Pour apprécier pleinement les retrouvailles avec L’altra, il faut oublier « In the afternoon ». L’état de grâce n’est plus à l’ordre du jour. Depuis longtemps finalement. L’hyper orchestration surproduite qui pourrait être prise pour une évolution n’est en fait que l’intimité étouffée, le musellement des sentiments.
Nous faire croire que les coquelicots en vase restent fleuris est un triste mensonge.
Les cuivres y étaient pourtant déjà en 2002, mais ils avaient une teinte crépusculaire, un air tamisé et distinct. D’ailleurs le disque entier était crépusculaire. Le chao doux et lent luttait directement avec l’easy listening des albums chantés du Dakota Suite. L’envergure n’était pas la préoccupation principale, seule la proximité des âmes soufflait des ondes blêmes, sensuelles et douloureusement belles (« traffic » , « broken mouths » et l’épilogue « goodbye music »).
Le problème principal de « Telepathic », c’est « In the afternoon ».
C’était aussi la grande époque d’Aesthetic records, cette grande auberge de Chicago qui offrait une vitrine merveilleuse sur un post-rock jazzy raffiné (l’immense « emotional rescue » de Windsor for the derby) et quelquefois electro (Pulseprogramming avec Mark Hellner toujours présent auprès de L’altra). D’ailleurs mes disques de L’altra sont toujours rangés avec les autres pièces d’Aesthetic, comme si le temps s’était arrêté en 2002.
L’état de grâce n’est plus, depuis longtemps. « Different days » en 2005 avant la séparation, Costa music ou WW Lowman, les projets solo 2008 de Joseph Costa et Lindsay Anderson , ne m’ont jamais troublé, même si se sont de très bons album.
Même les disquaires n’y croient plus, Acuarela est proposé au compte goutte, en import, l’art madrilène n’est plus systématiquement affiché parmi les nouveautés. Pourtant Acuarela discos est un abri idéal pour cette pop lente et lumineuse plus proche maintenant de Piano Magic. Leur belle apparition sur la compilation Acuarela song 2 laissait entrevoir un bel espoir.
Le rêve de grandeur abîme, l’onirisme escamote et la luxuriance masque.
L’évanescence spirituelle de « In the afternoon » est un immense problème pour ce duo fraîchement reformé. Notre mémoire est encore fraîche de l’inégalable.
Sinon, « Telepathic » est un très bon disque.
L’altra 2011 « Telepathic » label : acuarela discos
http://www.acuareladiscos.com/
http://www.laltramusic.com/
échelle de richter : 6,5
support cd
après 1 écoute
L' ALTRA - Telephatic - Nothing Can Tear It Apart
L'Altra - Winter Loves Summer Sun
1 commentaire:
J'arrive après la guerre, mais ne trouvant rien de L'Altra sur le net, et intrigué par quelques chroniques, j'ai été agréablement surpris de voir que tu en parlais déjà ici il y a près de cinq ans.
Si tu peux m'aider à rattraper mon retard sur ce groupe, si tu vois ce que je veux dire, je t'en serais très reconnaissant =)
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