Quoi ? Je m'applique à restituer un
parcours touristique sans aucune obsession musicale particulière. Je
suis fasciné par les architectures, les monuments, les pierres, les
passages piétons....les vieux quartiers retirés, d'ailleurs si
quelqu'un sait où se trouve la rue où des petites maisons anglaises
typiques dans lesquelles hébergent les Beatles dans « Help »
..je suis preneur.
Oui, alors, les monuments, il en existe
un extraordinairement perché au dessus de la Tamise, fier et
flamboyant comme ma tour, dans le pool of London, le Tower Bridge. Un
rempart, la porte qui donne accès aux contrées anglaises, les
bocages, les vertes collines habitées de petits villages de briques
cramoisies ou brunes.
La Tamise ici, tangue au gré de la
marée, et Ian McCulloch se barre des Wings, ainsi que le batteur Joe
English, juste après l'immense tube celtique « Mull of
Kintyre ». Il y a bien longtemps que les Wings n'avaient
pas été un trio. C'est chose faite, et pour l'occasion, ils partent
enregistrer un album sur un bateau.
Marée haute, marée basse, une face
ensoleillée, une grise, croisière ou fog.
« Mull of Kintyre »
juste pendant que l'album se finit près des îles vierges à défaut
de la Tamise (le disque devait s'appeler « Water
wings »), une paternité de plus, une décennie lourde
de musique pour le groupe qui arrive à sa fin, 79, comme en 69 ..
« Abbey Road ».. une nouvelle fin se
dessine.
L'enregistrement de ce disque là a
commencé à Abbey Road et finit dans les eaux d'Hawaï donc.
Vacances, boulot... un album très partagé sur trois bateaux remplis
de matos.... l'étranger, le trio, comme la tourment exotique de
« Band on the run ».
Paul quant au départ des deux membres
des Wings : « Ils ont fait tout leur boulot avant de partir.
Ils étaient sur le bateau et Denny et moi avons terminé l'album
ensemble. Il y a quelques années, je me serais inquiété du départ
de n'importe qui. Il n'y a plus de nécessité à le garder tout le
temps. Je suis bien plus intéressé par la musique et si on peut le
faire comme ça, peu importe comment ça doit se faire ».
Doutes, aigreurs, mais toujours
l'obsession du travail musical.
Tout le monde sature de la discographie
hyper tubes des Wings, la paternité, les vacances, l'hyper qualité
pas trop aguicheuse du disque, les média vont zapper cet opus 78.
Clair-obscur... des claviers de
brouillard, une décennie 80's terrible qui gronde et s'approche, des
lassitudes, bingo, le disque s'offre librement, pas de francs succès,
on peut se le garder pour soi sans rien dire à personne...parce que
sérieusement, ce disque est de très haute qualité, juste avant
(sans compter « Back to the egg »)
la nouvelle carrière solo de Paul qui continue encore.
Soin extrême à la production,
intelligence des arrangements...puis des chansons:
« I'm carrying »,
composé assis sur le pont arrière du bateau en pleine mer..
purement Macca.
« Café on the left bank »
inspiré d'une escale rive gauche à Paris avec Lennon (j'adore
cette chanson)
« Girlfriend »
composé en pensant aux Jackson five, jamais il n'a chanté aussi
haut, Michael Jackson le reprendra hyper facile qq temps après...
avant la rencontre.
« With a little luck »
le hit.
« Name and adress »
en mode Elvis (chanson qu'il avoue avoir écrite avant la mort du King)
« Deliver your children »,
guitare aigüe que « Girl » ou comme le Ukélélé
d'Rem.
Perso, j'écoute ce disque
paisiblement, en imaginant que je suis le seul (j'en connais un qui
ne possède que celui là AH hahahahah il se reconnaitra). Mais à
partir de « Famous groupies » inclue, je prends un
pieds terrible, une transe, et bizarrement, c'est la face ensoleillée.. jusqu'à la dernière note du très Pogues-rock
« Morse moose and the grey goose »... véritable
monument rock-psyché-pop-disco-funk-sombre.
Une face grise, une face pastel...
Patrick Coutin parlait de ce disque dans Rock'n'folk :
"Au pays d'Alice, le diable
aurait-il fait une percée avec le temps et les rides ? Wings a voulu
( car ils sont trop fins musiciens pour que cela soit un hasard)
briser la quiétude et la paix de sa musique. Cela reste du
McCartney, oui, mais les lignes mélodiques sont imperceptiblement
torturés, démolies par en dessous, comme si le trouble contenu
devait quand même témoigner. Ecoutez et lisez le très simple
« Deliver your children », vous y trouverez la
marque d'un égarement qui fait plaisir à voir".
Le punk arrive, « Back to
the egg » achèvera les ailes, le tracé n'est pas près
de s'arrêter. Un disque à l'écart que l'on peut s'approprier en
tant que fan de l'écossais.
Ça va passer, je vous promets, et puis
faut que je garde des album de Paulo pour les jeux sans frontière
:D.. en attendant, et puis j'arrète (sauf si vous
hurlez pour que je continue !!! hein ??!!! rien entendu...)
voici un album fétiche pour les fans de Macca, pour plein de raison.
Des sentiments confus, un groupe bien huilé.. un des moins prisés
de sa carrière. Un album très celtique.
Sur la pochette interne, les paroles,
et en papier peint, des petites Tower bridge, turquoises d'un côté,
rouge carmun de l'autre.... j'adore les monuments.
Wings 1978 "London town" label : mpl