samedi 31 août 2024

Jack White - 2024

 


La période bleue du J.White comme Pablo, une récréation, un mouvement avant le retour à l’écarlate. Période bleue comme une marque pour les soli. Le sanguin avait fui, la gratte au repos, l’ambiant pop en guise de Rage against the Zeppelin avait éteint en moi le feu râleur d’une urgence éraillée. Nenni, le bleu éclate, devient profond et clignote, intense et abyssal à souhait injectant la rétine jusqu'au bulbe. Bleu célibe, avec des remugles intenses de rouge et blanc,

J’ai chaud à la gueule, Jako est de retour.


Jack White 2024 « No Name »

dimanche 25 août 2024

Jan Bang, Erik Honoré, David Sylvian, Sidsel Endresen, Arve Henriksen

 


David en voice, Sidsel en vocal, pas vu le soleil depuis deux jours. Il me fallait un papier peint. De ceux qui nous prennent la main, en passe-muraille pour franchir l'herbier fantastique, les bijoux cuivrés. Franchir. Les samples de Jan et Erik pour le scintillement, les ondes cuivrées d'Arve pour planer, je traverse sans qu'aucun de mes os n'abdiquent. De pièce en pièce j'explore le fantomatique, jusqu'ici les mots sont restés silencieux, j'ai les miens dessus, l’histoire prend forme sur la position précise du cuivre dilaté, la voix guide, les cordes appellent vers la chambre voisine.

Dehors il pleut.

La symphonie de chambre ferme toutes les portes de la grande maison ancienne. C'est par les murs que l'on passe. Bras dans le mou, crane sur la cellulose, happé. Tout le reste y passe. 

Colliers et nervures, cendres nacrées, feuilles mortes animales, mycélium de placoplâtre j'avance englué.


Jan Bang, Erik Honoré, David Sylvian, Sidsel Endresen, Arve Henriksen 2012

« Uncommon Deities » sur Samadisound

lundi 19 août 2024

The American Music Club 2008

 




Une fâcheuse odeur d'automne a embuée mes chemins ce matin. Le soleil a démarré sa descente il y a deux mois déjà. Pas envie de lutter, je vais garder le sombre des sous-bois, ce parfum de moisissures qui fait gigoter l'humus imbibé, de toute façon le ciel n'a rien lâché de bleu, à quoi bon se débattre, dans quelques heures le crépuscule.

Un cognac, lumière tamisée sans les stores, le vent tiède ne changera rien à ma décision, les pôtes de Mark Eitzel sur « The Golden Age »avec ce son délectable dans un écrin, vont mettre en son tout ce merdier, on verra pour la suite.


The American Music Club 2008 « The Golden Age » sur Cooking vinyl

samedi 17 août 2024

Alabaster DePlume 2022

 


Je tends mon hamac de tout mon poids, harassé. Au dessus, les branches de mon Cercis ont pris des allures de bouquets bruissants de chips vertes. Des pétales cuites au wasabi chantent et craquellent sous le vent doux. Il suffit de marcher sur celles tombées pour entendre le bruit des fines tranches frites.

Un frémissement des pensées au rythme du chant des petits lobes cordés tous secs abusent de moi. Je suis parti avec elles. Elles sont saisies et moi aussi. Je n'ai pas la force d'aller retourner le vinyle, et le saphir en butée croustille en boucle après le dernier sillon. La fin d'une histoire. Le début dans les ramures d'une autre saison qui se dessine. La sève ne monte plus, la face B meurt en silence comme la neige sur l'écran et le ligneux commence à dénigrer son lot de feuilles.


J'ai foulé la terre chaude qui exhalait des parfums de pain cuit sur Makaya. Je me retrouve sous les feuilles chips qui chantent, IARC envahi tout , j'avance lourdement immobile, sûrement. Des flammes partout, de l'or toujours, je balance sous le souffle caniculaire d'Alabaster DePlume. Il est saxophoniste, mais aussi poète engagé qui psalmodie, compositeur de free jazz mancunien.

Il est ambiant dans son cuivre soufflé, me transporte très loin, musique cosmopolite, la moutarde de mes champs révolus se change en wasabi avec « To Cy & Lee » 2020, prend des allures africaines avec « Come with Fierce Grace » 2023, je suis couvert de dorure sur « Gold » que j'ai trouvé dans les bacs. Quel objet !!

Mon arbre de Judée croustille, je vis le monde. En attendant, IARC, ma nouvelle agence de voyage. 

 




Alabaster DePlume 2022 « Gold - Go Forward In The Courage Of Your Love »

sur International Anthme Recordings Company.


mardi 13 août 2024

Makaya McCraven - 2015


 

Les crocs de herses lacère la chaume, un nuage de poussière ocre pose une petite ambiance qui me plaît bien. Des fumigènes sur une scène épique pour le chant des cailloux sur l'acier qui trace. L'odeur de la terre bouillante rayée à peine retournée diffuse des parfums indécents. Cette musique pue le sexe. Plus loin la moissonneuse termine la parcelle, les épis sont révolus. C'est la fête, une envie de danse tribale derrière ce chalutier des champs qui lutte contre le courant du limon . La sueur prend tout et la peau du front, des bras et des épaules se maquille de milles grains de paille et de sa poussière qui défile comme un carnaval.

