Rien à battre, ce disque est très
bon, ça shlingue les clichés rock'n'roll, ça racole grave vers le
poussiéreux, ça zyeute et louche sur l'usé, c'est blues avec du
rythme, un peu de rock et de la pop, c'est efficace et bateau, mais
z'ont un sacré talent les p'tits gars de Californie.
Même si le premier album était plus
soul et sensuel, celui là envoie et pulse dans le retro une fois de
plus. Et ils le savent ces sacrés p'tits gars qu'on ne se lasse pas
du retro, de nos cerveaux martelés aux rythmes d'alors, des
inconsciences rockeuses de jadis, des bons disques burinés aux
couleurs de naguère. On n'en sort pas..ou plus.
Le pire, c'est qu'on n'en aura jamais
fini et pourvu qu'ça dure.
Je découvre comme un effet qui est
cool, les deux albums de Vintage Trouble grâce à la sortie ces
jours-ci du nouveau tout neuf et tout frais, comme un remugle d'avant
hier.. « 1Hopeful Rd »
On reste dans la course des albums les
meilleurs de cette année. Au rayon blues rock soul, un obus vient de
tomber dans les bacs et risque de faire quelques dégâts, le
minuteur est en branle. C'est le genre de son qui peut faire oublier
la longueur des nuits qui ne cesse de s'élargir. Affolant, endiablé,
bouillant, infernal avec pour ne rien arranger, un son énorme.
C'est Gary Clark Jr avec son deuxième
album, comme une perfection dans le genre. Une myriade de références
pour un disque dans les starting-block près à en griller un bon
paquet sur le sillon des préférences discographiques 2015.
Méchamment bon.
Gary Clark Jr 2015 « The story of
sonny boy slim » label : warner
On passe aux choses sérieuses, on
reste sur les îles britanniques juste pour le nom, car le meilleur
album rock de l'année sort ces temps-ci sur l'autre continent.
Des amerloques qui jouent du rock comme
des british.
Comment dire … Un mélange de Lenny
Krawitz, Led Zep, The Coral etc avec une facilité à envoyer facile.
Du coup, ça fait plus anglais que USA, « Here comes the
sun »..pas loin.. l'amalgame est assez jouissif.
Peu importe, c'est un pur disque comme
à l'époque, celle des 70's plus ou moins, enfin plutôt moins, fin
60's aussi. Même la pochette semble d'époque.
Bref, LE disque rock 2015 ?
The London Souls 2015 « Here come
the girls » label : feel music group
Quoi d'autre après l'abattement que
j'ai ressenti à l'écoute du nouveau Pink Floyd ?
Quoiqu'il arrive, ce mec là est lent,
depuis combien de temps ce petit gimicks/jingle résonne sous nos
voûtes bétonnées ?
« Veuillez attendre que le train
soit arrêté avant de descendre »... qu'est ce que j'aime tout
ce que les Floyd ont réalisé jusqu'à « Division Bell ».
Ah ouaih, Division, je savais pas avant de lire les crédits que le
cru 2015 était en fait strictement des rebuts de cette période là,
là où tout s'est arrêté. Il aurait du s'appeler « Division
Bell bonus »..ou « Archives vol1 ».
« On an island » 2006..
tellement affamé à l'époque qu'il restera pour moi anecdotique.
D'ailleurs il l'est.
« Veuillez ne descendre du wagon
que s'il s'est arrêté devant un quai »... ne pas s'étonner
si un avion s'écrase derrière la scène, ou si un gros cochon rose
plane au dessus de vos cranes.
J'ai vu il y a deux ans les deux
cheminées pas loin de la banlieue de Wimbeldon, sous un ciel clair,
tout semblait lustré et capitalisé et normalisé. Des bureaux. Une
virée pour rien.. mieux vaut la pochette animale. Révolu.
Autant j'ai adoré "David Gilmour"
1978, autant « About Face » 1984 m'a laissé septique.
Les mecs ont dû faire un stage
communication pour asséner de telles inepties à chaque arrêt de
gare, et même en pleine voix d'ailleurs.. le train s'est arrête
inopinément en pleine voix, n'essayez pas d'ouvrir les portes pour
rentrer chez vous ou courir vers la pointeuse sur les cailloux gris
jonchant les traverses de bois. Mais ça fait combien de temps qu'on
entend ce tin tintinlin sncf ?? il a mis combien de temps pour être inspiré par le bruit des gares ?? Et Waters, il est où ?? resté
collé au mur ? sur un voix de garage ?
