mardi 24 mars 2020

Sigur Ros 1999



Je lis des choses de premier ordre, vitales et importantes, de pures coïncidences. Des chroniques d'hier, pas si loin, comme j'aimerai avoir les mots de cet écrivain, dire les choses justes et comme il faut.

Gamin, je me souviens d'avoir vu dans la bibliothèque parentale « Quand la Chine s'éveillera » de Peyrefitte. Jamais lu, je sais pas ce qu'il y a dedans, le monde tremble.. à cette époque, comme à une autre le volcan islandais qui bouleversa nos dispositifs, ou Tchernobyl et l'homme qui se mordit la queue, on glissait sur des failles et des aberrations comme aujourd'hui.. tout est question d'échelle, de temps et d'espace.

Désolé pour cette approche de fil conducteur, mais du coup j'ai ressorti l'album culte des Sigur Ros qui précédait un nouveau siècle. Je continue à me vautrer dans mes livres et mes disques. Album atypique à l'époque, neuf même si la voix tend vers Tom Yorke, grosse réédition l'an passé pour les 20 ans, son un poil nouveau, dimensions élargies, j'écoute ce bijou post-rock éthéré en lisant du Tesson à outrance. Lisez Tesson, écoutez du bon son, plus que jamais c'est l'occasion.

Sigur Ros 1999 «  Agaetis Byrjun » label : smekkleysa


Sylvain Tesson, 2010 : « Lectures islandaises »

« Bien. Le volcan islandais s'est calmé. Pendant quelques jours, le système mondial s'est trouvé ébranlé par un nuage de cendres craché par l'Eyjafjöll. Les commentateurs ont fait semblant de s'étonner que la Nature soit encore aux commandes des destinées humaines. A présent que les scories sont diluées dans l'atmosphère, tentons de tirer le conclusions de l'éruption.

Quantique : les microparticules ont cloué au sol les masses d'acier.

Paranoïaque : l'Islande fâchée des critiques mondiales sur son système bancaire s'est revanchée avec panache.

Ecolo-sceptique : on ne pourra plus accuser l'homme d'empuantir l'atmosphère quand on voit comment se comportent les volcans.

Symbolisme : l'amour est comme un volvan. D'abord, une éruption suivie de nombreux nuages de fumée avant que les cendres ne recouvrent tout.

Philosophie : voilà que fut donnée aux humains pressés l'occasion de s'exercer, assis sur leurs valises, à l'amor fati nietzschéen, à l'indifférence taoïste, à l'hésychia des pères de l'église et à l'acceptation stoïcienne.

Relativiste : penser aux dinosaures qui ne survécurent pas aux éruptions d'il y a 65 millions d'années aide à se consoler du retard des avions.

Mythologique : les hommes aidés des Titans de la technique polluaient Ouranos (le ciel) au point que Gaïa (la terre) demanda à Vulcain d'obscurcir le ciel pour que les avions ne le malmènent plus.

Physique : les fluides (magatiques) plus forts que les flux « 'aériens)

Mécanique : la poussée (naturelle) plus forte que la pression (économique).

Prophétique : un jour, lorsque les puits de pétrole cracheront leur dernière goutte, la vie ressemblera un peu à ce que nous avons vécu pendant la semaine volcanique.

Politique:les édiles qui prennent d’habitude la précaution de n'avoir aucun principe ont prouvé par le « principe de précaution » qu'il suffit de tout interdire pour résoudre n'importe quel problème.

Nostalgique : les vents d'ouest qui ont poussé les cendres du volcan jusqu'aux franges de l'ancien bloc soviétique répondaient étrangement à ces vents d'est qui poussèrent en avril 1986 les nuées radioactives de Tchernobyl vers l'Union européenne.

Ecologique : Fukuyama qui présidait la fin de l'Histoire a été contredit par le 11 septembre. Le volcan, lui, a contredit mes adorateurs de la technique qui avaient un peu vite annoncé la fin de la géographie.

Sémantique : les scories islandaises auront eu la mérite de prouver que le terme « mondialisation » ne renvoie pas uniquement à la globalisation des communications, à la libéralisation des flux financiers, ou à l'uniformisation des systèmes politiques mais bien aux échanges aériens. »


2 commentaires:

charlu a dit…

fais un effort aussi.. y'a pas une fnac en bas de chez toi ?? jla connais celle de Nancy et ..... ouaih nan laisse.. on imagine pas un truc pareil, comme la pinte au rade.. le pression bien fraiche ... nan laisse... ppffff

Sigur Ros, j'ai un poil lâché après.. jamais retrouvé cette fraicheur là, celle de 99, même l'album d'avant n'est pas terrible. C'est un grand grand disque concept ce Sigur

John Warsen a dit…

l'album d'après est extra, celui sans nom sur lequel y'avait une radio de mes poumons avant que j'arrête de fumer sur la pochette.

Thomas Köner 1993

  La croûte gelée se ramollit, ventre flasque et tiède respiration. Le ciel se charge de l’halènes des Steppes, le silence gronde. Notre ...