jeudi 5 février 2015

Matthieu Malon 2014



« A quoi tu penses ? », je pense toujours à ça quand je pénètre la sphère d’une âme qui approche la mienne. La proximité humaine est un sport permanent, il faut avoir bossé, appréhendé, observé, écouté pour se glisser et longer.
J’ai toujours à mâchouiller dans mes tablettes, un chewing-gum parfumé au solipsisme.
Rien ne transparait même frôlé, rien ne transpire même pénétré.
 

Frôler, longer, jauger se dévoiler comme appât, pas à pas, juste pour voir si, ou pas.. S’ouvrir à reculons, phagocyter sa propre solitude, plonger et se dire que l’unique aquilon est calfeutré au plus profond des alvéoles. Et puis finir inéluctablement seul au fond de sa cellule biologique, cette incarcération individuelle autour de laquelle même le plus proche ne fera qu’effleurer le énième uppercut. Puis finir par se les donner, s’affliger, se battre contre le vent.
 

Mon cerveau est un vestiaire que je récure moi-même, je pisse le sang, l'hémostase comme serpillère à toute épreuve, et même si mes arcades sont solides, mes reins craignent les coups bas.
 

Matthieu Malon cogne, bat les bacs sans bousculade.. et pourtant, le dithyrambique discret, comme disent les journalistes, c’est bien fait pour ceux qui n’ont pas était baffé par « Peut-être un jour ». 14 ans après « Froids » que j’avais adoré, ce nouvel album de M.Malon est sorti l’an passé, coinçant les Laudanum extraordinaires beaucoup plus répandus, et un deuxième album autoproduit.

 
La piscine est vide, y’a tellement de trucs à remplir, comme un espoir sans fond, faut juste bosser au quotidien, convoiter, supplier, racoler, espérer ou quémander.. et puis voir venir. C’est pas gagné d'avance. Au pire, la piscine est vide, et même seul dedans, y’a de quoi se réfugier pour poser son cul, son univers invisible, son alcôve secret et garder l’espoir de se faire remplir, de se faire nourrir avec tout le temps qu’on passe à se vider..pour les autres, comme un alibi à son propre vide.

C’est un album trempé, bien rempli, la rythmique est infernale, les compositions bétons, l’album puissant juste comme il faut malgré l'intimité des textes comme par chez Cloup ou un Wire electro de par chez nous.
On écoute « Peut-être un jour » comme on se bagarre avec nos sentiments rageurs.
 

Matthieu Malon 2014 « Peut-être un jour » label : monopsome



4 commentaires:

Chris a dit…

Ah oui une vieille connaissance (un nom souvent croisé, surtout chez Magic!), pourtant je n'ai jamais eu l'occasion d'écouter ses albums, j'avais eu un titre sur une compil' du Village Vert (je crois?) qui m'avait bien plu....
je me permets alors de te demander si tu en aurais à me dropper par hasard?

Sb a dit…

Super! merci pour la chronique.

Francky 01 a dit…

Comme dit Chris, un nom souvent croisé....mais pour ma part jamais écouté.
C'est donc avec curiosité que j'ai fait une première écoute rapide et ça m'a fait un peu penser à Michel Cloup, Mendelson & co. En moins "dark" quand même, plus chanson aussi, version Post-rock en français, très bon !!!
Merci pour cette belle "découvert".
A +

charlu a dit…

Yes souvent croisé.. comme l'artiste, je le vois qq fois chez Gibert..
Son premier album est super, les Laudanum des chef d'oeuvre.

Y'a Monopsome aussi, pas dégueux, un grand label de par chez nous.

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