Faut respecter la norme à la lettre,
le contrôleur parle comme un âne aux brebis, matin, midi et soir, à
chaque gare. Faut éviter le procès pour le cas où un con
descendrait du train en marche, tout comme la notice des micro-ondes
qui déconseille au mémères d'y mettre à sécher leurs ienches. Ou
alors c'est un conseil ?? 3h de retard on s'évade ??
Faut se tenir à carreaux et écouter
des litres d'inepties pour tenir, paraît -il, le train est devenu un
trajet réalité avec des comportements qu'on tolère, du savoir
vivre et de la politesse qu'on vomit, le principal c'est d'obéir aux
normes, de hurler si on voit une valise sans personne menotté avec,
de se taire serrés quand on est tous dans un demi train à se haïr
ou se toucher le cul et les bras moites, de lire ces alibis foireux
disponibles sur un dérouleurs informatique pour expliquer que le
climat est exceptionnel, alors que le ciel est magnifique, sans une
goutte ni vent, avec un 16°C sur le quai immobile. On cherche dans
le ciel superbe une explication.
Tiens, mon quai a été raboté à
cause du bombardier nouveau qui se balade avec un gros cul. Bordel,
les normes, afnor, iso, côtes, expérience, savoir faire... c'est où
?? Où est Pink Floyd ?
Ah.. une branche sur les caténaires,
des feuilles sur les voix, du gel sur l'aiguillage.. c'était comment
la météo avant ?? du temps où l'on pouvait ouvrir un muscadet dans
le wagon fumeur ?? crapoter et se faire sucer l'oreille. A quand
l'interdiction du big-mac dans les trains.. ça c'est une nuisance.
Merde pourtant, j'adore le train, mon
pépé roulant faisait siffler sa loco sur les mêmes rails que mon
trajet à moi, j'aime ce son qui roule, ces idées floydiennes qui
font planer ou progresser.. Mon pépé est parti en 99, il aurait pas
aimé sa feuille de route, avec ses discours à la con à
transmettre... Le Floyd n'aurait jamais dû résister au déclin.
Veuillez éviter d'écouter « The
endless river » si vous êtes des amoureux du Floyd..Veuillez
ne pas monter dans le train quand il est en marche, veuillez ne plus
mettre l'oreille sur le rail pour savoir s'il arrive, veuillez
enlever votre slip avant le doigté.... ouverture facile.
Quant au nouveau Gilmour, « Rattle
that lock », les morceaux finissent décrescendo, comme un
train qui tombe en panne en pleine vitesse. Je suis allergique à ces
fins qui tombent parce qu'on ne sait pas comment les finir, qu'il n'y
a plus de jus ou parce qu'il faut respecter un certains format...
« Beauty » qui finit ainsi, comme une censure. Gilmour, Floyd.. c'est du concept, du progressif, c'est pas un mec derrière la vitre qui baisse le son.
A quand waters qui chante « j'aime
mon banquier ».. il faut voir comme on nous parle.. comme on
nous assène sans que l'on ne conteste en rien ces flots de phrases
assassines, cet abêtissement pour voir si on réagit, du vide comme
un rap quotidien à subir alors que l'on a juste envie d'y aller
peinard....
Il a pourtant l'air en forme et inspiré
le Gilmour, je suis sûr que je vais finir par l'adopter ce disque,
comme j'aime prendre le train tous les jours et m'enfermer dans cet
alcôve personnel à écouter des tonnes de disques. Y'a trois ou quatre
superbes morceaux mais qui finissent décrescendo donc. « In
any tongue ».. surement un sommet. Il va peut être me rentrer
dans le crane comme un gimmick lancinant, ou peut être qu'à chaque
annonce je verrait dorénavant un cochon planer dans le hall de ma
gare à l'architecture anti-sismique. Peut être que demain matin,
j'aurais « Animals » dans les oreilles alors que je
poserai mon premier pied sur le quai.. et puis au moins lui il bosse, enfin, lâche un peu, l'autre est toujours resté collé au mur.
David Gilmour 2015 « Rattle that
lock » label : parlophone
Et bien voilà, sans m'en rendre
compte, j'ai peut être dressé un chemin vers cet objet divin sans
savoir où j'allais, tout ce blues, ce cheminement folklorique des
terres sèches vers le littoral de tous les continents, pour aboutir
à une synthèse, l'apothéose.
Peut être je savais que quelque chose
allait m'attirer vers cette nuit là, lumineuse et ancestrale.
J'avais dans mon cheminement musical la certitude inconsciente que
l'émotion serait empirique, une étoile à suivre pour voir sous la
voute aveuglante la rencontre des cordes de deux artistes
d'hémisphères qui s'entrechoquent.
