Et des artistes fameux rentrent dans le
moule, endorment avec une poignée d'albums sans goût, avant de
rejaillir, « Beau repaire ».
Il y a des périodes où l'on est abîmé
par un opus impact, discret, que l'on s'accapare irréversiblement,
un séisme doux des sens, et j'avais un deuxième billet tout près à
propos de «
Toboggan », juste après l'avoir vu sur
scène. Puis tout se mélange, je ne m'en sors pas.
Tout se mélange, j'aimais les
introspections violentes et froides de Dominique A et je n'avais pas
pris de plaisir à l'écoute d'un Higelin depuis « Illicite »,
pour les mêmes raisons de rupture avec la complexité des âmes et
de moule, s'éloigner de « Remué » à tout prix, de
« Dobranoc » ou de « Nanortalik ». L 'appât
du moule.
Puis des albums comme « Toboggan »
arrivent comme une équinoxe. Aucune concession cette fois-ci. Un
bougon reculé, libre, l'incarnation artistique des portes de mes
plaines, l'amour de mon horizon. Envie d'une énième toile
beauceronne.
L'approximation des techniques, le flou
des paroles, le jeu de guitare dépressif, j'aime plus que tout la
maladresse des visibilités scéniques, et salue tout ceux qui ne
sont pas venu remplir le trianon, comme un plaisir égoïste partagé
avec le grand coq.
Je ne choisis que des disques français
depuis quelques semaines, toboggan tremplin, comme à l'époque de
« L'imprudence », une envie de proximité discographique,
comme une envie de tout lâcher, de rester sur mes sentes de
promeneur solitaire avec une tète de con.
Alors je m'appuie sur les potes, le
Papa Vince, le Zorno.. j'écoute le nouvel Higelin, je cherche à ne
plus glisser vers ce bac à sable, ce bout de piste de gamin qui veut
remonter immédiatement sur le toboggan, bousculant déluré, tous
les autres minots grisés par le manège. Je ne m'explique pas, donne
juste des circonstances atténuantes à mon plexus.
« La balade au bord de l'eau »,
ça sent le Trenet léger et heureux, c'est quoi cette surproduction
bruyantes au mi temps du fil de l'eau ? Je coule.
« Délire alarme »..
« bateau ivre.. l'ïle au trésor, l'amour, la vie , l'amour la
mort ».... ouaih et la guerre c'est pas beau ??
« Tu m'as manqué »..ça
empire. C'est pas le cœur qui bat au printemps, c'est le cerveau qui
respire..je passe.
« Seul » assez bruyant
aussi.
« Angoulème »..ça va
mieux, mais je vais mettre un Thomas Fersen..ou remettre « Tomber
du ciel » tiens.
Oh la vache « Duo d'anges
heureux ».. je reste collé dessus, comme les beaux duo de
Louis Ville, des Tètes Raides …... ça y est j'y crois.
« Être là... » il est où
mon dernier Thiefaine ?
« Pour une fois ».. ça y
est je replonge dans « Ballade pour Roger ».. décidemment
« Tomber du ciel », ou alors « La taille de mon
âme » de Darc... superbe.
« Hey man »..euhh on sent
encore sous la semelle la dureté du piédestal ..merde pourtant je
sens que c'est bon, j'y arrive pas là, je replonge... je remets
« Extraordinaire voodoo » et je revient.
Oh nan pas « La joie de vivre »,
pas ce manège primesautier comme un Trenet tombé du ciel qui s'est
mal réceptionné.
Arrfff, la fatigue me plaque sur
« Tomorrow morning »..pourquoi il veut faire Arno en se
foutant de la gueule des Beatles ?.. fool of frisons...prendrais bien
2 oeufs à la coke :C
Je suis persuadé que c'est un super
bon disque, j'y arrive pas, désolé. Même les violons épilogues
n'y font rien, j'y crois pas, je retourne au petit chat noir lunaire,
aux embouchures où nous n'irons plus jamais, aux entrailles, me
carapater sporulé pour me faufiler et perdre le fil mais pas de
l'eau, je pars apprendre à m'orienter de nuit.
C'ui qui me pique mon toboggan, j'y
pète la gueule.. môme éternel...mais pas la marelle.
Jacques Higelin 2013 « Beau
repaire » label : jive epic group