux puceau béa qui débarque, histoire de moins juger en se décroûtant la couenne. Y'a bien des jeunes d'alors qui balances comme nos viocs jadis.

Robert, ça passe tranquille, lumineux comme un petit dèj dans le train, Peter de Bahaus bof, un peu trop K2000 ou alerte à Malibu, au choix. Elliott a pris une entière de mes soirées et j'y retournerai, « Infinity » superbe à flotter sur son opulente discographie.


Et voici notre intersection avec mon pote branleur, l'accord parfait sur nos petites vieilles. « The Cleasing » avec le recul, une des plus belles sorties l'an passé. J'y croyais pas trop, je suis conquis.Je le garde, il sera Peter pérenne. Au fait, il sort quand un autre album solo la Jagger ??



Peter Perrett 2024 « The Cleansing »

mardi 27 mai 2025

Warhaus - J.Bernardt 2024

 



J'ai pas vu venir ce train caché par l'autre que je prends très régulièrement. Dès l'entrée instrumentale « Rio », jusqu'au sublime morriconien « Free » et change de quai. Le bolide qui cache, c'est Warhaus que j'écoute non stop le plus souvent possible. Quand « Ha ha Heartbreak » m'a pris la tronche en 2022 je me suis dit qu'il s'agissait là d'une définition presque parfaite d'une pop idéale à mes yeux, partagée avec celle de Baxter Dury à certains moments de l'année.

Gémellité J.Bernardt et Warhaus ? Maarten et Jinte à s'y perdre, physiquement pareil.


Pop donc, luxuriante, spacieuse, mélodieuse, moderne, moelleuse et bien produite. Easy à n'importe quelle lumière proposée. Trip chaloupé de crooners baladins.. de « Zero one code » à « I'm the ghost you forgot » récurent et entêtant. 

Je suis bloqué en boucle sur « Karaoke Moon » depuis des mois, le genre d'album qui passe à travers les écrits, mais qu'on ne range jamais. Comment parler de cette petite perfection pop ? par le biais de son binôme scindé Jinte Perez, alias J.Bernadt, deux opus 2024 avec celui de Maarten Devoldere de la Flandre-Occidentale, indissociables. Les fièvres du Balthazar.


Warhaus / J.Bernardt 2024 « Karaoke Moon » / « Contigo »

mardi 20 mai 2025

Morning Star Music Club 2025


 

Un air de coquelicot et de lin a pris la clé des champs. Terminé le jaune à faire pâlir l'orge et le froment. L’épeautre vit sa vie et les nuanciers défilent.

Ce tendre violet des étendues de linacées est apaisant, il contraste avec la robe sanguine des pavots. Les lumières sont pornographiques, j'aime tout, je suis polygamme.


J'ai longtemps était partagé par la sorti du premier opus de Jesse.D Vernon, « Morning Star » 1999 au crédit noir de monde. Je collectionnais les disques « Microbe » et les conseils de Magic ! Seulement voilà, jamais dedans, peut-être une fois de temps en temps. Il va falloir que je l'écoute à nouveau, car je tombe sur « Luminal Zone » et je suis hyper emballé, à tel point que les souvenirs du siècle dernier s'effacent.

Absolument printanier, totalement rouge et bleu, aucun goût de moutarde dans le vestibulaire.

« Mind mind » comme une belle légèreté plus que tiède, « Coming around » en ballade Macca avec Linda derrière, le doux funky de « Carry it home »... Cet album est bon, simple, sympa, easy en écoute à laisser défiler sans s'anicrocher avec quoique ce soit.

J'ai dû louper quelques chose de Morning Star, rendez-vous manqué. Tiens..« My Place in the Dust » avec John Parish aux manettes..pareil. Je ressors Magic !, les deux premiers albums, je m'y replonge tout en gardant « Luminal Zone » comme s'il s'agissait de retrouvailles.


