Quoi de mieux que du cousu main pour
Jean-Louis Murat, des cuivres et du banjo. C'est la collision du
grand poète des monts et du drapeau rock du label Kütü Folk.
Des lustres que j'entends chez Murat le
JJ Cale, Neil Young hexagonale, avec ce que l'hexagone peut injecter
en plus, le romantisme, la féminité, la mélancolie, le sexe, la
terre grasse … « Babel » pour le coup, et le Crazy
Horse vient se greffer, avec pour chevaux fous The Delano Orchestra.
Un point de rencontre exact et cohérent...un derby, un jam poétique
de voisinage.
Un double album, face A, face B, un
flan nord, une face sud, une œuvre colossale à ralentir un blog, il
me faut l'immersion, une vieille bagnole à arpenter les collines
plissées, esseulées et brumeuses, mettre du temps à pénétrer
chaque sente en profondeur, chaque senteur de mon antre. La musique
qu'il me faut ? L'acte artistique parfait ?
« Grives... beauté..
ronces..vallée des merveilles...rhubarbe..vacher..foin.. vent de
pluie qui asperge.. blues.. cygnes et chèvres...chagrin
violette....neige.... ferme et passion.... genet et pissenlit...
le pays où il est né ».
Leurs trompettes font de lui le
Calexico des Monts d'Or, la Maison Tellier en plein Sancy.
Je frissonne, il pleut gris automne et
tiède.. la lumière est comme il faut, une vie de campagne
ordinaire.. la mienne, en écoutant la sienne, la leur..juste un peu
avant que les arbres se dénudent.. et je me demande pourquoi je lutte à
ne plus vouloir peindre ma tour, le pays où je suis né.
« Babel » tombe ici, juste
dans mon cerveau, dans mon paysage.. je me l'accapare comme j'avais
l'intention de le faire, j'y ai songé et j'y sombre...
Je voudrais m'isoler loin pour
approcher le bœuf musqué, comment vais je à nouveau me replonger
dans le trafic avec sur les épaules, cette marée d'accords mineurs.
Va falloir trainer la bouse de mes groles sur l'asphalte des grandes
avenues, un peu des berges de la Voise, comme une trace de Dordogne
dans les rues de Paname.
Peut être le temps s'arrête, c'est
exactement comme je l'imaginais. Peut être que le temps va rester
sur le gris Babel, sur l'anthracite paradis, le charbon de nos
mitochondries.
J'appréhendais l'automne....plus
maintenant.
Murat épouse le fumier de ma campagne
plus que jamais, je suis The Delano Orchestra depuis la naissance du
Kütu cousu main.. c'est une rencontre logique et improbable.
Un énième billet sur le Bergheaud de
Murat, une nouvelle bande son de ma vie de campagne quand je suis
ailleurs ou quand j'y reviens, tous les jours.
Murat & The Delano Orchestra 2014
« Babel »
label : scarlett/pias