Le soleil tape, tout est doré, les corps, l'horizon et les vanneaux huppés déjà viennent glaner les grains perdus.


Makaya McCraven ensorcelle ce fou carnaval des fins de moisson. Il n'y a personne sur cette cuite étendue, juste moi et les engins. Mon casque suit la herse, tous ces lopins de blé partout sur le globe, les récoltes, le séminale dans la motte, des rituels et des vies qui s'alignent. Il faut nourrir. « Universal Beings » est un brûlot de BO pour danser entre les ballots au rythme lancinant et torride des greniers qui se remplissent.. une foule de gens avec moi, foulons sous un sniff d'escarbille.


Je suis immergé par IARC depuis quelques mois, je fouille je découvre, je fais mon chemin free jazz ambiant qui me parle comme j'ai pu le faire avec ECM, je capte des tonnes de couleurs, j'avance dansant sur la terre chaude de quelque-uns de ses protagonistes..je tripe sur la terre fatiguée, récoltée et griffée. Makaya me fascine. Il est batteur, « In the Moment » est sorti en 2015, noir de monde dans les crédits, une fête de jazz libre sur un label de renom. J'explore, je moissonne, le mercure grimpe, les champs ont une coupe rase. La pochette couleur blé grillé insuffle en moi le torride des jams de cet extraordinaire album augmenté en 2016. 

 



Makaya McCraven 2026 « In the Moment » Deluxe Edition sur International Anthem Recordings Co.


dimanche 11 août 2024

Rick Wright 1978

 


Le déclic d’un bouquin. Des conflits historiques, une histoire sans fin, Waters v/s Gilmour (Le mot et le reste). Aussi au milieu, des plus timides, des qui n’ont pas les épaules pour lutter contre le court des choses, les fleuves, des lignes d’accords ambiants se dessinent. Qu'aurait été Richard Wright sans le Floyd ? Romantique apathique.

Et je pense à George Harrison. Dans la queue de la comète. Rick la tète dans les nuées à planer sur ses nappes, le gars sympa, des influences. En accords d'architecture sonore, il a étroitement collaboré avec David Gilmour. Entente parfaite. A eux deux ils n'ont pas renverser la dictature Watersienne. Doucement, il a lâché prise. Pendant que Roger œuvrait en solo sous le nom de Pink Floyd, David et Richard, ainsi que Nick Mason sortaient leurs albums solo.

1978, sous Harvest, derrière Hipgnosis à nouveau, Wright a sorti « Wet Dream ». Assez floydien, comme ceux de Gilmour. J'ai moins accroché les délires de Mason qui viennent d'être réédités. Imaginons un Waters cool ( à la place du Waters prof) et tout ce matériel mélangé pour un ou deux opus du Floyd en plus. Tout comme on pourrait imaginer l'album monumental si « The Division Bell » mélangé à « The Endless River » avait rencontré « Amused to Death » au milieu des 90's. Dans le même délire, Dave et Rick auraient sûrement transcender « Radio KAOS » quelques années plus tôt. Je suis un peu resté ado, j’effleure souvent l'idée d'un autre chemin utopique de la grosse machine une fois le mur tombé. Le bouquin a tout ravivé.

Il est gentil Rick, il est sympa, démissionnaire, pas trop d'idées à apporter au sein du groupe après « Animals », noyé, en vacances il rejette « The Final Cut ». Évincé, licencié, il faudra attendre 1996 pour le deuxième album solo. C'est Steve Wilson qui s'occupe de restaurer les bandes, 2023 sous une autre pochette, « Wet Dream » reparaît. J'ai une tendresse pour cet album, pour ce mec largué. C'est pas « All things must past » certes, mais y'a de cette idée. Snowy White à la guitare, Mel Collins des Crimson au sax, et lui aux claviers et chant.

Rich Wright a disparu dans la plus grande des discrétions en 2008, « More », Syd, ses nappes, sa vie artistique a fondu après « Wish you were here » quand il avait avec David encore une once de pouvoir dans la baudruche. Je gardais ce disque enfoui quelque part, gravé et enregistré en cassette (c'est tout lui ça). Cette résurrection est une aubaine. Un autre truc sur Richard, chez les disquaires, il est rangé à la lettre « W », et non à « Pink Floyd » comme Mason. 

 



Rick Wright 1978 « Wet Dream » sur Harvest



mercredi 7 août 2024

Roy Harper - 1977


 

« Le vinyle est un objet d’art pour les pauvres ». Cette phrase d’époque entendue au creux d’un documentaire sur Hipgnosis a claqué dans mon cerveau. L’importance de la pochette qui appâte l’écoute. La musique dématérialisée est un carré d’agneau sans os.