Morning Star Music Club 2025 « Luminal Zone » sur Rough Trade

jeudi 15 mai 2025

Da Capo 2025

 
J'ai fait une belle découverte en 2023, Nicolas Paugam et son univers bariotifolié. On écoute sa discographie comme on s'abrite soi-même sans être bricoleur. « La Délicatesse » m'a cueilli et je suis encore sur sa balade sauvage. C'est une transition, avec son frère Alexandre, ils ont fondé Da Capo que j'ai découvert en 2023 donc. À peine le temps de découvrir la discographie grosse déjà, que « Songs from the Shade » me tombe sur les tuiles.

Pas un pour rattraper l'autre. La fantaisie du rêve est venue à peine bicarbonater mon réveil. À moins que le matelas ne me pelote encore. Dandy Arty fantasque en douce épopée plombée.

J'ai 90 Days Men en tète, la même dinguerie, Space et la même classe spiders qui fait l'élégance baroque et le nuancier fou de la lune et du soleil. « The Moon and the Sun ».. c'est pas possible une chanson pareil !! me suis fait sucer la fémorale ou bien ?

Élixir sonore injecté.. voix ajustées.. les mélodies à couper les gorges des carnes envoûtées. Je tangue, les montagnes acidifiées sont cendrées comme le Black Mountain écaillé.


Je ne regarde pas les ondes de peur qu'on ne parle point de cette folie, cette pureté mélancolique .. comment grimper la chaîne si de cendre elle est monticulée ? « Skeletons » et je dors dans la ravine les os encore fumants. « Shadows » je suis phoque en suie ; « Alone » où est Rover ? C'est coffré et fragile, classique et cabarété. « Hear me Brother » ? Nicolas ??

Quel herbage volcanique ? Quelle famille !!!


Da Capo 2025 « Songs from the Shade »

mardi 13 mai 2025

Bertrand Louis 2025

 
Le pavé Merlan Poire se pavane dans l'assiette, avant la morsure du beurre noisette. Le clapet s'impatiente j'ai du sel au bout des doigts, mes méninges suintent. Déguster comme on tient une pancarte, bientôt la traversée de Paris tranquille, sans se faire péter le steak plus que ça, avec sous le paletot le DVD du dernier Mission : Impossible enroulé avec la hampe.


Sur la planche en éventail comme dirait Brigitte, j'ai déposé quelques tranches fines de Comté, elle vont s'attendrir avant la croque. De l'autre côté de la baie vitrée grande ouverte sur un printemps qui bombe le torse, le hamac m'attend pour ma digestion au méthane. Ce sera pour tout à l'heure quand j'irai fredonner avec le merle les airs enjoués du dernier Bertrand Louis. Je repenserai à Baudelaire, puis Verlaine, je relirai quelques textes des « Fleurs du Mal » si le tangage ne m'embarque pas. À moins que je ne me fasse pomper copieusement le cépage Glyphosate par une femelle moustique que nous aimons tant.


Bertrand Louis 2025 « Stéréotypes » EPM Musique

jeudi 1 mai 2025

Arthur Satan 2025

 


Clavecin « Because » pose la palette direct et ouvre l'heure époustouflante. Une petite baffe les amis. Je n'aurais pas piqué un hanneton en voyant la pochette et le nom qui va avec, du Syd Beatles je vous dis. J'ai un vague souvenir d'un album des Simian qui avait en plus electro tâtait du côté pop Fab Four dela sorte. « Lovely Suzy » titille même le Harrison inspiré et l'ensemble un Caleb Landry Jones hyper produit et polissé.

Certes ça va faire râler les anti-revival rappel vintage rétroviseur en folie, mais et bref, le son culmine, la prod reluit, le jeu excitant happe, ambitieux, comment trouver encore de telles mélodies avec tout ce passé pop massif et fastueux. Il faut rester jusqu'au bout, « To please you all » et « The pagan truth » sont des bijoux de 6 min.