Reims et Bamako jouent avec la pleine
nuit. Ces deux hommes se comprennent depuis longtemps déjà. C'est
un métissage ou une conjugaison, une fusion, un amour des notes et
des ambiances.
Peut être que les nuits sont
partout pareilles, les étoiles sont les mêmes, seules les senteurs
et les bruits chambardent. Et si les nébuleuses tournent, les
parfums eux s'entremêlent. La légèreté d'une corde de Oud et la
gravité d'un violoncelle.
Eh bien, si ECM est une promesse de
voyage, No Format est une espérance d'excursion humaine.
Je dois être naïf pour croire ainsi
en toutes ces auberges magnifiques, ceci dit, plus j'avance sur ma
sente aveugle, ma quête improvisée d'illusions , plus
j'entraperçois cet aboutissement, ce désir parfait d'un art
authentique et céleste.
L'eau à coulé du ciel vers les mers
pour rejoindre la vérité musicale un peu partout. Buddy Guy et
Ballaké, Haynes et Segal, Okland.... je sais pas comment je suis
arrivé sur cette lustrale « Musique de nuit », mais le
chemin fut délicieux.
Une véritable pépite.
Ballaké Sissoko & Vincent Ségal
2015 « Musique de nuit »
Seules les cordes celtiques restent,
plus que tout, quitte à en perdre le blues des terres, des lopins de
poussières un peu plus à l'intérieur.
C'est du littoral que Nils Okland fait
à nouveau chanter ses bois et ses espaces ancestraux. Des écores
balayés par les bourrasques, on entend le violon chanter la houle.
Dois je le rabâcher, ECM est une
promesse de voyage, d'une expédition fantastique, voire d'un
pèlerinage. Le celtique s'étend des côtes du grand nord vers les
chaudes plages d'Afrique. Pour le coup, avec « Kjolvatn »
est un chaud et froid, un clair-obscur religieux et séculaire. Des
troubles sur l'endroit où nous sommes, proche de la côte en tout
cas. Une danse planétaire, pas loin de l'océan. Jazz ou classique,
world ou folk ? C'est absolument tout à la fois.
La promesse est tenue, nous sommes chez
Nils Okland, chez ECM, impossible de résister, on ne peut que
succomber, même devant la pochette.
Un
autre blues, pour un autre paysage, histoire d’épouser le ciel qui
dégringole sur nos bobines, celui de Warren Haynes. On garde les plaines du bayou et on se
rapproche du littoral. Warren propose un double Lp avec un banjo et
un violon façon Mellencamp péruiode "Big Daddy", juste
histoire de mettre un peu de sel sur les accords ancestraux.
C’est
presque acoustique, quasi folk, ça va pas chambouler la discothèque,
c'est tradi, mais ça va faire chanter les averses. Comme on sirote
un bon cru, « Ashes & dust » coule abondamment dans
les caniveaux et sur les bords des routes, le genre de musique bateau
avec laquelle la pluie battant nos fronts ne dérange plus.
Les
Railroad Earth sont venus embellir ses morceaux écrits depuis
plusieurs années. Imaginons un derby comme ça par exemple, un JLMurat avec un groupe pas loin pour un double album, The DelanoOrchestra. Même principe, sur un autre continent. Il ya même une
reprise des Fleetwood « Gold dust woman ». Ça passe tout
seul, c’est ouaté, classique, complètement évident.
« Les samedis sans soleil
n'existent pas, même juste un rayon furtif arrive
toujours ». Cette phrase de ma grand-mère, j'y pense très
souvent quand au petit matin d'un nouveau week end, j'émerge sous un
ciel de plomb et pleurnichard. J'attends la percée radieuse.
L'occasion pour ce déluge ci de sortir
une bonne caisse de disques, en douceur triée, des Tom Waits, des Richard
Hawley, des Grandaddy ...
Il est 13h30, le soleil vient de
frapper aux fenêtres trempées, l'éclat est fantastique même pour
quelques minutes seulement. J'attaque une poignée de bons disques de
blues debout depuis l'aube avancée, juste pour chanter le soleil du
samedi que ma grand mère aimait tant attendre.
Trois des meilleurs qui, en ce moment
sont accrochés sur les promontoires des nouveautés blues, trois
styles différents, trois brûlots de grattes endiablées.
Les slides crades de Seasick Steve le
paysan californien galopent comme une diablerie chamanique, partagés
entre fibre classique et l'envie de salir le son à la ZZ Top ou de
rendre fou comme les braises de Xavier Rudd. Le son est énorme,
acoustique et « Your Name » une tuerie façon Chris Rea.
Quel pied cette glissade barbue sur l'eau salée qui fuse en vagues comme les
battements cardiaques menacés.