Il faut fouiller les bacs pour retrouver cette idée d’outre-tombe. Le vinyle neuf est devenu un produit pour thuné. Il suffit de retourner une vieille galette d’occasion pour voir au dos l’étiquette Rallye d’origine avec dessus estampillé 42 francs. Ces mêmes 42 sont affichés derrière à la réédition 180g toute fraîche.. mais en euros. J’enfonce des portes ouvertes certes, mais ce doc artistique qui colle à la musique incarnée m’a plongé dans un abattement et un vague à l’âme qu’on finit par assimiler et noyer dans le quotidien. Les bacs à vinyles neufs hors de prix débordent et dégueulent de partout, il faudra les brader un jour. Un nouveau fiasco.

J’ai rêvé de bacs à disques cette nuit. Un rêve bizarre, je fouillais, farfouillais et sortais les galettes d’ocass dans mes préférences. Bob Seger..tiens que des albums inconnus, BJH..merde c’est quoi cette pochette « Octoberon », Murat, il est où le ventre de Dolorès ? Aucune pochette connue. Je reprends « Octoberon » pour voir la date de cette réédition, rien, c’est l’original. Je sors la pochette blanche intérieure, et là-dessus, mes inscriptions à moi. Oui, il y a pas mal d’années, j’écrivais à l’intérieur, date, impression, contexte d’achat. J’ai donc acheté ce disque il y a qq temps, et l’ai revendu. Je ne revends jamais les albums de Barclay James Harvest, ni les autres vinyles d’ailleurs. Y’a un truc qui cloche.

« Dark Side of the Moon », « « Axis, Bold as Love », « Love Supreme ».. rien à voir avec nos empruntes rétiniennes de pochettes officielles qui font du bien à chacune de nos écoutes. La pochette d’album est une chose vitale, ça parait évident à dire comme ça, écouter « The greatest » des Wings et imaginer l’ascension enneigée dans l’Himalaya, le cliché de la statue là-haut posée sur la cime blanche, offrir le vinyle au saphir et ouvrir le poster en matant les crédits.

Il me faut un vinyle rassurant pour me consoler. « Wish you were here », pochette mythique plus que la normale, « Have a cigare » avec au chant Roy Harper en invité. De fil en aiguille 1977, une autre pochette Hipgnosis travaillée en retouche pour Harper, album au contexte historique particulier, toute une histoire avec ceux qui ont créé la pochette de « Bullinamingvase ». J'écoute les pistes, scrute les sillons et le macaron Harvest jaune et vert qui me parle, mate la pochette et lis les paroles. J'aime beaucoup Roy Harper, quand la pochette ajoute et augmente, c'est une autre dimension.

Il fallait que je vous le dise, dans une vie parallèle, ils ont les mêmes disques que nous, mais les pochettes sont différentes.


Roy Harper 1977 «  Bullinamingvase » sur Harvest.


jeudi 1 août 2024

Jim White – 2004 / 2024


 

Des camping-car partout sur les artères, GPS programmés sur le sud, des idées de braises sur le sable avec des amis autour, de belles étoiles à portée d'haleine, seule la nuit pour éteindre les ardeurs, quelques instruments sur tous les styles, acoustique des grands étangs, pedalsteel, gospel, des beaux nylons et quelques peaux tendues, « Drill a Hole in that Substrate and tell me what you see » me revient dans la bobine.

Qu'est ce que j'ai adoré cet album, il y a 20 ans, rangé solennellement entre les Sparklehorse, Lambchop, Idaho, Eels, Howe Gelb....


La moustiquaire fait son job, les glaçons tombent comme des mouches, j'ai laissé tomber Jim white juste après cet album. Je ne sais pas pourquoi, je ne connais rien d'autre que ses trois premiers. Sûrement parce que cet opus 2004 m 'a contenté jusqu'à vouloir oublier le reste. A quel moment de nos écoutes on lâche un artiste ? Quelle fadaise nous détourne du chemin, n'inspire pas la fidélité plus que ça ?


C'est presque une redécouverte, je retrouve ce goût onctueux du plaisir d'alors. Je farfouille dans les souvenirs, je faisais quoi à ma première écoute scotchée de ce superbe objet comme un album photos. Je me noyais sûrement dans ce superbe livret, comme un voyage.


J'avais totalement lâché Jim White depuis ce Drill, peut-être le moment de reprendre la route, raccrocher les wagons. En attendant je déguste dans la tiède pénombre du cœur de l'été rablé la réédition de « Drill a Hole in that Substrate and tell me what you see » légèrement augmenté, avec ses amis (Bill Frisell, M.Wrd, Aimee Mann...).


Jim White 2004/2024 « Drill a Hole in that Substrate and tell me what you see »

Palace Brothers 1993

L’énergumène disait sautiller sur les plaines. Le désert, les grands espaces. J’avais pourtant l’impression qu’il était là, à mes côtés, va...