Oubliez la pochette, ce double vinyle est luxuriant, pas plus sombre que ça. Oubliez le pseudo du bordelais pareil, je vais me faire une cover à moi avec un blaze perso en écoutant ce brûlot, genre Arthur Kinks, Art Barett.... Je vais pourtant aller acheter cet opus du côté de la rue Saint Sabin, chez le taulier Born Bad.


Arthur Satan 2025 « A Journey That Never Was » sur Born Bad

mardi 29 avril 2025

IDAHO - 2024

 


Il y a donc eu un nouvel IDAHO. Les 13 ans d'absence auraient dû décupler ce beau retour embruiné, quelque soit la distribution. Les californiens ont fait les beaux jours de mes 2000's (auprès de Grandaddy, Spaklehorse, Low.. dans le genre) et un peu plus encore.

Un an qu'il est sorti !!, personne ne m'a rien dit... c'est ma came pourtant, ce sec son en poisseuse lenteur qui me traverse. Je vais réserver tout le reste pour me focaliser, ça tombe bien, une chaleur inattendue nous tombe dessus alors qu'avril met son jaune crucifère à terre. L'ombre d'un arbre pour ne pas me cuire le casque, peut-être les gambas au soleil, le nouvel album d'Idaho tout le laps de temps qu'il faudra, il est tout pile-poil comme j'aime, doucement, le strict minimum.


IDAHO 2024 « Lapse » sur Arts&Crafts

vendredi 25 avril 2025

Catherine Lara 1972

 


Rien à voir avec un confinement. Je me souviens très bien encore il y a cinq ans et ce recroquevillement, le cul dans l'herbe à souffler, à fouiller l’alentour de proximité, approfondir les quelques encablures. C'est finalement le seul moyen qu'on ait trouvé pour stopper les guerres et les avions. Je me souviens d'entendre souvent mes grand-parents afficher cette phrase qui me sidérait.. « il leur faudrait une bonne guerre... ». Peut-être je sortirai bientôt une même idée à la con.. genre « Il leur faudrait un bon confinement à tous ces cons.. ».


Rien à voir avec le confinement mais je suis bloqué à l'étage de mon toit, pour cause de travaux. En bas c'est le chantier, l'odeur de plâtre, le vacarme, la cloison qui tremble, là-haut, c'est la mansarde, la lumière oblique, le cocooning tuilé, seul étage où personne du dehors n'a le droit de monter. Les vinyles, les livres et les Compact-Disc y sont soigneusement déposés. Le rocking-chair s'y balance, les canapés sont racoleurs et le son délicieux. L'ordi éclaire la sous-pente blanche, les disques laissent passer la profondeur prune de la peinture murale. Le parquet grince et je laisse le grésillement des galettes me bercer.

Oui, pourquoi je vous raconte ma vie comme ça, je suis en fait tombé sur un album oublié, comme tant d'autres, comment peut-on tout écouter nos pépites si tous les jours il faut laisser le confinement dans le confins des souvenirs !! Je suis isolé en haut avec Catherine Lara et son premier album. Remugles d'émotions pétrifiées. Au moment où la rockeuse inondait les ondes, je revenais avec sous le bras « Ad Libitum », totalement improbable (Je crois que j'ai le même problème avec le premier Lenorman).


Ses chansons en coquelicots crépons sont éditées par April Music, la poésie est à son comble (aménagé). Boublil à l'écriture, elle aux notes. C'est une jolie époque pour plein d'artistes qui sont devenus autre chose après. Je sais pourquoi maintenant j'aime tant Marissa Nadler des forêts. Il y a un vinyle de Joan Baez rangé pas loin .. comment j'ai classé tout ça moi ? Pochette noire, visages en clair-obscur, avril c'est surtout la mort d'Orion. Pas évident de mettre Catherine Lara sur la table, qui la connaît ainsi, juste avant le petit jour, le cœur à découvert ?? Un quatuor acoustique habité, Denise Glaser en onde protectrice, « L'étranger » religieusement qui me fait penser à « La veuve de Joe Stan Murray ». Tout coule au gré de son chant et des enjolivures la vêtant.


