« Et soudain il n'y a plus de
fermier, de charrue, de grain, ni de fères Chess, de fils Chess.
Soudain le vin est tiré et Muddy vend la ferme ! Sur « Mannish
boy », on entend la joie d'un homme qui chante enfin pour
lui-même. » (Robert Gordon).
Depuis 1948 Muddy Waters était cloîtré
dans la compagnie Chess records. Une véritable jubilation, comme une
nouvelle liberté suinte de cet album signé chez Epic/Blue Sky, avec
Johnny Winter, comme un fils, qui produira l'album.
Les Stones sont venus respirer le blues
de Chicago, et c'est Muddy Waters qui l'avait drainé du Delta.
Tellement d'influences ont fleuri de ses mains fertiles.
Sur « Hard again », la
telecaster du bluesman est posée contre son tabouret, il ne jouera
pas sur cet opus là, les autres derrière, opèrent pour lui. Johnny
Winter qui sort d'une cure de désintox, donnera absolument tout pour
se rapprocher de la musique de son mentor. Le disque est une tuerie,
ça cogne, ça envoie, c'est presque violent, tout est plié en deux
jours, sans répètition, dans un studio à l'acoustique boisé, sans
overdubs, jamais ce son là ne sera retrouvé. Les gars derrière ont
le feu : Pinetop Perkins, Kenny Margolin, Willie Smith. L'impact et
les récompenses de cet objet seront considérables.
C'est le plein feu punk sur la planète,
un blues foudroyant vient tenir tout le monde en haleine, comme une
renaissance, celle de Muddy Waters, libre, bourré de vitalité...
« Hard again ». Il le dira lui-même : « tout ce
que j'entends est tellement bon que ça me refile la gaule ! ».
A l'issu de ce tremblement, encore
irradiés par les riffs de « Hard again », les fans de
blues découvriront dans les bacs un live épique « Muddy
« Mississppi » Waters live », qui gravera avec
toujours Johnny Winter dans l'équipe, cette résurrection
fondamentale de 77, à 65 ans, la carrière de MW repart de plus
belle. La réédition 2003 propose 11 bonus de cette session live.
C'est dimanche, une après midi blues,
de la musique dominicale, un grand moment dans l'histoire. Ça sent
la messe à plein nez, une messe noire, diabolique, une fantastique
pâmoison qui jute.
Muddy Waters 1977 « Hard again »
- 1979 « Muddy Mississippi Waters live »
label : blue sky/epic
4 commentaires:
Quel bien curieux hasard...
Voilà un album que j'ai mis dans ma besace vendredi afin de faire écouter du blues en cours - avec lui John Lee Hooker, Robert Johnson, etc...
Quand c'est sorti j'étais en pleine découverte de ce blues - je suis allé au concert de Muddy en tournée, j'ai aussi pris un max places pour d'autres artistes tel John Lee, bref, en effet en cette fin de période seventies, comme tu le soulignes ça avait fait un sacré boum (!).
Là j'ai accroché Johnny Winter, légende, vu à Montreux en trio, relancé et non revitalisé (car ce gars là a toujours été de l'énergie brute et pure) - un pur moment de bonheur.
Cet album est un rare moment de plaisir pur, festif, chose plutôt antinomique quand on parle de blues et c'est bien là le truc...
Festif et pourtant "tellement" blues.
Normal, un mythe, une légende qui te ressort ses bonnes vieilles habitudes, qui s'éclate en rencontre avec l'albinos, qui reprend la route...
Il n'en aurait pas été autrement, ces gars là ne peuvent décevoir, ça coule dans leurs veines... rien d'autre.
Allez, tiens, je vais me refaire le live, tu m'as donné la patate avec tout ça...
à +
Album absolument génial d'un artiste indispensable. Je l'ai pour ma part découvert dans la déclinaison Blues de "La discothèque idéale en 25 albums originaux". ( j'en profite pour faire la pub des ces coffrets car ils sont excellents, surtout pour les néophytes comme moi )
Ils avaient 16 ans quand Mike et Keith on acheté "The best of Muddy Waters" .. comme un fleuve, le blues a fait son chemin. Ceci dit Pax, tu as amplement raison, parfois les blues finissent bien, une belle histoire positive, festif, complètement lâché.
Bizarrement, mon fissot qui s'exerce aux cordes, a plus de mal avec ce blues "académique" et ancestral. Je crois qu'il fait comme moi, il commence par SRV et redescend le fleuve :D
Yes Bastien, j'ai déjà vu ces coffrets.. et comme j'ai une tonne de disk de blues, j'avais yeuté le boitier jazz :D et même soul.. tiens, maintenant que tu me dis ça, je regrette de ne pas avoir craqué pour ces 25 opus jazz.
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