mardi 12 mai 2020

JL Murat 2003



Qui aurait pu imaginer une telle pissette à la vue de ses mains sèches et fripées, elle a fait son show dans le couloir du wagon corail épaissement drapé de ces vieux rideaux vert d'eau , avant de poser son vieux cul pincé sur la molle banquette usée, juste en face de ma tablette dépliée. Pas un mot, aucune politesse, elle a cogné de son genou pintade ma rotule mal placée. Les traits tirés, le ciel asphyxié, des ordres et des cloches marquaient son visage exsangue. Elle traînait avec elle la sécheresse de ses paupières en berne. Elle était habillée de noir et de résilles cendrées que j'eus le loisir de découvrir bien après.. moi je n'étais pas habillé en marinier.

Elle n'a pas mis une demi marée pour m'asperger la tronche, me baptiser la poire à plein bouillon, à peine le temps d'apercevoir son entrefesson. Une fable, la fontaine et le septique. Je m'étais lamentablement trompé sur elle, ce n'étais pas une contrefaçon. Les tempes et la moustache détrempées j'étais un naufragé, son rescapé. Elle me tenais de ses jets, minimum quatre. J'ai lapé son mucilage, mousseux au bord des lèvres, son écume meringuée et pof. Blanc en neige palpitant, les glaciers s'écroulent dans la mer, elle fut tel mon réchauffement climatique pour un instant, artères dilatées, respiration coupée, langue invaginée prisonnière des tensions, je ne voyais plus que dalle.
L'écluse, la giboulée, l'averse vous dis-je, elle m'a karcherisé la tronche, décapée la face, gommé l'épiderme. J'ai bu la tasse, suffoqué. J'ai cru mourir, moi pauvre chalutier, je vais finir par rouiller.

Je suis dans un autre monde, trois pintes sur le cœur, nature à demi morte, cyanosé devant cette corbeille de six prunes. Jamais je n'aurais dû être si près, dans l'axe, j'avais les poumons remplis de son eau cellulaire comme ravagés par les pollens de cyprès. Depuis, à chaque ondée chaude d'un été haletant, je pense à elle.
Écroulé dans un fossé je patinais. Le peau lavée sous la mousson lustrale j'ai bu son âme. Elle est devenue ma nymphe explosive. Quand je lui ai demandé son nom, elle m'a dit Denise. Je l'imaginais plutôt en Tina, « Love Explosion ». Je l'ai pris comme telle. De toute façon je prenais l'eau, je tapais les murs et passais sous les arcades, j'étais comme un gondolier bêta dérivant sur une artère trop pleine. Si la terre est basse, les ponts sont pas si hauts. La montée des eaux, c'est bien connu. Je ne l'ai jamais revue, pour moi elle voulait qu'on l'appelle Denise.. dans son plus beau contentement.
Quelle drôle d'idée.

JL Murat 2003 « Lilith » label : Labels

4 commentaires:

Keith Michards a dit…

Qu'est-ce que je pourrais dire JLM ? Artiste unique ? Compositeur de génie ? Chanteur atypique ? Poète campagnard ? Hé ben, vous mélangez le tout et vous saurez ce que je pense du gaillard !!!

charlu a dit…

"triangle isocèle, contentement de la lady" .... y'a pas des masses d'artistes outre et ici qui parlent d'Amour et d'amours , de nature, de cul, de mort, de paysages et de terre comme lui. C'est un juste milieu entre Ferré et Young avec en plus un côté humus.

charlu a dit…

mais euhh Arréteuuhh.. je l'ai vu ton triple. Je crois qu'à la prochaine occaz je vais me le choper ;D Me suis payé qq derniers vinyles de ses dernières rééditions. Je crois bien que Lilith est le seul sans bonus.. ouaih c'est sûr vais le pécho ;D

Jerry OX a dit…

Un joli récit contemplatif pour évoquer un des plus beaux disques du prolifique Jean-Louis Murat , un double album paru en 2003 dans lequel s'éveille "Le cri du papillon" , "Le contentement de la lady" et une "maladie d'amour" qui n'a rien à voir avec celle de Michel Sardou. Un double album fait de joyaux injustement oubliés par le grand public et outrant , "Qui est cette fille ?" ou "Emotion" n'en fissent pas de me combler comme une gorgée de bière en été !

Thomas Köner 1993

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