Quelques heures confiné, je n'aurai sans doute pas retrouvé Catherine à l'étage, la Lara land des beaux jours, la mienne cet après midi sous la pente, « Ad Libitum ». D'un autre temps.


Catherine Lara 1972 « Ad Libitum » sur CBS

 

vendredi 18 avril 2025

Saya GRAY 2025

 


J'avais sûrement besoin d'une nouvelle peau. Un instant magique. Je zappe musique dans le vide depuis quelques jours, j'écoute de vieilles choses qui me réconfortent certes, mais en décalage total avec le foutre pollinique des nouvelles lumières d'avril.

Sur nos abris, l'indécence des branches, le fécond même la nuit, et au bal des couleurs sucrées à butiner, la liste est longue. L'opéra des oiseaux, la course des feuilles, et le silence débourré entrelardé. Je fouille sans espoir déterminé, je picore la croûte, il me faut un truc qui gigote et s'entortille. Et puis à travers ma cave à zic (et un souvenir Magic!), l’arrêt net sur cette petite grenouille et la boucle qui démarre.

C'est une écoute raccord, l'accord parfait avec l'air qui jute là juste alentours et même au creux des rhizomes enfouis.

C'est un signe pour moi, cet album séminal en boucle et cette respiration profonde sous mon Cercis éclaté par le haut soleil dans l'axe. Dès la troisième chanson « Line Back 22 » j'ai squatté pour ne plus rien lâcher. « How long can you keep up a lie ? » et un clavier qui se mêlé au tronc... « 10 Ways.. » et son petit accès de fougue sur « Exhaust the topic »... « Puddle.. », je ne connais absolument rien d'elle, je suis vulnérable, comme j'ai pu l'être très souvent avec Kazu Makino.Et puis tiens, la pochette plombée est très jolie.


Saya Gray 2025 « SAYA » sur Dirty Hit


mardi 15 avril 2025

Neal Francis - 2025


 

À peine émergé du pavé « Turn the Beat Around » de Peter Shapiro, je tombe sur cette remise à zéro de Francis. Un album à bousiller toutes les soirées blind test; qui, quand, où ?. Steve Dahl doit s'agiter la paillette dans sa tombe.. il est pas mort ?? bah le disco non plus. Il n'a jamais mouru, il s'est même glissé un peu partout des zazous à bien après qu'on ait cru l'avoir tué. Inferno, Moroder, HI-NRG, penthouse musical, Studio54, politique, Chic, social, Paradise Garage, freak, de la cave au dance floor.. et les Maxi Extended Remix à la sauce dancing machine sur à peu près tous les groupes de rock qui n'en répondaient pas, même Led Zeppelin.


« Need you again », « Back it up », « Broken Glass » du Francis et le corps se laisse aller.

Les vinyles inondent à nouveau, comme c'est bizarre, tout revient et les abeilles gisent, même Barry.

Johnny à Pantin 79 jouait le jeu, se pinçant du disco sur le final « Le bon temps du rock'n'roll » de Bob Seger qui a discoté lui aussi .. « le wok'n'roll est là pour rester» qu'il a hurlé le Jo, presque touchant. Trois ans après ce live avec le costume du King qui a discoté lui aussi, il chantait son « Veau d'or Vaudou ». Bref, dans ma chambre au début des 80's, il y avait adossé à cette prise mythique du Pavillon de Pantin, le « Main Course » des Bee Gees, l'aube d'une erre nouvelle pour les frangins. Et moi, tout m'allait, King, Gees ou Pantin quand on avait plus rien à Smet.

Shapiro et son fleuve sur « L'histoire secrète de la Disco » bu, je me laisse embarquer par le nouvel album de Neal Francis avec sa tronche Jagger qui a discoté lui aussi, comme plein d'autres, comme moi, comme ce grand sapin sans cône du quartier de Buttes aux Cailles complètement vêtu jusqu’en haut d'une écharpe de Glycine mauve. Je arpenté la Rue Gérard à l'écoute de ce disque improbable. J'ai dû faire un tour entier sur moi même quand « Back it up » est passé en plein pavés. Le conifère lui tanguait sans cesse sous le vent couloir infra basse pas loin des Cinq diamants, avec son écharpe Sly violette au parfum Nil Rodgers.


