vendredi 15 février 2013

Pink Floyd 67


 
« Le monstre rose se tord vers le monstre fluide en le happant au cou. Le monstre fluide, comme il a l'habitude de le faire dans ces occasions, enfonce tous ses ongles dans le dos du conjoint, lacérant sa chair en profondeur. Et un sang clair coule copieusement le long de leur corps unique frémissant, un sang rose qui, tombé par terre, coule et flue, et flue. »

Abbey Road N°1, juste en face du Sergent poivre N°2. La nouvelle mode en 67, c'était de passer beaucoup de temps en studio. Quatre mois pour un jeune groupe, c'est énorme à l'époque.
Le joueur de pipeau aux portes de l'aube et le sergent poivre avec son groupe des cœurs solitaires, Joe Boyd/Norman Smith et George Martin, John Lennon et Syd Barrett.. des diamants fous....... la légende se dessine.
Syd chez les Roses, du Pink Floyd rouge pour la dernière fois, des histoires dans l'espace ou en contes de fées.. un grand besoin de liberté au sein d'une entité déjà avortée, mais inéluctablement lancée.
On attendait tout de lui, sauf de lui permettre sa liberté. On voulais sucer sa moelle, lui faire vendre des disques, alors que le petit Roger Barrett était juste « beau, joyeux, aimé de tous, débordant de talent »... et libre.

 
Syd Barrett au sein des Pink Floyd, c'est une certaine idée de beauté, un grand guitariste post-blues côtoyant les astres psychédéliques, un monde d'artistes étudiants underground, de la musique froide et cérébrale. Là, tout le monde s'affole, dont une myriade de fans comme Bowie ou Bolan. De l'acide à foison, mais uniquement pour Syd, les autres déclineront toute responsabilité culturelle du mouvement. Un mythe, celui de la quintessence adolescente, la légende de la bicyclette avec dans le bidon, l'ergot du seigle. Du blues électrique cosmique, acoustique, une intimité, un pays, l'Angleterre intersidérale.
Aucune contrainte possible pour lui... le mot « avant-garde » vient d'être inventé.
Juste peu de temps après, l'appartement de Douglas Field qui héberge Syd à Earl's Court Square, sera repeint en bandes rouges et bleues, une autre histoire qui coule et flue.
« Lucifer Sam »... riff implacable euphorique, « Can't get satisfaction » peut s'aligner. Des couleurs que l'on découvre. « Flaming », « Matilda mother » beaux à crever, puis le jazz collectif de « Pow R. Toc H » qui part en couille, déjà planant, déjà zoologiquement barré. Les Beach Boys auraient dû s'inspirer de « Take up thy stethoscope and walk » et auraient peut être pu niquer les Doorsb (nan je déconne)...du grand blues LSD. Et les gnomes respirent le bien être avec les « r » que l'on roule sous la langue au chapitre 24.
 
A l'heure du retour des musiques psychédéliques, le socle ici de sang claire qui coule le long de nos corps... coule et flue, et flue.....
Et dire qu'à l'époque de ma première écoute, je fut éberlué par cette location de Lp, je n'avais dans les esgourdes que Dark et Wall.
« Avant garde » ça veut dire quoi ?? qu'on imaginais pas à l'époque ce que serait un simple 33T ?... je dis ça, j'ai repris aujourd'hui mon vélo, avec dans le sang une giclée de ventoline, un caché de paracétamol, du powerade, et du pain de seigle sans huitre, et je respire à plein poumon l'ergostérol des cellules végétales multicolores et j'ai vu des choses extraordinaires. .


Pink Floyd 1967 « The piper at the gates of dawn » label : EMI

2011 « Pink Floyd rouge » édition : seuil (merci Djeep)

9 commentaires:

Anonyme a dit…

J'hallucine Eugène, ce que tu écris juste avec du Pain de Seigle. Mais sais tu que en l'écoutant à travers ton écrit, je me mets enfin à me régaler sur le "Lucifer Sam" qui aurait pu faire un bon thème à la Lallo pour Mission impossible.
Voyons la suite et surtout la promesse sur "Take Up Thy Stethoscope And Walk" et Les BB Attention je vais revenir

Anonyme a dit…

Je n avais pas vu la parenthèse, les BB c était à l instinct

Anonyme a dit…

Haaaargh je ne veux pas être un anonyme

charlu a dit…

Reviens à visage découvert.. je sais pour BB, surtout dis moi ce que tu pense de ce que je dis sur cette chanson BB/Doors !!
Les fans de BB ne sont plus des anonymes :DD

J'avais mille raison pour ne pas chroniquer ce disque.. le bouquin "Pink floyd rouge" conseillé par Djepp est extraordinaire... puis Syd et beau... l'artiste total... j'aime beaucoup ce disk.

charlu a dit…

... tu sais qu'à chaque fois que je vois un comm de toi avec la photo, j'ai envie d'aller griller un clop :D

cabinoffear a dit…

Super ce disque, une oeuvre qui a bercé ma fin d'adolescence, cet période extrême ou je pouvait affirmer le plus sérieusement du monde que ce disque était le meilleur album du Floyd! Il m'arrive encore de le penser cela dit!

charlu a dit…

Tu peux le dire T... pas loin de la vérité. Après ce disque c'est plus la même chose, c'est plus la quintescence.... Saucerful est énorme aussi, j'hésite toujours entre les deux, mais c'est déjà que l'ombre de Barrett.
Par contre ado, je n'aimais pas les débuts du Floyd.. c'est venu bien après.. plus surement.

Anonyme a dit…

Oui, je reviens sur ce que tu as écrit BBoors. Pas facile de mettre la main dessus, je ressens ce que tu veux faire partager mais en même temps pas facile à écrire. Comme si l'écrire c'était toucher du doigt ce qui différencie le ressenti du rock côté Anglais et côté Américain...

charlu a dit…

C'est sur, pas facile de trouver les mots.. d'autat plus que c'est juste une impression.. depuis le temps que j'écoute ce disque avec des émotions différentes à chaque fois. L'écoute et la découverte en détail des BB peut aussi modofier qq visions, malgré tout ce que je peux dire. Bousculer. BB et Doors ne sont que qq bribes, une touche, des choeurs un clavier, de la gaité légère... l'identité Floyd de l'époque est quand même très appuyée.

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