Du Massachusetts, Albert Cummings lui
est plus mitigé, plus classique dans le style, comme un blues blanc
aux allures rock avec un son live sec et une intro monstrueuse « No
doubt » qui donne des palpitations et colle au mur. C'est
bateau, efficace, ça défile, guitare basse batterie clavier.
Et voici l'apogée, la montée vers les
nues, vers le grand fleuve qui lèche les racines. Le nouveau Buddy
Guy est une pépite blues d'une finesse extrême. Le son est
absolument sublime, c'est un touché, une patine, « Whiskey,
Beer & Wine » à approfondir, ZZ Top est là pour un duo
torride, Kim Wilson, ainsi que la voix magique de Joss Stone histoire
de balancer une sucrerie dans le limon. De Buddy, rien pour moi
depuis « Blues singer » 2004, c'est son grand retour avec
ce roulage de pelle à sa gratte, comme il se doit, avec la langue.
Ce mec était né pour jouer de la guitare.
Je vous assure Buddy comme une
résurrection.
Le soleil est venu nous caresser
l'échine quelques secondes à peine, suffisamment pour que je pense à
ma grand-mère, pas de samedi sans une goutte solaire, et pourquoi
pas un samedi sans un air de blues.
Trois albums nouveaux en boucle pour
cette journée de blues à peine éclairée, cette poignée d'heures
à chercher la lumière à travers des vitres de morosités. Le
déluge est versé, et soudain il fait grand soleil pour dire les 15°C de nos
jardins. J'ai ouvert les battants pour que les accords de là bas dansent
la douceur moite d'un été qui lutte.
Buddy Guy 2015 « Born to play
guitar » label : silvertone RCA
Seasick Steve 2015 « Sonic soul
surfer » label : bronze rat
Albert Cumming 2015 « Someone
like you » label : blind pig
Après une longue nuit à regarder la
lune fuir les premières lueurs, j'arrive à demi éveillé sortant
de mes belles étoiles pour voir un peu plus loin, le village
renaître et la grande ville auréolée tout au fond, abandonnée à nouveau.
Pâle, la réverbe lunaire erre vers
une autre danse solaire, les flaques vont s'éclaircir.
Hauschka à nouveau chante un réveil revisité,
sa musique est fraîche, enlevée, une naissance sur l'horizon. La
constellation urbaine s'éteint, avant la prochaine lune. A peine un
field recording sur ses notes classiques.
Dans cette ville au loin, Devendra
Banhart est venu déguster ce son, pour le dire aux autres, ainsi
qu'Eluvium et leur dimension, des invités, des contemplateurs.
Hauschka 2015 « A NDO C Y »
label : temporary residence
Pourquoi je me sens si bien dans ces
albums là ? Y'a pas chez marmiton la recette idéale du disque
parfait? même Annie n'y a pas déposé la liste des ingrédients de
sa salade.
Il suffit que je me retrouve seul chez
moi pour mettre un Tony Joe, « Black and White »..tiens,
je ne me suis jamais vraiment étendu sur cet artiste là..et
pourtant. En parlant d'Annie, j'ai découvert ce Cow-boy de la
Louisiane en 1984 via Johnny à Nashville.. y'a pas de sot métier,
ni de drôle non plus. En fait ce double opus de Jojo est assez rare,
l'underground écart de sa carrière pas encore réédité..et
pourtant...du Bob Seger, des duo avec des bons zicos
d'outre-atlantique.
Bon, je m'égare.. pourquoi rien ne me
froisse jamais chez lui, pourquoi je n'ai que très rarement accroché
sur Elvis en général ? « Tony Joe White ...Continued »..mêmes
effets....et le « Tony Joe ».. rien à redire, idem, un
régal. C'est peut-être l'effet 69 un poil avant 68 et qui déborde
sur 70 légèrement.. peut être un peu de Mickey Newbury en arrière
plan, beaucoup de blues en plus, du chien, de la soul, du feeling. Je
sais pas pourquoi ces trois albums défilent comme on roule des
rubans de route de vastes terres sans douter de l'endroit, et même
ses derniers opus m'ont remis sur la banquette.
C'est sans paraître plus que ça, et
ça envoie comme un diable, c'est gentil et infernal, sanguin et
aride, suave et fermenté. C'est comme un triple vinyl, fidèle,
essence essentiel. Il fait tiède avec cette chape de soleil humide, préliminaires automnales, je déguste les trois sans modération.
Sinon, à part ça, je ne vois pas. Je
me demande toujours pourquoi les albums ordinaires de Tony Joe White
me vont comme un incendie.
Tony Joe White 1968/69/70 « Balck
and white », « ..continued », « Tony Joe »