Quelle coïncidence ces pages et cette musique, quelle évidence.. le disco ..il est là pour rester.


Neal Francis 2025 «  Return to Zero » 

 

vendredi 4 avril 2025

Barclay James Harest (1974) "Live"

 


Viens là mon petit bichon, ils disent plein de saletés sur toi, papa est là, on va se remettre un petit coup de « Negative earth » dans le cornet, la version live 74 en plus, histoire de bien leur arracher une larme de résipiscence à ces mesquins.

Il faut défendre la chose et rendre justice. Alors, va falloir choisir la bonne pièce, le bel argument et pas se vautrer le papillon avec un « Turn of the Tide » ou « River of Dreams » et tendre la batte aux hyènes.


Juste après ce qui est sûrement leur sommet studio unanime (« Everyone Is Everybody Else » 1974), sort la même année le « Live 74 » qui rivalisera avec « Live Tape 77 » pour les aficionados. Cinq albums à mettre en scène, un premier bilan, Lees est barbu, Les est toujours chevelu, l'inspiration est au sommet, cette prise londonienne est dorénavant une référence. Certes il y a le « Mockingbird » pour le final, mais il n'y a pas le « Child of the Universe »..et ça, faut en profiter. J'avoue à la décharge des détracteurs, au même titre que le mur du Roger ou la biquette du Brian, que le groupe s’appuie beaucoup trop depuis des lustres sur ces deux morceaux piliers récurrents.


Y a t-il des madeleines pour l'adolescence ? Quand la musique diffusée est de son propre choix. J'étais doux, réveur en retrait de tout après l'enfance, je me laissais vivre au fil des saisons et les punks étaient des aliens, qu'est ce qu'il m'a pris de me réveiller au sortir du collège, j'étais bien moi avec mes vinyles sur mon Grundig sous la mansarde à contempler la plaine sans rien faire d'autre, sauf peut-être chevaucher ma bécane pour aller vinyler chez un disquaire ou une bibliothèque. Je me souviens exactement des choix de celle de Chartres quant aux disques à papillons proposés. Le « Live Tape », j'en ai claqué ma mitraille pour le mettre dans le caddie de Rallye. Et encore à sec en carbure avant les prochains, « Face to face » et « Victim of circumstance » en cassette. Ça se méritait un album à l'époque bande d'ingrats. Et puis la mollesse du « XII » sur les rochers de Perros-Guirec, pendant les vacances de Pâques 1985 à boire le celtique de « The closed shop ».


La madeleine est pleine comme une huître, une perle dedans, ce «Live 74 » tombé bien longtemps après, quand l'affect récurent s'est déplacé vers les débuts, laissant l'adolescence sur la grève des échouages « Gone to Earth », « Welcome to the Show » qui restent recroquevillés dans le dos du gâteau pour mes contemplations d'un autre temps. Calmez-vous, je les aime encore ces opus, tel « Octoberon » en drapeau comme des aile, il est juste question ici de défendre son pain. 


Bref, un live à écouter pour les live, et pour le groupe, pour ceux qui ont encore un doute, aussi pour refaire le lasure d'un vieux mur ligneux qui craquelle. En tout objectivité, c'est un grand disque :) 

 


Barclay James Harvest 1974 « Live » sur Polydor.

jeudi 3 avril 2025

Albin de la Simone 2025

 


La belle Osmanthe en haie parfume le chant du merle, il n'en faut pas plus pour imaginer la journée autrement, son haleine de fruits tièdes aux ondes de jasmin mets en ébullition quelques idées que je cherchais jusque-là. Il est très tôt, pas impossible que je relativise beaucoup de choses aujourd'hui jusqu'à mon prochain passage ici. Les fleurs oléacées aiment se faire remarquer, j'ai pas l'air con avec mon Bel-ami sur le paletot.

