« Les samedis sans soleil
n'existent pas, même juste un rayon furtif arrive
toujours ». Cette phrase de ma grand-mère, j'y pense très
souvent quand au petit matin d'un nouveau week end, j'émerge sous un
ciel de plomb et pleurnichard. J'attends la percée radieuse.
L'occasion pour ce déluge ci de sortir
une bonne caisse de disques, en douceur triée, des Tom Waits, des Richard
Hawley, des Grandaddy ...
Il est 13h30, le soleil vient de
frapper aux fenêtres trempées, l'éclat est fantastique même pour
quelques minutes seulement. J'attaque une poignée de bons disques de
blues debout depuis l'aube avancée, juste pour chanter le soleil du
samedi que ma grand mère aimait tant attendre.
Trois des meilleurs qui, en ce moment
sont accrochés sur les promontoires des nouveautés blues, trois
styles différents, trois brûlots de grattes endiablées.
Les slides crades de Seasick Steve le
paysan californien galopent comme une diablerie chamanique, partagés
entre fibre classique et l'envie de salir le son à la ZZ Top ou de
rendre fou comme les braises de Xavier Rudd. Le son est énorme,
acoustique et « Your Name » une tuerie façon Chris Rea.
Quel pied cette glissade barbue sur l'eau salée qui fuse en vagues comme les
battements cardiaques menacés.
Du Massachusetts, Albert Cummings lui
est plus mitigé, plus classique dans le style, comme un blues blanc
aux allures rock avec un son live sec et une intro monstrueuse « No
doubt » qui donne des palpitations et colle au mur. C'est
bateau, efficace, ça défile, guitare basse batterie clavier.
Et voici l'apogée, la montée vers les
nues, vers le grand fleuve qui lèche les racines. Le nouveau Buddy
Guy est une pépite blues d'une finesse extrême. Le son est
absolument sublime, c'est un touché, une patine, « Whiskey,
Beer & Wine » à approfondir, ZZ Top est là pour un duo
torride, Kim Wilson, ainsi que la voix magique de Joss Stone histoire
de balancer une sucrerie dans le limon. De Buddy, rien pour moi
depuis « Blues singer » 2004, c'est son grand retour avec
ce roulage de pelle à sa gratte, comme il se doit, avec la langue.
Ce mec était né pour jouer de la guitare.
Je vous assure Buddy comme une
résurrection.
Le soleil est venu nous caresser
l'échine quelques secondes à peine, suffisamment pour que je pense à
ma grand-mère, pas de samedi sans une goutte solaire, et pourquoi
pas un samedi sans un air de blues.
Trois albums nouveaux en boucle pour
cette journée de blues à peine éclairée, cette poignée d'heures
à chercher la lumière à travers des vitres de morosités. Le
déluge est versé, et soudain il fait grand soleil pour dire les 15°C de nos
jardins. J'ai ouvert les battants pour que les accords de là bas dansent
la douceur moite d'un été qui lutte.
Buddy Guy 2015 « Born to play
guitar » label : silvertone RCA
Seasick Steve 2015 « Sonic soul
surfer » label : bronze rat
Albert Cumming 2015 « Someone
like you » label : blind pig
5 commentaires:
Ho yeah, superbe chronique qe je regrette de ne pas avoir lu plus tôt. Haaa Buddy Guy, ce touché. Je suis sur ce genre de longueur d'onde depuis une grosse semaine, pas de recherche musicale, mais des artistes généreux et tu en donnes d'autres. Dès qui jouent gros. Merci pour ces jolis passages, vivement que tu rencontres un musicos qui te mette en musique: "The Rain Tower Blues"
Rhhoo, merci infiniment mon Tonio.. tt gris tte la journée.. parce que c'est dimanche et que les dimanche sans soleil y'en a un paquet.. enfin, sauf quand tu arrives en comm ;D
Biz
Summer's over, it's time for Summertime Boy !
ouaih, moi j'dis plutôt l'été se meurt ;D
Un petit complement et compliment pour m'avoir fait découvrir "Seasick Steve". Je ne sais pas si tu lis les commentaires récents sur des anciens articles, mais je te conseille une autre découverte de la même trempe:
http://ranxzevox.blogspot.fr/2015/09/scott-h-biram-sanguine-vitalite.html
Just grand
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