« Remets du carburant dans la
valve » me dit-elle.
Le jerricane dans les godasses, je me
suis mis à fouiller dans ma mémoire afin de gifler mes pâleurs et
retrouver la lumière d’une orchidée dilatée. La poubelle à
quelques mètres de moi avec tout ce romantisme jeté au fond, me
plongea dans une tristesse ravageuse, comme un pompiste à fond de
cale. On n’arrête pas de trier, le sac pourpre, c’est pour la
tendresse.
Un instant j’ai eu envie de lui
mettre un coup sur le pare-brise, tout en gardant un œil globuleux
sur ses pneumatiques gonflés à bloc, près à vous péter à la
gueule. Comment lui dire que l’horizon crépusculaire absorbe tout
mon cerveau et que mon âme n’est qu’un moineau à picorer le
chaume tiède encore dressé sur le sol. Des effluves de limon
labouré regonflent mon éponge, au fur et à mesure que le soleil
rougit en dégringolant. Plus loin, quelques hommes troquèrent des
bidons d’eau sale, d’autres partaient en courant vers quelques
averses qui menaçaient. Moi, pourtant assoiffé, je passais mon
temps à me vider, à racler le fond des citernes.
Les yeux fermés, je sentis la brûlure
de sa crevasse enflammée, dans laquelle j’allais abandonner mes
dernières larmes. La pupille ravagée, l’irruption ne fut qu’une
explosion de poussière, alourdie de pumices tumescentes… des
grumeaux de pierre ponce jaillissaient comme des cumulo erectus d’un
ciel de plomb laiteux. Il va encore pleuvoir.
Peu à peu, l’horizon s’éteignit
et une marée de building jaillit de terre, achevant d’éclipser la
voûte. Les ombres se chargèrent et les mottes taupes se
liquéfièrent en asphalte gras, au milieu duquel je restais
immobile, debout, seul et pitoyable. A chaque fenêtre, quelqu’un
me montrait du doigt. Derrière moi, je sentis une volée de vanneaux
comme une ondée de plumes prête à me tirer d’affaire. Je me
retournais vers eux, et sentis le vent me pousser vers ce nuage
d’oiseaux qui tanguait sous l’œil scintillant de Betelgeuse.
Je sentis déjà l’air de l’océan
ioder mon esprit, les immeubles pétroles eux, s’éteignirent un à
un comme des bulles de savon.
Volcano The Bear est un groupe foutraque à tendance dingo de grande liberté emmené par le cerveau illuminé de Daniel Padden. Ces deux opus sont des voyages extrêmement rares (500 exemplaires) extraordinairement dépaysant de l'auberge culte Beta Lactam Ring. Allez juste visiter la discographie vertigineuse.
Attention, si vous partez avec eux, vous êtes foutus.
Volcano the Bear label : beta lactam ring
"Amidst the noise and twigs" 2007
"The Mountains among us" 2008
un autre exemple, plus répendu :
3 commentaires:
yes.. c'est une BO pour injecter des rêves en tout genre, une petite folie mais calibrée... te file ça ;D
Excellent ! Va savoir pourquoi m'a fait plonger dans l'monde des cicindèles...
C'est bon ça , les déclanchements.. du vert mordoré qui grouille partout.
C'est une musique incontrolable et labyrinthique qui donne des ouvertures tt azimut ;D
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