Le jour apparaît au bout de la voie ferrée, dans quelques minutes le festin du nectar et la haie se pavane. Mes yeux prennent l'aiguillage, les petites fleurs blanches courent le long de la tige et montrent du doigt la direction. Le temps repartira quand le haut de la plaine passera au vert, pour l'instant l'incendie prend, le ciel m'écrase et je cherche une musique à écouter.

L'Osmanthe a susurré son âme albumine, c'est tombé comme une haleine fleurie, de buisson en éveil, « Toi là-bas ». Le pointillisme colza jaunit l'étendue, dans quelques temps je valserai à nouveau avec les lilas.

J'ai trouvé la bande son pour démarrer le potron-minet, l'hameçon. J'ai vu les 100 prochaines années sur scène, y'avait « Ma gueule » déjà, c'était beau et doux, délicat comme le lourd parfum silencieux des petites fleurs crèmes du jeune matin. Plus mélodieux que jamais, une embellie, le feu s'éteint, il n'y a plus que du vert partout..il va falloir y aller.


Albin de la Simone 2025 « Toi là-bas » sur Tôt ou Tard

vendredi 28 mars 2025

Thin Lizzy 1971-72


 

Les manuels de survie et le macaron devient radioactif et faisandé, cinq ans après le fiak politique et la pause humaine. On ose tout, comment les envoyer au charbon chargés de consignes. Tète de linotte au pouvoir, l'amateurisme patauge dans la marée noire normative. La vase et le naufrage est long.

Le contenant préoccupe, dévidé dedans et la croûte croule sous les lourds édifices avec l'abrutissement parpaing des souffles courts. Bosser pour un obus, opprobre à la pointeuse.

Qu'à cela ne Thinienne, j'ai le son de Lynott dans la tète. C'est le bassiste, principal compositeur et chanteur du groupe et « Baby face » galope (tiens donc). Mururoa, radioactif, faisandé et en plein nuage, les Thin Lizzy naissaient.

Piles plates et vêtements chauds à prévoir, frontale Barilla al dente et suppositoire ardent, c'est qui cette « Sarah » ?

Qu'ils aillent tous se faire braiser la rondelle avec les fascicules abrasifs d'urgence coûteuses, faut pas contracter, compote à la Biafine pour l'estomac.


Sous l'effet des sessions acoustiques à paraître, j'ai ressorti les albums du Lizzy. Lisier ce qu'ils veulent, je n'irai pas dans un bunker, ni dans le Dakota. Juste « Eire » de rien, voire « Dublin » en plein air, quoiqu'il arrive, sous un ciel incandescent sans manuel. 

 


Thin Lizzy 1972 « Shades of a Blue Orphanage » 1971 « Thin Lizzy »

etc....sur DECCA

mercredi 26 mars 2025

Steven Wilson 2025


Ce garçon, en dehors de refaire le son des papys prog genre Tull and Co, Caravan, Elmer etc, sort très régulièrement des opus sonores aboutis, puissants et très chiadés avec toujours la même dégagement alentours.

C'est un énième drapeau brandit du genre, car si la tiquette Kokalane vibre encore sous les décombres de quelques acharnés, il est des acteurs qui se battent et ne lâchent que dalle, défendent et guerroient sans barouder. Ian Anderson à l'Olympia... Steven Wilson à Pleyel. Bref. Ça bataille à manger un toit, étoiles abyssales au plafond.

C'est une belle transition en apothéose pour les disques avec un morceau long sur chaque face. J'adore, je prends les 2 côtés d'un bloc, ou en deux fois..j'adore et récidive.

Ce mec là travaille non-stop. C'est un style, un genre, une famille..que dis-je..un monde. Steven Wilson envoie sans cesse. 

 


Steven Wilson 2025 « The Overview »

Citron Citron - 2024

  La voûte se démantibule, la cogite s'attise et finalement cet automne de mi-août a son petit charme. Toutes ces feuilles jaunes tombé...