samedi 7 mai 2011

Jay Jay Johanson



« Whiskey » en pleine euphorie trip hop est venu, deux après l'explosion « Dummy », bouleverser le paysage du genre. Et l'on sent bien à l'époque (96 où l'on classait des disques en trip hop, electronica ..etc) qu'il sera désormais très difficile de dupliquer ce coup de génie. Jäge Johansson, en phonétique Jay Jay Johanson, écrivait alors son histoire et celle de la musique sampler. Chaque morceau est un hymne romantique fleur bleue qu'aurait pu composer Burt Bucharach s'il avait eu la maîtrise des boucles et des programmations. Quant à la voix, elle est un doux mélange de George Michael et d'Anthony... crooner à coup sûr, unique, jazz à fleur de peau, mélancolie au raz des bleuets, explosion médiatique pour un coup de maître.
Confirmation hétérogène avec Tatoo sorti alors que nous n'étions pas encore remis de « so tell the girl that i am back in town ».
En 2000, je devais retomber méchamment sur « Poison ». Portishead II était repassé depuis, blessant à coup sûr les âmes sombres d'un trip hop toujours en effervescence et « Poison », aussi sombre. Pochette pas si lointaine. Plongée dans le sonore jazz électro mélancolique. « Changed », « faraway » achèvent et l'on se morfond tout en prenant de la hauteur, dans l' harmonie, où l'accordéon vient pleurer avec le timbre lyriquement crooner. Un sommet. Même « neon lights » et « fire », les morceaux cachés sont à se tordre.
Puis plus rien en ce qui me concerne. Il faut dire que la barre était posée très haute. Je ne peux même pas parler du faciesse Alladin Sane techno de « Antenna » .. j'ai lâché, un peu comme j'ai lâché Goldfrapp, juste après leur premier album.

Blake, une fois de plus m'a sorti de la torpeur. Bondir, choper l'objet en espérant retrouver l'émotion d'alors.

Le trip hop n'existe plus (du moins dans les bacs), le timbre est intact, le jazz incorporé au silence plus que jamais comme savais le faire Mark Hollis. Un léger soul Donald Fagen flotte ici et là. Les mélodies moins flagrantes que « Whiskey » demandent plus d'attention et finissent par proposer le même chemin, offrir la faille. Et l'on s'engouffre faiblement. Nous avons les anticorps Jay Jay, ça y fait. D'autant plus qu'il nous injecte une piqure de rappel en réinterprétant des morceaux de sa carrières sur un cd bonus, comme un bilan, à la sauce « Spellbound ». Nous sommes immunisé, « Spellbound » en trip, « Looking Glass » comme un regret de s'être perdu à ce point, depuis. Pas grave, notre système immunitaire émotionnelle est quasi impénétrable, nous on attendait juste.

L'artiste s'échine souvent à vouloir renouveler son inspiration. Se mentir et se dire que l'on vient de créer une teinte et par le biais d'un contraste inhabituel, on se dit qu'une voix est ouverte vers d'autre paysages jusqu'à l'euphorie. Mais au fond, les mêmes harmonies, les mêmes accords sourdent et le combat est vain. Essayer inconsciemment de duper l'observateur ou l'auditeur, pour lui faire croire qu'il habite ailleurs devant une nouvelle création, qu'il n'a jamais vu cette patine chez vous. Pourtant les murs restent les mêmes, seule la lumière qui en éclaire les parois change, même si on exulte à scruter le plafond sous d'autres rayons. Une fois le cerveau marqué au fer blanc par un style révélé, il est quasiment impossible de s'en défaire.

J'ai surement eu tort de fuir JJ Johanson quand sa lumière devenait fauve, trop claire. Le matériel était sûrement le même. La lumière d'alors fut déviée par un changement d'optique et de label, une pression et une volonté de changer pour un groupe fraîchement dispersé.
Je vous dit cela, car au moment où j'écoute « Spellbound », j'ai replongé dans le guano. Ma violente intention de virer, braquer en bouleversant ma palette et mon style n'est qu'une illusion. La spatule en gestes saccadés, rythmés de pulsion maîtrisée depuis des mois cavale, incoercibles.

5 jours sans billet musical. Les frères Larrieu proposaient de peindre ou de faire l'amour, film merveilleux. Dans mon cas, je hume l'huile de lin à plein naseau depuis lundi... peindre ou chroniquer !!!!!

Jay Jay Johanson est avec son groupe d'origine, en live, sans métronome, juste avec son matériel dénudé de tout artifice, sa récente couleur, sa nouvelle tendance. Quel bonheur de déguster « the girl i love is gone » façon « Newton Plum ». Cette lumière là lui sied à merveille.

Jay Jay Johanson 2011 « Spellbound / Looking glass » label : universal
http://www.jay-jayjohanson.com/

échelle de richter : 8,6
support : cd
après 6 écoutes.





































Chronique multi média ICI

2 commentaires:

Anonyme a dit…

le bon trip hop, c'est rare. dummy a très mal vieilli, et jay jay fait pour moi parti des espérances décevantes consistant à encore chercher du bon alors qu'on a déjà croisé le summum avec l'"angel with dirty faces" de tricky, et qu'on finira la plupart du temps déçu par les emules d'un style dont les masters sont aussi rares que les vraiment bons saxophonistes de jazz succédant à l'écoute d'un charlie parker un soir d'ouverture d'une de ces portes de la conscience appartenant au domaine de l'invention ou de la révélation d'un secret caché se manifestant soudain tel une expérience magique qu'on sait évanescente autant qu'elle aura été intense sur l'instant.

jay jay n'avait aucune chance, il était suédois. et pour faire du bon trip hop, il fallait sans doute être natif de bristol. comme on devait venir de sheffield pour faire partie du noyau dur de ce qu'on appelera plus tard la new wave indus au début des années 70.

"french rock n roll is like british wine" (john lennon)

Anonyme a dit…

en même temps, ça fait passer le temps, mais juska ou ???

(je cherche des amis afin de me reconstruire une face sociale, en serais-tu ? il y a des choses qui se disent dans la conversation, et qui sont bien plus... "authentiques"... que ce que l'on exhibe en permanence en petsacle...

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